samedi 27 septembre 2008

L'ours en fleurs


Oui, je suis un ours en fleurs. Ne me regardez pas bizarrement. Je ne vois pas ce qu'il y a d'étrange. Les arbres en fleurs, est-ce que cela vous choque ? Et les jeunes filles en fleurs ? Alors, pourquoi les ours ? Il y a des ours stars de cinéma, des ours polaires, des ours artistes de cirques. Moi, je suis un hippie. Ce n'est plus à la mode ? Tant mieux, je suis alors en avance. La mode, cela va et vient. Si ce n'est plus à la mode, c'est que cela le reviendra tôt ou tard. D'ailleurs, il n'y a que vous que cela choque. Les "locaux" n'y font même plus attention.

Moi et ma famille venons d'Europe Centrale. Là, dans les montagnes, la nature est restée accueillante. Nous étions la famille ours du conte "les trois ours", ceux qui recueillent la gentille petite fille perdue dans la forêt. A la suite de cette histoire, des imprésarios nous ont proposé une tournée à travers l'Europe. Comme mes parents ont mal lu le contrat, cela s'est mal terminé : Mon père s'est retrouvé dans un cirque et moi et ma mère dans un parc des Pyrénées. Après avoir souffert de la bêtise des hommes, je me suis enfui. Je suis devenu hippie : "peace and love", "tout le monde s'aime", … Le jour je reste sagement à ma place. La nuit tombée, je pars me promener et vais raconter des contes aux enfants avant qu'ils s'endorment. Je suis devenu l'assistant du marchand de sables.

Vous aimez les contes ? En voici un pour vous : Un ours se plaint de son sort : "Un ours, c'est doux, c'est gentil. Cela se nourrit de fruits et de miel lors de ses promenades dans la montagne. Comme nous sommes grands et forts, les hommes ont peur de nous et nous chassent. Nous, on ne tue que pour manger et c'est nous qu'ils qualifient de cruels. C'est injuste. Je vais me plaindre au Roi des Animaux." Il descend de sa montagne en quête du Roi. En chemin, il croise un coq qui lui demande où il va. A entendre son récit, le coq lui dit alors : "moi aussi je vais avec toi. Je passe mes nuits dehors sur un bout de bois à guetter l'aube et à chanter l'heure du réveil. Qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, je suis là alors que mes collègues de la basse-cour sont au chaud. C'est injuste !" Un peu plus loin, ils croisent une abeille qui leur demande ce qu'ils font ensemble et où ils vont. Les plaintes de ceux-ci l'incitent à se joindre à eux : "Moi aussi je veux aller voir le Roi des Animaux. Je ne suis qu'une ouvrière et je passe mes jours à butiner à droite et à gauche pour nourrir ma Reine. Tout le monde me vole mon travail : les hommes, les ours, ma Reine…J'en ai assez."

Ils arrivent tout trois auprès du Roi des Animaux qui les écoute avec attention. Il propose à l'ours de se reposer dans son garde manger, au coq de dormir dans une belle chambre et à l'abeille de ne rien faire et d'être nourrie. Quelques jours plus tard, l'ours, ayant mangé toutes les provisions, se plaint d'avoir faim. Lecoq qui s'est empâté, oublie de donner l'heure et l'abeille dépérit.

Le Roi les convoque à nouveau : "Tu regrettes déjà" dit-il à l'abeille "de ne pas butiner ? Tu as un noble destin, celui de nourrir ta Reine et de faire plaisir aux hommes. Retourne à ta tâche avant de mourir d'ennui. Et toi, as-tu déjà oublié ton rôle ? Comment la basse cour et les hommes sauront le temps si tu n'es pas là ? Cours à ton perchoir pour donner le temps. Tu as le reste de la journée pour dormir. Quant à toi, l'ours, tu te gaves sans souci. Tu as la chance d'être grand et fort pour te nourrir et jouer à ta guise. Sans cela, tu passerais ton temps à te protéger et à te défendre des autres."

Ce conte vous a-t-il plu ? Je sais que la nature profonde de mon espèce est de s'amuser et de faire plaisir. Et vous, quelle est votre fonction ? .

mardi 23 septembre 2008

Un mariage au bout du monde ?


Madame, monsieur,

Nous vous remercions d'avoir proposé à notre chaîne de télévision l'exclusivité de votre production d'une œuvre dite de télé-réalité. Notre commission en charge des programmes a étudié avec soin votre dossier. Nous tenons à vous dire que votre dossier était remarquable. Malheureusement nous sommes au regret de vous dire que nous ne pouvons donner suite à votre proposition. La commission a estimé qu'il s'agissait d'une œuvre qui pourrait choquer grands et petits.

Afin de vous aider à revoir votre copie, voici quelques commentaires du comité qui peuvent vous orienter dans cette démarche (les commentaires de la commission sont en italique) :

Vous souhaitez organiser un mariage de parisiens dans un village quasi abandonné (le jour de l'élection des sénateurs, c'est se moquer des représentants de la France profonde). Vous avez trouvé 80 figurants (Qui les paye ?) prêts à se réunir dans un lieu à route à sens unique (Infaisable : beaucoup se perdront sans compter les embouteillages et les bouchons. A l'heure où le gouvernement veut réduire les accidents ! ). Le mariage est organisé par les enfants des mariés (Atteinte à la dignité des enfants : imagine-t-on une femme arrivant au bras de son fils ?). La cérémonie à la Mairie sera assurée par un ami non élu pendant que le Maire regarde tranquillement la scène (Provocation !). Un vin d'honneur sera offert dans la rue (Incitation à boire de l'alcool sur un espace public. Prévenir la gendarmerie). La cérémonie sera sponsorisée par les producteurs locaux de lavande, une marque de champagne et une société de construction ("Serre") qui affichera un grand panneau publicitaire à l'entrée de la Mairie du style "pendant le mariage, les travaux continuent" (A quand le mariage républicain dans les grandes surfaces avec l'appui de Red Bull ?).

Puis les invités se retrouveront dans une commanderie des templiers suisses (Pourquoi pas Fort Boyard ?) située sur un autre piton avec une route à sens unique (Avec tout ce que dépensent pour l'entretien des routes le Conseil Régional et le Conseil général depuis les lois de décentralisation, c'est de la provocation). Ils feront la fête jusqu'à plus d'heures au son de musiques d'ailleurs (Attention au respect des 50% de musique francophone !)

Pour toutes ces raisons (entre autres) la commission a trouvé votre projet audacieux, mais irréaliste. Nous vous souhaitons bonne chance dans vos démarches.

Le signataire : Bernas de Montclus, directeur de la chaine Ceze.

PS : un de nos confrères, après avoir testé des émissions comme Loft story et Star Ac préparerait une émission sur les mariages exotiques du bout du monde. Vous devriez lui proposer : entre un mariage à Chatou et un autre à la Réunion, votre mariage ferait une excellente transition.

samedi 13 septembre 2008

La mort du livre


- Mesdames, messieurs, un peu de silence et de respect. Rapprochez-vous de moi. Je dois parler plus doucement. Vous êtes ici devant une nécropole. Ici reposent en paix des milliers de livres. Je vous demanderai une minute de silence (le groupe se recueille en silence).
- Mais, il y en a encore des gens qui lisent, s'exclama après quelques instants une dame
- Oui, madame, mais discrètement. D'ailleurs allez-vous dans une bibliothèque ?
- J'y allais monsieur.
- Et pourquoi plus maintenant ?
- C'est vrai, je lis moins et j'achète mes livres. Alors je n'ai plus besoin.
- Vous voyez, une coutume s'en va, une coutume s'en vient. Aujourd'hui les générations préfèrent le son, la musique, l'image. Les bibliothèques sont mortes, vive les médiathèques !
- C'est un scandale, cria un monsieur d'un certain âge
- Pourquoi un scandale ?
- Parce que le livre, c'est important, c'est la culture. On ne peut pas vivre sans la culture, c'est…c'est…
- Monsieur, avez-vous des enfants ?
- Et même des petits-enfants !
- Alors, qu'est-ce que vous avez fait pour transmettre le goût du livre ?
- Je leur ai offert des livres à chaque anniversaire !
- Oui, les avez-vous lus avec eux ? Avez-vous partagé leurs lectures ? Echangé ? Dialogué ?
- Oui, non, mais ce n'est pas le sujet !
- La lecture, cela se transmet, se partage, s'échange. Vous avez votre part de responsabilités (le grand-père se met à pleurer en silence). Comment font les jeunes aujourd'hui avec la télé ? Ils parlent entre eux de leurs séries TV, ils s'échangent des disques. Autrefois, il y avait une radio et un tourne-disque par famille. Aujourd'hui, chacun a sa radio et son MP3. C'est pareil pour les bibliothèques dans les appartements. Avant, elle était commune, maintenant chacun a son coin "livres". En fait, elles sont souvent décoratives. La place centrale est pour la télévision. Qui, parmi vous, a acheté un livre cette semaine ? (silence dans la foule)
- Oui, mais les livres sont chers ! dit doucement une jeune femme.
- Les livres sont chers parce qu'ils sont peu achetés. C'est un cercle vicieux
- Ce n'est pas de notre faute. Nous n'avons plus le temps de lire. Le travail, les gamins, les distances… dit un autre homme
- Monsieur, vous avez de bonnes raisons pour ne pas lire, mais vous en avez aussi de mauvaises. Si la consommation moyenne quotidienne de télévision est 3h36 minutes, est-ce que la qualité le justifie ?
- Que préconisez-vous alors ?
- Le culte du souvenir !
- Le culte du souvenir ?
- Oui de remplacer la 11 novembre en tant journée de souvenir de la guerre 14-18 par une autre date commémorative de la mort du livre !
- Il y a déjà des journées du livre.
- Celle-là serait un jour férié et chacun devrait lire un livre le matin. Puis l'après-midi, nous nous retrouverions en petits cercles pour en parler et échanger.
- Obliger, obliger, est-ce vraiment une bonne méthode ? En éducation, c'est un principe abandonné depuis longtemps !
- Alors, il ne nous reste qu'à nous recueillir, comme nous le faisons maintenant devant le monument aux morts d'une certaine culture. "Libris resquiant in pace"
- "Amen" répondit la foule

mercredi 10 septembre 2008

Ma lecture de la semaine


J'ai lu cette semaine un excellent livre que je vous conseille : "Guide de survie avec sa fille, à l'intention des pères", de Monsieur Lachambre Dacôté.

Si vous avez une fille et encore mieux si vous en avez plus d'une, ce livre est fort instructif. Vous n'y apprenez rien (parce que vous le vivez déjà), mais vous comprendrez un peu mieux.

En voici la table des matières :

Préambule : "survivre à sa (ses) fille(s), un vrai métier"


Leçon 1 : sa (ses) fille(s), rêve et (dure) réalité


Leçon 2 : Sur qui frappe sa fille ?


Leçon 3 : Que faire avec une fille quand elle est (de passage) à la maison ?


Leçon 4 : Exercices pratiques
Comment placer un mot avec sa fille ?
Arriver à suivre l'agenda de sa fille
Les leçons de l'échec



Leçon 5 : Les innombrables formes d'humeur de sa fille


Leçon 6 : les dialogues à répétition (le rangement de la chambre)


Leçon 7 : Comment se soigner après un échange avec sa fille ?


Leçon 8 : le théorème de Pythagore revu par sa fille = (portefeuille du père)² + (portefeuille de la mère)² = (argent de la poche de la fille)²


Leçon 9 : Comment éradiquer les garçons qui tournent autour de votre fille (mode d'emploi pour son frère)


Leçon 10 : Peut-on espérer un jour comprendre sa fille ou comment devenir zen ?

vendredi 5 septembre 2008

Quelque part dans une salle souterraine d'un pays étranger…


- Mesdames, messieurs, vous êtes ici rassemblés pour que vous soyez averti qu'un danger nous guette. La France est en train de mettre au point une nouvelle arme contre nous.
- Ce n'est pas possible s'exclame un général. C'est nous qui devons les attaquer. Pas eux ! C'est pas du jeu.
- Si maintenant les démocraties commencent à construire des armes terroristes, où va-t-on ? renchérit une femme.
- Attendez, dit un troisième, que sait-on exactement ? C'est peut-être de la fumée sans feu.
- Revenons au sujet, dit l'orateur, satisfait de cette montée d'attention. Soyons précis : l'agent 92190 a au péril de sa vie pénétré dans un grand parc en lisière d'une grande ville et a réussi le cliché que vous voyez ci-dessus.
- Etonnant ! Incroyable ! Ils ont osé ! … s'exclamèrent les assistants.
- Donc, reprit l'orateur, caché derrière la façade d'un château quelconque, il y a cette étrange coupole qui n'est pas sans rappeler…
- Un lance-fusée continue un homme triste avec de petites lunettes.
- Pourquoi ne s'en est-on pas aperçu avant ? dit son voisin. Qu'est-ce qu"ils font nos espions ?
- Parce ce que bâtiment est caché par grands arbres. De loin, vous ne voyez rien. De face, en contrebas, seulement la façade du château.
- Où cela se trouve-t-il ? reprend un jeune qui pianote sur son ordinateur
- Voici les coordonnées : Longitude : 2 ° 14’ Est, latitude : 48 ° 48’ Nord, altitude : 162m
- Et si c'était simplement un dôme ? se hasarde une personne
- Il y a une fente d'ouverture qui est orientée dans notre direction. Cette fente s'ouvre la nuit. Notre agent a vu alors de la lumière à l'intérieur.
- Comment est-il arrivé sur ce lieu ?
- En fait, d'autres pays ont tenté de le détruire sans succès.
- C'est peut-être nous ? se demande le voisin du général.
- Ne dites pas de bêtises ! lui répond son voisin. Nous le saurions.
- Vous dites "tenté" ! Ont-ils raté ?
- En fait, l'incident s'est produit le 13 juillet au soir. Il y a eu de nombreuses boules de feu dans le ciel. Ce qui a attiré l'attention de 92190, c'est les français ont fait appel à des boucliers humains pour protéger le site. Les gens ont été regroupés autour du bâtiment. Quand les tirs ont cessé, les personnes ont pu retourner chez elle.
- Quel est l'intérêt d'un bouclier humain ? dit un colonel. Un bon système de DCA couplé avec des fusées anti-fusée suffisent.
- Si vous détruisez un bâtiment, c'est un accident. Si vous tuez des gens, c'est un crime. La présence de personnes a du dissuader ces attaquants reprit le général.
- Je n'y aurais pas pensé. Mais ce que vous nous montrez, c'est une photo prise de jour. Comment l'a-t-il prise ?
- Il y est retourné le lendemain. Il semble que les autorités craignaient une nouvelle attaque. Ils avaient rassemblé à nouveau beaucoup de monde. Pour les occuper, il y avait de la musique
- La musique comme sur le Titanic avant le naufrage final dit un cinéphile.
- Qu'a-t-il constaté ?
- Le site s'appelle "cave canem". Du moins c'est le nom marqué sur un panneau près du bâtiment.
- A-t-il cherché à entrer dans le bâtiment ?
- Oui, mais il a été attaqué par des chiens qui lui ont mordu la main
- Il va être enragé !
- Non, il s'est tranché la main immédiatement.
- Alors qu'allons-nous faire ?
- Je pense qu'il ne faut pas nous laisser faire. Avez-vous des suggestions ?
Les participants lancèrent toutes sortes d'idée : envoyer une fusée, porter plainte à l'ONU, le plastiquer, bâtir des sites de défenses…
Finalement, il fut retenu de construire un bâtiment à l'identique avec un dôme similaire pour montrer qu'on n'avait pas peur.