dimanche 27 novembre 2022

La transmission est-elle une trahison ?




Tous les jours, nous transmettons à notre entourage au travail du savoir, du savoir-faire et du savoir-être et ce quel que soit notre âge. En effet, si pendant longtemps, le transmetteur était présenté comme une personne « âgée » synonyme d’expériences, il peut être aujourd’hui nettement plus jeune et transmettre aux anciens de nouvelles pratiques.

 

Il n’y a pas que l’âge et le sens de la transmission qui ont changé. Son contenu aussi. Dans l’imagerie d’Épinal de la transmission, le tutoré apprenait les gestes des Anciens et les retransmettaient à son tour. 

 

Depuis quelques décennies, nos environnements sont en fortes mutations. La transmission ne peut plus être, quand bien même elle l’a été, une réplication à l’identique. Elle est d’une infidélité partielle, du fait non seulement des nouvelles technologies, mais aussi de la rencontre avec des personnes avec un regard différent qui vont se l’approprier à leurs manières. A titre d’exemple, les Asiatiques ont revisité avec succès nombre de techniques apportés par l’Occident.  

 

C’est un changement de paradigme pour nous, Occidentaux. Nous vivions avec une notion de l’Histoire conceptuelle où tout renvoie de façon dominante à l’histoire des évènements. Nous avons appris ainsi à l’école l’histoire au travers des grandes batailles sans vraiment tenir compte de la façon comment les gens vivaient. Nous connaissons les grandes batailles de Napoléon, mais nous ne savons que peu de choses du quotidien des gens. 

 

D’autre cultures, comme la culture biblique, utilisent un autre concept, celui de l’engendrement. L'accent est porté sur les modifications d'identité et de valeurs du descendant à travers le temps. Ce sont les femmes et les hommes qui façonnent le déroulement des évènements par leur personnalité et qui font évoluer en bien ou en mal ce qui leur est transmis. 

 

Ainsi celui à qui vous transmettez, qui peut être votre collègue, votre collaborateur ou votre manager, va s’approprier consciemment et/ou inconsciemment votre transfert et va le nourrir à son tour et souvent le faire évoluer en lui donnant un autre sens. 

 

La transmission est bien une trahison. C’est dramatique parfois, mais pas tragique. La différence : un drame a une solution, la tragédie n’en a pas. L’espérance est toujours là et votre transmission portera ses fruits souvent de manière inattendue. 

dimanche 20 novembre 2022

Soyez sceptique et écoutez


 

Nous sommes noyés sous l’information. Encore, si elle était contradictoire, nous pourrions nous forger l’esprit en écoutant et en analysant les différences, mais non, elle est souvent orientée, voire manipulatrice. 

 

Je vous propose un exemple. Dans notre monde occidentale, les femmes ont une charge de travail plus importante et en entreprise, elles doivent souvent faire plus pour être reconnues. 

Dans ce contexte les femmes ont plus de chances d'être stressées que leurs collègues masculins. Jusqu’à là rien de nouveau. 

 

Or pendant environ 80 ans, la grande majorité des scientifiques a publié des travaux sur ce sujet en partant des travaux du psychologue US, Cannon, qui en 1915 a démontré que l’homme et la femme réagissaient de la même manière sous stress en surréagissant ou en fuyant (« fight or flight »).  

 

Il y a une vingtaine d’années, des universitaires se sont rendu compte qu'il y avait une surpondération des hommes dans les données de base. Des enquêtes complémentaires ont abouti à des résultats qui remettaient en cause cette théorie. 

 

Au cours de l'évolution, les hommes ont eu tendance à développer des attitudes du style « combattre ou fuir » (« fight or flight »). Ils réagissent au stress par une production plus grande de l'hormone de stress « cortisol ». Les femmes réagissent par une activation d'une partie du cerveau principalement impliquée dans les émotions. Elles ont davantage tendance à répondre aux situations stressantes rencontrées en câlinant (par exemple en prenant soin des enfants) et en s'insérant dans des groupes sociaux (« tend and be friend »)(source : revue Social Cognitive and Affective Neuroscience, étude J. J. Wang, 2007).

 

Même si ces études ont plus de 20 ans, elles sont peu reprises et il y a de grandes chances que les conférenciers et les journalistes qui traitent du stress continuent de véhiculer les anciennes idées. 

 

Bien sûr, ce n’est pas parce qu’une idée est acceptée par le plus grand nombre qu’elle est juste, ni que parce qu’elle est portée par des scientifiques qu’elle est exacte. Et si vous en doutez, rappelez-vous les débats « d’experts » sur le covid. 

 

Donc doutez des études ou des idées trop partagées. Soyez sceptiques, écoutez et posez des questions. 




samedi 12 novembre 2022

Faites-vous peur !

                                         

Il n’y a pas qu’à Halloween que nous aimons nous faire peur. Le succès des films d’horreur ou d’action, les grands titres des médias sur l’apocalypse, l’insistance à mettre en avant les trains en retard plutôt que les trains à l’heure, … montrent une certaine fascination pour le fait de se faire peur. 

Nous pouvons craindre les araignées, de perdre notre emploi, du changement, du progrès, de notre voisin que nous ne connaissons pas, de parler en public, d’être trop gentil… les causes de peur sont nombreuses et nous avons tous des raisons d’avoir peur. 

La particularité de ces peurs est qu’elles ne sont pas les mêmes pour chacun d’entre nous. La nouveauté fait peur à certains quand d’autres s’en réjouissent. Est-ce le fait de l’habitude ? A titre d’exemple, une grande compagnie d’assurances fait bouger dans ses locaux les équipes tous les 18 à 24 mois (tel service passe du 2ème étage au 4ème étage) pour simplement éviter l’habitude. 

Et s’il était normal d’avoir peur ? Normal, mais forcément inconfortable. Nous avons chacun notre zone de confort dans laquelle nous sommes à l’aise. Au-delà, c’est une zone de risque qui peut entraîner des comportements comme la fuite, le combat ou le repli sur soi. Ce mécanisme inconscient et non maîtrisable est un réflexe de défense contre l’inconnu ; C’est ce qui permet aux animaux, et plus particulièrement à nous les humains d’avoir survécu des centaines de milliers dans des environnements hostiles (climat, animaux…). 

Dans le monde professionnel, la peur est souvent liée à un manque de confiance en soi. Cela ne dépend pas forcément de l’Autre qui peut être bienveillant mais du regard que nous portons sur nous et sur l’autre. 

La peur est une émotion, pas forcément négative puisqu’elle nous oblige à faire attention. C’est un indicateur et il peut se travailler : Les compagnies aériennes organisent des stages pour les gens qui craignent l’avion. Ce réflexe de peur entraîne des modifications physiologiques et métaboliques qui nous aident à surmonter ces peurs ou nous empêche de les dépasser. Cela nous oblige à sortir de notre zone de confort ou à contourner ces obstacles. 

La peur est respectable, à condition d’en prendre conscience et d’accepter petit à petit d’élargir sa zone de confort. Quand vous pratiquez l’escalade, on vous explique qu’avec quatre points d’appui, les pieds et les mains bien fixés sur la paroi, vous ne risque rien, mais vous n’irez pas plus loin. Si vous n’avez plus que deux points d’appui, un pied et une main fixés, danger ! La solution est d’avoir toujours trois points d’appui pendant votre pied ou main libre cherche un nouveau point d’appui. Une fois trouvé, cette zone d’apprentissage vous permet de bouger et ainsi de vous déplacer en sécurité.

Si vous savez de quoi vous avez peur, connaissez-vous les peurs de votre entourage ? Cela vous aidera à mieux les connaître, pas forcément à leur éviter celle-ci, mais au moins vous saurez mieux comment les aider à affronter de telles situations. 

Comment pouvez-vous élargir votre zone de confort en passant par une zone d’apprentissage ? Comment pouvez-vous les aider à élargir la leur ? 





dimanche 6 novembre 2022

Nous sommes tous des génies, mais lequel ?



Nous sommes tous des génies. Nous avons chacun quelque chose qui nous distingue des autres. La difficulté est que nous ne le savons pas quoi.  Ce que notre génie nous permet de faire ou de dire, cela nous parait si naturel que nous n’imaginons pas que les autres ne peuvent pas le faire. Alors, comment le trouver ce qui vous rend génial ? Mais d’abord, un génie est-il génial ?   

 

Dans son livre « L’homme sans qualités » Robert Musil (1880-1942), se livre à toutes sortes de réflexions sur son époque. Il philosophe un moment sur la notion de génie et d’homme génial.  Cela lui pose question. 

 

« Qu'est-ce qu'un homme génial ? J'ai pensé quelquefois naguère les hommes géniaux ne sont pas forcément des génies.  Le génie qu'on admire est toujours attaché à quelque chose qui lui vaut de la considération, argent ou honneur. 

 

Si l'on peut traiter de génial celui qui chante plus haut qu'un autre, pourquoi ne ferait-on pas de même de celui qui saute plus haut ? Il y a donc là une ambiguïté du langage : outre le caractère génial d'une réussite, caractère qui peut s'étendre à n'importe quoi de sorte que le calembour le plus stupide peut être génial dans son genre il y a le degré, la dignité et l'importance de la chose réussie, donc une espèce de grade de la génialité. »

 

Bien plus, il observe qu’il y a un génie « civil » et un génie « militaire ». 

 

Dans les Armées, les troupes de génie s'occupent des travaux de fortification et de communication. Cette notion militaire du « génie » nous est venue de l’art de l’ingénieur qui s’appelle le « génie ». Le mot remonte au bas latin « genium » dont le sens premier est « habilité et capacité », association analogue à la formule « arts et métiers ».

De cette racine sont dérivées l'arme du génie, l’école du génie ou encore en anglais « engine » et en français « engin » dans le sens de « machine ingénieuse ». 

 

Il existe une autre racine pour « génie » qui ne remonte pas à « genium » mais à « genius », ce qui signifie être plus qu'un humain ou tout au moins que l'on peut vénérer. 

 

Ces 2 racines et les mots qui en dérivent se sont embrouillées depuis des siècles. Alors, quel génie êtes-vous ? 

 

Un indicateur : posez-vous la question pour quoi votre entourage vient vous chercher ? Si vous ne savez pas ce qui vous distingue des autres, eux le savent !