vendredi 28 mars 2014

Conte chinois : comment Pan Gu créa le monde


Dans les ténèbres Pan-Gu surgit d'un énorme œuf primordial, où se mêlait le ciel et la terre, l’obscurité et le chaos,   et il se développa à l'intérieur pendant 18000 ans. Puis avec une hache qu'il avait fabriquée, il fendit l'œuf qui s'ouvrit.

Les parties transparentes et légères se mirent à flotter pour constituer le ciel en montant d'un zhang (3,58m) par jour; de même les parties lourdes et opaques commencèrent à s'enfoncer d'un zhang par jour pour former la terre.

Alors, Pan Gu se dressa. Pour empêcher la terre, encore fluide, et le ciel de se mêler à nouveau, il grandit d'un zhang par jour et les maintint écartés. Pendant encore 18 000 ans, la terre et le ciel, ainsi séparés, se solidifièrent. Pan Gu put enfin se reposer, il s'étendit et mourut. A ce moment, la taille de Pan Gu atteignait 45.000 kilomètres.
De son souffle naquirent le vent et les nuages, sa voix se mua en tonnerre, son œil gauche en soleil, son œil droit en lune, ses cheveux et ses moustaches en étoiles dans le ciel. Ses quatre membres et son corps devinrent cinq hautes montagnes s’élevant jusque dans les nuages et s’étendant aux quatre points cardinaux de la terre.

Son sang se transforma en fleuves et en rivières impétueux, et ses veines en routes courant dans toutes les directions.

Ses muscles devinrent des champs fertiles, ses dents, ses os et sa moelle épinière se  cristallisèrent en perles, jades et autres minéraux précieux.

Les poils de sa peau se métamorphosèrent en prairies et en forêts  et de sa transpiration jaillirent la pluie et la rosée.


Quant à l’humanité, elle serait née de l’âme du géant après sa mort. Ainsi, nous sommes tous les descendants de Pan Gu, créateur de la Ciel et de la Terre.  

Sources : http://mythologica.fr/chine/pangu.htm et http://www.chinastral.com/chinastral/conte/fable45.html

vendredi 21 mars 2014

Conte de l'orme

Nous avons appris à l’école primaire que le chêne était l’arbre sous lequel  saint Louis* (Louis IX) rendait justice, mais savez-vous que le véritable arbre à justice est l’orme ?  

Cerclé d'une chaîne protectrice, au pied de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris, il y a un orme  12 mètres de haut pour 1,50m de circonférence. Il est le successeur d'une lignée d'ormes qui ont occupé depuis le Moyen Âge le centre de la place.

Au Moyen-Age, les habitants du quartier avaient coutume de s’y assembler, en particulier pour le règlement de leurs créances. Il était courant de procéder à des assemblées et jugements en plein air.
Abattu sous la révolution, l’orme d’origine représentait à lui seul plusieurs symboles : sacralisé au début du christianisme pour la couleur rouge de sa sève, comme le sang des martyrs, il était aussi le lieu où l’on rendait justice après la messe, sous ses ramures.

Pourquoi arbre de justice ? Pour les grecs de l'Antiquité, l'orme était l'arbre d'Hermès et d'Oneiros (dieu des songes et de la nuit). Les fruits ailés accompagnaient les âmes des défunts devant le juge suprême. Cette tradition ancienne s’est perpétuée puisque c’est à l'ombre d'un orme qu'au Moyen Âge on rendait justice (notamment dans le sud de la France).

On s’y rassemblait également pour boire et danser les jours de fêtes, et l’on topait pour affaire, assis sur la margelle. On raconte aussi que les femmes du quartier prélevaient, secrètement la nuit, des morceaux d’écorces, utiles contre la fièvre. L’orme de la pace St Gervais a été abattu sous la Révolution pour servir à la construction d'affûts de canons. En effet, résistant à l'eau quand il est immergé, à l'instar du chêne et de l'aulne, il est utilisé comme bois d’œuvre, par exemple pour les moyeux de roues à aubes des moulins à eau ou les pilotis.

Un arbre symbolique, qui devient en plus un symbole, puisqu’il disparait : depuis les années 1970, une maladie, la graphiose, les tuent, sans qu’on ait trouvé à date de remèdes miracles. Il y avait 30.000 ormes dans les années 1960 à Paris, contre un millier aujourd’hui.
Alors, allez vite le voir !

*Le chroniqueur Jean de Joinville, son principal biographe rapporte dans sa Vie de Saint Louis que Louis IX rendait la justice sous son chêne à Vincennes : « Il advint maintes fois qu’en été, il allait s’asseoir au bois de Vincennes après sa messe, s’adossait à un chêne et nous faisait asseoir autour de lui. Et tous ceux qui avaient un problème venaient lui parler sans en être empêchés par un huissier ou quelqu’un d’autre. »

vendredi 14 mars 2014

Conte Kabyle : le prêt de la chèvre



Aux temps très anciens, il y avait une très vieille femme qui n’avait pour toute fortune qu’une chèvre qui lui tenait compagnie et lui donnait son lait.

La vieille et la chèvre vivaient côte à côte dans une masure délabrée en dehors du village. Tous les jours,  la vieille sortait avec sa compagne ; l’une mangeait les pousses vertes, l’autre ramassait les brindilles de bois et faisait un fagot tout en choisissant les herbes comestibles destinées à son repas. A la nuit,  toutes deux revenaient dans leur masure jusqu’au lendemain, où elles recommençaient la même vie.

Mais cette année-là, le mois de janvier fut très mauvais ; pendant trente jours et trente nuits il ne cessa de pleuvoir ou de neiger, et la vieille et sa chèvre restèrent tout ce temps enfermées.
Le mois de janvier passé, février commença par une journée merveilleuse : le ciel était bleu, le soleil resplendissant annonçait le printemps ; la vieille et sa chèvre purent enfin sortir de leur retraite et aller de nouveau dans les champs. La vieille, cependant, ayant regardé le ciel, maudit le mois qui venait de s’écouler.

Elles passèrent toute la journée dans la forêt, la chèvre mangeant les pousses tendres, et la vieille faisant un gros fagot et cherchant les petites herbes qui perçaient sous la neige. Mais quand elles voulurent rentrer, le vent souffla en rafales, le ciel s’obscurcit, de lourds nuages noirs crevèrent en grosses gouttes. En un instant le ruisseau qu’elles avaient traversé le matin charria des eaux tumultueuses et bourbeuses, et quand elles voulurent repasser pour rentrer à leur masure, elles furent emportées par le courant ; ce n’est que quelques jours plus tard qu’on retrouva leurs corps au bord de la rivière.

Janvier que la vieille avait outragé en lui crachant dessus, était allé trouver son successeur février, et lui avait demandé de lui prêter un jour afin qu’il puisse punir la vieille. Février accéda à son désir, et c’est depuis lors qu’on appelle un regain d’hiver le « prêt de la chèvre ».    



Extrait du très beau livre cité en image ci-dessus.    

vendredi 7 mars 2014

Les flamants roses de Karlsruhe en Provence


En plein centre-ville de Karlsruhe (Allemagne), face à la gare, il y a un zoo. Près de l’entrée, et visible de tous (y compris des non-visiteurs) il  y a  des flamants roses.   Quelle étrange apparition au milieu d’une ville industrielle. Imaginez un zoo face à la gare de Lyon à Paris ou de celle de la Part Dieu à Lyon !
Et puis leur couleur rose attire l’œil ! Pourquoi sont-ils roses ? Pour se faire voir ? Voici un conte camarguais qui vous en offre une interprétation avec un petit goût de provençal

Il était une fois, un jeune couple de Flamant rose qui habitaient à sur l’îlot du Fangassier, au milieu de leurs congénères échassiers. Un nid bâti sur un petit îlot, surélevé par un monticule de boue, qui le rendait inaccessible aux prédateurs. Toutes les conditions réunies pour s’assurer d’une existence familiale paisible et chaleureuse. Depuis près de 30 jours, le couple se relayait jours et nuits pour couver l’œuf de cet enfant tant désiré.

A l’aube de la 31ème journée, l’œuf se mit à vibrer et tinter. Après quelques coups de becs, ils purent enfin apercevoir la magnifique frimousse de leur bébé flamant. L’œil vif, le petit bec tout rose, un duvet blanc très pur, bref, un merveilleux petit poussin.

Les jours passaient, « Pink Fly» le petit galapian grandissait, sous le regard attendri de ses parents. Après avoir bien poutounégé le pitchou, il était temps pour les parents de reprendre le travail, il allait désormais passer ses journées à la crèche, au milieu de ses congénères. Une seule question le dévariait depuis quelque temps, pourquoi les flamants doivent ils immanquablement devenir rose ? Ne serait il pas envisageable, de rester blanc pour se distinguer de ses semblables ? Il adorait sa famille, mais ils ne voulaient pas devenir comme tous les autres, il voulait devenir « Pink Fly », le premier flamand Blanc, lumineux comme l’or blanc de la mer !

Un jour, il se décida à en parler à ses parents. Mais, ils en furent tout estourbis, espantés par tant d’impertinence : «  Pink Fly, notre couleur c’est notre victoire, elle apparait au fil du temps, au gré de nos efforts, grâce au pigment de carotène contenu dans notre alimentation ».

Pink Fly, ne pouvait se satisfaire d’une telle réponse, c’est décidé, le cœur brisé, demain il quittera l’étang du Fangassier, pour mener la vie qu’il avait choisi. Alors il décolla voluptueusement vers l’infini, il se dirigea vers la Capitale (Saint-Gilles pour les initiés) où il savait qu’il allait trouver quelques rizières pour se réfugier.

Après quelques jours d’errance, il s’était installé, non loin du Mas Canavère. Il gratouillait les rizières pour y trouver quelques nourritures aquatiques blanches, qu’il filtrait avec son bec pour contrôler la coloration de son plumage.

Un soir d’été, alors qu’il rêvassait tout en marchant, il rencontra un héron cendré. Une silhouette sublime, de longues pattes, un plumage gris et blanc. C’était une véritable révélation !

En l’apercevant, le Héron « Patapon », engagea la conversation :  «  Oh coulègo, tu es tout seul ? A voir la couleur de ton plumage, tu dois être bien jeune ?  D’habitude, les Flamants vivent plutôt en groupe, et sont rarement solitaires.
- J’ai dû quitter ma famille,  je n’aime pas le rose.

- T’es pas un peu fada toi ! Oh blanquinas, il est temps d’atterrir, tu ressembles à rien comme ça ! Toi alors, tu pars en biberine 

Une rainette Terre de Port qui passait par là s’esclaffa de rire. Il était la risée de tout le monde. Décidément la vie ne l’épargnait vraiment pas.

Personne ne pouvait le comprendre, c’est vrai que son plumage manquait cruellement d’éclat, c’est vrai aussi qu’il se sentait seul.

 Alors que tous ses espoirs s’anéantissaient, ce même jour une rencontre improbable allait changer le cours de son existence. Dans la rizière voisine, une famille d’échassiers venait de s’installer. Flavie, flamant de son espèce, une jeune fille d’une beauté incroyable lui apparaissait. Au fil des jours, il parvint à l’approcher et l’aborder. Il était éperdument amoureux. Il dévora dès lors les petites crevettes miracles qui lui permettront d’avoir ce majestueux plumage. Au fil des jours il devint un magnifique Flamant rose, qui ne laissait pas Flavie indifférente.

Quelques semaines plus tard, ils décidèrent de se marier. Toute la famille enfin réunie, mais aussi les amis « Patapon » avait fait le déplacement.

Où ? Mais à l’étang du Fangassier, pardine, pour voir la vie en rose …
Nul n’échappe à son destin !

dimanche 2 mars 2014

Le conte de l'Amour et du Temps



Il était une fois, une île où tous les différents sentiments vivaient: le Bonheur, la Tristesse, le Savoir, ainsi que tous les autres, l'Amour y compris.

Un jour on annonça aux sentiments que l'île allait couler. Ils préparèrent donc tous leurs bateaux et partirent. Seul l'Amour resta. L'Amour voulait rester jusqu'au dernier moment. Quand l'île fut sur le point de sombrer, l'Amour décida d'appeler à l'aide.

La Richesse passait à côté de l'Amour dans un luxueux bateau.
L'Amour lui dit, "Richesse, peux-tu m'emmener?"
"Non car il y a beaucoup d'argent et d'or sur mon bateau. Je n'ai pas de place pour toi."

L'Amour décida alors de demander à l'Orgueil, qui passait aussi dans un magnifique vaisseau, "Orgueil, aide moi je t'en prie !"
"Je ne puis t'aider, Amour. Tu es tout mouillé et tu pourrais endommager mon bateau."

La Tristesse étant à côté, l'Amour lui demanda, "Tristesse, laisse moi venir avec toi.". "Ooh... Amour, je suis tellement triste que j'ai besoin d'être seule !"

Le Bonheur passa aussi à côté de l'Amour, mais il était si heureux qu'il n'entendit même pas l'Amour l'appeler !

Soudain, une voix dit, "Viens Amour, je te prends avec moi."
C'était un vieillard qui avait parlé. L'Amour se sentit si reconnaissant et plein de joie qu'il en oublia de demander son nom au vieillard. Lorsqu'ils arrivèrent sur la terre ferme, le vieillard s'en alla. L'Amour réalisa combien il lui devait et demanda au Savoir "Qui m'a aidé?"
"C'était le Temps" répondit le Savoir.
"Le Temps?" s'interrogea l'Amour. "Mais pourquoi le Temps m'a-t-il aidé?"

Le Savoir sourit plein de sagesse et répondit : "C'est parce que Seul le Temps est capable de comprendre combien l'Amour est important dans la Vie."

J’ai retrouvé ce conte en illustration de l’exposition « Albums, bande dessinée et immigration » qui se tient au musée de l’histoire de l’immigration jusqu’au 27 avril 2014.


L'expo vaut le détour !