J'aime partager mes valeurs en présentant des livres, car chaque histoire et chaque idée sont autant de façons de tisser des liens et de faire vivre ce qui nous unit. À travers ces pages, c’est tout un univers de sens, d’inspiration et de passion qui se transmet, pour nourrir la curiosité et faire rayonner ce en quoi nous croyons et que nous souhaitons partager avec vous.
Vous pouvez être plus ou moins insatisfait avec votre environnement professionnel et peut-être rêver de tout recommencer à zéro : une nouvelle entreprise, de nouveaux contacts, un nouvel environnement, mais peut-on vraiment « repartir de zéro » lorsqu’on arrive quelque part, loin de tout repère ? Le roman de Sulaiman Addonia, Le silence est ma langue natale, offre un éclairage rare et subtil sur cette problématique, en explorant le quotidien de déracinés érythréens transplantés soudainement dans un camp au Soudan, loin de tout.
Addonia met en scène une société en reconstruction, où chaque exilé s’efforce d’investir le chaos d’un sens reconnaissable. L’ancien juge redevient une figure morale, le projectionniste invente un cinéma de fortune, le sportif fédère autour du ballon rond, la prostituée et l’homme d’affaires renouent avec leur métier. Ce microcosme témoigne que, dans le changement, on n’efface jamais entièrement le passé : on le réinterprète, on le recompose, souvent avec les ressources les plus fragiles de la mémoire et de la volonté.
L’auteur interroge les codes culturels, explore la réinvention des solidarités et la pression sur les femmes dans un univers où même l’identité est en mouvement. La parole, parfois difficile à retrouver dans l’exil, s’affirme comme un droit fondamental : celui de donner voix aux expériences uniques des déplacés.
Ce roman rappelle l’importance de ne pas réduire les parcours de migrants, ici des réfugiés, mais ce pourrait être des cadres mobiles, à des chiffres, mais d’incarner leurs trajectoires, leurs doutes et leur résilience. Addonia propose ainsi une lecture vivante et sensorielle du changement, mais aussi une méditation sur le rapport entre l’individu et ses racines : l’espoir d’un nouveau départ est traversé par la persistance du passé, qui nourrit la reconstruction.
S’il semble illusoire de « repartir de zéro », le roman de Sulaiman Addonia nous invite plutôt à envisager le recommencement comme une réinvention créative, nourrie par les traces et les héritages. Au cœur du silence et de la parole retrouvée, chaque exilé devient artisan d’un avenir où se mêlent mémoire et désir de vivre autrement. Ce regard humaniste et poétique fait du livre un support précieux pour réfléchir, en contexte professionnel et culturel, aux enjeux de la reconstruction identitaire dans l’exil.
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