Les marocains sont sportifs. Je ne parle pas seulement des grands sportifs comme Hicham el Guerrouj, l'emblématique champion de demi-fond ou des lions de l'Atlas, la valeureuse équipe de football. Je ne traite pas aussi des sportifs en chambre qui, devant leur télévision, commente les tournois et autres épreuves sportives.
Non, je parle seulement du quidam moyen, Monsieur ou madame tout le monde qui fait son sport tous les jours. Vous ne me croyez pas ? Vous pensez que je parle de la mode des clubs de fitness qui fleurissent dans les grandes villes. Pas du tout ! Contrairement à l'image classique du marocain amateur de bonne nourriture (c'est vrai que la cuisine marocaine est raffinée), je n'ai rarement vu une population aussi sportive.
Sa spécialité : le 110 mètre haies, un mélange de sprint et de saut d'obstacle. Enfin, un 110 mètres un peu particulier, puisque l'épreuve préférée à Casa fait 40 mètres environ avec un à deux obstacles. Cela tient plus des distances de compétition indoor (en salle) mais le tout à l'extérieur. C'est un vrai challenge, que dis-je une compétition avec une objectif et une volonté de gagner. Remarquez que l'enjeu n'est pas de gagner, mais surtout de ne pas perdre.
De quoi s'agit-il, me demandez-vous ? De la traversée de l'autoroute Casa-Rabat au mépris de la circulation. A la limite de Casablanca passe une autoroute qui relie le sud au nord du pays. Cette autoroute est à la fois une autoroute et une voie rapide urbaine qui dessert les zones industrielles (Casablanca a huit millions d'habitants). Le trafic y est très dense, de jour comme de nuit. L'autoroute est bien construite avec de nombreux ponts et passerelles pour les piétons.
Il ne semble toutefois y en avoir suffisamment à leurs yeux puisque jeunes et vieux, hommes et femmes la traversent directement et enjambent les glissières de sécurité. Bien sûr, il y a des grillages, des murs de protection et tous les accessoires de sécurité conventionnels. Cela n'arrête pas les sportifs locaux qui percent les murs, ouvrent les grillages et passent allègrement au milieu de la circulation (alors qu'ils ont un pont à leur disposition à 200 mètres de là).
Le sport est partagé par les automobilistes qui ne s'émeuvent guère et ne ralentissent pas. Mon conducteur frôle sans sourciller une dame d'âge respectable avec ses couffins qui se tient au milieu de l'autoroute sur la très étroite bande entre le muret de séparation et la voie de gauche de l'autoroute. Le plus ému des trois entre mon chauffeur, la femme et moi, c'est moi, apparemment.
Faisant souvent ce trajet lorsque je vais de Casa à Rabat, je compte par dizaine les personnes qui traversent à l'autoroute de cette manière. Je les vois de loin sur la ligne de départ, guettant le moment favorable. Ils courent alors et enjambent alors d'un seul bond le muret central (pourtant haut d'environ 70 à 80 centimètres) avec armes et bagages (plutôt bagages qu'armes d'ailleurs).
A la place des autorités marocaines, je demanderai la reconnaissance par le Comité Olympique de cette épreuve simple, facile, bonne pour tous les âges et les sexes. On pourrait imaginer différents niveaux de difficulté :
- Autoroutes à deux, trois, voire quatre voies
- Avec ou sans couffins
- Trafic de modéré à dense
Je suis sûr que les athlètes marocains s'y tailleraient la part du lion, tant en épreuves masculines que féminines. A nous de nous entraîner sur l'A86 ou le périf.
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