jeudi 18 février 2010

La police en panne, et avant ?



La police en panne défile sur les Champs Elysées en ce soir lugubre et froid d’hiver. La police n’a pas le droit de faire grève, alors elle fait défiler ses véhicules. C’est ce qu’on appelle la grève par procuration. Comment en est-on arrivé là ? C’est une longue histoire que je vais maintenant vous conter.

Tout cela débuta à l’hiver 2010. Les salariés furieux de la fermeture de leurs entreprises se mirent en grève. Les professeurs fâchés de l’insécurité dans les écoles firent jouer leur droit de retrait. D’autres en colère contre les (faibles) hausses de salaire s’arrêtèrent d’œuvrer. Les syndicats saisissants la balle au bond proposèrent des journées de grève spontanées reconductibles. Progressivement, chacun se dit : « puisque tout le monde s’arrête, pourquoi dois-je être le seul à travailler ? » et l’économie s’arrêta.

Les politiques se mirent de la partie : les partis de l’opposition, vainqueurs aux Régionales, refusèrent de dialoguer et se retirèrent. Le parti de la Majorité, maintenant en minorité dans les régions, décida qu’il fallait laisser l’opposition d’hier –majorité d’aujourd’hui gouverner : « qu’ils fassent leurs preuves et on verra demain ».

Demain, c’est loin, alors en attendant tout le monde se mit au repos. Enfin, le monde essaya, mais les hôteliers et les restaurateurs étaient aussi en grève. Donc chacun resta chez soi sans télévision (en grève), sans radio (en grève) et sans transports (en grève). Comme les compagnies d’électricité étaient touchées par les arrêts, les feux tricolores ne marchèrent plus et il y eut d’effroyables embouteillages.

Devant une telle pagaille et l’inoccupation qui s’en suivit (défiler en juin, on peut le faire tous les jours, mais en hiver…) la population commença à manifester pour retravailler : « nous voulons bien être en grève si les autres travaillent, mais si ce n’est plus le cas, alors que les autres recommencent et nous on les suit ». En effet, personne ne voulait faire le premier pas de peur d’être accusée d’être un briseur de grèves. « Tirez les premiers, messieurs le politiques ! », « Après vous, je n’en ferai rien, messieurs les syndicats ! ».

Remarquez, cette pagaille n’était perdue pour tout le monde. Les frontières étaient cernées par les entreprises étrangères qui proposaient leurs produits aux habitants démunis. Il s’en suivait un vaste trafic d’acheteurs et de revendeurs et toute une économie parallèle surgit en quelques jours. Le paradoxe de l’histoire est que ce furent les salariés en grève qui devinrent les patrons de ces nouvelles entités. Sans rancune, ils embauchèrent leurs employeurs qui voyaient leurs affaires péricliter. Devant ce retournement de situations, les syndicats de ces nouveaux patrons craignirent de devoir négocier avec un MEDEF des salariés et poussèrent à la reprise, ce qui se fit cahin-caha.

Tout est bien qui finit bien, me direz-vous. Et la police ? Fatiguée, épuisée par la surcharge de travail, elle demanda un peu de répit. On lui dit que ce n’était pas l’heure de l’arrêt : « c’est maintenant l’heure de l’unité dans le travail ».

Alors, elle se mit en grève par procuration et cela donna des idées à d’autres…

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