samedi 29 mars 2008

Souriez, on vous regarde


Il n'y a rien de plus beau qu'un beau sourire. Cela vous rend la vie plus belle et vous partagez votre joie avec d'autres. J'ai retenu cette leçon de mes parents. J'ai ainsi choisi de faire le plus beau métier du monde : faire sourire.

Bien sûr, il y a des gens qui considèrent que "faire la gueule" est un signe de sérieux et de respect. D'autres, qui trouvent la vie triste et que cela ne vaut guère le coup de sourire. D'autres enfin qui sourient, les lèvres serrées.

Pourtant, il y a tant de moment de joies. Il y a bien sûr des périodes de tristesse et de difficultés, il y a, comme l'a écrit un poète, des "valles de larmes". Puis, un jour, un rien vous fait sourire et vous illumine; rien que pour ce moment là, cela vaut le coup.

Le sourire, c'est bon pour la santé, disent les médecins. Cela vous fait relâcher les muscles et les nerfs. Cela favorise la respiration. Vous vous détendez ainsi et relâchez la pression. Arrêtez de courir contre la montre et apprenez à sourire.

Cela doit être bien difficile, vu le succès des écoles du rire. Kesako une "école du rire" ? Un groupe de personnes qui se réunissent pour rire ensemble. Pas question de faire un concours de la meilleure histoire drôle. Il s'agit d'exercices de respiration et des mouvements qui facilitent le rire. 90 minutes plus tard, vous en ressortez plein de tonus.

Cela vous garantit le plein effet sur votre digestion, votre sommeil, vos douleurs, votre système immunitaire, votre réaction au stress, votre sexualité, votre capacité de travail, votre apparence physique, votre énergie… Remède miracle ? Potion "bidon" ? Sachez simplement que sourire est une activité physique comme les autres et que certaines écoles demandent des certificats médicaux pour les crises de fous rires.

Moi-même, je préviens mes clients cardiaques, hypertendus, avec des hernies abdominales ou même atteints de glaucome ou d'hypertension de l'œil. .

Le sourire, c'est un passeport pour voyager loin. Promenez-vous aux quatre coins du monde; Vous ne parlez pas la langue, vous ne savez pas lire et pourtant vous trouverez partout des gens prêts à vous aider sur la foi de votre beau sourire. Remarquez que le paradoxe est qu'il est interdit de sourire sur les photos d'identité dans de nombreux pays. Ainsi, en Grande Bretagne, les Britanniques ne peuvent plus sourire afin de … garantir le bon fonctionnement des systèmes d'identification biométrique (décision de septembre 2005) !

Alors, moi je suis fier de faire sourire les gens. A chaque fois, je regarde, je réfléchis et je compose le plus beau sourire du monde. Après, c'est à chacun d'entre vous d'en tirer parti ou non. Avec moi, vous pouvez sourire à pleines dents ou montrer les crocs. A vous d'en décidez.

Dans mon beau pays, le sourire fait partie de la vie. Nous sommes un peuple romantique et le sourire trahit nos émotions. Bien sûr, nous sommes capables aussi, comme toute personne montrant librement ses émotions, de terribles colères. Mais, ne dit on pas dans votre langue : "après l'orage, le soleil" ?

Alors, voulez-vous sourire ? Venez dans mon atelier de prothésiste à Marrakech (la photo ci-dessus est mon enseigne). Je vous y accueillerai avec …un grand sourire.

jeudi 27 mars 2008

Il y a des limites à la pierre …


J'ai beau être en pierre, je n'en suis pas moins une personne sensible. Je suis le symbole bruxellois de l'image positive des colombophiles. Ces colombophiles et leurs pigeons voyageurs ont rendu de nombreux et fiers services à la population belge tant en temps de paix que de guerre. Le monument où je suis en est l'illustration.

Tout devrait aller pour le mieux si…si...si… on ne se moquait pas de moi. Je vous prends à témoin. Placé sur une place tranquille du vieux Bruxelles, je coulais des jours heureux jusqu'au jour où la pollution automobile a commencé à me rendre malade. Puis ce fut le métro qui passe sous mes pieds et me fait vibrer (mais pas de bonheur) à chaque passage. Ce fut ensuite l'aménagement du quartier qui par souci d'aération a favorisé l'augmentation du trafic. Merci le bruit !

Bref, j'ai beau être en pierre, je n'en suis pas moins sans cœur de pierre. Cela m'a rendu malade. De nombreuses tâches et fentes sont apparues sur ma surface. Les gens chargés de mon entretien s'en sont aperçus et ont prévenu le docteur (ou plutôt les docteurs). Ceux-ci ont compris que je ne pouvais pas aller les consulter et sont venus à mon chevet. Je ne vous dis pas toutes les maladies qu'ils m'ont trouvées. J'ai l'impression d'être un dictionnaire des cas cliniques. En plus, comme je suis à Bruxelles, je suis deux fois plus malade ! Pourquoi deux fois ? Parce que j'ai à la fois les maladies francophones et les maladies flamandes.

Mes médecins tiennent conclave autour de moi et bataillent durs. Comme ils ne veulent pas céder à leurs confrères sur le plan linguistique, ils discutent ferme en…latin ! Les statues de l'église à l'autre bout de la place en pleurent de rire de leur latin : "Accessorium sequitur principale", " "Actori incumbit probatio", "Electa una via, non datur recursus ad alteram", "Genera non pereunt", "Impossibilium nulla obligatio"...

Des âmes bien intentionnées préviennent alors les édiles locaux de ma situation. Que n'avaient-ils fait ? Les francophones viennent à mon secours : les textes sur mes flancs sont écrits en français (à l'époque, cela n'avait pas posé de problème). Leurs collègues flamands, qui tiennent les cordons de la bourse, n'acceptent pas les devis. Pire, ils estiment que je ne représente que les colombophiles francophones et projettent de créer en face de moi une autre statue pour les colombophiles flamands. Les pigeons du quartier en perdent le nord ! Il s'ensuit des manifestations de partisans des deux bords autour de moi. Je me suis trouvée plusieurs fois coincer entre des foules de partisans de la paix des deux bords qui voulaient se battre pour leur conception de la paix.

Les autorités religieuses se mettent de la partie. Cela va de mal en pis. Je ne suis pas assez couverte pour certains d'entre eux. Mes bras nus les choquent. D'autres veulent me voir porter un foulard ou une perruque. Au secours, je n'ai rien demandé…

Heureusement, l'actualité me sauve. Les médias déportent l'attention des édiles, des religieux et des bruxellois vers d'autres sujets plus graves : le "manneken pis" doit-il être circoncis pour éviter les MST (maladies sexuellement transmissibles) ? Le chocolat belge doit-il être produit avec du cacao du commerce équitable ? Etc.

Toutefois, dans un dernier geste d'attention à mon égard, les édiles décident de créer une commission d'étude qui rend quelques temps plus tard ses travaux en anglais. Me voici maintenant avec un beau masque anti-pollution ! Pendant ce temps, la pollution continue, le métro augmente son trafic, mais patience, une commission réfléchit, et moi...

dimanche 23 mars 2008

Suivez le chat



Bonjour,
Je suis monsieur le chat, votre guide de Bruxelles. Bienvenue dans notre belle ville. Vous, le parisien, connaissez-vous les 12 particularités de notre ville ?

1) Bruxelles, en condensé, c'est capitale avec un petit centre. Les avantages d'une grande ville de taille moyenne.
2) Quatre langues y sont couramment pratiquées. Regardez les autobus, ils vous indiquent qu'ils ne sont pas en service dans ces quatre langues. Ca, c'est de la communication !
3) Les gens sont dans l'ensemble aimables (remarquez que par rapport à Paris, ce n'est pas difficile).
4) Même les voitures vous laissent traverser sans brutalité de part et d'autre. Quel flegme !
5) Les chaussées y contribuent en étant, dans la majorité des petites rues, pavées de manière grossière (sans joint entre les pavés), ce qui favorise l'écoulement des eaux. On se croirait à Paris avant mai 68.
6) Même si le français est couramment pratiqué, nous avons nos particularités linguistiques. Une boutique fermée peut porter le panneau "boutique à remettre". Cela vous évoque quoi ?
7) Bruxelles centre est vraiment international avec son quartier arabe, son quartier chinois, ses vendeurs ambulants d'escargot. A Bruxelles, la frite n'est pas seule !
8) Les belges ne sont guère prolixes sur les crises politiques. Ils vous renvoient aux journaux. Ce sont les journalistes qui s'en délectent, pas les belges !
9) Par contre, vous les animerez en leur posant une question anodine comme : "où trouver le meilleur chocolat belge ?". Ils se battront comme des chiffonniers pour décider s'il s'agit de Neuhaus (le marchand de pralines traditionnel), Marcolini (la boutique dans le coup), Leonidas (pour les pralines de chocolat blanc), pour finir par se mettre d'accord sur Côte d'Or au niveau chocolat. Je ne vous donnerai pas mon avis, sujet trop sensible.
10) Le grand quotidien francophone s'appelle "Le Soir". C'est un quotidien de matin.
11) Les belges ont fortement contribué à la diffusion de la bande dessinée. Toute la ville est couverte de dessins muraux. Par moment, on ne sait plus si c'est le décor réel ou des dessins.
12) Enfin, c'est la ville de la bonne humeur. La bière y contribue bien.

Soyez le bienvenu !

mercredi 19 mars 2008

Casablanca prépare les jeux olympiques


Les marocains sont sportifs. Je ne parle pas seulement des grands sportifs comme Hicham el Guerrouj, l'emblématique champion de demi-fond ou des lions de l'Atlas, la valeureuse équipe de football. Je ne traite pas aussi des sportifs en chambre qui, devant leur télévision, commente les tournois et autres épreuves sportives.

Non, je parle seulement du quidam moyen, Monsieur ou madame tout le monde qui fait son sport tous les jours. Vous ne me croyez pas ? Vous pensez que je parle de la mode des clubs de fitness qui fleurissent dans les grandes villes. Pas du tout ! Contrairement à l'image classique du marocain amateur de bonne nourriture (c'est vrai que la cuisine marocaine est raffinée), je n'ai rarement vu une population aussi sportive.

Sa spécialité : le 110 mètre haies, un mélange de sprint et de saut d'obstacle. Enfin, un 110 mètres un peu particulier, puisque l'épreuve préférée à Casa fait 40 mètres environ avec un à deux obstacles. Cela tient plus des distances de compétition indoor (en salle) mais le tout à l'extérieur. C'est un vrai challenge, que dis-je une compétition avec une objectif et une volonté de gagner. Remarquez que l'enjeu n'est pas de gagner, mais surtout de ne pas perdre.

De quoi s'agit-il, me demandez-vous ? De la traversée de l'autoroute Casa-Rabat au mépris de la circulation. A la limite de Casablanca passe une autoroute qui relie le sud au nord du pays. Cette autoroute est à la fois une autoroute et une voie rapide urbaine qui dessert les zones industrielles (Casablanca a huit millions d'habitants). Le trafic y est très dense, de jour comme de nuit. L'autoroute est bien construite avec de nombreux ponts et passerelles pour les piétons.

Il ne semble toutefois y en avoir suffisamment à leurs yeux puisque jeunes et vieux, hommes et femmes la traversent directement et enjambent les glissières de sécurité. Bien sûr, il y a des grillages, des murs de protection et tous les accessoires de sécurité conventionnels. Cela n'arrête pas les sportifs locaux qui percent les murs, ouvrent les grillages et passent allègrement au milieu de la circulation (alors qu'ils ont un pont à leur disposition à 200 mètres de là).

Le sport est partagé par les automobilistes qui ne s'émeuvent guère et ne ralentissent pas. Mon conducteur frôle sans sourciller une dame d'âge respectable avec ses couffins qui se tient au milieu de l'autoroute sur la très étroite bande entre le muret de séparation et la voie de gauche de l'autoroute. Le plus ému des trois entre mon chauffeur, la femme et moi, c'est moi, apparemment.

Faisant souvent ce trajet lorsque je vais de Casa à Rabat, je compte par dizaine les personnes qui traversent à l'autoroute de cette manière. Je les vois de loin sur la ligne de départ, guettant le moment favorable. Ils courent alors et enjambent alors d'un seul bond le muret central (pourtant haut d'environ 70 à 80 centimètres) avec armes et bagages (plutôt bagages qu'armes d'ailleurs).

A la place des autorités marocaines, je demanderai la reconnaissance par le Comité Olympique de cette épreuve simple, facile, bonne pour tous les âges et les sexes. On pourrait imaginer différents niveaux de difficulté :

  • Autoroutes à deux, trois, voire quatre voies
  • Avec ou sans couffins
  • Trafic de modéré à dense

Je suis sûr que les athlètes marocains s'y tailleraient la part du lion, tant en épreuves masculines que féminines. A nous de nous entraîner sur l'A86 ou le périf.

dimanche 16 mars 2008

Pour vivre heureux, vivons cacher dans la foule.

Imaginez une rue commerçante avec une foultitude de restaurant les uns contre les autres, des serveurs qui accrochent le client, des étals de poissons, viandes et fruits de mer à vous en donner la nausée. Imaginez une foule dense de gens des quatre coins du monde qui passent par là nonchalamment en direction de sites comme la Grand Place par exemple. Imaginez une lumière forte de jour comme de nuit qui envahit la ruelle. Bref, tous les ingrédients pour la mise en valeur.

Au milieu de tout cela, au vu et au su de tout le monde, un restaurant sans prétention, avec sa petite table devant la porte. La vitre est entièrement couverte d'une carte à l'encre un peu passée. Vu les couleurs du parasol, vous pourriez penser à un restaurant italien. Perdu ! C'est un restaurant chinois (vous en connaissez beaucoup des trattorias qui font du canard laqué ?)

La porte elle-même, est en plein contre sens de la culture commerçante qui invite à la transparence; Elle est couverte d'un plastique translucide qui vous rend l'intérieur invisible. De toute façon, la lumière est éteinte. Pourtant la petitesse de la rue réduit la lumière. Quand tous les restaurants alentour sont fortement éclairés, celui-ci est sombre. Pour mieux apprécier la cuisine ?

Curieux, je pousse la porte (après tout, il est 12h45, une heure normale pour faire un tel geste). Celle-ci est fermée et bien fermée. Alors j'attends. Dix minutes plus tard, un homme sort. Je fais mine de vouloir entrer dans le restaurant. L'homme me dit prestement : "le restaurant est complet" tout en refermant à clef la porte. Il s'éloigne rapidement et se perd dans la foule. Bizarre, bizarre.

Que cache cette façade ? J'imagine toutes sortes de vie : un restaurateur qui vient de décéder; Ses héritiers se partagent l'héritage bien à l'abri. J'arrive trop tard. Il y a quelques jours, c'était peut-être le restaurant le plus fameux de la ville. En guise d'honneur au génie créatif de son propriétaire cuisinier, le menu affiché à l'extérieur révèle au monde entier ce qui a fait son succès dans un dernier hommage.

Autre hypothèse : une famille qui veut vivre en paix derrière une façade de commerçant. Au prix où est le mètre carré ? Pourquoi pas ? C'est central et vivant. La famille peut faire de la cuisine au noir et la revendre discrètement à l'hôtel mitoyen. Quoi de mieux que de se cacher dans un restaurant pour faire de la restauration au noir ?

Une planque pour des visiteurs de nuit qui viennent se cacher ? Bruxelles est-elle une plaque pour terroristes de tous bords qui profitent du monde qui circulent aux alentours ? Il leur est ainsi facile de circuler, de se cacher et de croiser tous leurs amis des quatre coins du monde sans se faire voir. Puis constatant la qualité de la cuisine, ils repartent aussi vite qu'ils sont venus.

Dans le même registre, je repense à des romans à la Le Carré. Une taupe d'un service secret quelconque attend depuis dix ans le message codé qui le fera agir. Connue seule du chef des services secrets, elle attend patiemment dans l'ombre. Malheureusement, elle ignore que le chef du service considéré est mort depuis longtemps. Les services administratifs continuent à verser les fonds pour survivre, dans l'ignorance totale de la situation, et du chef, et de la taupe. La logique administrative a ses raisons…

Et vous ? Avez-vous des idées complémentaires ? En tout cas, moi j'ai faim et je vais voir plus loin.

mercredi 12 mars 2008

Deux jours chez les lemovices…


Me voici pour des raisons professionnelles dans un coin de la France. Un voyage sans histoires dans un train du soir. Arrivé dans cette ville, je m'arrête dans un hôtel quelconque. Jusque là rien d'original.

Le lendemain, je sirote mon café en feuilletant la gazette locale.. et je me retrouve un étranger dans cette ville. Je croyais être un français comme eux (les habitants), mais eux sont des lemovices ! Chaque ligne du journal parle des lemovices locaux et du reste du monde. Où suis-je tombé ? Me serais-je trompé de ville ? Inquiet, je me précipite vers le bureau de l'hôtelier. Après un long débat, il me confirme qu'il est un lemovice. Il m'explique : "On voit que vous venez d'ailleurs. Ici, les gens ont une fierté, une identité. Pendant la dernière guerre, la résistance a été très importante et active dans la région. D'ailleurs il en reste des traces même aujourd'hui. Bien sûr, les habitants de la ville ont un nom courant pour les autres (sous entendu, ceux comme moi). Les habitants se sentent profondément lémovices, mais pour garder leur spécificité, ils ont décidé de devenir schizophrènes : le vrai nom pour les initiés et un nom officiel pour les autres ! L'hôtelier me conseille de rester discret sur le sujet sous peine de … (il n'a pas voulu m'en dire plus).

Bizarre, bizarre. Quelques jours je travaille avec un groupe de personnes dont des locaux. A table, le midi, une des personnes habitant cette ville, nous explique qu'elle est arrivée ici il y a deux ans. Elle a eu du mal à s'intégrer. Même si son métier d'origine est très demandé (elle est dans le social), elle n'a pu trouver de place pare qu'ici tout est cloisonné et tenu par les "francs-maçons" (sic). En fait, il ne s'agit pas des francs-maçons eux-mêmes, mais de toute une mouvance de coteries locales qui réservent ces postes et d'autres à des lémovices avec des racines de plusieurs générations.

Cela n'est d'ailleurs propre à cette ville, m'explique les locaux : "c'est le cas dans toutes les villes et villages de cette région. Aujourd'hui, 60 ans après la fin de la guerre, la mentalité résistance se perpétue avec son aspect face à l'ennemi."

Un petit tour de ville m'impressionne. Il y a la ville pour les touristes, bien fléchée, bien balisée et.. les quartiers des locaux, peu cités sur les cartes. Il a fallu que je me perde pour y arriver. L'accueil est correct. Le français est parlé devant vous (mais le dialecte local subsiste m'a-t-on dit).

Je repars le lendemain de cette ville au double visage en me demandant s'il y a d'autres lieux proches de nous avec ce même caractère. Et vous ? Connaissez-vous des lémovices ?

dimanche 9 mars 2008

Lancement de livre, j'assure un max…


En ce début mars, j'ai la joie de vous annoncer la sortie de mon livre : "développer votre charisme et votre leadership" (Editions Eyrolles, 2008). Pour fêter l'évènement, nous avons décidé d'organiser une soirée de présentation avec lecture d'extraits du livre, débats et dédicaces. Mon éditeur a décidé d'appuyer la démarche en sponsorisant.


A partir de là tout s'est emballé. Mon épouse et mes enfants ont décidé de me relooker pour cette occasion. Première étape : Je suis parti chez le coiffeur qui m'a fait, selon les instructions reçues par téléphone, une coupe très, très, très courte. Mon étonnement n'a pas arrêté la coiffeuse qui m'a dit que c'était cela la tendance. Vive la tendance. Avec une telle coupe, je ne suis pas près d'y retourner.

A peine sorti de chez mon coiffeur, ma fille aînée m'a traîné chez un opticien dans le vent pour faire changer mes lunettes : "il te faut des lunettes charismatiques. C'est fini les lunettes de faux intello à trois sous". Elle m'a accompagné chez un opticien branché qui, sans me regarder (ou alors du coin de l'œil) a sorti d'un panier marqué "fin de série" des montures "classe" teintées. J'ai eu beau dire que je n'y voyais pas grand-chose, il m'a été répondu que ce n'était pas grave : "c'est le look qui compte". Va pour le look.

Je n'en avais pas fini : mon fils a trouvé que mes costumes étaient ringards : "c'est des costumes de vieux. Maintenant, il faut détonner, faire la différence, s'affirmer. A quoi cela sert de vouloir parler d'assertivité (= affirmation de soi), si moi-même je ne faisais pas preuve d'exemplarité. Il m'a emmené chez un de ses copains qui fait des tenues hyper cool. J'en suis reparti avec un super blouson, un peu chaud à mon avis, mais il paraît que cela se porte comme cela maintenant. Mon fils était ravi et son copain aussi. Moi, je commençais à être mal à l'aise.

La journée s'est terminée en compagnie de ma plus jeune fille qui a estimé que j'étais un peu palot. Elle m'a conduit dans une boutique qui fait des rayons bronzants. La machine s'est emballée et voilà le résultat (voir photo). Ma fille était hyper contente. Elle s'est dépêchée de prendre une photo et de la diffuser. Je ne vous dis pas les messages que j'ai eus en retour. Une sculptrice du nom de Reine Claude ou Mandarine (je ne sais plus trop) voulait absolument me faire un buste pour sa future collection de reliques : "vous allez connaître le succès à New York et au Japon" me disait-elle. Un autre correspondant, surnommé Lolo, moniteur de ski à ses heures de loisirs, a voulu absolument acheté le secret de ma transformation : "même en passant des jours et des jours sur les pistes, je n'arrive pas à un tel résultat".

Malheureusement, les seuls qui n'ont pas compris, ce sont les gens de la société d'éditions quand ils m'ont revu. Un peu étonné, mais m'ayant reconnu par ma voix (par chance, personne ne s'était occupé d'elle), le directeur de collection m'a fait répété trois fois mon nom et mon prénom (avec des exclamations du style "c'est bien toi ?") avant de m'avouer que la soirée du 11 mars était annulé pour cause… d'élections municipales. "Tu comprends" me disait-il, en toussant fortement, "faire une conférence sur le charisme en pleine campagne politique, cela pourrait paraître orienté. Attendons un peu, six mois, par exemple."

Le retour de ce rendez-vous a été mouvementé. Je me suis fait arrêter par la police dans le métro qui contrôlait des papiers au hasard. Ce jour, la malchance était avec moi, elle avait décidé de ne contrôler que les gens de couleurs. Quand l'agent a vu ma carte d'identité, il a regardé alternativement ma carte et moi au moins dix fois, appelé ses collègues et j'ai fini au poste. Il a fallu que ma femme vienne me reconnaître pour qu'ils me laissent partir. Le lendemain, j'étais chez un client qui a cru s'étrangler en me voyant. Il m'a conseillé tout de go de prendre quelques jours de repos avant de revenir le voir. Depuis, je me terre chez moi en attendant le retour de la grisaille et de mon teint blanc.

C'est dur d'être charismatique !

mercredi 5 mars 2008

Je cherche le métro…


Inauguration discrète cette semaine d'une nouvelle station de métro temporaire. Suite à mon reportage sur les stations Ternes et Courcelles, j'ai été invité à y participer. Convoqué en un lieu à l'air libre, j'y ai été conduit les yeux bandés. Arrivé sur le quai, mon accompagnateur me l'a alors enlevé. L'effet est saisissant. Une station toute propre, des murs vides, des panneaux d'information masqués sur les quais. Bien entendu les métros de la ligne (?) s'y arrêtent. Par contre, je ne vois personne en descendre; ne sachant pas où ils sont, les passagers doivent hésiter. Par ailleurs, personne ne monte dans les rames. On m'explique qu'il s'agit de figurants placés sur le quai pour créer l'illusion de…

On me présente le réalisateur de cette action. Voici en quelques mots ses propos : "les clients du métro aiment à la fois la sécurité et le mystère. La sécurité, c'est celle de la ligne, du rythme des stations, la stabilité des noms de stations (quelle affaire pour changer un nom !); Le mystère, c'est celui de l'aventure, du voyage. Bien plus, les noms de stations comme Pyramides ou Bastille vous font voyager qui dans l'espace, qui dans le temps. Nous avons voulu créer une station temporaire où chacun peut se projeter, s'y imaginer et en ressortir rapidement. Une station que chacun voit, mais ne peut retrouver, une station qui est là et en même temps sur aucune carte. Quelques comédiens au chômage et des étudiants se relaient et créent l'illusion de la vie. Puis, cette station sera supprimée et transposée dans un autre lieu d'exposition".

Un peu incrédule, je me demande comment on a pu créer une station à l'insu de tout le monde et surtout comment on pourra la faire disparaitre de même. J'observe qu'il n'y a quasiment personne à cette inauguration. Puis je me raisonne : il n'y a pas eu de carton d'invitation pour cette inauguration. Ceux qui ont eu écho de cette journée ne peuvent s'y rendre puisque la station n'est pas localisable.

Au bout d'un moment, n'y tenant plus, je saute dans une rame qui passe, s'y arrête et repart vers la réalité. Curieux, j'interroge les passagers sur le nom de cette station. Ils me citent des noms divers de stations. J'insiste. Ils me regardent alors étrangement. A la station suivante, je descends, passe sur le quai d'en face et reprend le métro sur le quai d'en face. Cette fois-ci je sais où je suis puisque j'ai changé de rame dans une station bien connue. Poussé par la foule, je me retrouve dans le milieu du wagon. Arrivé à ma station "fantôme", personne ne veut me laisser passer pour descendre. J'ai beau demandé poliment, supplié, tempêté, rien n'y fait; les autres passagers s'étonnent que je veuille descendre dans un tunnel. Je leur montre la lumière, les gens sur le quai, rien n'y fait.

Le lendemain, je décide de retenter l'expérience : la station a disparu. Pourtant, je suis bien parti de la même station que la veille et dans la même direction; Dans le tunnel, c'est la nuit noire et des murs solides. Je me renseigne auprès des employés de la RATP qui me regarde incrédule et me propose d'appeler…un médecin. Je les en remercie et m'éloigne vivement avant l'arrivée des secours venus me chercher. J'appelle la personne qui m'a branché à l'origine sur cette inauguration. Elle ne comprend pas mon appel, mais promet de se renseigner. Quelques jours, je reçois un message sur mon portable : la station est partie en tournée avec le Cirque du Soleil !