samedi 30 janvier 2010

Tout chute ou baisse sauf…

Hercule Martin part de bon matin à son bureau. Il constate que le trafic est en baisse par rapport aux jours précédents. « Tiens » se dit-il, « les gens deviennent-ils écolo : la consommation d’essence est-elle en chute ?». Il n’a pas le temps de méditer longtemps. Distrait par une affiche sur la chute des prix ("quelle différence entre une chute une baisse des prix , " se demande-t-il, il se fait arrêter par la police pour avoir brûlé un feu rouge (orange selon Hercule). Le policier attire son attention que l’Etat, bon prince, baisse le prix de l’amende s’il la paye de suite. Hercule repart en bougonnant : « il va finir par me faire croire que j’ai fait une bonne affaire en ayant eu ce P.V. ». Arrivé à son bureau, il a peine le temps de s’installer que le téléphone sonne. Un client, constatant la chute de ses ventes veut renégocier à la baisse ses achats. Sorti de cette discussion infernale, il participe à une réunion où la direction ne cesse de lui rappeler que la chute des marges doit conduire chacun à baisser ses dépenses.

A l’heure du déjeuner, il retrouve un de ses clients dans son restaurant favori. Le patron de celui-ci l’accueille en se plaignant que la baisse de la TVA n’a pas empêché la chute de la fréquentation : « Les médias nous traitent de voleurs, mais ce n’est pas avec TVA de 5, 5% sur 0€ de recettes que je vais pouvoir embaucher du personnel ». L’après-midi n’est qu’une suite d’appels téléphoniques et de mails sur la chute de l’activité des clients. Tous veulent des baisses de tarifs. En fin d’après-midi, c’est le Principal du collège de son fils qui l’appelle pour l’avertir de la chute des résultats de ce dernier. « Pourquoi baisse-t-il ? » lui demande-t-il ? Hercule ne peut que lui faire part de son incompréhension et de la bonne volonté qu’il va déployer pour le remotiver. Avant de repartir chez lui, il va faire son examen annuel à la médecine du travail : « Vous devriez surveiller votre alimentation pour baisser votre poids. En plus, vous faites des chutes de tension. Prenez garde ! » lui dit le médecin.

Il rentre alors tristement chez lui, se voyant condamné au pain sec et à l’eau. Il a envie de vider son sac auprès de son épouse, mais celle-ci est plus rapide pour prendre la parole : « Vas-tu être augmenté ? As-tu demandé à ton boss une augmentation ?» lui dit-elle. Devant l’air interloqué d’Hercule, elle continue : « Tout augmente ! On voit bien que tu vis dans ta tour d’ivoire. Va faire les courses et tu verras. D’ailleurs quand je vois les gens acheter, je me demande où ils trouvent l’argent.»

Hercule soupire : « tout baisse partout, sauf pour mon portemonnaie ».

samedi 23 janvier 2010

Nous sommes dans l’illégalité !

Du moins, il y a de fortes chances pour que nous le soyons. « Nul n’est censé ignorer la loi » dit l’adage latin (« Nemo censetur legem ignorare »).
La lecture, dans le RER d’une affiche vantant les charmes de Shiva en tant que repasseuse, m’a fait découvrir le texte suivant : « dans les conditions posées par l’article sexdecies du CGI ».
Qu’est-ce que sexdecies ? Quelqu’un porté sur le sexe ? Un adjectif ? En tout cas, pas un nom puisqu’il n’y a pas de majuscule. Je me suis précipité sur un dictionnaire où j’ai découvert que sexdecies était… avant septdecies et après quindecies. Cela signifie la seizième partie d’un article d’une loi ou d’un décret. Simple ! Un peu de recherche pour découvrir que la douzième partie se dit en français juridique « duodecies » et la vingtième partie « vicies ». Vous le saviez sûrement, moi pas.

En repartant de l’adage latin cité plus haut, j’ai découvert que j’étais doublement dans l’illégalité : non seulement je ne connais pas cette loi, mais en plus je ne parle pas français, du moins le français juridique (heureusement que je n’ai pas à passer le test de naturalisation).

Alors j’ai décidé d’y remédier : d’abord connaître le droit. J’ai ainsi appris que ce célèbre adage ne signifie pas que tout citoyen est censé connaître l’ensemble des textes législatifs et réglementaires (décrets, circulaires…) existant dans l’ordre juridique français (= 8 000 lois et plus de 110 000 décrets en vigueur). C’est une fiction juridique (sic), c’est-à-dire un principe dont on sait la réalisation impossible, mais qui est nécessaire au fonctionnement de l’ordre juridique (sic) ?????

Comme je n’ai pas compris cette phrase (ni «sexdecies »), je me suis inquiété pour mon niveau de français. Bonne nouvelle, en 1999, le Conseil constitutionnel conscient de ce problème a pris des décisions pour favoriser l’intelligibilité de la loi (notamment au travers d’Internet). Je suis rassuré. L’affiche vue dans le métro doit faire partie de la campagne d’information. Il ne me reste plus qu’à me promener avec un dictionnaire pour (re)apprendre à parler français.

Toutefois, quoique déjà doublement inculte (en loi et en français), il me restait encore à avaler une troisième potion : Shiva n’est qui vous croyez. Shiva, illustrée sur la publicité par une jolie brune repasseuse de son état est en fait un dieu masculin dans la mythologie hindoue. C'est le dieu de la destruction des illusions et de l'ignorance. Il est représenté avec un troisième œil, symbole de sagesse, au milieu du front et avec un cobra autour du cou. Il porte un trident et tient un petit instrument de percussion. Il est assis sur une peau de tigre, symbole de l'énergie potentielle (dixit Wikipédia). Rien à voir.

Moralité : je ne lis plus les affiches dans le métro et je me sens moins profondément ignare.

dimanche 17 janvier 2010

Un phénomène style « ile de Pâques » en Normandie

A la demande de la société d’Archéologie, de l’Institut, j’ai été requis, pour mes compétences en termes d’extra-terrestres et d’études de l’origine des statues de l’Ile de Pâques, pour me rendre sur une plage de la côte normande, ST A… sur Mer.

Une analyse fine des cartes satellites a permis d’y observer un élément étonnant.
J’y ai constaté un objet de grande taille planté de biais dans le sable

  • il est d’une matière distincte du sol et de la falaise,

  • il comprend quelques ouvertures qui, compte tenu de sa position, semblent sans lien apparent avec le support,

  • il est apparemment le seul objet de sa sorte à des kilomètres à la ronde.

Je suis entré en contact avec quelques indigènes. Leur coutume nécessite de boire une boisson fermentée à base de pommes avant d’échanger avec eux. Il est vrai que cela délie la langue. Cela ralentit aussi les échanges parce qu’après l’absorption d’une certaine quantité de ce breuvage sacré, je dois prendre du temps pour me remettre. Pour eux, cela va.


  • Dans leur langue, cet objet s’appelle un Boom-Ker ( ?). Le mot n’a pas de sens dans leur langue. Mes recherches auprès des savants des Langues O ne m’ont guère permis de savoir de quelle origine était ce mot.

  • La matière de cet objet est pour eux du B-ton

  • Selon leur tradition, cet objet date d’il y a 2.000 ans. Effet, les anciens le datent de 42 ou 43. Je n’ai pu déterminer s’il s’agit d’avant ou d’après JC. En tout cas, j’ai pu vérifier qu’ils ont (aujourd’hui) un calendrier similaire au notre.

J’ai aussi observé leurs coutumes (un peu bizarres, mais pas dangereuses). Ainsi, ils jouent avec des boules en fer qu’ils lancent de loin près d’une plus petite boule.


  • L’objet sur la plage est-il alors une masse de grande taille lancée par une peuplade ancienne de grande taille ?

  • En appui de cette thèse, j’ai noté qu’il y avait un surplomb le long de la photo (voir les cailloux sur la photo) = aire de lancement.

  • Dans cette hypothèse, les trous dans l’objet seraient pour y mettre ses doigts, à l’image des boules de bowling (sport inconnu en ce lieu).

  • Il y a aussi un aspect de vénération puisque nombre d’entre eux viennent en faire le tour. Ils appellent cela une « promenade ».

J’en conclus que nous sommes ici en face d’un phénomène comme à l’Ile de Pâques. Un peuple de grande taille serait venu ici il y a 2.000 ans, aurait utilisé cet objet comme jeu ou instrument de divination (les hypothèses sont ouvertes), puis aurait disparu soudainement (tsunami ?) en laissant ce symbole. Pour éviter un déferlement de pseudo-savants ou de touristes qui ruineraient le site, je propose de faire preuve de discrétion sur cette découverte.

samedi 9 janvier 2010

La Libellule du train Nantes-Paris


Une petite libellule attirée par un grand insecte brillant inconnu entra par mégarde un jour dans un TGV. Le temps qu’elle réalise que le milieu ne lui convenait guère, les portes s’étaient déjà refermées et elle se trouva pris au piège. Après s’être heurtée vainement plusieurs à la porte, elle décida de chercher son chemin ailleurs.

Elle passa une porte à la suite d’un humain et se retrouva dans un long boyau où le monde était à l’envers. Dans son univers habituel, les humains sont debout, se déplacent et font toutes sortes de sons avec leurs bouches. Ici, ils étaient tous prostrés sur des sièges sans se parler. Ce qui l’étonna le plus dans ce silence, ce fut l’absence d’autres insectes ou autres animaux familiers : mouches, oiseaux…Elle voletait prudemment dans ce tuyau, évitant d’attirer l’attention des humains perdus dans leur pensée. Tout d’un coup elle sursauta à la suite de bruits dans son dos. Elle vit arriver vers elle un grand humain avec un drôle de chapeau et un sac. Il agitait frénétiquement une grande pince. Elle crut sa dernière heure arrivée quand elle réalisa que les humains le calmaient en lui donnant des bouts de feuille à pincer. Cela semblait réussir puisqu’il passa d’un bout de feuille à une autre sans même la voir.

Elle s’amusa à la suivre, passa diverses portes puis arriva dans un tuyau bizarre avec des odeurs de nourriture. Elle réalisa tout à coup qu’elle avait faim. Il n’y avait pas d’insectes à portée de main. Elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir manger quand elle entendit des bruits bizarres autour d’elle. Elle vit des doigts pointer vers elle : de petits humains venaient de la repérer et cherchait à l’attraper. Heureusement le ciel était assez haut et elle pouvait voler rapidement. Malheureusement, les portes vitrées l’arrêtèrent et les grands humains se mirent de la partie. Ses belles couleurs la faisaient d’autant plus ressortir sur le ciel gris. Elle chercha à se cacher dans la cuisine, mais l’humain présent brandit un grand outil vers elle et elle dut continuer sa quête d’un coin tranquille derrière des gros sacs.

Le voyage dura ainsi des heures, des années, des siècles pour elle jusqu’à ce que le grand insecte brillant dans lequel elle était entrée s’arrête. Elle profita de la cohue pour sortir par un trou d’air et se retrouva dans un immense endroit sombre avec beaucoup de bruit. Elle monta vite dans le ciel pour se repérer et rechercher son étang, ses roseaux habituels et ses amis, mais ne vit que de gros insectes brillants comme celui dans lequel elle venait de circuler et des congénères inconnus.

Une mouche daigna la renseigner et lui dit qu’elle n’était de pas de la bande du coin et qu’elle était en danger si elle restait là. Affolée, elle remonta dans son grand insecte brillant, se cacha du mieux qu’elle put et attendit le départ.

Ayant conscience qu’elle vivait une grande aventure, elle nota tout ce qu’elle voyait pour le raconter à ses amies. Elle nota les humains qui dormaient ou lisaient, ceux qui se bécotaient, les rouspéteurs, le mouvement perpétuel des humains qui circulaient dans le tube et revenaient les bras chargés de victuaille, l’humain à la pince et le roulis du tuyau qui lui donnait le mal de mer. Elle classa ses idées et les organisa en une dizaine d’histoires pour les longues soirées sur les brins d’herbe. Le hasard voulut qu’elle se retrouve à son point de départ et put voleter vers amis.

La joie de les revoir au loin lui monta tellement à la tête qu’elle perdit ses instincts élémentaires de réflexe et ne vit pas l’oiseau fondre sur elle et l’avaler. C’est ainsi que périt une grande exploratrice.

lundi 4 janvier 2010

2010, l’année des petits pains au chocolat !

-Savez-vous interpréter les rêves ?
- Ceux des enfants, bien sûr, c’est ma spécialité. Ceux des adultes parfois. Allez-y, racontez-moi votre rêve
C’est en ces termes qu’Hercule Martin* interpelle le Père Noël. Ils sont assis chez Hercule devant un bon feu de cheminée. Depuis quelques années, le Père Noël a pris l’habitude de venir saluer son ami Hercule, une fois le rush du 25 décembre passé. Au fil des ans, une relation faite de connivence et de confiance s’est établie entre eux.
-J’ai fait cette nuit le rêve suivant : je suis dans une petite ville animée avec plein de commerces actifs. Je baguenaude tout à mon aise. C’est curieux : il fait jour, le ciel est bleu, mais les immeubles et pâtés de maison sont plus ou moins visibles. J’arrive devant un pâté de maison complètement opaque. J’ai beau essuyer mes lunettes, rien n’y fait. Je me renseigne auprès des badauds : ils ne semblent pas y prêter attention. Je vois pourtant des gens entrer et sortir de ce brouillard. Je suis l’un d’entre eux qui y entre et, surprise, je me retrouve dans un commerce éclairé par la lumière naturelle où les gens s’activent. De là, je vois bien l’extérieur, là où j’étais quelques minutes auparavant. Je m’enquiers discrètement si c’est un lieu secret. Mes interlocuteurs sont surpris et ne comprennent pas. Ils ont des échanges actifs avec les autres habitants et commerces de la ville et s’étonnent qu’ils soient invisibles. A la réflexion, ils disent que leur activité a un peu baissé depuis que la ville a connu de grandes transformations. Peut-être que les nouveaux habitants ou étrangers comme moi ne les connaissent pas ou plus. Je ressors facilement dans la rue, me retourne et à nouveau, je ne les vois plus. J’interroge les passants : certains les voient, d’autres non. Je leur crie : « regardez, regardez », tout le mode rit et me prend pour un fou, cela m énerve et…je me réveille.
- « Hum, hum » dit le Père Noël. « Quelle est votre interprétation ? »
- Je ne sais pas. On dirait que les gens sont frappés par un charme.
- Dites-moi, Hercule, vous m’avez bien dit que la ville a connu quelques transformations et qu’il y avait de nouveaux habitants ?
-Oui, effectivement.
- « Il était myope, voilà tout, il vivait dans un monde flou où les nuages volaient bas ». Avez-vous déjà entendu cette phrase ?
- Euh, non ! Nietzsche ? Confucius ? Pascal… ?
- « Joe Dassin » lui dit le Père Noël en riant aux éclats. « C’est extrait de la chanson : le petit pain au chocolat » et il lui sifflote quelques mesures.
- « Ah oui », dit Hercule, un peu penaud. «Quel est le rapport ? »
- Vous essayez de voir avec vos lunettes du passé et cela ne fonctionne pas. Vous voyez ce que vous connaissez, mais vous ne voyez pas ce qui est nouveau, différent ou ne vous convient pas : alors, vous préférez ne pas le voir, tout comme les autres habitants de cette ville.
Il y a quelque temps, mes lutins et rennes m’ont accueilli avec cette chanson et ils m’ont offert de nouvelles paires de lunettes. Je n’en voyais pas sur le moment l’utilité, mais quand je les ai chaussées, j’ai compris.
- ???
- Mes lunettes précédentes me permettaient de voir loin, mais j’ai réalisé que ma vue de près était brouillée et que je ne voyais pas ce qui avait changé autour de moi. J’ai compris qu’il ne suffit plus de comprendre et de décider, mais qu’il fallait aussi partager.
-Je me vois mal passer mon temps à discuter avec tout un chacun ! On va me prendre pour un orgueilleux ou quelqu’un qui doute.
- Hercule, cela n’intéresse personne ce que vous faites. Ce que vos interlocuteurs veulent, ce sont des passerelles d’échanges : que pouvez-vous leur apporter en réponse à leurs besoins ? Qu’attendent-ils de vous ?
-Vous voulez donc dire que dans mon rêve, il ne suffisait pas dire aux habitants ce qu’il y avait à voir, mais qu’il fallait aussi leur donner envie de le voir : ils verront les commerces qui les entourent s’ils y trouvent un intérêt.
- Tout à fait. En 2010, plus que jamais, nous devons aller vers les autres et faire savoir en quoi nous pouvons mieux collaborer au lieu d’imaginer qu’ils nous connaissent ou d’attendre qu’ils nous le demandent.
-J’ai tout compris ! Avec de nouvelles lunettes, nous nous verrons mieux les uns les autres et nous partagerons les petits pains au chocolat ! Alors bon appétit et bonne année 2010 !


* Retrouvez l’historique des histoires d’Hercule Martin sur http://www.herculemartinmanager.com/index.php/2009/01/04/235-soyez-bons-et-l-annee-sera-bonne