vendredi 26 décembre 2014

Conte australien : Marakata !


En arrivant chez Hercule pour sa visite traditionnelle d’échange de vœux*, le Père Noël le trouve assis, avec un visage las. Hercule lui explique qu’il était difficile d’être joyeux dans un univers violent. « Que ce soit sur la route, dans mon quartier ou même dans mon entreprise, j’ai l’impression que les gens ont des trop plein d’agressivité à décharger en permanence. Vous n’auriez pas une solution, Père Noël, pour arrêter cela ? »

Le Père Noël sourit et dit : « Marakata ! ».

Sous le regard interrogateur d’Hercule, le Père Noël s’assoit tranquillement et commence à parler :  
« Chez les Aborigènes (Australie), lorsque des membres de deux tribus ont accumulé des griefs et doléances les uns contre les autres, ils pratiquent le « marakata ».

Passé le seuil de tolérance, l’une des deux tribus vient camper à proximité de l’autre. La première nuit, des membres de chaque tribu qui se connaissent bien se rencontrent. Puis le lendemain, un groupe d’hommes de chaque camp se fait face. Un des « assaillants » interpelle une personne en face et déverse sur lui toutes ses récriminations. Lorsqu’il est à bout de souffle, l’agressé prend la parole et lui répond  sans être interrompu. Puis vient le tour d’un deuxième « agresseur » qui s’adresse à quelqu’un d’autre et ainsi de suite.

Une fois les diatribes terminées vient le jet des lances. Le lanceur vise toujours quelqu’un en particulier en prenant soin de ne pas l’atteindre. Si par mégarde quelqu’un est blessé, tout s’arrête.
Après une nouvelle bordée de protestations des deux camps, la séance est levée.
Observez que les reproches sont toujours adressés à quelqu’un en particulier et pas au groupe. Cette méthode permet aussi d’éviter que trop de rancunes soient accumulées.  Enfin, il n’y a quasiment jamais de mort dans ces cérémonies.     

Alors, la prochaine fois que vous sentez la tension monter en vous et/ou chez les autres, pratiquez le marakata et cela va mieux se passer ».

Toute l’équipe de DALETT se joint à moi pour vous souhaiter plein de bonheur et de marakata en 2015

* Voir le dernier ou le premier texte de chaque année sur notre blog. Allusion à note héros, Hercule Martin, personnage emblématique de notre 1er livre.   

vendredi 19 décembre 2014

Conte japonais : le mariage du canard et du riz


Les fêtes en général, sont l’occasion de faire de bons repas. Alors, si vous mangez du canard et/ou du riz,  pensez que cela peut être l’occasion de contribuer à la beauté de notre planète.

Voici une histoire vraie, presque un conte de Noël qui se déroule au Japon.   

Au village de Fukuoka, le fermier japonais Takao Furuno passait de longues heures à entretenir ses rizières et à enlever laborieusement les mauvaises herbes qui l’envahissent. Un jour, il trouve par hasard un vieux livre qui raconte qu’autrefois les cultivateurs avaient coutume de faire patauger des canards dans les rizières. Pourquoi ? se demande-t-il.

Esprit curieux, il lâche des canards dans ses rizières et comprend vite : les canards se nourrissent des mauvaises herbes et des insectes parasites, mais ne touchent pas aux plants de riz. De plus, remuant le fond des rizières inondées, ils oxygènent l’eau. En guise de bonus, leurs déjections constituent un excellent engrais.    

Au printemps, donc,  il assèche ses terres, puis en avril il pratique un «faux semis» pour feinter les mauvaises herbes. Elles ont un cycle jumeau du riz, alors lorsqu’il inonde ainsi sa terre, elles commencent à pousser. Fin mai, il sème son riz. Le plant pousse très vite pour survivre, retrouver l’air, tandis que les mauvaises herbes, pourrissent en partie sous l’eau. Il attend quelques jours et lâche ses canetons, âgés de 15 à 20 jours. Ils vont grandir avec le riz, mangeant les herbes qui ont survécu, picorant les germes restés dans le sol.

Pourquoi le canard se concentre-t-il sur les indésirables en épargnant le riz ? Parce que ce dernier est chargé de silice. Ses feuilles deviennent rêches, coupantes, peu appétissantes. Le canard raffole au contraire des mauvaises herbes des rizières : la panisse, sorte de cresson qui recouvre les rizières d’une pellicule vert vif, très belle mais encombrante. Les canards picorent, piétinent ces nuisibles, et comme leur comportement social les pousse à se suivre en file indienne depuis leur jeunesse, ils voyagent entre les plants de riz sans trop les abîmer, se contentant de troubler l’eau, ce qui gêne un peu plus la germination des mauvaises herbes.

Non seulement, Takao se passe de produits chimiques, mais son rendement est supérieur à celui de ses voisins. Le pompon est qu’il vend en plus son riz « bio » 30% plus cher que ces derniers.
D’autres paysans en Asie ont repris ces méthodes qui aujourd’hui arrivent en Camargue*.
Qui aurait dit que le canard et le riz étaient faits pour s’entendre ?   


* source : Matthieu Ricard (Plaidoyer pour l’altruisme) & Libération (http://www.liberation.fr/vous/2014/11/14/)

vendredi 12 décembre 2014

Conte haïtien : l'homme au grand savoir et l'enfant


Nèg save, un homme au grand savoir, parcourait le pays, offrant trois sacs d'argent à celui qui lui poserait des énigmes qu'il n'arriverait pas à résoudre. Il tombe, un jour, sur un jeune garçon qui jouait devant la case de ses parents. 

- Papa n'est pas là, maman non plus, mais moi je peux te poser des énigmes, dit l'enfant. 
- Pas de problème, répond Nèg Save, mais où est donc ta mère ? 
- Maman est allée chercher ce qu'elle n'a pas semé. 
- Et ton père ? 
- Il est allé ouvrir un trou pour en boucher un autre, mais le trou reste béant. 
- As-tu un frère et où est-il ? 
- Mon père a envoyé mon frère à la chasse en lui recommandant d'abandonner tout le gibier qu'il trouvera ; tout ce qu'il ne trouvera pas, il le rapportera.


Nèg Sav n'en croyait pas ses oreilles et il en avait le bec cloué. Il remet les trois sacs d'argent à l'enfant qui, après les avoir mis à l'abri, lui propose de lui donner les réponses qu'il n'a pas su trouver. 
- Tu m'as demandé où était ma mère ? Elle est allée chercher ce qu'elle n'avait pas semé. Maman est une matrone qui aide les mères à mettre leur petit au monde mais qui n'est jamais présente lorsqu'elles les conçoivent. 
- Et ton père ? 
- Papa est allé ouvrir un trou pour en boucher un autre, mais le trou reste béant. Il a été emprunté des sous pour rembourser quelqu'un mais, en vérité, il est toujours endetté. 
- Ça c'est bien vrai. Dis-moi, ton frère ? 
- Mon frère avait beaucoup de chiques* aux pieds. Alors papa l'a envoyé à la rivière pour s'en débarrasser mais il a rapporté toutes celles qu'il n'avait pas vues. Voilà pourquoi je t'ai répondu qu'il avait envoyé mon frère à la chasse en lui recommandant d'abandonner tout le gibier qu'il trouvera ; tout ce qu'il ne trouvera pas, il le rapportera.
- Pour être fort, tu es fort en vérité, trois fois s'exclama Nèg Save en réalisant que l'enfant était peut-être bien, bien, bien plus fort que lui en matière d'énigmes.


Le soir, à leur retour, le père et la mère de l'enfant, en écoutant les exploits du jour et en découvrant les trois sacs d'argent furent convaincus que leur plus grand bonheur n'était pas tant de posséder trois sacs d'argent que d'avoir un fils plein d'esprit.

*les chiques sont des insectes parasitiques. Le frère de l'enfant va "chasser" (chercher) les chiques, il enlèvera ceux qu'il trouve, et il rapportera ceux qu'il n'a pas réussi à trouver.


http://www.conte-moi.net/contes/homme-au-grand-savoir-et-enfant

vendredi 5 décembre 2014

Legende italienne : la pizza

L'origine de la pizza remonte à 3000 ans, venant des anciens pains plats ou tartes préparées sur les pierres brûlantes. Le terme de pizza vient du mot latin “pinsa” qui est le participe passé du verbe latin “pinsere”, signifiant “étaler”.
Deux évènements ont joué dans l'introduction de la tomate et de la mozzarella en Italie. Après la chute de l'Empire Romain, l'invasion du sud de l'Italie par les Lombards conduit à l'introduction des troupeaux de buffle en Italie. Puis le lait de buffle a été utilisé par la population locale pour produire la “mozzarella”. L'importation des tomates venant d'Amérique du Sud (Pérou) et d'Europe était due à la découverte du nouveau monde (l'Amérique).
Durant le XVIII siècle, les pizzas étaient cuites au four (construit en briques ou en pierres volcaniques) et vendues dans les rues de Naples Durant le jour, les garçons marchaient dans les rues de Naples, vendant les pizzas cuites avec différents assaisonnements et ingrédients, à ceux qu'ils rencontraient dans la rue. Cela en criant en même temps afin d'attirer l'attention du plus de monde possible.
La première pizza « moderne » a été faite à Naples en 1780 par Pietro Colicchio. Il appela sa pizzeria « Pietro e basta Così ». Après plus de 200 ans, cette pizzeria existe encore, mais a été rebaptisée « Ancienne Pizzeria Brandi ». La succession de la pizzeria « Pietro e basta Così » fût prise par Enrico Brandi. En 1889, Raffaele Esposito (le mari de la fille d'Enrico Brandi), qui était considéré comme le meilleur pizzaïolo de son temps, était invité au palais royal de Capodimonte (à Naples), pour faire des pizzas pour le roi d'Italie, Umberto I of Savoia, et sa femme, la reine Margherita.

La reine apprécia et fut ravie du goût des pizzas au point de le remercier par écrit. Raffaele Espostio, en retour, remercia la reine en donnant son nom, Margherita , à une de ses pizza ‘ Pomodoro e Mozzarella '. La lettre de remerciement a été conservée par la pizzeria ‘Ancienne Pizzeria Brandi'.

La pizza vue par Alexandre Dumas

La pizza est une espèce de talmouse comme on en fait à Saint-Denis ; elle est de forme ronde et se pétrit de la même pâte que le pain. Elle est de différentes largeurs, selon le prix. Une pizza de deux liards suffit à un homme ; une pizza de deux sous doit rassasier une famille.
Au premier abord, la pizza semble un mets simple ; après examen, c’est un mets composé. La pizza est à l’huile, la pizza est au lard, la pizza est au saindoux, la pizza est au fromage, la pizza est aux tomates, la pizza est aux petits poissons ; c’est le thermomètre gastronomique du marché : elle hausse ou baisse de prix, selon le cours des ingrédients sus-désignés, selon l’abondance ou la disette de l’année. Quand la pizza aux poissons est à un demi-grain c’est que la pêche a été bonne ; quand la pizza à l’huile est à un grain, c’est que la récolte a été mauvaise.
Puis une chose influe encore sur le cours de la pizza, c’est son plus ou moins de fraîcheur ; on comprend qu’on ne peut plus vendre la pizza de la veille le même prix qu’on vend celle du jour ; il y a pour les petites bourses des pizze d’une semaine ; celles-là peuvent, sinon agréablement, du moins avantageusement, remplacer le biscuit de mer.



(Histoire de la pizza : http://www.food-info.net/fr
 texte d'Alexandre Dumas  trouvé sur l'Apps : "Un texte, un jour")