samedi 30 septembre 2023

La chance, cela se construit !



Elle se travaille de quatre manières : faire preuve de curiosité, développer un réseau, savoir tirer parti d’un échec et rebondir et anticiper.

Nous vivons tous une époque de plus grande liberté de choix pour notre vie privée, sociale ou professionnelle. Chacun d’entre nous est sur un chemin, bon ou mauvais selon son goût, et c’est notre chemin. Nous pouvons toujours penser que notre chemin actuel va durer cahin-caha. Toutefois la vie nous rattrape avec ses aspects positifs et négatifs. Alors, un jour, à l’occasion d’une croisée des chemins un peu plus âpre (une pression trop forte au travail, un changement d’environnement, …), nous pouvons réaliser que nous ne sommes pas là où nous devrions être. Cela peut nous susciter de l’inquiétude face aux décisions inhérentes à nos orientations : «vers où aller ? » et « comment faire ? ».

Que notre croisée des chemins soit personnelle ou professionnelle, voici une boussole qui permet non seulement de trouver sa direction, mais aussi de lever les freins qui peuvent entraver son chemin, de s’assurer que cela est en rapport avec ses valeurs et de se bâtir un plan d’actions pour y parvenir.

Les quatre points cardinaux sont assimilés à quatre niveaux de réflexion :

§  Au NORD (« vers où ? »), quels outils vous aident à choisir la direction qui vous correspond et à définir une stratégie ?

§  A l’EST (« pourquoi ? »),  comment vous reconnectez avec vos sources de motivation, à définir vos valeurs et à faire vos choix en accord avec celles-ci ?

§  A l’OUEST (« comment ? »), comment planifier et à mettre en œuvre avec succès ce à quoi vous voulez arriver.

§  Enfin, au SUD (« pourquoi je n’y arrive pas ? »), quels sont vos blocages et comment les dépasser.

 

Le livre ci-dessus n’est pas un manuel d’auto-coaching. Cela n’existe pas. Il se veut simplement un livre de réflexion et d’analyse qui vous aide à voir plus clair. Quelle histoire voulons-nous écrire dans le futur ? Celle qui nous a conduit là où nous sommes et qui laisse la part belle au hasard ou bien encore la nôtre ?

Un outil original et innovant pour réorienter sa carrière et sa vie !

vendredi 15 septembre 2023

La vie professionnelle après 40 ans



Dans son livre « la part de l’autre » (Albin Michel, 2001), Eric-Emmanuel Schmitt imagine un Adolf Hitler (AH) admis à l’école des Beaux-Arts de Vienne et les conséquences qui s’en suivirent. 

AH devient un peintre assez connu, fréquentant l’École de Paris à Montparnasse entre les deux guerres, puis ruiné par la crise de 1930 rentrant à Berlin pour devenir professeur. 

 

« Après quarante ans, un artiste n’a plus d’illusions sur lui-même. Il sait s’il est un grand artiste ou un petit. 

 

A vingt ans, tout est songe, suspendu dans les nuages. A quarante ans, une partie de nos rêves est devenu la matière de nos vies. On a peint, on a produit, on a eu le temps de se tromper et de se reprendre, on a eu le loisir de repousser ses limites. A quarante ans, la technique a fini par être acquise et l’énergie demeure intacte : on sait enfin et l’on peut encore. Si on n’a pas produit un chef-d’œuvre, ou même l’amorce d’un chef-d’œuvre, alors la partie est finie.

 

Oui, on excuse l’absence de fermeté du trait, la timidité de la couleur, les hésitations de la composition tant que le peintre est en devenir. Certes, on voit des monstres, tels Picasso ou Bernstein (un des personnages du livre), qui, à dix-sept ans, sont déjà péremptoires. Mais, en face de ces évidences, on se dit qu’ils sont nés génies avec leurs moyens de génie alors que d’autres mettent des années à acquérir les moyens de leur génie. On attend, on espère. On se demande de quoi on va accoucher. Que donnera le travail ? Un prématuré ? Deux prématurés ? Trois fausses-couches ? Peu importe. Il faut continuer. On doit accoucher de soi-même. On a rendez-vous avec un inconnu lointain, le peintre que l’on est. A quarante ans, le bébé est venu. Pour les uns, c’est une grande surprise, c’est un géant. Pour d’autres, c’est agréable, c’est un vivant. Pour quelques-unes, c’est dramatique, c’est un mort-né, un petit cadavre qui leur reste sur les bras et qui rend vaines toutes les années d’effort.

 

Alors, puisque j’aime la peinture avec passion, puisque je l’aime plus qu’elle ne m’aime, j’ai décidé de devenir enseignant. Votre professeur. Transmettre. J’ai trouvé ma place. Et je suis devenu heureux.

 

vendredi 18 août 2023

Préparez-vous à ne pas courir



La fin des vacances approche pour nombre d’entre-nous et, peut-être, le stress de la rentrée est-il en train de monter. Une métaphore pour s’y préparer.

Un Duc, riche puissant, convoqua de nombreux peintres pour faire décorer les murs de son palais et leur donner des indications. Tous les artistes ainsi réunis se lancèrent dans une sorte de course à l’action : sortir leur pinceau, déplier leur tapis, poser leur encrier et se mettre à peindre.
Sauf un, qui rentra chez lui.

Le Duc, intrigué, envoya l’un de ses serviteurs suivre ce « rebelle » jusque dans sa maison, ou il le trouva assis en position de méditation face à la fenêtre, contemplant la nature.

Et le Duc de s’exclamer : « celui-ci est un vrai peintre ! les autres plongent dans l’action sans retenue, lui s’y prépare. »

Qu’avons-nous perdu d’essentiel pour courir ainsi voilà l’interrogation.

Se préparer : il n’y a pas d’autre voie pour atteindre, quel que soit le registre de l’action, ce moment où, avec facilité et douceur, les choses que nous attendons apparaîtront d’elles-mêmes. Cela peut paraître une évidence, mais le mettre en œuvre au sein d’une culture qui privilégient l’action et de ce fait le gain de temps n’a rien de facile. Tout dans la ville nous pousse à enchaîner les actions, voire les paroles, sans nous y préparer tels ces artistes soucieux de répondre aux demandes du duc, nous plongeons dans l’immédiate mise en œuvre par peur de rater la cible.

A quoi faudra-t-il se préparer ? A tout. Et ce afin de ne pas céder aux pressions de la course.

Se préparer évite d’avoir à courir. Ceux qui courent en se donnant l’illusion d’aller vite se mettent en danger lorsque nous voyons des personnes ou des organisations se lancer frénétiquement à la poursuite de quelque chose, nous sommes en droit de nous demander : qu’ont-elles perdu ?

Sans doute faut-il cesser de courir pour le savoir.

Source Zhuangzi, un des livres fondateurs du Taoïsme, cité par Christine Cayrol, Pourquoi les Chinois ont-ils le temps, Tallandier 2018

vendredi 11 août 2023

Comment sont les gens là où vous êtes ?



Vous êtes peut-être en vacances (ou vous en revenez ou vous allez partir), voilà une bonne occasion de vous plonger dans un nouvel environnement. Comment trouvez-vous les gens là où vous êtes (ou avez été) ? 

Voici un conte à ce sujet : 

Il était une fois un vieil homme assis à l’entrée d’une ville. Un jeune homme s’approcha de lui et lui dit : «  Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens dans cette ville ? ».  Le vieil homme lui répondit par une question : « Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? ».  Egoïstes et méchants, c’est la raison pour laquelle j’étais bien content de partir, dit le jeune homme. Le vieillard répondit : tu trouveras les mêmes gens ici.  

Un peu plus tard, un autre homme lui posa la même question : « Je viens d’arriver dans la région. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? Le vieil homme répondit de même : « dis-moi mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? »  Ils étaient et accueillants. J’avais de bons amis et j’ai eu du mal à les quitter, répondit le jeune homme. Tu trouveras ici les mêmes, répondit le vieil homme.

Un homme assis tout près de là et qui avait tout entendu s’étonna auprès du vieil homme de ses réponses différentes. Ce dernier répondit : «Celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres. Chacun porte son univers dans son cœur. »


mardi 1 août 2023

Votre transformation continue durant les vacances

La transformation continue

 



Il y a le grand changement où vous passez en un temps relativement court d’un état à un autre, que ce soit en termes de poste de travail, de lieu géographique ou d’environnement. 

 

Et puis il y a la transformation en continu où, de manière presque insensible, vous évoluez… à la manière du bateau de Thésée. 

 

Le bateau de Thésée est une expérience de pensée philosophique concernant la notion d'identité. Elle imagine un bateau dont toutes les parties sont remplacées progressivement. Au bout d'un certain temps, le bateau ne contient plus aucune de ses parties d'origine. La question est alors de savoir s'il s'agit du même bateau ou d'un bateau différent.

Le bateau de Thésée est une illustration d'un problème philosophique plus général : un objet dont tous les composants sont remplacés par d'autres reste-t-il le même objet ? 

 

La légende du bateau de Thésée est évoquée par Plutarque dans Vies des hommes illustres. Thésée serait parti d'Athènes combattre le Minotaure. À son retour, vainqueur, son bateau aurait été préservé par les Athéniens : ils retiraient les planches usées et les remplaçaient — de sorte que le bateau resplendissait encore des siècles plus tard — jusqu'au point où il ne restait plus aucune planche d'origine. Deux points de vue s'opposèrent alors : les uns disaient que ce bateau était le même, les autres que l'entretien en avait fait un tout autre bateau. 

 

« Le navire à trente rames sur lequel Thésée s’était embarqué avec les jeunes enfants, et qui le ramena heureusement à Athènes, fut conservé par les Athéniens jusqu’au temps de Démétrius de Phalère. Ils en ôtaient les pièces de bois, à mesure qu’elles vieillissaient, et ils les remplaçaient par des pièces neuves, solidement enchâssées. Aussi les philosophes, dans leurs disputes sur la nature des choses qui s’augmentent, citent-ils ce navire comme un exemple de doute, et soutiennent-ils, les uns qu’il reste le même, les autres qu’il ne reste pas le même. »

— Plutarque, Vies des hommes illustres

 

Le problème est de savoir si le changement de matière implique un changement d'identité, ou si l'identité serait conservée par la forme, ou encore d'une autre façon. Il y a une autre question, corollaire : si on avait gardé les planches du bateau et qu'avec, on en avait reconstruit un autre, lequel serait le vrai bateau ; cette hypothèse est formulée par Thomas Hobbes (De corpore). Le bateau de Thésée n'aurait pu rester identique à lui-même que s'il était resté à quai, constamment entretenu, et dans ce cas, même si aucune pièce ne subsistait du bateau d'origine, c'est bien ce bateau-là qui aurait été le témoin de l'aventure de Thésée.

 

A l’issue de vos vacances, serez-vous le même ? 

 

Quand vous transmettez votre savoir, êtes-vous le même après ?  

 

lundi 24 juillet 2023

Le voyage, c’est d’abord dans son coeur



Vous êtes peut-être en vacances (ou vous en revenez ou vous allez partir), voilà une bonne occasion de vous plonger dans un nouvel environnement. Comment trouvez-vous les gens là où vous êtes (ou avez été) ? 

 

Voici un conte à ce sujet : 

 

Il était une fois un vieil homme assis à l’entrée d’une ville. Un jeune homme s’approcha de lui et lui dit : «  Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens dans cette ville ? ».  Le vieil homme lui répondit par une question : « Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? ».  Égoïstes et méchants, c’est la raison pour laquelle j’étais bien content de partir, dit le jeune homme. Le vieillard répondit : tu trouveras les mêmes gens ici.  


Un peu plus tard, un autre homme lui posa la même question : « Je viens d’arriver dans la région. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? Le vieil homme répondit de même : « dis-moi mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? »  Ils étaient et accueillants. J’avais de bons amis et j’ai eu du mal à les quitter, répondit le jeune homme. Tu trouveras ici les mêmes, répondit le vieil homme.


Un homme assis tout près de là et qui avait tout entendu s’étonna auprès du vieil homme de ses réponses différentes. Ce dernier répondit : «Celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres. Chacun porte son univers dans son cœur. »

 

 

jeudi 8 juin 2023

Savez-vous vraiment poser des questions ?





Dès tout petit, nous questionnons : « pourquoi ceci ? pour quoi cela ? ». Plus grand nous continuons, mais notre registre de questions s’amenuise. Nos questions sont à 90% fermées, parce que plein de savoir et de certitudes, nous ne cherchons qu’à vérifier ce que nous pensons ou croyons. 

 

Voici un conte Haïtien qui vous illustre cela. 

 

« Nèg save, un homme au grand savoir, parcourait le pays, offrant trois sacs d'argent à celui qui lui poserait des énigmes qu'il n'arriverait pas à résoudre. Il tombe, un jour, sur un jeune garçon qui jouait devant la case de ses parents. 

 

- Papa n'est pas là, maman non plus, mais moi je peux te poser des énigmes, dit l'enfant. 

- Pas de problème, répond Nèg Save, mais où est donc ta mère ? 

- Maman est allée chercher ce qu'elle n'a pas semé. 

- Et ton père ? 

- Il est allé ouvrir un trou pour en boucher un autre, mais le trou reste béant. 

- As-tu un frère et où est-il ? 

- Mon père a envoyé mon frère à la chasse en lui recommandant d'abandonner tout le gibier qu'il trouvera ; tout ce qu'il ne trouvera pas, il le rapportera.

 

Nèg Sav n'en croyait pas ses oreilles et il en avait le bec cloué. Il remet les trois sacs d'argent à l'enfant qui, après les avoir mis à l'abri, lui propose de lui donner les réponses qu'il n'a pas su trouver. 

- Tu m'as demandé où était ma mère ? Elle est allée chercher ce qu'elle n'avait pas semé. Maman est une matrone qui aide les mères à mettre leur petit au monde mais qui n'est jamais présente lorsqu'elles les conçoivent. 

- Et ton père ? 

- Papa est allé ouvrir un trou pour en boucher un autre, mais le trou reste béant. Il a été emprunté des sous pour rembourser quelqu'un mais, en vérité, il est toujours endetté. 

- Ça c'est bien vrai. Dis-moi, ton frère ? 

- Mon frère avait beaucoup d’insectes parasites aux pieds. Alors papa l'a envoyé à la rivière pour s'en débarrasser mais il a rapporté toutes celles qu'il n'avait pas vues. Voilà pourquoi je t'ai répondu qu'il avait envoyé mon frère à la chasse en lui recommandant d'abandonner tout le gibier qu'il trouvera ; tout ce qu'il ne trouvera pas, il le rapportera.

- Pour être fort, tu es fort en vérité, trois fois s'exclama Nèg Save en réalisant que l'enfant était peut-être bien, bien, bien plus fort que lui en matière d'énigmes.

 

Le soir, à leur retour, le père et la mère de l'enfant, en écoutant les exploits du jour et en découvrant les trois sacs d'argent furent convaincus que leur plus grand bonheur n'était pas tant de posséder trois sacs d'argent que d'avoir un fils plein d'esprit. »

 

Si l’homme au grand savoir avait su élargir son champ de questions, peut-être aurait-il résolu cet énigme. 

 

Et vous, quels types de questions auriez-vous posé à l’enfant pour déjouer ces énigmes ? Comment élargir votre champ de questionnement ? 

mercredi 31 mai 2023

Comment chassez vous la mammouth ?




Il ne suffit pas d’avoir une vision pour avancer, encore faut-il la partager. Si vous avez le sentiment que dans votre équipe, chacun roule pour soi sans souci des autres, alors découvrez l’histoire du mammouth et adaptez-la à votre contexte.

 

Imaginons que nous sommes une tribu nomade de Cro-Magnon.

Les membres de la tribu ont faim. Or, soudainement, un de nos éclaireurs revient excité de la plaine et annonce le passage d'un gros mammouth à proximité du campement. La communauté se prépare alors pour la chasse et chacun a son rôle : les chasseurs expérimentés fourbissent leurs armes, les plus jeunes affûtent les flèches, les vieilles femmes reprisent leurs chaussures pour que les chasseurs ne glissent pas et les enfants mettent les tenues de camouflage. On part dans la plaine et ceux qui restent préparent tout le nécessaire pour dépecer et préparer la bête. Non sans mal, on tue le mammouth et grâce à sa laine, son cuir, sa viande et sa graisse, la communauté dispose de vêtements, de nourriture et de chauffage pour plusieurs semaines : sauvés !

A la fin de l'été, la communauté lève le camp pour aller prendre ses quartiers d'hiver. Les réserves pour l’hiver sont pleines et les membres de la tribu sont un peu désinvoltes, le ventre bien rempli. 

 

Nous traversons une plaine quand soudain un mammouth, du même genre que le précédent, charge la troupe. Personne n'est préparé et c'est sauve-qui-peut et chacun pour soi ! Les plus jeunes et les plus forts parviennent à échapper à la bête, les plus faibles sont écrasés. La communauté est décimée !

 

Moralité, le mammouth n'est pas bon ou mauvais en lui-même.

 Placé comme un objet de conquête, devant, il génère des comportements généreux : chacun fait sa tâche au bénéfice de la communauté, et tout le monde y trouve son intérêt, forts et faibles.

 Laissé derrière, c'est une menace qui génère des comportements égoïstes : chacun se préoccupe de son intérêt personnel, les faibles sont abandonnés, le collectif perd et finalement les forts aussi.

 

Dans votre équipe c'est la même chose. Si tout le monde roule pour lui-même c'est que les difficultés et les enjeux sont vécus simplement comme de la pression et que l'on cherche à préserver son petit objectif et son petit périmètre. Si vous voulez changer les comportements, il faut que les enjeux redeviennent excitants pour tous et inscrits dans une aventure collective, autour d'une ambition de conquête.

vendredi 19 mai 2023

A quoi sert une vision ?




J’ai parfois des coachés qui me disent : « j’ai déterminé la direction vers où je veux emmener mon équipe. Je la leur ai montrée. Ils s’en moquent et préfèrent faire leur travail au quotidien. Le futur et surtout la direction où les emmener ne les concerne pas.  ils ont sûrement raison. Pourquoi se presser ? On ne fait pas le bonheur des gens malgré eux. »

Je leur raconte l’histoire suivante : « Il était un roi qui régnait sur une belle contrée. Il gouvernait sagement et cherchait le bonheur de ses sujets. Il faisait bâtir pour son usage et celui de ses sujets divers bâtiments par son architecte principal, un homme de grande expérience et respecté.

Celui-ci vint le voir pour lui qu'il souhaitait arrêter sa charge d'architecte royal. Il lui précisa qu'il avait formé de nombreux jeunes architectes qui sauraient prendre la relève. 


Le roi s'en désola, lui dit qu'il le regretterait et lui demanda un dernier service : construire une dernière résidence pour lui. L'architecte refusa, puis devant l'insistance du roi, finit par accepter.

L'architecte y mit au début tout son cœur, mais petit à petit, s'en désintéressa, le cœur n'y étant plu. Les entrepreneurs et les ouvriers en profitèrent pour tricher sur la qualité des matériaux et bâcler les finitions. L'architecte, peu présent, n'y vit que du feu.

Les travaux terminés, le roi vint inaugurer le nouveau petit palais. Il parcourut rapidement le bâtiment, s'extasia devant la qualité apparente et prit à part son architecte pour lui dire : "Ce palais est …pour toi ! C'est mon cadeau pour te témoigner ma reconnaissance".

L'architecte remercia le roi et dut vivre dans son palais. Très vite, les imperfections lui sautèrent aux yeux et il s'en désola. Quand il rencontrait le roi ou un de ses principaux ministres, il ne pouvait rien en dire. Il était maintenant condamné à vivre dans le bâtiment qu'il avait lui-même laissé construire.

Il en est de même de notre travail et de notre avenir. Nous les construisons progressivement au fil du temps, profitant parfois d'opportunités qui nous détournent de notre chemin, prenant des raccourcis, reportant au lendemain des décisions de fond… Un beau jour, nous réalisons que nous avons à vivre avec ce que nous avons bâti et que nous ne pouvons aller en arrière. Bien sûr, nous pouvons modifier son cours, mais au prix de quels efforts… »

Chaque jour, lorsque vous devez décider et agir, imaginez que ce que vous faites vous engage.

mardi 25 avril 2023

Voyager, mais pas trop




Montaigne a été un grand voyageur pour son époque. Il circula aussi bien en France qu’en Suisse, Allemagne ou Italie. Cela supposait 8 à 10 heures de cheval par jour. C’était pour lui un exercice propre à la réflexion, une méthode qui associait plaisir, mouvement, découverte et en même un temps disponible favorable à la méditation. Les techniques d’apprentissage par la gestuelle aujourd’hui ou les méthodes de pleine conscience en marchant ou courant utilisent les mêmes ressorts. 

 

Si Aristote pensait en marchant et en déambulant, Montaigne trouvait ses idées en chevauchant. En bref, un précurseur du « management by walking around »  où le manager circule parmi ses collaborateurs plutôt que de les attendre assis à son bureau. 

 

Cette approche relancée dans les années 70 et mis en lumière par Tom Peters et Robert Waterman facilite les échanges, la transmission de savoir et savoir-faire dans les deux sens et brise les « murs hiérarchiques ».  Depuis, le développement des modes projet et du télétravail l’ont remis un peu en question. 

 

Ces mouvements et ces échanges informels ont aussi leurs limites. Trop voyager, trop circuler, selon Montaigne, c’est aussi se montrer incapable de s’arrêter, se décider, se fixer. Nous pourrions transposer cette image dans nos réunions modernes : trop de réunions peuvent avoir des effets négatifs sur l’exécution. Nos entreprises sont pleines de « comité Théodule »  toujours prompts à produire un rapport, à émettre une recommandation ou à rédiger un livre blanc. 

 

Nous pourrions transposer cela sur le plan de l’apprentissage. Apprendre, c’est bien, mais encore faut-il avoir un but, une application, un besoin. Bien sûr, il y a l’importance à accorder à la réflexion et à l’ouverture d’esprit. Mais c’est le plus souvent l’application qui permet d’enraciner et de consolider nos savoirs.

 

Aussi, nous devons penser à nous fixer une vision, un but, un objectif et l’ancrer en nous avant de laisser notre esprit vagabonder et ensuite à chercher à l’appliquer. Évident ? oui mais de nombreux personnes apprennent sans savoir à quoi cela leur est utile. Il n’y a pas que les élèves du secondaire pour penser cela. Combien d’entre vous sont partis en formation sans savoir pourquoi ils y sont envoyés et le rapport avec leur activité ? 

 

Nous n’avons pas le loisir, comme Montaigne, de pouvoir laisser notre esprit flotter au gré de nos inspirations. Alors, ne voyageons pas trop, mais mieux. N’apprenons pas trop, mais mieux. Ne transmettons pas trop, mais mieux. 

 

Adapté librement d’un texte d’Antoine Compagnon, « Un été avec Montaigne », Éditions des Équateurs, 2013

jeudi 20 avril 2023

Etes-vous un coureur de fond ?



Un coureur de fond est quelqu’un qui se donne un objectif qui sait qu’il atteindra ou pas dans un délai assez long. Cela suppose une préparation mentale et le maintien de son effort dans la durée. 

 

Lorsque vous transmettez votre savoir et savoir-faire, que ce soit à un « nouveau », un collègue, un client ou un fournisseur, pratiquez-vous comme Haruki Murakimi, un auteur japonais qui tôt ou tard devrait recevoir le prix Nobel de Littérature ?

 

Murakami a deux passions dans la vie : écrire et courir. Comment concilier les deux ? Comment faire que l'une et l'autre se concilient ?


Pour l'auteur, cela fait partie d'une discipline de vie. Y consacrer un effort, brutaliser un peu son corps pour en tirer mieux, tout comme lorsqu'il écrit, il se donne un objectif de 4 à 5 heures par jour assis et concentré à sa table. 


Deux idées fortes : sauf pour les pros, la majorité des gens, dit  l'auteur, courent pour eux-mêmes, pour se challenger. C'est une motivation interne qui les poussent à cela. Or, les médias et les leaders nous poussent à des défis venant de l'externe. Les accepter, c'est déconnecter ses besoins de la réalité. Cela vaut pour la course comme pour la vie. 

Retenez-en que sauf pour quelques coureurs de prime, la course de fond est d’abord affaire de volonté personnelle. 


Le deuxième point qui m'a marqué, c'est son approche de la réussite. Elle tient en quatre points. D'abord le talent : avoir la compétence pour. Ensuite l'envie : aimer faire cela. Après vient la concentration : être capable d'un effort prolongé pour développer son talent. Et enfin la persévérance : tenir la distance les plus longtemps possible, parce c'est ce qui éduque le corps et l'esprit pour avancer. 
Ces points dont tout aussi valable pour l'écriture, la course ou tout autre activité privée, sociale ou professionnelle. 

La compétence en termes de savoir-faire, l’envie de transmettre, la concentration pour le faire et la persévérance dans le temps… Quel point devez-vous améliorer pour réussir ?  

samedi 25 mars 2023

Parlez moins, faites plus




Nos médias sont saturés de débats contradictoires à propos de tout et de rien.  Vos journées sont remplies d’échanges, sous forme de réunions ou d’entretiens informels. Tout cela a de l’utilité : échanger de l’information, partager des idées et prendre des décisions d’un commun accord. 

 

Oui, mais le plus souvent, les débats médiatiques sont sans fin et vos échanges avec vos collègues se traduisent par des décisions… imposées par le ou les plus forts. 

 

Dans son Tedx, Jimmy Mohammed, un médecin, nous explique que plein de biais (autorité, confirmation, négativité…) font que tous ces échanges ne font, le plus souvent, que nous conforter dans nos idées. 

 

Alors, se basant sur le principe des neurones miroirs, il nous suggère de nous arrêter de parler et d’avoir un ou des comportements exemplaires. Ce comportement peut être contagieux et inspirer notre entourage. 

 

Bien sûr, il y a des limites : certains peuvent en abuser, dans d’autres cas, il faut savoir mettre le holà, mais à l’exception de ces cas extrêmes, notre comportement agit indirectement sur les autres. 

 

Ne rien faire est différent de « faire rien ». Après tout, nous savons d’instinct que les comportements exemplaires peuvent avoir un impact sur nous. Nous modelons notre vie sur de très nombreux exemples de parents, professeurs, patrons, collègues… dont une attitude nous a marqué.   

 

Alors, lorsque vous transmettez du savoir, du savoir-faire ou du savoir-être, souvent le geste vaut mieux que la parole.

 

Vous commencez par quoi ?    

mardi 21 mars 2023

Une seule corde suffit parfois




Voici un texte d’André Sève qui m’a inspiré. 

« Un soir de concert, le célèbre violoniste Paganini (1782-1840) jouait avec tant de fougue qu’une corde se rompit, la plus fine, la chanterelle ; imperturbable, il continue de jouer. Une deuxième corde saute, puis une troisième. C’est presque la fin du morceau. Frénétiquement applaudi, Paganini termine en beauté avec l’unique corde restante, la grosse corde de sol.

En chemin dans la vie, une à une les cordes sautent. Mémoire capricieuse, levers difficiles, fatigue du soir. Combien de temps pourrons-nous jouer encore le concerto de la vie ?

Sans être un Paganini étincelant jusqu’au bout, on peut faire entendre des choses belles avec les cordes qui restent. Il faut les fréquenter en grande amitié plutôt que trop penser aux cordes disparues. »

Cette dernière corde, c’est aussi la plus grave, celle de la patience courageuse, de la sagesse. Ce n’est pas seulement au bout de la vie que les cordes sautent. Cela peut arriver à la fin d’un long projet, à un tournant de carrière, à un changement profond dans notre vie. 

C’est à partir de cette corde que nous pouvons finir notre partition et entamer un chemin de résilience. 

Pour ceux qui transmettent leur savoir, c’est aussi le moment où les sachants ont le sentiment d’avoir transmis beaucoup. Ils ne restent plus à leurs tutorés, à leur tour, découvrir le jeu avec une corde. Cela demande beaucoup de temps et de patience et cela ne se transmet pas. Cela s’acquiert par le travail et l’humilité. 

vendredi 10 mars 2023

Nous sommes tous des Carassius Auratus



Dans son livre « La physique des catastrophes » (Gallimard, 2007), Marisha Pessl imagine sa héroïne faisant un discours à l’occasion de son baccalauréat. Elle dit à ses condisciples :

 

« On n’accorde que peu d’importance au poisson rouge, le carassius auratus. Pourtant, celui-ci a une formidable leçon à nous enseigner. Vivre comme un poisson permet de supporter les évènements les plus difficiles.

 

Il s’adapte très vite à son environnement. Vous le mettez dans un petit bocal : il reste petit. Un grand ? Il grandit. Il peut vivre seul ou en groupe, en aquarium comme en bocal.

Vous pensez sûrement qu’il doit souffrir de n’avoir qu’une mémoire de trois secondes. Au contraire, c’est un don. Il ne souffre ni de ses faux pas, ni de ses erreurs. Et il redécouvre le monde avec émerveillement trente mille fois par jour ».

 

Qu’en retenir ?


Croyez en vos participants !

Donnez-leur de la liberté et de l’espace de pensée et ils vous étonneront : ils s’adaptent plus vite que vous ne le croyez à leur environnement.

Faites-les s’émerveiller : pas besoin d’être magicien. Ce sont eux les magiciens et si vous les impliquez, ils vous en feront la démonstration.

dimanche 5 mars 2023

Comment faites-vous face à un manque de concentration ?



Que vous soyez en train d’animer une réunion ou un atelier, vous avez sûrement ressenti le manque de concentration grandissant des apprenants.

Voici une caricature extraite d’un livre Nathan Hill, Les fantômes du vieux pays, Folio (2017). Le héros, Samuel, est professeur dans une université aux USA.

 

« En leur posant des questions, il espérait lancer une discussion. Mais rien. Aucune réaction. Les yeux vides. Rivés à leurs genoux ou à leur écran d’ordinateur. Comme toujours, Samuel est impuissant face aux ordinateurs. Il ne peut pas les éteindre.

 

Chaque salle de cours est équipée d’ordinateurs, il y en a un sur chaque table, l’université ne manque d’ailleurs jamais une occasion de s’en féliciter dans ses brochures : « un campus connecté ! Des étudiants en ligne avec le XXIème siècle !»

 

Aux yeux de Samuel, tout ce que l’école leur apprend, c’est à rester assis bien sagement derrière un ordinateur en faisant semblant de travailler. A feindre une concentration intense alors qu’ils sont, au choix, en train de consulter des résultats sportifs, leurs emails personnels, de regarder de vidéos ou juste de rêvasser. »

 

Ce texte écrit vers 2015 est à la fois actuel et passé.

 

Aujourd’hui, vous pourriez remplacer ordinateur par smartphone ou par un livre de gribouillis.

 

Comment sortir de ce phénomène ?

 

Trois suggestions :

1)     Leur faire utiliser leurs PC ou leurs smartphones pour effectuer des recherches sur le sujet et partager leurs résultats.

2)     Les faire travailler debout en sous-groupes autour de paperboards.

3)     Leur donner les réponses attendues sous une forme plus ou moins longue et leur demander d’écrire, en mini-groupes, un article ou de faire un interview, une mini-vidéo… pour résumer l’essentiel. 

 

Tout dépend du contexte. Ces trois suggestions ont le mérite de les sortir de leurs outils, de leur isolement et de leur passivité.

 

Et vous, comment procédez-vous ? Que suggérez-vous ?