vendredi 26 mai 2017

l'origine de la sculpture

Dans le cadre de la magnifique exposition de l’artiste Prune Nourry au sein du musée Guimet* à Paris, François Ansermet, psychanalyste suisse, a rédigé le catalogue de l’exposition. Ci-dessous un texte sur la création de la peinture, selon Pline** :

En utilisant la terre, le potier Butadès de Sicyone découvre à Corinthe l’art de modeler les portraits en argile. Il doit son invention à sa fille, amoureuse d’un jeune homme ; celui-ci partant pour l’étranger, elle marqua les contours de l’ombre de son visage projeté sur le mur par la lumière d’une lanterne.

Son père appliqua de l’argile sur l’esquisse, en fit un relief qu’il mit à durcir au feu avec le reste de ses poteries, après l’avoir fait sécher.

Ce récit montre le pouvoir de l’argile et de la poterie. Parfois, c’est le tracé de l’ombre sur la muraille qui permet de maintenir la présence de celui qui va partir. Quoi qu’il en soit, il s’agit bien de l’origine de la sculpture tout autant que de la peinture, de tous les arts qui composent avec la trace laissée par l’absence, par la séparation, donc aussi par la coupure.

Une expo à ne pas rater !

* Plus d’infos sur l’expo en cours : https://goo.gl/nwVlma

** Pline l’Ancien, Histoire naturelle, livre XXXV

vendredi 19 mai 2017

Aimez-vous le risque ?


La croissance est l’un des besoins les plus urgents.

L’arbre perce la terre, la larve se transforme en papillon, l’enfant devient adolescent. On se doit de grandir et de répondre à ses besoins changeants si l’on veut se sentir pleinement vivant.
Les gens les plus heureux sont ceux qui ont le courage de croitre et de prendre des risques pour vivre en fonction de leurs valeurs.

Et même si...
·        Rire, c'est risquer d’être ridicule...
·        Pleurer, c'est risquer d’avoir l’air sentimental...
·        Tendre la main vers l’autre, c'est risquer de s'impliquer...
·        Montrer ses sentiments, c'est risquer de dévoiler son Moi authentique.
·        Exprimer ses sentiments, c'est risquer de révéler sa véritable nature...
·        Exposer ses rêves et ses idéaux, c'est risquer de les perdre...
·        Aimer, c'est risquer de ne pas être aimé en retour...
·        Vivre, c'est risquer la mort...
·        Espérer, c'est prendre le risque du désespoir.
·        Essayer, c'est risquer l'échec...
...On doit risquer. Car le plus grand danger est de ne prendre aucun risque.
La personne qui ne risque rien ne fait rien, n’a rien et n’est rien. Elle
évite peut-être la souffrance et le chagrin, mais elle ne peut rien apprendre, rien ressentir, elle ne peut ni vivre, ni croître. Enchainée dans ses certitudes, elle en est esclave et a perdu sa liberté́.
Seule la personne qui prend des risques est libre.


Texte de Rudyard Kipling trouvé sur http://www.lamailloux.com/pdf/Le_risque.pdf

vendredi 12 mai 2017

Au pays des couleurs

Il était une fois, une petite fille qui s’appelait Marie et qui adorait plus que tout au monde dessiner.
Chaque jour Marie pouvait dessiner sur un Bloc-notes, dans un livre, sur des bouts de papier et parfois même, sur un tableau avec de la craie colorée.

Le matin, lorsqu’elle se réveillait, elle se précipitait vers son bureau où se trouvaient ses crayons de couleur et ses tubes de peinture. Avant le petit-déjeuner, elle avait déjà fini deux ou trois dessins. Et tous les matins, Marie demandait inlassablement : « S’il te plaît maman, je peux faire un dernier dessin ? Juste un de plus, je te promets ! »
Puis, un après-midi, Marie eut très sommeil. Elle venait juste d’entamer un dessin quand elle commença à se sentir si fatiguée qu’elle parvint difficilement à garder les yeux ouverts. Elle s’endormit donc avec un pinceau entre les mains.
Alors qu’elle dormait, Marie fit un merveilleux rêve. Dans celui-ci, elle était dans un pays rempli de couleurs, où elle rencontra les couleurs « rouge », « jaune », « vert », « bleu » et « blanc ». Elles avaient des noms très simples, mais chacune avait son propre caractère, aucune ne ressemblait à l’autre.
Le Rouge vint immédiatement serrer la main de Marie et se présenta. Il voulait toujours être le premier à faire les choses et il n’avait peur de rien. Il était chaleureux, courageux et sûr de lui. Il pensait qu’il pouvait tout faire.
Quant au Jaune, il était très agréable de discuter avec. Il aimait les choses confortables auxquelles il était habitué. Son plat préféré était les crêpes et les pancakes. Chaque jour, le Jaune sortait et arrosait les marguerites avec son gros arrosoir jaune. 
Le Bleu aimait rêvasser la journée. Il écrivait des poèmes et pouvait passer des heures à scruter le ciel, les nuages et le lac.
Le Vert était une couleur très sympathique. Du matin au soir, elle partait en vélo pour aller s’occuper des plantes et des animaux.
Et le Blanc était un magicien. Parfois il disparaissait puis réapparaissait ailleurs sans crier garde. Il aimait tout ce qui sortait de l’habituel et il pouvait faire des tours de magie en se servant d’un lapin blanc et de colombes.
A présent chaque couleur voulait créer un magnifique tableau pour Marie.
Le Rouge hurla : « Moi d’abord ! » et courut prendre le meilleur pinceau.

Le Jaune décida que tout d’abord il devait manger quelque chose. Le Bleu passa une longue journée à rêver à quoi devrait ressembler le tableau.
Le Vert se mit immédiatement au travail. Il remplit entièrement une page entière, ne laissant aucun espace vide.
Le Blanc se perdit dans ses pensées et disparut tout simplement dans l’air.
Puis vint le moment le plus excitant de tous. Toutes les couleurs présentèrent leurs cadeaux à Marie. Elle regarda attentivement le premier dessin et dit doucement : « Je suis désolée, mais je ne l’aime pas du tout. Cela ressemble à un éclair de feu ! »
Puis le Jaune montra son dessin à Marie. « Je suis désolée, mais il y a trop de soleil et de sable, c’est comme un désert où il n’y a pas une seule goutte d’eau. Je ne peux pas accrocher un tel dessin sur mon mur. 
Puis ce fut au tour du Bleu de donner son cadeau à Marie. « Oh mon cher ! », pleurat-elle. « Quelle mer infinie ! Je vais devoir nager très loin et je vais me perdre. Où que je regarde, je ne vois que de l’eau ! » 
Le dessin du Vert lui fit penser à une forêt dense et effrayante. Qui savait quels animaux rodaient au fin fond  de cette forêt !
Bien que Marie essaya, elle ne vit rien du tout dans le dessin du Blanc !
Les couleurs baissèrent leurs têtes de déception. Elles avaient eu les meilleures intentions, mais aucune n’avait rendu Marie heureuse.

« Ce que je veux vraiment c’est un tableau avec la mer, un beau soleil, une forêt, des oiseaux volant dans le ciel, des fleurs dans les champs et des framboises à manger ! » expliqua Marie. « J’aimerai qu’il y ait un écureuil cherchant des noix sur un arbre, un cerf-volant virevoltant dans les airs, et à côté une maison avec un toit fait de tuiles. Un garçon et une fille y habiteraient, et les fenêtres seraient ouvertes et ils regarderaient dehors avec un sourire sur leurs visages. Voudriez-vous bien me dessiner un tel tableau ? Je suis sûre qu’il sera très beau et vous me rendriez très heureuse !» s’exclama Marie.

Au début, le Rouge voulut essayer de tout faire lui-même, mais il réalisa qu’il n’y arriverait pas sans l’aide de ses amis. Comment peindrait-il l’herbe, la mer et le sable sans eux ? Ainsi, les couleurs décidèrent de travailler ensemble. Le Jaune dessina le soleil, les tournesols dans le champ et la maison. Le bleu colora le ciel, la mer et un ballon pour que les enfants jouent avec. Le Vert dessina la forêt et l’herbe. Le Blanc créa la fumée sortant de la cheminée, les nuages dans le ciel et une cigogne au loin. Chacun accomplit son rôle pour rendre Marie heureuse.

Et elle le fut! Pour le plus grand plaisir de Marie, le tableau était lumineux et chaleureux et il était vraiment beau. Marie réalisa que c’était un vrai bonheur que de le regarder.


Mais juste au moment où elle tendit les bras pour le prendre, elle se réveilla soudainement. A son étonnement, il était accroché à son mur, avec toutes les couleurs éblouissantes ! Depuis ce jour, le tableau lui rappelle toujours que tout comme les couleurs doivent travailler ensemble, les gens, également, ne peuvent pas créer quelque chose de beau, l’un sans l’autre.

Source :ww.kabbalah.info/fr/