mercredi 2 janvier 2008

La salle 11



Ils sont venus, ils sont tous là regroupés dans le quasi sous-sol de l'aérogare. Bien sûr, ce n'est pas un cachot, encore moins une cave, mais simplement une salle austère avec des fauteuils impersonnels et quatre comptoirs d'embarquement par bus.

Leur crime : prendre des destinations sans saveurs, ni odeurs = Lorient, Avignon, Limoges, Quimper…
Donc, pour leur peine, pas de grands halls, de montée en avion par une passerelle, de lumière naturelle…Pas de vie trépidante ou de magasins autour d'eux. Non, simplement la salle 11 dans un coin de l'aéroport. Pour y arriver, ils ont traversé le grand hall, passé le contrôle des bagages et puis là, soudain, on les a dirigés discrètement vers un petit escalier discret et ils se sont retrouvés à l'écart de tous dans cette salle. Ils se tiennent tranquille et n'osent pas se faire remarquer de peur de…ne pas partir. D'ailleurs, c'est ce qui vient d'arriver aux passagers du vol de Limoges. Les quelques passagers encore présents (mais étaient-ils nombreux ?) négocient qui un taxi (pour Limoges ?), qui un billet de train (un avion vaut-il une première classe ?) ou un remboursement. La situation doit être grave : il y a deux fois plus de personnel pour s'occuper d'eux que de personnes concernées.

De temps en temps, le silence de la salle est interrompu par des appels sonores : les vols de Madrid, de Séville…mais cela concerne d'autres personnes dans d'autres salles. Soudain, les gens se lèvent et vont vers leur comptoir. Pourtant, il n'y a pas eu d'annonces. Les hôtesses ne s'affolent pas plus qu'avant. Quand les premiers passagers sortent monter dans le bus à l'extérieur, le gros de la foule suit. D'autres restent sagement assis ou s'inquiètent : "c'est quel vol ? C'est pour où ? A-t-il été annoncé ?"

Dans le flot, vous croisez des hommes ou des femmes d'affaires, reconnaissables à leurs uniformes (costumes ou tailleurs), des "loisirs" avec leurs bagages et quelques exotiques comme ce passager en short et chemise à manches courtes, les bras pleins de fleurs exotiques. Il doit venir (ou revenir) de loin, quand il fait ici 8°. J'en oublierai presque les petits enfants qui s'énervent dans ce lieu clos.

La sortie de salle est tout aussi instructive. Rien ne fonctionne au niveau du comptoir : ni l'ordinateur, ni le mangeur de cartes d'embarquement. Finalement rien ne vaut la bonne vieille méthode manuelle : les passagers sont pointés sur une liste et les cartes déchirées à la main (à quand le retour des poinçonneurs dans le métro ?). La libération de la salle se termine par un circuit touristique en bus, avec un groupe serré comme dans une boite à sardines. Ils n'apprécieront que mieux le confort relatif de l'avion.

Le summum : après avoir fait trois fois le tour de l'aéroport, le bus s'arrête devant un petit avion perdu quelque part entre deux gros avions sérieux. La sortie se fait par petits groupes et par une seule porte. Peut-être que la piste ne tient pas le choc. Finalement, tous les passagers accèdent à l'avion. Le confort (écartement des sièges) est rustique, mais l'aventure est devant. Alors, tout va bien.

2 commentaires:

prune a dit…

On voyage avec eux! et même si leur destination ne paraitrait pas exotique dans la réalité,toute réalité retranscrite via la magie de l'écriture éveille la cutiosité. Bravo pour votre regard sur le quotidien!

Julie a dit…

Merci pour cette évasion ! Joli clin d'oeil à ces moments passés dans ces lieux si impersonnels mais qui voient passer tant de monde !!!