Nul ne sait qui fut le plus surpris : le grand chaperon rouge ou le loup accompagné de son gardien lorsqu'ils se revirent bien des années plus tard. Depuis l'histoire du petit chaperon rouge et du grand méchant loup (vous en avez sûrement vu les images à la télévision à cette époque), il s'est écoulé de nombreuses années. Le petit chaperon rouge avait grandi et était devenue une superbe jeune fille, le grand chaperon rouge. Quant au loup, il était détenue dans un zoo de la région. Mais jamais, au grand jamais, le chaperon rouge avait eu envie de le revoir.
Et les voilà tous deux aujourd'hui qui se rencontre dans la salle d'attente des Perrault & Andersen, psychiatres, anciens chefs de clinique du même hôpital, celui de Grimm.
Malgré les années passées, ils se reconnurent au premier coup d'œil. Le loup avait vieilli, bien sûr, mais son œil et ses dents étaient toujours aussi vifs. Le petit chaperon rouge avait grandi de 30 centimètres, mais ils se revoyaient tous deux comme la dernière fois.
Ce fut le loup qui parla le premier. Le gardien du zoo qui l'accompagnait voulut le faire taire, mais le grand chaperon rouge, d'un petit geste, l'invita à parler.
- "Me voici maintenant devenu vieux; à l'heure de la fin, je voudrai trouver la sérénité en comprenant pourquoi j'ai voulu vous croquer, vous et votre grand-mère. Ce drame est arrivé il y a de nombreuses années, me tourmente toujours. Je suis content que vous alliez bien. Je me faisais du souci à ce sujet. Depuis, je cherche à comprendre pourquoi, au lieu e me contenter des animaux habituels, je me suis attaqué à vous, un enfant alors. Certains disent que c'est la nature. Cela ne me suffit pas. Pour moi et mes congénères, l'enfant est sacré, innocent et naïf. Ce n'est pas un acte de courage que de s'y attaquer. Notre code d'honneur ne nous en donne l'autorisation qu'en période de grande disette. En récompense de mon attitude au zoo, le directeur m'a permis d'avoir des séances chez un psychiatre renommé pour y voir plus clair. Et vous-même, pourquoi êtes-vous là ? "(vous observez que le loup vouvoyait le grand chaperon rouge.)
- "Je repense tout le temps à ce qui est arrivé." Répondit le grand chaperon rouge. " Je vais bientôt me marier et je ne veux pas transmettre mes peurs à mes enfants. Aussi, et c'est aussi ma première séance, je veux comprendre pourquoi cette méchanceté des animaux et de vous en particulier."
- "Ecoutez-moi, gardez ce qui fait votre fraîcheur et votre ouverture, c'est-à-dire votre innocence et votre candeur. Ne sous-estimez pas les conseils d'un vieux loup repenti. Prenez garde aux adultes humains. Beaucoup sont bons et quelques-uns sont très méchants. Nombre d'entre eux sont bons et méchants à la fois. Nous les animaux, nous agissons par instinct. Eux, ils se vengent souvent sur vous des malheurs de leur vie, voire de leur enfance. Ils profitent de votre ingénuité pour déverser leur agressivité sur vous. J'ai peut-être un regard noir, mais je sais ce dont je parle.
Je m'appelle "le loup". Aussi loin que je puisse remonter, je n'ai pas d'autres noms. Je viens ici pour sortir cette hargne, cette agressivité contre les autres. Il y a des millénaires que vos semblables disent que tout est de ma faute, que je suis la mal incarné. Et pourtant, j'aime les enfants. Mais à force de me faire chasser, de recevoir des pierres, des flèches ou des coups de fusil, je suis devenu méchant. Si j'ai mangé votre grand-mère et vous ai attaqué, c'est pour me venger de ce que vous avez fait de moi.
- "Ce que dites me touche beaucoup. Depuis cette période, j'ai beaucoup observé les gens autour de moi. Je regarde mes camarades, les autres enfants et les adultes qui vivent autour de nous. Je me pose la question : le vrai coupable es-ce bien vous ? Nous autres êtres humains sommes nous tous bons ? La violence des adultes est parfois pire que celle des loups. Vous, vous ne savez que mordre et croquer. Mais l'adulte humain ? Avec la voix, le ton, le verbe, il fait parfois beaucoup plus de mal. Les mots ne sont que des mots, mais ils vous touchent, ils vous blessent, ils entrent profondément en vous. C'est parfois très agréables à entendre. D'autres fois, c'est sacrément douloureux.
Vos morsures, les docteurs peuvent les soigner, les faire se cicatriser et les faire disparaître. Les coups de pattes de vos frères ou les coups de bâtons des adultes vous pouvez les esquiver. Les mots, eux, ils entrent en vous. Vous pensez les avoir oubliés, mais 10 ans, 20 ans, 30 ans plus tard ils sont toujours là. Ils agissent sournoisement au moment où vous y attendez le moins."
- "Ca c'est bien vrai" reprit le gardien du zoo qui écoutait attentivement la discussion."Je trouve que les animaux sont bien plus clair que nous autres adultes. Quand je vois comment les hommes tancent leurs enfants dans le zoo, je trouve que la violence des adultes est cruelle. L'oursonne, elle, demande simplement à manger et à dormir. Elle s'occupe de sa progéniture et ne les bat que s'ils désobéissent aux règles ancestrales. Les parents qui visitent le zoo continuent souvent leurs disputes familiales au sein du zoo et ce sont leurs enfants qui en pâtissent."
- "Comment faites-vous chez vous les loups pour éviter cette violence sous toutes ces formes ?" continua le grand chaperon rouge.
- "Nos parents nous enseignent la vie en communauté, la solidarité et surtout, surtout d'en parler. Ils nous apprennent à reconnaître les phases d'alarme et d'escalade quand l'émotion nous submerge et peut nous conduire à des gestes irraisonnées. C'est grâce à cela que nous autres, animaux, nous nous battons parfois pour savoir qui sera le chef, mais nous ne nous entretuons pas."
- "Nos parents nous enseignent" reprit le chaperon rouge"de nous taire et de respecter le adultes. Ils ont toujours raison, disent mes parents. Du coup, lorsque je me sens insultée ou méprisée, j'évite d'en parler, je veux même l'oublier et je culpabilise. Est-ce sain ? Est-ce comme cela que je veux élever mes enfants? Dois-je leur apprendre à exprimer par des mots cela ? C'est cela que je viens savoir. Je ne connais pas le docteur Perrault mais j'en ai eu de bons échos; Il paraît que c'est une femme. Elle saura me comprendre. Et vous, qui venez-vous voir ?"
- "Je viens voir aussi le docteur Perrault. L'ours qui vit près de moi au zoo s'est fait soigner par elle. C'est effectivement une femme. L'ours avait des complexes d'aimer trop le miel. Maintenant, il est plus à l'aise avec sa gourmandise."
A ce moment, la porte s'ouvrit, le docteur entra et avant d'avoir pu inviter la patiente suivante à entrer, le grand chaperon rouge se leva et cria "Oh grand-mère !!!".
Et les voilà tous deux aujourd'hui qui se rencontre dans la salle d'attente des Perrault & Andersen, psychiatres, anciens chefs de clinique du même hôpital, celui de Grimm.
Malgré les années passées, ils se reconnurent au premier coup d'œil. Le loup avait vieilli, bien sûr, mais son œil et ses dents étaient toujours aussi vifs. Le petit chaperon rouge avait grandi de 30 centimètres, mais ils se revoyaient tous deux comme la dernière fois.
Ce fut le loup qui parla le premier. Le gardien du zoo qui l'accompagnait voulut le faire taire, mais le grand chaperon rouge, d'un petit geste, l'invita à parler.
- "Me voici maintenant devenu vieux; à l'heure de la fin, je voudrai trouver la sérénité en comprenant pourquoi j'ai voulu vous croquer, vous et votre grand-mère. Ce drame est arrivé il y a de nombreuses années, me tourmente toujours. Je suis content que vous alliez bien. Je me faisais du souci à ce sujet. Depuis, je cherche à comprendre pourquoi, au lieu e me contenter des animaux habituels, je me suis attaqué à vous, un enfant alors. Certains disent que c'est la nature. Cela ne me suffit pas. Pour moi et mes congénères, l'enfant est sacré, innocent et naïf. Ce n'est pas un acte de courage que de s'y attaquer. Notre code d'honneur ne nous en donne l'autorisation qu'en période de grande disette. En récompense de mon attitude au zoo, le directeur m'a permis d'avoir des séances chez un psychiatre renommé pour y voir plus clair. Et vous-même, pourquoi êtes-vous là ? "(vous observez que le loup vouvoyait le grand chaperon rouge.)
- "Je repense tout le temps à ce qui est arrivé." Répondit le grand chaperon rouge. " Je vais bientôt me marier et je ne veux pas transmettre mes peurs à mes enfants. Aussi, et c'est aussi ma première séance, je veux comprendre pourquoi cette méchanceté des animaux et de vous en particulier."
- "Ecoutez-moi, gardez ce qui fait votre fraîcheur et votre ouverture, c'est-à-dire votre innocence et votre candeur. Ne sous-estimez pas les conseils d'un vieux loup repenti. Prenez garde aux adultes humains. Beaucoup sont bons et quelques-uns sont très méchants. Nombre d'entre eux sont bons et méchants à la fois. Nous les animaux, nous agissons par instinct. Eux, ils se vengent souvent sur vous des malheurs de leur vie, voire de leur enfance. Ils profitent de votre ingénuité pour déverser leur agressivité sur vous. J'ai peut-être un regard noir, mais je sais ce dont je parle.
Je m'appelle "le loup". Aussi loin que je puisse remonter, je n'ai pas d'autres noms. Je viens ici pour sortir cette hargne, cette agressivité contre les autres. Il y a des millénaires que vos semblables disent que tout est de ma faute, que je suis la mal incarné. Et pourtant, j'aime les enfants. Mais à force de me faire chasser, de recevoir des pierres, des flèches ou des coups de fusil, je suis devenu méchant. Si j'ai mangé votre grand-mère et vous ai attaqué, c'est pour me venger de ce que vous avez fait de moi.
- "Ce que dites me touche beaucoup. Depuis cette période, j'ai beaucoup observé les gens autour de moi. Je regarde mes camarades, les autres enfants et les adultes qui vivent autour de nous. Je me pose la question : le vrai coupable es-ce bien vous ? Nous autres êtres humains sommes nous tous bons ? La violence des adultes est parfois pire que celle des loups. Vous, vous ne savez que mordre et croquer. Mais l'adulte humain ? Avec la voix, le ton, le verbe, il fait parfois beaucoup plus de mal. Les mots ne sont que des mots, mais ils vous touchent, ils vous blessent, ils entrent profondément en vous. C'est parfois très agréables à entendre. D'autres fois, c'est sacrément douloureux.
Vos morsures, les docteurs peuvent les soigner, les faire se cicatriser et les faire disparaître. Les coups de pattes de vos frères ou les coups de bâtons des adultes vous pouvez les esquiver. Les mots, eux, ils entrent en vous. Vous pensez les avoir oubliés, mais 10 ans, 20 ans, 30 ans plus tard ils sont toujours là. Ils agissent sournoisement au moment où vous y attendez le moins."
- "Ca c'est bien vrai" reprit le gardien du zoo qui écoutait attentivement la discussion."Je trouve que les animaux sont bien plus clair que nous autres adultes. Quand je vois comment les hommes tancent leurs enfants dans le zoo, je trouve que la violence des adultes est cruelle. L'oursonne, elle, demande simplement à manger et à dormir. Elle s'occupe de sa progéniture et ne les bat que s'ils désobéissent aux règles ancestrales. Les parents qui visitent le zoo continuent souvent leurs disputes familiales au sein du zoo et ce sont leurs enfants qui en pâtissent."
- "Comment faites-vous chez vous les loups pour éviter cette violence sous toutes ces formes ?" continua le grand chaperon rouge.
- "Nos parents nous enseignent la vie en communauté, la solidarité et surtout, surtout d'en parler. Ils nous apprennent à reconnaître les phases d'alarme et d'escalade quand l'émotion nous submerge et peut nous conduire à des gestes irraisonnées. C'est grâce à cela que nous autres, animaux, nous nous battons parfois pour savoir qui sera le chef, mais nous ne nous entretuons pas."
- "Nos parents nous enseignent" reprit le chaperon rouge"de nous taire et de respecter le adultes. Ils ont toujours raison, disent mes parents. Du coup, lorsque je me sens insultée ou méprisée, j'évite d'en parler, je veux même l'oublier et je culpabilise. Est-ce sain ? Est-ce comme cela que je veux élever mes enfants? Dois-je leur apprendre à exprimer par des mots cela ? C'est cela que je viens savoir. Je ne connais pas le docteur Perrault mais j'en ai eu de bons échos; Il paraît que c'est une femme. Elle saura me comprendre. Et vous, qui venez-vous voir ?"
- "Je viens voir aussi le docteur Perrault. L'ours qui vit près de moi au zoo s'est fait soigner par elle. C'est effectivement une femme. L'ours avait des complexes d'aimer trop le miel. Maintenant, il est plus à l'aise avec sa gourmandise."
A ce moment, la porte s'ouvrit, le docteur entra et avant d'avoir pu inviter la patiente suivante à entrer, le grand chaperon rouge se leva et cria "Oh grand-mère !!!".
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