vendredi 30 mars 2018

Le conte qui n’a pas de nom


J'aimerais vous dire comment ce conte s'appelle, mais c'est le conte qui n'a pas de nom.
Un jour, il y a bien longtemps, un jeune guerrier eut une intuition. Il devait partir, quitter sa famille et son village, pour trouver quelque chose.
Il ne savait pas ce qu'il devait trouver. Ca n'était pas la force ou le courage. Ca n'était pas la richesse d'un trésor. Ce qu'il devait trouver n'avait pas de nom.
Il partit donc un matin, avec seulement son arc, ses flèches, et une gourde de peau.
Au début de son voyage, il traversait des lieux connus... Il y avait la grande forêt du nord, il la connaissait, alors il poursuivait son chemin.
Il rencontrait encore des habitants de son village, il les saluait par leur nom, détournait le regard, et poursuivait son chemin.
Il voyagea ainsi pendant des jours et des jours, seul...
Et parce qu'il était si seul depuis si longtemps, il commençait à parler aux animaux...
Lorsqu'il venait d'atteindre un lièvre d'une de ses flèches, il allait vers l'animal qui allait mourir et lui disait:
"Je suis désolé pour toi et pour ton peuple, je dois me nourrir pour continuer ma quête. Je te remercie."
Et il lui semblait que le lièvre lui répondait en pensée qu'il avait peur, mais qu'il comprenait, que lui même avait sacrifié beaucoup de plantes pour vivre...
Même aux sources où il remplissait sa gourde, il adressait sa gratitude.
Au fur et à mesure de son voyage, les lieux lui étaient de plus en plus inconnus.
Les pierres, les plantes et les animaux étaient de plus en plus différents.
Un soir, alors qu'il se reposait près du feu qu'il venait d'allumer, se présenta un animal étrange.
Il n'avait jamais rien vu de pareil, et n'en avait jamais entendu parler non plus. 
Son corps était couvert de quelque chose qui n'était fait ni de peau, ni de poils, ni de plumes ou encore moins d'écailles...
Et comme il ne connaissait pas cet animal, il le regardait...
 Et chaque détail était une découverte et un émerveillement...
Comme à son habitude, il se mit à parler à l'animal: "Je n'ai jamais vu de créature comme toi. Qui est tu?"
Et il lui sembla entendre en réponse: "je suis celui que tu regardes, parce que je n'ai pas de nom."
Le guerrier se réveilla le lendemain matin, sans trop savoir si cette rencontre était un rêve ou non...
Il reprit sa marche, pendant des jours et des jours, en traversant des contrées qui lui étaient de plus en plus étrangères.
Et, justement, là, il ne connaissait plus les noms des lieux...
Il ne connaissait plus les plantes, ni les animaux... Il ignorait même tout des pierres qui ne ressemblaient à rien de ce qu'il avait vu auparavant...
Alors, comme il ne les connaissait pas, il les regardait.
Des vents inconnus faisaient chanter les feuilles d'arbres étranges, et comme il ne les connaissait pas, il les écoutait.
Et plus les jours passaient, moins il marchait. 
Il écoutait.
Il regardait.
Un jour, alors qu'il était à nouveau assis près de son feu, l'esprit remplit de ce qu'il voyait et entendait, il vit une femme qui s'approchait, cueillant des fruits dont il ignorait le nom...
Alors il la regarda, et la vit merveilleuse. Il écoutait son chant et, parce qu'il ne le connaissait pas, il s'en laissa remplir.
De son côté, la femme avait bien vu cet homme. Et, comme elle ne le connaissait pas, elle le regardait, et le voyait merveilleux.
A cet instant, quelque chose se passe entre eux...
Le guerrier ne marchait maintenant plus beaucoup, et les jours suivants la femme revint pour ramasser des champignons ou récolter des plantes...
Et chaque jour, parce qu'il ne se connaissaient pas, ils se regardaient...
Et chaque jour, parce qu'ils ne se connaissaient pas, ils s'émerveillaient...
Vint le jour où il se parlèrent, échangeant d'abord un timide bonjour... Qu'ils écoutaient...
Chaque jour suivant s'enrichit de quelques mots, qui restaient aussi rares qu'intenses...
Mais, curieusement, aucun ne demanda le nom de l'autre...
Et cela s'installa.
 Et comme ils ignoraient leurs noms, ils s'écoutaient et ils se regardaient...
Comme s'ils avaient tous deux compris que, s'ils enfermaient l'autre dans un nom, ce ne serait plus la personne qu'ils regarderaient et écouteraient. Comme si l'absence de nom donnait à l'autre la liberté. La possibilité d'être infiniment lui-même. D'être toujours et encore regardé, d'être toujours et encore écouté...
On dit qu'ils vécurent ensemble longtemps, et que chacun quitta cette vie en emportant le secret de son nom. On dit qu'ils eurent beaucoup d'enfants, qui ne furent pas nommés, et qui fondèrent un village sans nom où les gens, encore aujourd'hui, se regardent et s'écoutent...
Peut-être aimeriez-vous visiter cette contrée, ou même y vivre...
J'aimerais vous dire où la trouver, dans quelle direction...
Mais c'est la direction qui n'a pas de nom.



jeudi 22 mars 2018

La légende des capteurs de rêves

Selon une légende (amérindienne), une femme araignée appelée Asibikaashi prenait soin des gens de la terre.

Cette femme araignée veillait sur toutes les créatures du monde, en se penchant sur les berceaux et les lits des enfants, pendant qu’elle tissait une toile fine, délicate et résistante, capable d’attraper le mal entre ses fils, et de faire disparaître les mauvaises pensées jusqu’à l’aube.
Lorsque son peuple a été dispersé dans toute l’Amérique du Nord, cette femme a commencé à ne plus pouvoir s’occuper de tous les enfants.

Les mères et les grands-mères ont alors eu l’idée de commencer à tisser des toiles aux propriétés magiques, capables d’attraper les mauvais souvenirs et les cauchemars, protégeant ainsi leurs enfants.

Selon cette légende, les cauchemars passent par la toile et s’échappent alors que les bons rêves restent coincés dans les fils et retournent vers le dormeur.

Certaines personnes voient ces capteurs encore d’une autre manière, en élargissant le mot rêve aux aspirations, aux désirs, aux objectifs d’une personne, et pas seulement à ses songes. Les capteurs de rêves serviraient donc à obtenir ce que l’on souhaite.
Ils permettent d’éloigner les mauvais rêves, les mauvaises énergies et les mauvaises vibrations.