jeudi 30 décembre 2021

Bonjour le plaisant savoir en 2022


Un jour, raconte Rabelais, le bon roi Grandgousier s’inquiéta de voir son fils Gargantua si ignorant de tout, après avoir passé des heures, que dis-je, des années, sur les bancs des écoles et les universités. Chaque jour plus sot, radoteur et niais même, ce qui peinait beaucoup son père.

N’avait-il pourtant pas appris ses leçons tous les soirs, sué jour et nuit sur ses devoirs, eu des prix d’excellente mémoire et recopier d’une belle écriture plein de grimoires ? Dépité, abandonnant repas et dive bouteille, il s'en alla consulter son ami le vice-roi de Papeligosse, où l’on se gausse de tout, même de soi. 

 

Rabelais me pardonnera, je l'espère, de traduire en français contemporain la réponse qui serait aujourd'hui celle du bon vice-roi : « avez-vous donc cru par l'école et d'écriture, par tant de temps passé à écouter, subir et reproduire les maîtres, obtenir un fils qui aurait de l'imagination, comprendrait arts et lettres, s'amuserait de l’infiniment petit et rêverait de l’infiniment grand ? Installer plutôt votre gargantuesque fiston au pays du plaisant savoir, des réseaux de partage de savoir, du mentorat, du verbe devenu chair par le biais de méthodes qui donnent envie d’apprendre plutôt que de répéter, il y sera heureux, vous aussi, et nous festoierons entre amis en étudiant les étoiles.


DALETT, oxygénateur de méthodes et de transfert de compétences, vous souhaite une bonne année 2022 !


Adapté d’une idée d'Yves Roucaute, le bel avenir de l’humanité,  Calman-Levy 

lundi 20 décembre 2021

Oxygénez votre regard





La Fontaine revisité


La fourmi, ayant travaillé depuis des millénaires selon des méthodes traditionnelles, se trouva fort dépourvue quand les Temps contemporains furent venus. Pas un seul petit travail ou contrat. Elle alla crier famine chez la Cigale sa voisine, la priant de lui prêter quelques grains pour subsister. « je vous paierai , lui dit-elle, avant le retour de la saison des pluies, foi d'animal besogneux, intérêt et capital ».  


La Cigale n'est pas classique, c’est là son moindre défaut. « Que faisiez-vous aux temps classiques dit-elle à cette emprunteuse ? -  Nuit et jour, à tout venant, je répétais tout ce que je savais autant que je pouvais, ne vous déplaise. 


- Vous reproduisiez vos habitudes ? J'en suis fort aise. Eh bien ! Allez revoir vos méthodes, oxygéner vos compétences et regarder le monde sous un angle différent !».

mardi 14 décembre 2021

Le travail sans sens



Assis sur la berge d’un lac, un homme tente d’attraper des poissons à mains nues. Un promeneur s’approche, lui tape sur l’épaule et lui dit : « allons, mon bon monsieur, laissez-moi vous montrer comment on noue un filet ! Vous pourrez attraper plus de poissons ! » Le pêcheur est tellement concentré qu’il n’écoute que d’une oreille et, sans même regarder le promeneur, lui répond : « je n’ai pas le temps, je dois attraper des poissons ! »


Source : René Egli, La formule du bonheur, J’ai Lu



mardi 7 décembre 2021

Conte Zen Qu’avons-nous perdu pour courir ainsi ?



Un Duc, riche puissant, convoqua de nombreux peintres pour faire décorer les murs de son palais et leur donner des indications. Tous les artistes ainsi réunis se lancèrent dans une sorte de course à l'action : sortir leur pinceau, déplier leur tapis, poser leur encrier et se mettre à peindre. 

Sauf un, qui rentra chez lui. 


Le Duc, intrigué, envoya l'un de ses serviteurs suivre ce « rebelle » jusque dans sa maison, ou il le trouva assis en position de méditation face à la fenêtre, contemplant la nature. 


Et le Duc de s'exclamer : « celui-ci est un vrai peintre ! les autres plongent dans l'action sans retenue, lui s'y prépare. »


Qu'avons-nous perdu d'essentiel pour courir ainsi voilà l'interrogation.


Se préparer : il n'y a pas d'autre voie pour atteindre, quel que soit le registre de l'action, ce moment où, avec facilité et douceur, les choses que nous attendons apparaîtront d’elles-mêmes. Cela peut paraître une évidence, mais le mettre en œuvre au sein d'une culture qui privilégient l'action et de ce fait le gain de temps n'a rien de facile. Tout dans la ville nous pousse à enchaîner les actions, voire les paroles, sans nous y préparer tels ces artistes soucieux de répondre aux demandes du duc, nous plongeons dans l'immédiate mise en œuvre par peur de rater la cible. 


A quoi faudra-t-il se préparer ? A tout. Et ce afin de ne pas céder aux pressions de la course. 


Se préparer évite d'avoir à courir. Ceux qui courent en se donnant l'illusion d'aller vite se mettent en danger lorsque nous voyons des personnes ou des organisations se lancer frénétiquement à la poursuite de quelque chose, nous sommes en droit de nous demander : qu’ont-elles perdu ? 


Sans doute faut-il cesser de courir pour le savoir. 


Source Zhuangzi, un des livres fondateurs du Taoïsme cité Christine Cayrol, Pourquoi les Chinois ont-ils le temps, Tallandier 2018