jeudi 25 février 2021

Japon : la légende du fil rouge


Le fil rouge du destin est une légende populaire d'Asie originaire de Chine. Ce fil relie deux être destinés à s'aimer, quelle que soit la distance ou même les différences de richesses qui les séparent.


Un beau soir, un jeune voyageur nommé Wei Gu de passage dans la ville de Songchen descendit dans une auberge pour la nuit. Devant l'entrée et sous le clair de lune il y rencontra un vieillard.


 Ce vieil homme était appuyé contre un sac en toile et consultait un livre étrange. Intrigué, Wei Gu l'interrogea, lui demandant ce qu'il y cherchait. Le vieillard lui répondit que ce livre contenait toutes les unions matrimoniales du monde. Il ajouta que le sac de toile contre lequel il était appuyé contenait des fils de soie rouge qui, une fois attachés aux pieds de deux personnes, les vouent à être époux, et ce quelle que soit la distance sociale ou géographique qui les sépare actuellement, même si leur familles sont ennemies jurées. Wei Gu lui demanda alors qui serait sa femme. Le vieillard lui répondit qu'il s'agissait de la petite fille de la marchande de légume. Pensant qu'il se moquait de lui, Wei Gu monta se coucher.


[Le lendemain, curieux, Wei Gu allât tout de même jeter un coup d'œil à l'étal de la vieille marchande de légumes. Il fût vexé de voir que la jeune fille était assez laide, il la poussa alors qu'elle passait à côté de lui avant de s'éclipser, énervé et honteux.


Bien des années plus tard, il épousa une jolie jeune femme et, comme le veux la tradition, il ne découvrit son visage que le soir du mariage. Elle avait une mouche entre les deux sourcils, intrigué, Wei Gu lui demanda pourquoi. Elle lui répondit que lorsqu'elle était petite un voyou l'avait faite tomber sur le front et qu'elle en avait gardé une cicatrice. Wei Gu réalisa que c'était lui le voyou dont elle parlait et que le vieil homme avait raison. Il lui confessa son histoire, qui parvint jusqu'au préfet de Songchen. Celui-ci décida de renommer l'auberge « l'auberge des fiançailles » et le vieillard sous la lune fut rapidement connu de tous. Wei Gu et sa femme, comprenant que leur union était prédestinée, décidèrent de ne jamais se disputer.


Source : www.nautiljon.com


mardi 16 février 2021

Siddhartha et la récolte de riz



Une fois Siddhârta se rendit dans un village pour y acheter une grande récolte de riz. Quand il arriva, le riz avait déjà été vendu à un autre commerçant. Siddhârta demeura pourtant plusieurs jours dans ce village, régala les paysans, donna à leurs enfants des monnaies de cuivre, assista à un mariage et revint tout heureux de son voyage.  

 

Kamaswami, son ami commerçant, lui reprocha de n’être pas rentré tout de suite et d’avoir perdu son temps et son argent. 

 

Siddhârta lui répondit : « Cesse tes remontrances, cher ami on n’a jamais rien obtenu par ce moyen-là. S'il y a des pertes, que ce soit moi qui les supporte. Je suis très content de ce voyage. J’ai fait la connaissance de toutes sortes de gens,  un brahmane est devenu mon ami,  j'ai fait sauter des enfants sur mes genoux, les paysans m’ont montré leurs champs,  mais personne ne m'a pris pour un commerçant. 


J’y 'ai vu des gens nouveaux et une contrée nouvelle ; on m’a témoigné des égards et de la confiance et je m'y suis créé des amitiés. 


Si, dès que j’aurais vu mon affaire manquée, je serai reparti en toute hâte, j'aurais en effet perdu mon temps. En agissant comme je l'ai fait, j'ai passé quelques bonnes journées,  j'ai enrichi mes connaissances,  j'ai eu des plaisir et je n'ai porté préjudice ni à moi-même ni aux autres par ma mauvaise humeur et ma précipitation. Si par hasard un jour, plus tard, je retourne là-bas pour y acheter une autre récolte ou pour tout autre motif, j'y serai reçu avec empressement par des gens affables et gais et je ne féliciterai de me point leur avoir témoigné de mauvaise humeur, ni montré de hâte à les quitter".  

mardi 9 février 2021

L’obstacle sur le chemin


On raconte une légende zen d'un roi dont les sujets étaient devenus fainéants.

Mécontent de leur paresse, il voulait leur donner une leçon. 

Son plan était très simple : placer un gros rocher au milieu de la route qui bloqueraient l'entrée de la cité, puis observer leurs réactions.

Comment les sujets allaient-ils réagir ? Allaient-ils s'unir pour ôter le rocher ? Allaient-ils se décourager et rebrousser chemin ?

De plus en plus déçu, le roi regarda ses sujets arriver devant l'obstacle et rebrousser chemin. Au mieux, certains essayèrent sans conviction de retirer le rocher avant d’abandonner. Ils étaient nombreux à se plaindre, maudissant le roi ou la malchance, ou encore déplorant l'inconvénient, mais aucun ne prit vraiment les choses en main.  

Au bout de plusieurs jours, un paysan qui se rendait en ville arriva devant le rocher. Il ne rebroussa pas chemin. Au contraire, il tenta de toutes ses forces de l'ôter de la route. Puis il eut une idée : trouver dans la forêt un objet qui pourrait lui servir de levier. De retour devant le rocher, il utilisa une grosse branche qu'il avait taillée pour dégager la route.

Sous le rocher se trouvait une bourse remplie de pièces d'or et un message du roi disant :

"L’obstacle sur le chemin ouvre la voie. N'oubliez jamais, dans chaque obstacle se cache une chance d'améliorer notre condition. 

Extrait du livre "L'obstacle est le chemin" de Ryan Holiday

mercredi 3 février 2021

S’aimer tel qu’on est


Il était une fois, un roi bon et juste qui avait pris beaucoup de soin à agrémenter les immenses jardins de son château avec toutes sortes d’arbres, de plantes et de fleurs, tous aussi beaux, majestueux et parfumés les uns que les autres. Ses jardins resplendissaient de beauté et offraient un spectacle inégalé à mille lieues alentours.

Il prenait un plaisir chaque jour renouvelé à se promener dans ces jardins habillés par autant de grands arbres dont les cimes tutoyaient les nuages que de petits massifs de fleurs aux couleurs changeantes et aux parfums enivrants.

Un jour, le bon roi dut s’absenter pour un voyage officiel.

À son retour, il n’avait qu’une hâte : retrouver les couleurs, les parfums et la composition harmonieuse de ses jardins. Il eut un choc en constatant que les plantes et les arbres qu’il aimait tant étaient en train de mourir et sécher. Il s’adressa au pin, autrefois majestueux et plein de vie, et lui demanda ce qui avait bien pu se passer.

Le pin lui répondit avec un air triste : ” J’ai regardé le pommier et je me suis dit que jamais je ne serai capable de produire d’aussi beaux et bons fruits qu’il ne porte. Je me suis découragé et j’ai commencé à sécher.”

Le roi alla trouver le pommier qui lui aussi était sur le point de mourir. Il l’interrogea à son tour et celui-ci dit avec un air plus triste encore : ” En regardant la rose et en sentant son parfum enivrant, je me suis dit que jamais je ne serai aussi agréable à regarder et aussi parfumé qu’elle. C’est alors que je me suis mis à sécher.”

Comme la rose était elle-même en train de sécher, il alla lui parler et elle lui avoua avec l’air le plus triste du monde: “Comme c’est dommage que je n’ai pas l’âge de l’immense érable sage planté au loin ! Comme c’est dommage que mes feuilles ne deviennent pas aussi dorées comme les siennes à l’automne ! Dans ces conditions, à quoi bon vivre et faire des fleurs, aussi parfumées soient-elles ? Je me suis donc mise à dépérir.”

C’est alors qu’une toute petite fleur attira l’attention du roi. Alors qu’il l’avait à peine remarquée auparavant, elle semblait aujourd’hui capter toute la lumière et baigner les jardins de son doux parfum. Elle n’était en rien comparable aux autres végétaux desséchés du jardin. Le roi, intrigué, l’interrogea sur sa surprenante vitalité .

“J’ai failli me dessécher, répondit-elle, car au début je me désolais. Jamais je n’aurai la majesté d’un pin qui conserve sa verdure toute l’année ; ni la beauté et encore moins le parfum de la rose; et que dire de la sagesse de l’érable ! Désespérée que j’étais, j’ai voulu mourir moi-aussi. Puis je me suis rappelé que vous aviez choisi de me placer ici, de m’arroser, de prendre soin de ma terre, vous m’avez accordé autant d’importance qu’au pin, qu’à la rose et qu’à l’érable, c’est donc que vous vouliez de moi autant que des autres, telle que je suis, et que j’ai toute ma place dans ce jardin. A partir de ce moment-là, j’ai décidé de m’aimer telle que je suis et de contribuer à mon niveau à rendre ce jardin aussi agréable que possible. C’est exactement ce à quoi je m’emploie depuis que vous êtes parti et ce à quoi je m’emploierai tant que je serai en vie.”