mardi 26 avril 2022

Vous ne méritez pas d’être là où vous êtes



Dans son dernier livre, Nicola Mathieu nous décrit la vie d’un couple de cadres aisés, qui ont ou semblent avoir réussi. Et pourtant, derrière, l’image de façade, tous deux ont fait de belles études, ont de beaux enfants, une belle maison et réussissent professionnellement…, la femme (Hélène) sent en elle une grande fragilité : 

 

« Lui appartenait d'emblée au monde qu'elle avait visé. Il en tirait une position immédiatement plus favorable. Et puis un homme, quoi. Il suffisait de voir dans les oraux quand elle était étudiante, comment il s'en sortait, à l'assurance, parce que depuis l'enfance ils avaient été vénérés et convaincus que l'état des choses étaient de leur côté. Dans leur couple aussi, ça pesait. Et si Hélène jouait les égales, elle devait bien l'avouer, elle se sentait un poil en dessous. »

 

Ce syndrome, appelé couramment le syndrome de l’imposteur ou de l’autodidacte, consiste à nier son accomplissement personnel et à estimer d’être un dupeur-né, en bref, de ne pas être à sa place et de craindre d’être démaqué. 

 

Ce sentiment d’insécurité injustifié a été mis en évidence en 1978 par deux psychologues américaines, Clance et Imes.  Des études postérieures ont révélé que 70% des personnes l’ont ressenti à un moment ou un autre de leur vie et que les femmes semblent plus concernées que les hommes. 

 

Ce phénomène est courant et que je rencontre souvent des personnes qui l’expriment. Il y a là une confusion de sens. 

 

D’abord, il est normal de douter. Comme l’a dit Nietzsche, « ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou ». Cela devient un problème lorsque le doute est chronique.  Ensuite, il y a confusion entre l’image que les autres ont de vous et celle que vous pensez qu’ils ont de vous. La caricature, c’est l’importance accordée, notamment dans les jeunes générations, aux réseaux sociaux. Enfin, ce mélange de peurs, de croyances et de ressenti a besoin d’être exprimé. Plus vous l’enfouissez en vous et plus il est fort. 

 

La difficulté, c’est comment en parler : à un(e) ami(e) ? un coach ? un psy ? un groupe de thérapie ? Libre à chacun de trouver sa voie selon sa personnalité et sa situation.

 

Ce qui est important, c’est que nous avons tous un rôle à jouer dans ce traitement. Combien de fois par jour adressons nous des signes positifs à ceux qui nous entourent ? Lorsqu’ils nous parlent d’un problème ou d’une situation, soulignons-nous les points positifs au moins autant que les points négatifs ? 

 

En bref, faites de la prévention autour de votre entourage (amis, collègues…). Cela les aidera et cela développera votre propre estime de vous, le meilleur traitement à ce sujet. 

mardi 5 avril 2022

Lorsque l’élève est prêt, le maitre apparait



Ce proverbe classique (je n’en ai pas trouvé l’origine) est à la fois explicite et interpellant. 

Il interpelle à la fois sur le mot « prêt », le mot « maître » et surtout sur la coïncidence de la rencontre. Nous avons tous rencontré des situations où un besoin ressenti se transforme en une réalité au contact d’un évènement fortuit, mais très significatif pour nous.

 

Cela a un nom et s’appelle la synchronicité. Ce concept a été mis en évidence par le psychanalyste suisse C.G. Jung (1875-1961)

 

Il popularisera son approche ave cette anecdote : « L’une de mes patientes avait tendance à rationaliser ce qui lui arrivait, ce qui bloquait le travail personnel. Un jour, elle me racontait un rêve dans lequel elle recevait en cadeau un scarabée d’or quand soudain, un bruit se fit entendre à la fenêtre. Jung alla voir et y trouva un scarabée venu se cogner contre la vitre. Le choc ressenti à cette vue généra un déblocage mental qui aida grandement ma patiente dans la poursuite de sa thérapie. »

 

La synchronicité est l'occurrence simultanée dans l'esprit d'un individu d'au moins deux événements mentaux qui ne présentent pas de lien de causalité physiquemais dont l'association prend un sens pour la personne qui les perçoit.

 

Une synchronicité se démarque d’une coïncidence par quatre traits : 

·       Absence de cause logique

·       Un fort impact émotionnel

·       Le ressenti que vous êtes dans une situation bloquée et que vous avez besoin d’un coup de pouce

·       Une prise de conscience d’un moment transformateur : il y aura un « avant » et un « après ». 

 

Nous pouvons donc revenir au sens des mots « prêt » et « maître ». « Prêt » veut alors dire « situation bloquée et besoin d’un coup de pouce ». 

« Maître » peut être tout aussi bien une personne qu’une lecture dans un livre ou une simple image vue ou entraperçue au hasard. 

 

« Est-ce sérieux, voire scientifique ? » pourraient se demander certains d’entre vous. Je vous renvoie à la page de Wikipédia sur la synchronicité pour cela. 

 

Pour ma part, je vous conseille d’accepter de vous laisser déstabiliser, de ne pas tout comprendre, puis de faire confiance à votre intuition et à ce qu’elle vous pousse à faire ensuite.

 

Trois précautions à prendre toutefois : 

 

La première est de bien prendre en compte les différences entre synchronicité et coïncidence, et notamment l’impact émotionnel. 

 

La deuxième, dans un monde professionnel qui se veut rationnel, de faire plus confiance à votre intuition.  

 

Et la troisième de ne pas vouloir trop rationaliser et de transformer ce que vous voyez en synchronicité. Cela relève alors de la prophétie auto-réalisatrice qui a aussi son efficacité dans d’autres domaines.

 

Au fond, vivre la synchronicité, c’est accueillir des évènements en réponse à vos besoins profonds et vivre des moments magiques…