vendredi 29 août 2014

Conte japonais : la princesse Kaguya

Le Conte de la princesse Kaguya est un classique de la tradition orale nippone. Tous les enfants japonais et leurs parents connaissent l'histoire de cette minuscule petite fille.
Cette année, les studios Ghibli en ont sorti un film (réalisé par Isao Takahata, le réalisateur de « Le temps des lucioles »)  encore sur les écrans.  



Un jour un vieux coupeur de bambou sans descendants, Taketori-no-Okina, trouve une mystérieuse canne de bambou reluisante. La coupant, il trouve à l'intérieur un bébé de la taille de son pouce. Heureux de trouver une si belle petite fille, lui et sa femme l'élèvent comme si elle était leur propre enfant, l'appelant Kaguya-hime (=« princesse lumineuse »). Kaguya-hime grandit d'un bébé minuscule à une femme de taille normale et de beauté resplendissante. Au début Taketori-no-Okina essaie de la cacher des autres, mais avec le temps les nouvelles de sa beauté se répandent.

Finalement, cinq princes viennent chez Taketori no Okina pour demander Kaguya-hime en mariage. Ces princes convainquent Taketori-no-Okina de demander à la réticente Kaguya-hime de choisir parmi eux. Pour ce faire, Kaguya-hime donne des tâches impossibles aux princes. Elle épousera celui qui peut lui apporter un objet précis. La même nuit, Taketori-no-Okina dit à chacun des cinq princes ce qu'ils doivent rapporter. Le premier doit rapporter le bol en pierre utilisé par le Bouddha pendant qu'il mendiait ; le second, une branche à joyaux de l'île de Hôrai ; le troisième, la robe légendaire du rat qui habite une montagne de Chine ; le quatrième, un joyau coloré du cou d'un dragon ; et le cinquième, le coquillage cauri d'une hirondelle.

Se rendant compte que la tâche était impossible, le premier prince revient avec un bol très cher, mais Kaguya-hime se rend compte de sa supercherie quand elle voit que le bol ne luit pas d'une lueur sainte. Deux autres princes essaient également de la tromper avec des faux et échouent. Le quatrième renonce pendant un orage, et le cinquième meurt en essayant de prendre l'objet.

Ensuite, l'empereur du Japon vient voir l'étrangement belle Kaguya-hime et en tombe amoureux ; il propose de l'épouser. Bien qu'il ne soit pas soumis aux tâches impossibles des princes, Kaguya-hime refuse sa demande en mariage, lui disant qu'elle n'est pas de ce pays et ne peut donc pas se rendre au palais avec lui. Elle reste en contact avec l'empereur mais continue à refuser ses demandes de mariage.

Cet été-là, elle pleure à chaque fois qu'elle voit la pleine lune. Elle n'est pas capable de dire à ses parents adoptifs ce qui ne va pas, malgré tout leur amour pour elle. Son comportement devient de plus en plus erratique jusqu'à ce qu'elle révèle qu'elle n'est pas de ce monde et qu'elle doit retourner parmi les siens sur la Lune.

Le jour de son retour approchant, l'empereur envoie des gardes patrouiller autour de chez elle pour la protéger du peuple de la Lune, mais quand une ambassade d'« êtres célestes » arrive à la porte de la maison de Taketori-no-Okino, les gardes sont aveuglés par une étrange lumière. Kaguya-hime annonce que, bien qu'elle aime ses amis sur Terre, elle doit retourner sur la Lune avec les siens. Elle écrit des mots tristes pleins de regrets à ses parents et à l'empereur, puis donne à ses parents sa robe en souvenir. Elle prépare un peu d'élixir d'immortalité, l'attache à sa lettre à l'empereur, et le donne à un garde. Son entourage céleste ramène Kaguya-hime à Tsuki-no-Miyako contre son gré, laissant ses parents adoptifs en pleurs.

Ses parents adoptifs deviennent très tristes et tombent bientôt malades. Le garde retourne chez l'empereur avec les objets que Kaguya-hime lui a laissés et raconte ce qui s'est passé. L'empereur lit sa lettre et en est ému. Il demande à ses domestiques quel est le mont le plus près du Ciel ; l'un d'eux répond le Grand Mont de la province de Suruga. L'empereur ordonne à ses hommes d'apporter la lettre au sommet du mont et l'y incinérer, avec l'espoir que son message parviendrait à la princesse lointaine. Les hommes sont aussi commandés de brûler le pot d'élixir d'immortalité parce qu'il ne désire pas vivre éternellement sans pouvoir la voir. La légende dit que le mot pour « immortalité », fushi ou fuji , devint le nom de la montagne, le mont Fuji. Il est dit que la fumée de l'incinération des objets continue aujourd'hui (bien que le mont Fuji ne soit plus aussi actif de nos jours).

Source du résumé : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kaguya-hime

vendredi 22 août 2014

Conte zen : l'instant présent


A vous tous qui revenez de vacances (ou y êtes encore) ou qui avez eu un mois d’août cool, nous vous souhaitons de garder votre calme et sérénité de cette période de repos.
Un conte pour vous y aider (et retarder le plus possible votre course agitée)

On demanda un jour à un homme comment il faisait pour être si recueilli, si à l’écoute, si « zen » avec chacun, en dépit de toutes ses occupations.
Il répondit :
Quand je me lève, je me lève.
Quand je suis assis, je suis assis.
Quand je marche, je marche.
Quand je mange, je mange.
Quand je parle, je parle.

Les gens l’interrompirent en lui disant : « Nous faisons de même ! Que fais-tu de plus ? »
Il répondit :
Quand je me lève, je me lève.
Quand je suis assis, je suis assis.
Quand je marche, je marche.
Quand je mange, je mange.
Quand je parle, je parle.

Les gens lui dirent une nouvelle fois : « c’est ce que nous faisons aussi ! ».
« Non » leur répondit-il.
Quand vous êtes assis, vous vous levez déjà ;
Quand vous vous levez, vous courrez déjà.
Quand vous courrez, vous êtes déjà au but…
Présentement !

Bonne reprise


Source : http://www.philosophie-spiritualite.com/contes/contes12.htm

vendredi 15 août 2014

Conte soufi : comment sont les gens ailleurs?


Vous êtes peut-être en vacances (ou vous en revenez ou vous allez partir), voilà une bonne occasion de vous plonger dans un nouvel environnement. Comment trouvez-vous les gens là où vous êtes (ou avez été) ?

Voici un conte à ce sujet :

Il était une fois un vieil homme assis à l’entrée d’une ville. Un jeune homme s’approcha de lui et lui dit : «  Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens dans cette ville ? ».  Le vieil homme lui répondit par une question : « Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? ».  Egoïstes et méchants, c’est la raison pour laquelle j’étais bien content de partir, dit le jeune homme. Le vieillard répondit : tu trouveras les mêmes gens ici. 
Un peu plus tard, un autre homme lui posa la même question : « Je viens d’arriver dans la région. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? Le vieil homme répondit de même : « dis-moi mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? »  Ils étaient et accueillants. J’avais de bons amis et j’ai eu du mal à les quitter, répondit le jeune homme. Tu trouveras ici les mêmes, répondit le vieil homme.
Un homme assis tout près de là et qui avait tout entendu s’étonna auprès du vieil homme de ses réponses différentes. Ce dernier répondit : «Celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres. Chacun porte son univers dans son cœur. »

Nous profitons de la saison d’été pour vous proposer des contes à réflexion. Retrouvez-en toute l’année sur notre site http://dalettres.blogspot.fr/

vendredi 8 août 2014

Le sentier de la vie


Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie, il l'envoya auprès d'un Vieux Sage.

"Eclaire-moi sur le Sentier de la Vie", demanda le Prince.

"Mes paroles s'évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu trouveras 3 portes. Lis les préceptes indiqués sur chacune d'entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t'en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t'en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton cœur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi."

Le Vieux Sage disparut et le Prince s'engagea sur le sentier de la Vie.

Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire :

"CHANGE LE MONDE".
"C'était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d'autres ne me conviennent pas."
Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l'ivresse du conquérant, mais pas l'apaisement du cœur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d'autres lui résistèrent.

Bien des années passèrent.

Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande : "Qu'as-tu appris sur le chemin ?"
"J'ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon  pouvoir et ce qui m'échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n'en dépend pas". "C'est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise." Et il disparut.

Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire :

"CHANGE LES AUTRES".

"C'était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d'amertume et de frustration."
Et il s'insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Bien des années passèrent.

Un jour, alors qu'il méditait sur l'utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : "Qu'as-tu appris sur le chemin ?"
"J'ai appris, répondit le Prince,  que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n'en sont que le révélateur ou l'occasion. C'est en moi que prennent racine toutes ces choses."
"Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu'ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Soit  reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t'enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir." Et le Vieil Homme disparut.

Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots :

"CHANGE-TOI TOI-MEME".

"Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c'est bien ce qui me reste à faire," se dit-il.
Et il entama son 3ème combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal.

Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda : Qu'as-tu appris sur le chemin ?"
"J'ai appris, répondit le Prince, qu'il y a en nous des choses qu'on peut améliorer, d'autres qui nous résistent et qu'on n'arrive pas à briser."
"C'est bien," dit le Sage.
"Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de ma battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ?
Quand trouverai-je le repos ? J'ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise."
"C'est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d'aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru." Et il disparut.

Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la 3ème porte et s'aperçut qu'elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait :

"ACCEPTE-TOI TOI-MEME."

Le Prince s'étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu'il avait franchi la porte la première fois, dans l'autre sens. "Quand on combat on devient aveugle, se dit-il." Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu'il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s'aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer.

Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda : "Qu'as-tu appris sur le chemin
"J'ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c'est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J'ai appris à m'accepter moi-même, totalement, inconditionnellement."
"C'est bien, dit le Vieil Homme, c'est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la 3ème  porte."

A peine arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut :

"ACCEPTE LES AUTRES."

Tout autour de lui il reconnut les personnes qu'il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu'il avait aimées comme celles qu'il avait détestées. Celles qu'il avait soutenues et celles qu'il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l'avait tellement gêné et contre quoi il s'était battu.

Il rencontra à nouveau le Vieux Sage. "Qu'as-tu appris sur le chemin ?" demanda ce dernier.
J'ai appris, répondit le Prince, qu'en étant en accord avec moi-même, je n'avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d'eux. J'ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement."
"C'est bien," dit le Vieux Sage. C'est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte.

Arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut :

"ACCEPTE LE MONDE."

Curieux, se dit-il, que je n'aie pas vu cette inscription la première fois. Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu'il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l'éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C'était pourtant le même monde qu'autrefois. Etait-ce le monde qui avait changé ou son regard ?

Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda. "Qu'as-tu appris sur le chemin ?"
"J'ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit  pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n'est ni triste ni gai. Il est là ; il existe ; c'est tout. Ce n'était pas le monde qui me troublait, mais l'idée que je m'en faisais. J'ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement."
C'est la 3ème Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde." Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l'habita. "Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence."


Et le Vieil Homme disparut.