vendredi 26 février 2016

Conte arabe : Qaïs et Leïla


Il y a dans toutes les cultures des histoires d’amour impossibles. Vous connaissez sûrement Tristan et Iseut ou encore Roméo et Juliette. Nous avons publié ici le conte iranien de Shirin et Khosro (Iran). En voici la version du moyen orient.  

Il y a bien longtemps, le beau Qaïs, fils d'une illustre famille de Bédouins, tombe éperdument amoureux de sa cousine Leïla. Le jeune homme est poète et ne peut s'empêcher de chanter son amour à tous les vents. Il exprime sans retenue son souhait d'épouser la belle Leïla.
Mais chez les Bédouins, il est de tradition que ce soit les pères qui règlent les mariages. Le désir crié par Qaïs est une ombre sur leur autorité et ceux-ci refusent donc cette union.
Il se sert de ses poèmes comme d'une arme contre le pouvoir. La famille de Leïla obtient alors du calife la permission de tuer l'arrogant amoureux.
Le calife fait venir Leïla pour voir une si grande beauté. Il découvre avec surprise qu'il s'agit d'une jeune femme plutôt maigre, au teint brûlé par le soleil.
Il décide alors de faire venir Qaïs et l'interroge : « Pourquoi aimes-tu cette femme qui n'a rien d'extraordinaire ? Elle est moins belle que la moins belle de mes femmes. »
Et Qaïs répond : « C'est parce que vous n'avez pas mes yeux. Je vois sa beauté et mon amour pour elle est infini. »
La famille de Qaïs demanda Leïla en mariage contre cinquante chamelles. Mais le père de Leïla refuse.
Qaïs perd la raison. Son père l'emmène à La Mecque pour qu'il retrouve ses esprits, mais le jeune homme entend une voix qui lui crie sans cesse le prénom de son amour. Son obsession est telle qu'on l'appelle alors le majnoun (le fou) de Leïla.
Un jour que Majnoun est tranquillement chez lui, rêvant à son amour, un ami vient le prévenir que Leïla est devant sa porte. Le poète fou a pour seule réponse : « Dis-lui de passer son chemin car Leïla m'empêcherait un instant de penser à l'amour de Leïla. »
Quelque temps plus tard, Leïla se maria et quitta la région. Majnoun partit vivre dans le désert avec les animaux sauvages. Certains prétendirent l'avoir vu manger de l'herbe avec les gazelles.
Un jour, on découvrit son corps inanimé, protégeant un ultime poème dédié à son amour…


Source : wikipedia

vendredi 19 février 2016

Conte des Antilles : les deux mulets


Un jour dans un grand chemin, deux mulets cheminaient. L'un portait une charge de foin, et l'autre de l'argent. Ce dernier se sent important. 

Il se moque de son collègue en lui disant : « Mon cher, que portez-vous là ? On vous a chargé de paille ? C'est là un travail de petit enfant, et non un travail d’animal robuste. Cela vous salit le dos. Mon cher ça me ferait mal au cœur si j'allais au bourg avec ça » et là-dessus, il se met à rire.

L'autre mulet, l'oreille basse, entend cela sans souffler mot. Cependant, ils rencontrent un voleur, tous les deux prennent peur et se mettent à courir.


Quand le voleur les voit filer, il prend un fusil et tire sur le mulet qui porte l'argent. Le coup de fusil part et le pauvre mulet meurt. L'autre mulet lui dit : « Camarade, tu te moquais de moi ; regarde ! Si tu avais porté du foin on ne t'aurait rien fait. »

Source : adapté d'un conte de Jean de La Fontaine  http://www.potomitan.info/atelier/contes/conte_creole6.php

vendredi 12 février 2016

Que faites-vous de votre savoir ?



Dans cette vie la possession du savoir et du savoir-faire attirent l’attention des hommes. Les hommes aiment détenir le savoir. Mais, cette obsession de tout savoir nous mène souvent au péril. Savoir et savoir-faire doivent toujours et obligatoirement être suivi de partager. Car contrôler son savoir et refuser de le partager est égoïste quand on sait que le savoir est éphémère, qu’on ne peut tout savoir et qu’à plusieurs on fait progresser le savoir et son savoir.
Si je vous conseille de transmettre c’est pour vous éviter le pire et vous le comprendrez sûrement après avoir lu cette histoire.
il était une fois un royaume, de loin le plus riche de tous les temps. Le roi possédait un grand savoir acquis auprès des plus grands sages de son temps. Ses ministres étaient aussi plein de savoirs grâce à des études chèrement payées dans de grandes universités. Les riches en savoir ne donnaient rien aux pauvres. Ils leur disaient : « faites-nous confiance ; nous savons ! ». Et les riches devenaient plus riches et les pauvres plus pauvres.
Le quotidien de ce royaume s’écoulait ainsi tous les jours. La misère d’un côté et l’opulence de l’autre. 
Un jour, un sage venu de la nuit des temps apparut dans le royaume. La nouvelle parvint jusqu’au roi qui demanda de lui ramener l’étranger sur le champ. Le sage observa longuement le palais et constata l’ampleur de la richesse de ce royaume. Devant le souverain il ne s’inclina point. Le roi : « comment osez-vous rester debout devant le roi, lui qui sait tout ? » 
Le sage : « je ne vois pas de roi ici, devant qui dois-je m’incliner ? » Face à une telle insolence le roi perdit son sang-froid et ordonna de lui couper la tête. 
Mais les mains des soldats passaient à travers le corps de l’homme. Il n’était fait que du gaz et n’avait pas de corps. Le roi : « mais qui êtes-vous donc vieil homme et que voulez-vous ? »
Le sage : « je suis le temps et ce que je veux, c’est rétablir la justice ». Le roi : « insinuez-vous que dans mon royaume il n’y a pas de justice ? »
Le sage : « le savoir et l’opulence pour certains certes mais pas de justice » Le roi : « et comment comptez-vous vous y prendre pour rétablir votre justice ?» ? Le sage : « le temps s’en chargera. »
Sur ce, le sage disparut, le roi et ses ministres revinrent à leurs fêtes.
Or, le sage avait le pouvoir de faire avancer et reculer le temps à sa guise. Il pouvait aussi faire tourner les chances. Alors il fit reculer le temps jusqu’au temps du père de l’actuel roi. Il fit tourner la chance du côté d’un paysan qu’il mit à la place de l’héritier du trône et l’actuel roi se retrouvait dans une petite cabane près d’un champ de maïs.

Comme sortant d’un rêve il demanda au vieillard qui se trouvait dans la cabane avec lui : « mais où suis-je et qu’est-ce que je fais ici ?»
Le vieillard : « mais que t’arrives-t-il mon garçon, tu es chez toi.».
L’actuel roi : « comment osez-vous vieillard, je suis l’héritier du trône je vais vous faire exécuter sur le champ ». Il sortit en courant et se dirigea vers le palais où avait lieu l’investiture. Le fils du paysan changé en roi se demandait lui aussi ce qui lui arrivait. Mais le sage lui dit de se taire et de régner. 
L’actuel roi arriva à la porte du palais et se vit repousser par les gardes. Face à cela, il retourna chez le vieillard et resta hébété. Le vieillard lui dit : « mon fils, vas cultiver le champ au lieu de rester à ne rien faire, Nous serons punis si nous ne leur livrons pas la récolte à temps ».
Des jours passèrent et notre roi devenu paysan se résigna à accepter son sort. Le jeune homme se rendit compte de ce qui se passait dans son royaume. Il réalisa la souffrance que les pauvres enduraient au quotidien.
Le jeune homme qui avait tout perdu décida de mener une révolte. Mais il fut arrêté et condamné à mort avec tous ses compagnons. Le jour de l’exécution, la chance tourna et à sa place se trouva le véritable fils du paysan. Il était redevenu roi. Il les gracia tous et décida de rétablir la justice dans son royaume. Tous purent développer leur savoir en fonction de leur goût et de leurs talents. Il arriva enfin à éradiquer la pauvreté et rétablir la justice. Mais il cherchait le sage. Celui-ci réapparut et salua le roi en se prosternant devant lui.
Le roi lui posa une question : « pourquoi vous prosternez-vous aujourd’hui alors que dans le passé ou le futur je ne sais pas trop vous aviez refusé ? »
Le sage : « dans le futur ou le passé comme tu le dit tu n’étais pas mon roi mais celui de tes ministres et leurs épouses, car tu ne nourrissais qu’eux et tes soldats. Aujourd’hui tu es le père de tout le royaume et tu nourris tous tes sujets sans distinction de classe. C’est pour cela que je te salue comme un roi ».
Sur ce, le sage s’en alla et notre roi a su faire régner la justice jusqu’à sa mort.


Inspiré d’une histoire écrite par Djibouti (http://des-histoires.com/lire.php?histoire=8390)

vendredi 5 février 2016

Les poupées savantes


Un moine allait souvent écouter un vieux philosophe qui donnait son enseignement dans une grange.
Au début, l’assistance était nombreuse, mais petit à petit elle se clairsema jusqu’au jour où le moine se retrouva seul. Le philosophe refusa alors de faire cours pour une seule personne. Le moine promit de revenir le jour suivant avec beaucoup de monde.

Le lendemain, il disposa dans la salle plein de petites poupées sur les bancs et s’asit au premier rang. Le philosophe arrive et, interloqué, dit : « mais ce ne sont que des poupées !»

« En effet, dit le moine, mais tous ceux qui sont venus vous écouter ne valaient pas plus que ces petites poupées. Ils meublaient le décor sans rien comprendre à votre enseignement puisqu’ils sont partis pour ne plus revenir.  Tandis que moi, je suis resté à vous écouter. » 

Le philosophe comprit la leçon et continua à dispenser son enseignement au jeune homme assidu.

Source : « Sagesses et malices du Zen », Marc de Smedt