mardi 25 avril 2023

Voyager, mais pas trop




Montaigne a été un grand voyageur pour son époque. Il circula aussi bien en France qu’en Suisse, Allemagne ou Italie. Cela supposait 8 à 10 heures de cheval par jour. C’était pour lui un exercice propre à la réflexion, une méthode qui associait plaisir, mouvement, découverte et en même un temps disponible favorable à la méditation. Les techniques d’apprentissage par la gestuelle aujourd’hui ou les méthodes de pleine conscience en marchant ou courant utilisent les mêmes ressorts. 

 

Si Aristote pensait en marchant et en déambulant, Montaigne trouvait ses idées en chevauchant. En bref, un précurseur du « management by walking around »  où le manager circule parmi ses collaborateurs plutôt que de les attendre assis à son bureau. 

 

Cette approche relancée dans les années 70 et mis en lumière par Tom Peters et Robert Waterman facilite les échanges, la transmission de savoir et savoir-faire dans les deux sens et brise les « murs hiérarchiques ».  Depuis, le développement des modes projet et du télétravail l’ont remis un peu en question. 

 

Ces mouvements et ces échanges informels ont aussi leurs limites. Trop voyager, trop circuler, selon Montaigne, c’est aussi se montrer incapable de s’arrêter, se décider, se fixer. Nous pourrions transposer cette image dans nos réunions modernes : trop de réunions peuvent avoir des effets négatifs sur l’exécution. Nos entreprises sont pleines de « comité Théodule »  toujours prompts à produire un rapport, à émettre une recommandation ou à rédiger un livre blanc. 

 

Nous pourrions transposer cela sur le plan de l’apprentissage. Apprendre, c’est bien, mais encore faut-il avoir un but, une application, un besoin. Bien sûr, il y a l’importance à accorder à la réflexion et à l’ouverture d’esprit. Mais c’est le plus souvent l’application qui permet d’enraciner et de consolider nos savoirs.

 

Aussi, nous devons penser à nous fixer une vision, un but, un objectif et l’ancrer en nous avant de laisser notre esprit vagabonder et ensuite à chercher à l’appliquer. Évident ? oui mais de nombreux personnes apprennent sans savoir à quoi cela leur est utile. Il n’y a pas que les élèves du secondaire pour penser cela. Combien d’entre vous sont partis en formation sans savoir pourquoi ils y sont envoyés et le rapport avec leur activité ? 

 

Nous n’avons pas le loisir, comme Montaigne, de pouvoir laisser notre esprit flotter au gré de nos inspirations. Alors, ne voyageons pas trop, mais mieux. N’apprenons pas trop, mais mieux. Ne transmettons pas trop, mais mieux. 

 

Adapté librement d’un texte d’Antoine Compagnon, « Un été avec Montaigne », Éditions des Équateurs, 2013

jeudi 20 avril 2023

Etes-vous un coureur de fond ?



Un coureur de fond est quelqu’un qui se donne un objectif qui sait qu’il atteindra ou pas dans un délai assez long. Cela suppose une préparation mentale et le maintien de son effort dans la durée. 

 

Lorsque vous transmettez votre savoir et savoir-faire, que ce soit à un « nouveau », un collègue, un client ou un fournisseur, pratiquez-vous comme Haruki Murakimi, un auteur japonais qui tôt ou tard devrait recevoir le prix Nobel de Littérature ?

 

Murakami a deux passions dans la vie : écrire et courir. Comment concilier les deux ? Comment faire que l'une et l'autre se concilient ?


Pour l'auteur, cela fait partie d'une discipline de vie. Y consacrer un effort, brutaliser un peu son corps pour en tirer mieux, tout comme lorsqu'il écrit, il se donne un objectif de 4 à 5 heures par jour assis et concentré à sa table. 


Deux idées fortes : sauf pour les pros, la majorité des gens, dit  l'auteur, courent pour eux-mêmes, pour se challenger. C'est une motivation interne qui les poussent à cela. Or, les médias et les leaders nous poussent à des défis venant de l'externe. Les accepter, c'est déconnecter ses besoins de la réalité. Cela vaut pour la course comme pour la vie. 

Retenez-en que sauf pour quelques coureurs de prime, la course de fond est d’abord affaire de volonté personnelle. 


Le deuxième point qui m'a marqué, c'est son approche de la réussite. Elle tient en quatre points. D'abord le talent : avoir la compétence pour. Ensuite l'envie : aimer faire cela. Après vient la concentration : être capable d'un effort prolongé pour développer son talent. Et enfin la persévérance : tenir la distance les plus longtemps possible, parce c'est ce qui éduque le corps et l'esprit pour avancer. 
Ces points dont tout aussi valable pour l'écriture, la course ou tout autre activité privée, sociale ou professionnelle. 

La compétence en termes de savoir-faire, l’envie de transmettre, la concentration pour le faire et la persévérance dans le temps… Quel point devez-vous améliorer pour réussir ?