- Voilà un maître qui promène ses chiens. Regardez madame Deschiens. Quel amour !
- Pas du tout, madame Chatton, ce sont les chiens qui promènent le maître.
- Que me racontez-vous là ? C'est le maître qui décide de l'itinéraire, qui fixe le temps de la promenade et jugule les ardeurs de ses animaux. Donc c'est lui qui les promène.
- Oui, mais croyez-vous que ce maître a réellement envie de sortir trois fois par jour, été comme hiver dès potron-minet ? Ce sont ses animaux qui l'ont dressé !
- Ben, en voilà une nouvelle ! Ce sont maintenant les animaux domestiques qui nous dressent ! Non, le dresseur, c'est le maître. Il fait, je le reconnais une concession pour la sortie. Après tout, il peut décider de les sortir le soir à 18 heures ou à 22 heures. Mais, c'est naturel. Il faut bien qu'elles fassent leurs besoins ces petites bêtes ! Ce n'est pas parce qu'elles en ont besoin qu'elles nous dressent.
- Tenez, je vais faire une comparaison avec nos maris. Le langage commun l'appelle le chef de la famille. Pourtant, je peux vous dire qu'il file doux. Parce que même si en public, je le laisse clamer haut et fort qu'il est chef, je m'arrange avant pour lui faire savoir ce que je veux. Il en tient compte. Après, il peut dire que c'est lui qui décide, cela m'est égal, du moment qu'il fait ce que je veux qu'il fasse.
- Oui, mais pour revenir à ces chiens, je ne vois pas le rapport. Eux, ils ne disent pas ce qu'ils veulent en amont. Ce n'est pas parce qu'ils ont des contraintes de sortie qu'ils dirigent.
- C'est quoi le pouvoir ? Est-ce de crier fort ou de faire ce que l'on veut ? Les animaux sont plus malins que nous. Ils lui disent : "nous voulons sortir". S'il ne prend pas un chemin sympathique (pour eux), ils lui font sentir en tirant sur la laisse, en courant à s'étrangler, à renâcler à rentrer. Bref, tout maître qu'il soit, il comprend et la fois suivante il prend un nouveau chemin.
- Attendez, si je vous entends bien, nous les femmes sommes comme les chats ou les chiens. Nous laissons croire à notre époux qu'il est chef, mais en fait, nous le menons par le bout du nez ?
- Souvent, oui ! Mais il ne faut pas le dire ! Ils s'en rendraient compte et réagiraient violemment !
- Mais alors si vous en êtes convaincues, pourquoi êtes-vous si féministe ?
- Justement, pour masquer cette vérité ! Plus vous criez que dans la vie quotidienne la femme n'est pas l'égal de l'homme, plus vous vous identifiez comme victime. Les hommes se sentent coupables et honteux et discrètement nous renforçons notre pouvoir. C'est cela le pouvoir. Comme le disait un syndicaliste : ce qui est à nous est à nous, ce qui est à eux (sous-entendu les hommes) est négociable !
- Ben dites donc, si mon Auguste entendait cela ! oui, mais nous continuons à avoir plus de travail qu'eux. Une fois que notre journée de travail est terminée, c'est encore nous qui faisons la cuisine, s'occupons des gamins, du ménage, de la lessive… Alors le pouvoir, c'est de tout faire ?
- Comme vous le prenez ! allez donc suivre un stage sur l'assertivité au féminin. On vous y apprendra à négocier avec votre compagnon pour partager les choses. Vous verrez dans une génération, tout aura changé. Bon, en attendant, je vous quitte, je dois passer récupérer mes gamins et faire la tambouille.
- Ah ? je pensais que vous deviez rentrer pour promener vos chiens pendant que Moooosieur mettait la table ?
mercredi 27 août 2008
Qui promène qui ?
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