vendredi 27 mars 2015

Contre iranien : qui triche ?



Un fait divers cette semaine en Inde (voir la vidéo) m’a rappelé cette histoire iranienne.

En Iran, au début de la révolution islamique, la pratique de la musique traditionnelle fut interdite. Pour les musiciens professionnels, ce fut une catastrophe. Ils devaient s’entraîner clandestinement pour ne pas perdre leur technique instrumentale. 

Un jour, un grand pianiste fut emprisonné pour délit d’opinions. Dans sa cellule, il continuait à pianoter sur sa table pour conserver la flexibilité de ses doigts. Un jour, il fut convoqué chez le directeur de la prison qui lui demanda ce qu’il faisait tous les jours sur sa table. Il eut beau nié, il dut avouer que ses doigts retrouvaient machinalement tel ou tel concerto.

« Bon, bon » dit le directeur, « je comprends, vous pouvez regagner vote cellule. »

Au moment où le pianiste quittait son bureau, entouré de gardiens, le directeur le rappela et lui dit encore : « Mais attention ! Vous ne pouvez jouer que les morceaux autorisés !»

Source : Jean-Claude Carrière Le cercle des menteurs (Plon)


La vidéo indienne montre des parents et amis se précipitant sur un centre d’examen (baccalauréat) pour aider des élèves.  Certains commentaires en France soulignent qu’en France, cela ne se produirait pas puisque 90% des candidats obtiennent le bac. Alors, qui triche ? 

samedi 21 mars 2015

Conte russe L'ours et le renard


Il était un renard qui avait pour voisin un ours. Un beau jour, il vint le trouver et lui dit :
-   Ecoute-moi. Avec ta force et ma ruse, si nous nous unissons, nous pourrons facilement nous enrichir. Prenons un champ, labourons-le ensemble, ensemençons-le, puis nous nous partagerons la récolte et chacun de nous vendra sa part au marché.
-   Je sais que tu vas me rouler.
Le renard prit un air fâché.
-   Allons, Michka, ce n’est pas gentil ce que tu dis là. Nous sommes deux bons camarades et je ne te roulerai jamais. La preuve : nous partagerons la récolte en deux parts, et c’est toi qui choisiras celle que tu préfères. Je prendrai celle dont tu n’auras pas voulu. Qu’en penses-tu ?
-    Comme ça, je suis d’accord, dit l’ours.
Ils labourèrent le champ et y semèrent des pommes de terre. Enfin, « ils labourèrent », c’est une façon de parler. L’ours étant le plus costaud, c’est qui s’attela à la charrue, tandis que le renard trottinait à ses côtés et le houspillait.
-         Tu traînes ! Tu pourrais aller plus vite, quand même, gros flemmard !
L’automne vint, le champ se remplit de jolies tiges souples aux fines feuilles d’un vert tendre, sous lesquelles avaient gonflé de gros tubercules d’un gris sale. Le renard proposa à l’ours :
-         Eh bien, Michka, à toi de choisir : les tiges ou les tubercules ? Le dessus ou le dessous ?
L’ours pensa à par lui : « Pas si bête ! Le renard voudrait peut-être que je me prenne ces grosses boules sales toutes cabossées. Personnes ne voudra me les acheter. » il se dépêcha de cueillir le dessus, ce qu’on appelle les fanes, tandis que le renard déterrait les tubercules. Puis ils partirent l’un et l’autre pour le marché. Le renard, évidemment, écoula vite ses pommes de terre, tandis que l’ours resta aves ses fanes sur les bras. Bien plus, l’ours devint la risée de tout le marché.
-    Alors, voisin, nous recommençons comme l’année dernière ? Nous cultivons le champ ensemble, et c’est moi qui choisirai ma part de la récolte.
Comme l’année précédente, c’est l’ours qui laboura, tirant la charrue aussi fort qu’il pouvait, tandis que le renard lui reprochait de ne pas en faire assez.
Ensuite, ils semèrent du blé. Une fois qu’il eût mûri, ils entreprirent de partager la récolte.
-  Alors, Michka, demanda le renard, à toi de choisir. Le dessus ou le dessous ?
-  Le dessous, bien sûr !
-   Tu ne pourras pas dire que je t’ai empêché de faire ce que tu voulais, remarqua innocemment le renard. Je me contente de ce que tu mes laisses.
Le renard faucha les tiges du blé et battit le grain, tandis que l’ours déterrait les racines. Quand l’ours arriva au marché, tous les acheteurs se le montraient du doigt. L’ours était fou de rage. 
-         Ah, c’est comme ça, dit-il au renard. Tu vas me le payer, et cher !
L’ours, confiant dans sa grosse voix, proposa au renard un concours de grognements. Celui qui grognerait le plus fort dévorerait l’autre.
L’ours gonfla sa poitrine, ouvrit si grand sa gueule qu’il en ferma les yeux, et lança un son tellement puissant qu’il s’assourdit lui-même. Le renard, se voyant sans surveillance en profita pour se sauver. Un ours sait crier fort, mais un renard sait courir vite. Le nôtre, personne ne l’a encore rattrapé.


Source : https://sandradivenezia.wordpress.com/2010/04/04/le-renard-et-l%E2%80%99ours-conte-russe/

vendredi 13 mars 2015

Conte chinois : la rose bleue


Une jeune princesse possédait toutes les qualités que l'on pût désirer. Son  père l'adorait et ne lui refusait rien. La princesse cependant avait un défaut : se considérant comme une personne parfaite, elle exigeait que tout autour d'elle le fût également. Évidemment, aucun prétendant ne trouvait grâce à ses yeux. Son père insistait pour qu'elle se mariât, mais elle refusait tous les jeunes gens qu'il lui présentait. Un jour que son père la suppliait de nouveau de se marier, elle lui promit qu'elle épouserait celui qui lui apporterait une rose bleue.
Beaucoup de prétendants essayèrent mais seuls trois continuèrent leur quête.
L'un d'eux était un riche marchand. Il alla voir un fleuriste et demanda à un fleuriste de teindre une rose Il se précipita alors au palais pour montrer la rose bleue à la princesse et l'épouser. Le roi se réjouit à la vue de la fleur, mais la fille ne fut pas dupe.  
Le deuxième prétendant était un explorateur qui se rendit dans la région des cinq fleuves, célèbre pour ses diamants. Il examina de nombreuses pierres précieuses et finit par trouver un très gros saphir bleu. Il l'acheta et le porta à un joaillier pour le faire tailler en forme de rose. Quand elle vit la rose, la jeune femme s'écria : « Mais ce n'est pas une fleur ! Mon père, vous voyez bien que ce n'est qu'un saphir taillé en forme de fleur ! J'ai de bien plus beaux bijoux et j'attends toujours qu'on m'apporte une vraie rose bleue. »
Le troisième prétendant était un jeune noble. Il convoqua le plus réputé des peintres du pays et lui demanda de lui peindre la plus belle rose bleue qu'on pût imaginer. La princesse fit savoir qu'elle voulait une rose vivante et non une image, aussi belle soit-elle. Le dernier prétendant fut donc refusé comme tous les autres.
Un soir d'été, elle entendit un poète chanter. C'était un beau jeune homme à la voix douce et harmonieuse. Elle descendit à sa rencontre. Elle s’éprit de lui, mais quand il lui dit qu'il souhaitait l'épouser, elle lui répondit : « Hélas, j'ai juré que je n'épouserais que celui qui serait capable de me rapporter une rose bleue ». « Ce n'est pas difficile,  répliqua le jeune homme, il y a partout des roses bleues. »

Le lendemain, il arriva au palais avec une rose de couleur crème. Il la présenta à l'empereur, qui se moqua de lui. À sa grande surprise, il entendit sa fille dire : « Mais oui, mon père, elle est bleue, c'est la plus belle rose que j'ai jamais vue et elle est bien bleue. » Tout le monde à la cour voyait une rose crème, mais la princesse disait : « Je vous assure qu'elle est bleue. C'est vous qui ne voyez pas ! Elle est d'un bleu merveilleux, et je suis heureuse car je vais épouser celui qui me l'a rapportée. » Et ainsi fut fait. La princesse fut très heureuse et perdit l'habitude de rechercher en permanence la perfection.
Source : Collectif, Contes d'Asie, ill. Thomas Tessier, Circonflexe

samedi 7 mars 2015

Conte inuit (Groenland) : Kassassuk



Kassassuk est un jeune orphelin élevé par une pauvre vieille femme. Il est moqué de tous. Les autres enfants le martyrisent notamment en lui tirant les oreilles.

Un jour, il s’en va dans la montagne et rencontre un esprit. Cet esprit lui enlève toutes ses faiblesses. Dorénavant, il sera un homme fort, mais il doit garder ce secret jusqu’à l’arrivée de trois ours polaires qu’il devra combattre à mains nues.

Kassassuk retourne en ville sans rien dire à personne. Arrive enfin le jour dont l’esprit lui avait parlé : trois ours blancs féroces menacent les habitants de la ville. Kassassuk s’avance vers les animaux et, d’un coup de poing, les met K.O.

Par cet exploit extraordinaire, il gagne instantanément le respect de tous et accède au plus haut rang politique.

Mais Kassassuk ne se contente pas de ce retournement de situation. Il décide de se venger en instaurant la terreur et en faisant tuer tous ceux qui lui avaient fait du mal.

Très vite, plus personne ne l’aime. Il perd le respect de sa communauté et se retrouve une nouvelle fois abandonné de tous.


Source : http://untoursurterre.fr/groenland-feerique-kassassuk-durete-contes-enfants/