samedi 27 mars 2010

Envier la vie à la retraite ? Non merci

La vie à la retraite, c’est le farniente et le loisir assuré. Vous avez maintenant le temps de faire tout ce que vous n’aviez jamais pu faire par manque de temps. Le rêve. Vous pouvez voyager, prendre votre temps et ne pas rentrer automatiquement le dimanche soir. Le paradis. Vous pouvez abandonner un travail en cours (jardinage, bricolage, photo…) et le reprendre quelques heures, quelques jours ou quelques années plus tard. L’Eden. Bref, tout ce dont vous avez rêvé pendant 40 ans est maintenant à portée de mains, surtout que vous avez la santé. Aujourd’hui à 60 ans, vos êtes dans la condition physique des gens de 50 ans il y a 20 ans. Les vrais ennuis commenceront à partir de 70 ans. Alors, profitez-en !

Oui mais votre revenu a baissé de 50 à 60% depuis que vous êtes à la retraite si vous être cadre dans le privé. Bien sûr, vous avez mis des économies de côté, mais votre côté fourmi se développe avec l’âge, alors vous prenez garde.

Oui mais vos enfants sont adultes et il y a de fortes chances qu’ils commencent leur vie familiale avec à la clé de charmants bambins qui sollicitent votre présence, que ce soit à titre de filiation (les grands parents c’est important pour les enfants) ou de roue de secours (remplacer en urgence les nounous malades).

Oui mais il y a aussi de fortes probabilités que vos parents (ou beaux-parents) soient alors malades ou invalides ou nécessitent des soins, en bref, du temps et / ou de l’argent.

Oui mais les activités de loisirs coûtent chers. Prenez les voyages. Avant, les « actifs » voyageaient à certaines périodes et il y avait des vacances à prix cassés dans les périodes creuses. Aujourd’hui, entre les RTT et les vacances scolaires, les Actifs voyagent à tout moment et les périodes creuses se confondent avec période épouvantable (la Normandie en janvier, par exemple ou l’Asie à la saison des pluies).

Oui mais si vivre à la campagne ou à la mer, loin de tout, a l’avantage de vous offrir le dépaysement, un coût de l’immobilier moins élevé (si vous êtes loin de tout), c’est souvent un coût de vie plus élevé (pas de véritable concurrence commerciale) et des coûts de transport conséquents. Surtout que la maison à la campagne (ou la mer), c’est le passage assuré des vrais (et faux) amis l’été et le désert en hiver.

Oui mais si vous êtes restés à vivre près de vos proches, vous devez taillables et corvéables à merci : « maintenant que tu as le temps…. »



Alors, si vous êtes actifs avec de jeunes enfants (ou du moins sans enfant), profitez de votre vraie vie : votre revenu est là, vos parents sont vaillants et peuvent vous aider (« ils ont le temps »), vos enfants sont autonomes et ne vous prennent guère de temps (du moins c’est contrôlable) et vous avez du choix autour de vous.

Un de mes amis a observé la situation de la retraite en France et en a conclu qu’il fallait donner la retraite à tout le monde à 40 ans. Cela aurait été une grande avancée sociale. Et après ? Tout le monde se serait remis à travailler puisqu’il n’y aurait pas eu assez de sous pour les payer. Personne n’aurait plus parlé des retraites.

vendredi 19 mars 2010

La création du droit de la propriété (entre autres) vient du ponton 11

Le droit de la propriété est né en ce lieu magique au bord du lac. Il y avait jusqu’alors des pontons qui appartenait à certains en particulier (chacun savait quoi était à qui) et à tous en général. C’était simple et convivial. Tout le monde était à égalité et cela se passait bien.

Cela aurait pu durer longtemps si le nombre croissant de pontons n’avait commencé à créer une certaine tension. En effet, comment se rappeler de générations en générations quoi était à qui quand la fille du ponton 12 (il avait un nom, mais tout le monde préférait s’appeler par le numéro de son ponton) épousa le garçon du ponton 14, que le ponton 6 n’avait pas de descendant quand de son côté, le ponton 18 avait cinq enfants qui tous revendiquait le droit à ce ponton ainsi sur ceux ils étaient associés en tant que cousin ou époux ou…

Bref, cela devenait compliqué, mais avec un peu de bonne volonté de part et d’autre cela aurait encore pu fonctionner des années (voire des générations) si un petit noyau de pontonniers n’avaient souhaité faire appel un manager issu d’une grande ville situé au centre du pays (enfin, elle n’est pas au centre réellement, mais ses habitants en sont tellement persuadés qu’ils ont organisé les transports en fonction de cela).

Ce manager n’était pas un réel étranger. Il était le seul, unique et lointain descendant du ponton 11. Il vint un beau jour prendre possession de son héritage. Comme il n’avait jamais vécu ici, il ignorait tout des usages locaux. Il découvrit son ponton et s’empressa de faire quelques aménagements : une rampe en prévision de ses vieux jours, un paillasson (aussitôt posé, aussitôt disparu) et une porte agrémentée d’un très joli panneau d’interdiction.

Ce fut pendant quelques jours la grande attraction du lieu. Au début, les gens ne comprenaient pas le sens du panneau. Ils prenaient plaisir à utiliser la rampe, à pousser la porte et à la refermer. Le nouveau possédant du ponton 11 en prit ombrage. Il fit intervenir un huissier, appela la maréchaussée et menaça le maire d’installer une guérite avec un garde assermenté si son droit n’était pas respecté.

Les habitants se dirent que c’était peut-être une nouvelle mode de la capitale et progressivement, ils installèrent tous des barrières, mirent des panneaux d’interdiction et l’élurent président du syndicat de défense des pontonniers.

Notre manager était depuis longtemps réparti pour la capitale. A distance néanmoins, il continua à veiller sur son héritage. D’ailleurs le management à distance, il connaissait. Il suffisait de donner des consignes contradictoires à deux personnes pour qu’elles se surveillent mutuellement.

Plus la division régna, plus il prit de pouvoir. Il ne revint plus sur le ponton, continuant à entretenir le mystère de son pouvoir à distance. Il lui suffisait de faire cirer sa rampe et balayer son ponton pour que le symbole de son pouvoir reste intact.

Vous ne me croyez pas ? Allez (re)voir le Magicien d’Oz ! Nous adorons tous les apparences.

lundi 15 mars 2010

Adoptez une nouvelle technique de management : le micro-manège


Soyez dans le coup ! Montrez-vous à la page ! Motivez vos collaborateurs ! Voici le micromanège, l’outil qui va permettre d’accélérer les carrières, de faire les meilleurs choix et de repérer les vrais talents. Fini les décisions à la majorité ou au hasard, les stages commandos pour sélectionner les leaders, les politiques de la chaise musicale ou les longs arbitrages.

Quelques verbatim de nos clients

« Nous avons utilisé avec succès le micro-manège pour la sélection à un poste de haut niveau. Les postulants montent sur leurs chevaux. Le manège en tournant leur fait tourner la tête. Seuls les plus résistants moralement et physiquement sont capables de garder toute leur lucidité. Or, n’est-ce pas le rôle d’un dirigeant que de garder la tête froide en toutes circonstances ?»

« Bravo pour votre micromanège. Lors de nos prises de décision, nous utilisons ce manège pour bien faire ressortir le conscient et l’inconscient de chaque hypothèse. Ce que nous n’aurions jamais osé dire voire même imaginer ressort de manière claire et limpide. Grâce à vous, nous avons fait le bon choix sur une décision à 1 millions d’euros. Quelle rentabilité ! »

Le mot d’emploi est simple : vous l’installez dans la salle du comité de direction et vous l’utilisez pour toute décision où la part du subjectif est importante. Vous définissez votre objectif, puis vous mettez en condition les participants. Ils ont dix minutes pour se préparer (une étude scientifique sur 4523 participants a révélé qu’une concentration optimale était obtenu entre 9 minutes 53 secondes et 10 minutes 22 secondes).

Les protagonistes s’installent et vous lancez le manège. Chacun a trois minutes pour exprimer ses idées ou répondre aux questions. Après chaque cycle de réponse, vous montez la vitesse d’un cran (il y en a dix). Les arguments de fond arrivent au cran 3, les peurs et craintes au cran 5 et l’inconscient au cran 7 en moyenne. Au-delà de 7, cela convient uniquement aux personnes très entraînées, sauf peine d’être accusé de torture physique et mentale. Prévoyez juste une bonne moquette ou un tapis moelleux autour au cas où. Un examen médical des participants est conseillé avant tout usage intensif.

Nous vous conseillons de faire un enregistrement de l’action, les participant n’ayant plus conscience au-delà du cran 5 de leurs propos.

NOUVEAU ! Le modèle XXL vous permet de l’utiliser en individuel. Vous posez votre sujet, vous réglez la machine sur « automatique + » et celle-ci montera d’un cran toutes les trois minutes. Le son est enregistré automatiquement. La machine s’arrête automatiquement au cran 7 et rétrograde doucement.

Grâce à notre micro-manège, vos collaborateurs se sentiront à égalité dans les choix (chacun a sa chance). Vous-mêmes et vos proches collaborateurs n’apparaîtront plus comme des tortionnaires ou des harceleurs.

Les études de l’académie de médecine en garantissent l’innocuité. La Sécurité Sociale et les principales mutuelles vous couvrent sur les principaux accidents qui peuvent survenir.

Quand souhaitez-vous faire un 1er essai gratuit ?

samedi 6 mars 2010

« SFR », avez-vous dit ?


« Bon ! » se dit le Maire d’H, petite localité française, « Faisons le point : à la base, il y a la construction de cette colonne. A partir de là, il y a eu des manifestations comme en témoigne ce panneau sur les lieux et divers courriers à mon intention».

Extraits de courriers au maire

« je trouve superbe la sculpture qui a été édifiée près de la gare. En tant militant actif des Sculpteurs Français Réunis (SFR), je suis heureux que vous ayez autorisé un de mes confrères à valoriser cet arpent… »

« en tant qu’écologiste de la 1ère heure (je vote depuis 1994 pour eux), je proteste contre ces mouvements anti-antennes qui confondent défense des ondes et écologie. En fait, ils feraient de se battre pour l’arrêt des téléphones mobiles. Nous vivions mieux avant : nous allions nous voir pour nous parler. Bientôt ils vous sortiront une étude sur les réverbères et réclameront un éclairage sas lampadaires. Signé : un militant du Syndicat des Facétieux Rabelaisiens (SFR) »

« en tant délégué régional du syndicat agricole locale, je vous félicite d’avoir accepté d’être la première commune à accepté notre dernière innovation, le Silo Finement Racé (SFR), qui permettra à tout le monde de garder ses récoltes à proximité dans des conditions satisfaisantes. Alphonse Allais avait écrit en son temps qu’il fallait construire les villes à la campagne et nous, nous proposons la campagne à la ville… »

« je soutiens la campagne contre cette hideuse colonne qui recèle en son sommet une antenne relais de téléphone mobile en contradiction à la fois avec l’esthétisme de notre ville et la santé publique. Mon organisation, les Sages Femmes Réunies (SFR) vous apporte tout son soutien dans cette campagne. «

« je suis extrêmement surpris par la construction de cette tour qui est copie conforme de notre dernière réalisation, le Saucisson Fortement Resserré (SFR) qui est déposé à l’INPI sous le n° XZY 462. Ce produit révolutionnaire devait être mis en place dans les grandes surfaces à Pâques. Vous supprimez l’effet de surprise prévu et nous nous réservons le droit d’intenter des actions pour préjudice morale, matérielle et artistique »

« A l’occasion de la journée de la femme le 8 mars, j’ai apprécié votre geste par l’édification d’une sculpture venant à contre courant du mouvement des Silhouettes de Femmes Rondes (SFR) et de celui des anorexiques (Squelettes Finement Roulés- SFR-). Cette valorisation de la femme élancée et fine, tout en ayant du corps est un hommage au sexe dit faible »

« Le Syndicat des Fermiers Réalistes (SFR) s’inquiète de l’absence d’une girouette au sommet de cette tour. La girouette, symbole du sens du vent est extrêmement utile pour notre profession. Nous avons contribué par notre soutien franc et massif à la construction de cet édifice dans ce but. Or, à ce stade, l’essentiel manque… »

« Mais qui est donc ce mystérieux SFR ?» se demande toujours le Maire.

Pouvez-vous l’aider ?