vendredi 25 avril 2008

La constitution d'un groupe


Partant dans quelques jours, j'ai été au centre de vaccinations d'Air France, près des Invalides. Arrivé en début d'après-midi, il y avait déjà beaucoup de monde (ouverture de 9 à 17 heures), installé confortablement dans une grande salle climatisée. Un accueil aimable, remise d'un numéro et annonce que j'aurais à attendre "une grosse heure" (j'ai attendu 2h30). Je me trouve une place, m'installe et sort des documents à lire (j'avais prévu !). Je ne connais personne, mais comme tout le monde j'observe en l'air (pour surveiller le tableau d'appel es numéros) et autour de moi. Des gens de tous les âges, originaires de nombreux continents sont installés et vaquent à leurs occupations : bavardage, lecture, téléphone… 1er stade du groupe : il n'existe pas, un conglomérat de personnes diverses qui n'ont rien de commun, si ce n'est, ici de venir se faire piquer. Les numéros avancent lentement. Je suis arrivé, le "83" était affiché, au bout d'une demi-heure, nous en sommes au 90 et j'ai le 143 ! Mais, bon, comme ils continuent à accueillir les gens, je me dis que cela va s'accélérer. Pas le style de maison à travailler jusqu'à deux heures du matin.
Et puis, tout doucement, le groupe se constitue, en partant des milles et petit rien qui font la vie quotidienne. Ma voisine a le guide du Routard du Népal, mon voisin, en face explique à ses enfants qu'ils vont être vaccinés contre la fièvre jaune, ceux qui vont au toilette ou cherche un café demandent aux autres de surveiller leurs affaires. Le premier stade est franchi, le groupe, c'est le "U" dans lequel je suis installé.
La deuxième étape commence : contre les autres. Notre groupe réagit aux bruits divers et variés (conversation, téléphone, enfants qui chahutent) en provenance des autres "U" et tout le monde se regarde d'un air de se dire "on est quand même mieux ici".
Cela permet le passage à la troisième étape : des sous-groupes conviviaux se constituent au sein du groupe. Cela fait maintenant 1h30 que j'attends. Un ou deux appelés dans mon groupe salués par les "Anciens" : "bravo ! Vous l'avez mérité au bout de trois heures d'attente!". Et puis soudain le mouvement s'accélère (pas chez Air France) et de plus en plus de gens partent dans mon "U" remplacés par des nouveaux qui vont à leur tour passer la cérémonie d'initiation d'entrée au groupe.
Arrive la quatrième étape (pour moi) avec les départs des derniers "connus" du groupe, puis c'est mon tour, pas fâché de bouger un peu. Je vois que les "nouveaux" se rassemblent petit à petit et la vie continue.
Curieux, on peut vivre longtemps sans connaître son voisin de palier. Ici, dans un lieu impersonnel, vous en apprenez plus sur les gens qui vous entourent qu'en quelques années dans un immeuble. Peut-être faudrait-il obliger les gens à changer de logement plus souvent pour favoriser la communication.
Et vous ? Avez-vous élargi votre cercle de connaissances cette dernière année ?

samedi 19 avril 2008

Dur, dur d'être un bon citoyen


L'autre jour, j'entends à la radio un écrivain présentant son livre. Il explique avec forces arguments et convictions que les démocraties deviennent fragiles parce que nous devenons trop individualistes, égoïstes et que nous oublions l'intérêt général. Un peu ébranlé par ses arguments qui ne font que se rajouter au trop plein médiatique sur le sujet, je me demande comment agir quand, quelques heures plus tard, je tombe sur une affiche co-signée CENECEFE-REHATEPE sur les sept consignes à respecter en toutes circonstances.

"Que voilà une bonne chose" me dis-je, "je vais mettre à l'œuvre mes bonnes résolutions".

Etape 1 : "étiqueter tous ses bagages". Pas de difficultés : je mets une étiquette sur mon sac, mon portefeuille, ma veste… Ma femme refuse, toutefois, mettre une étiquette sur son sac à main.

Etape 2 : "ne pas se séparer de ses effets personnels". Cela me vaut, dans le métro et le train, des remarques acerbes de mes voisins. C'est vrai qu'une valise sur les genoux, cela ne facilite guère le passage, voire le confort des personnes assises. Le comble, c'est que les contrôleurs (pardon, les agents commerciaux) leur donnent raison et veulent que je mette mes bagages dans le rack au bout du couloir.

Etape 3 : "regarder sous son siège". Action : systématiquement, je me mets à quatre pattes pour tout vérifier. Les gens me regardent bizarrement. Ils n'étaient dans le RER à Port Royal quand le sac piégé a sauté (moi non plus d'ailleurs !)

Etape 4 : "si vous repérez quelque chose, parlez en à votre voisin". Après avoir regardé sous les sièges, je demande à chacun si les affaires près de lui sont les siennes. Les gens s'étonnent et je reçois moult quolibets : "je ne vous ai rien demandé !", "voulez-vous l'acheter ?", "Et ta sœur…" D'autres prennent cela pour un jeu : "Ah, c'est pour la caméra cachée, bien je vais passer le message" et tout le wagon joue au téléphone arabe…avant de me demander quand passe l'émission.

Etape 5 : "en cas de doute, contactez les agents présents (contrôleurs, conducteurs, agents d'accueil…)". L'intention est louable, mais il y a deux bémols. Le premier est que les agents ne sont guère présents, sauf quand il n'y a rien à signaler. Le deuxième est que ceux que j'ai pu interpeller avaient sûrement été oubliés au niveau de l'information en interne. Cela m'attire, en effet, des remarques du style : "Voyez mon collègue au guichet", "Appelez tel numéro", "Bon, merci, au suivant"…

Etape 6 : "suivez les consignes, les agents sont formés pour votre sécurité". Je me suis trouvé plusieurs fois bloqué dans le RER A, soit sur le quai, soit dans un wagon. A chaque fois, la consigne transmise était : "attendre", puis plus aucune information. Effectivement, tous ceux que j'ai entendus avaient suivi la même formation : "attendez ou prenez un autre moyen de transport !"

Etape 7 : "facilitez les opérations de contrôle". Je me promène depuis avec ma carte orange et ma carte d'identité. Je n'ai pas de chance parce que le hasard fait que je ne suis pas contrôlé. Des fois, ce sont les jeunes, d'autres fois les gens de couleurs, d'autres fois encore les jolies filles…Patience, mon tour viendra, me dis-je.

mercredi 16 avril 2008

Que pensez-vous du nettoyage à sec ?


Docteur, aidez moi ! Voilà, je ne supporte plus l'eau, l'eau sous toutes ses formes : liquide, solide, vapeur d'eau…
Aussi loin que je puisse me rappeler, je me souviens de mes grands-mères et de ma mère jeter de l'eau derrière des parents qui partent en voyage ou quelque part pour la première fois. J'ai le souvenir de rues nettoyées de la sorte parce que tout le voisinage le faisait. Certains matins, j'avais l'impression que le cantonnier venait juste de laver la rue, tant il y avait d'eau.

Plus tard, ce fut mon tour quand je partis à l'école pour la première fois, quand j'entrai au lycée, puis lors de mes départs en vacances. Tant que je vivais de l'autre côté de la Méditerranée, cela ne me faisait rien. C'était l'usage, la coutume, l'habitude, la normalité.

Les choses ont changé à mon arrivée, ici. Les voisins nous regardaient de travers, les copains à l'école rigolaient quand ma mère jetait un verre d'eau derrière le car des colonies ou du sport. J'ai pris conscience que ce n'était pas l'usage de tout le monde. Mais bon, je mettais cela sur le compte de mon adaptation à ce pays froid.

Cela a pris une autre ampleur quand j'ai commencé à travailler et pris l'avion. Ma femme (que ma mère avait contaminé) se mit à jeter de l'eau devant la porte de l'enregistrement. Imaginez l'effet actuellement en pleine période de craintes des explosifs…liquides. Dernièrement, nous avons été traînés au poste, l'aérogare évacuée et le précieux liquide expertisé. Moralité : nous avons écopé d'une forte amende et maintenant je suis fiché. Dès que j'enregistre, je sais que je serai fouillé un peu plus tard des pieds à la tête (ma femme n'ose plus entrer à l'aéroport).

De toute façon, je suis devenu malade. J'ai l'impression que tout le monde me lance de l'eau. Le soir au bureau, quand la femme de ménage nettoie le carrelage de l'entrée, je le prends comme une invitation à partir. La semaine dernière, j'ai éprouvé une sensation d'angoisse en roulant derrière un camion lessiveur de la ville. Rien que de voir l'eau s'écouler ainsi, j'étais mal.

Cela va même plus loin ! Je ne supporte plus de voir quelqu'un avec un verre d'eau dans une main. Même en en société, avec des amis et des collègues, dès que quelqu'un prend un verre d'eau dans la main, je le prends pour moi. Cela ne fait qu'ajouter à mon désarroi. La dernière fois, me voyant devenir tout pâle et tourner de l'œil, une collègue bien attentionnée m'a vite offert…un verre d'eau.

En été, c'est pire, je suis stressé par les arrosages de jardin. Vous marchez dans la rue tranquillement, quand soudain un arrosage automatique se met en marche…Je ne sais pas pourquoi je le prends pour moi. De même, à la maison, dès que quelqu'un ouvre le robinet, j'entends mentalement "bon voyage".

Imaginez, docteur, que je ne supporte plus que le linge nettoyé à sec. Alors que faire ?

"Remettez-vous" lui répondit le docteur, "vous avez de plus en plus de mal à parler et à respirer. Voulez-vous un verre d'eau ?".

samedi 12 avril 2008

Regardez-vous dans mes yeux…


Je suis moi et vous êtes vous. Vous ne serez pleinement vous que si vous me regardez. Pourquoi ? Parce que nous n'existons que par le regard de l'autre. Il nous renvoie notre image par ses yeux, ses gestes, ses attitudes…Bien sûr, vous pouvez avoir l'image que vous voulez de vous. C'est quand même le regard qu'il vous renvoie qui vous dit qui vous êtes...aux yeux des autres. D'ailleurs, nous le voyons au quotidien. Lorsque nous quittons des liens sociaux (conjoint, famille, amis, collègues, concitoyens…) en pensant que ce sont les autres qui sont en cause, nous nous retrouvons souvent dans le même rapport aux autres et les mêmes situations. Ainsi les divorcés revivent souvent avec le même style de personnes.

Alors, regardez-vous dans ces yeux. Bien sûr, ce n'est pas mon regard, ce n'est pas votre regard, mais ce sont des yeux. Ce sont des yeux qui ont beaucoup vécu, qui ont vu des joies, des pleurs, des choses magnifiques, des horreurs, peut-être plus que vous n'en verrez dans toute votre vie. Ce sont des yeux qui en savent plus long sur vous-même, sur la vie en général que nombre de "psymachins". Ce sont des yeux qui vous interpellent, qui vous interrogent : "où étiez-vous quand il y a eu des horreurs dans mon pays ? Saviez-vous ou ne vouliez-vous pas savoir ? Avez-vous agi ou avez-vous délégué cela à d'autres bons samaritains qui, à leur tour, ont délégué…?

Et maintenant, comment vous sentez-vous ? Etes-vous content de vous ? Est-ce que je vous amuse, vous fait peur ou simplement vous dérange ?

Et moi, que vois-je ? Je vois du monde, du bruit, des gens heureux ou malheureux, des gens bien nourris ou non, je vois de tout. Je vois aussi de l'enthousiasme, de l'égoïsme, de la mobilisation, de l'indifférence. Vous dites que le monde réglera ces problèmes, vous dites peut-être que le monde est mauvais et que cela se reproduira.

Et si cela vous arrivait ? Si demain des émeutes, des atrocités, des ravages se produisaient chez vous, vous appelleriez sûrement à l'aide, au secours. Vous vous lamenteriez sur l'ingratitude des autres qui vous ont oublié. Alors, regardez-moi : vous voyez dans mes yeux le regard que vous aurez alors. Je ne vous le souhaite pas. Alors ne l'oubliez pas !
Par cette nouvelle, DALETTRES soutient l'action de http://www.womenareheroes.be/

mardi 8 avril 2008

Cher monsieur Orange,


J'ai bien reçu votre publicité concernant la clef 3G et vous en remercie. L'offre est alléchante, l'utilisation intéressante, mais malheureusement je suis au regret de devoir décliner votre offre.

J'ai, en effet, regardé de près l'affiche 4x3 exposé dans les stations de RER et fait quelques observations :

La clef mesure environ 1,70 m. Même si vous proposez une housse de transport, la dimension peut être gênante dans les transports, voire même en voiture. Il me faudrait, en plus, revoir mes valises et sacs, aucun d'entre eux ne pouvant accueillir un tel objet. Dans un esprit constructif, je vous propose quelques solutions :
. Une clef en kit modulable et démontable
. Une housse adaptée avec des poignées
. Des poignées incorporées pour faciliter l'accrochage sur les barres des voitures
. ….

A vue d'œil, vu l'attitude des deux porteurs, cette clef semble peser une vingtaine de kilos. J'ai téléphoné à l'Aéroport de Paris qui m'a confirmé qu'elle doit voyager en bagages. Avec la limite actuelle de franchise à 20 kgs, je devrais porter systématiquement une surcharge. Seules les limites pour les USA (38 kgs) m'en dispensent. Enfin, façon de parler, il ne me reste que peu de poids disponible pour les effets personnels. De plus, la 3G n'étant pas très courante aux USA, cela en limite l'intérêt. De toutes façons, vu mon mal de dos, le poids est encore trop élevé pour moi. Avons-nous un avantage particulier si nous présentons un certificat médical ?
A ce sujet, voici quelques suggestions :
. Une clef sur roulette
. Une clef en fibre de carbone
. Un chariot électrique
. ...

Enfin, même si tous ces (petits) problèmes sont résolus, il reste encore celui de l'embout. Il mesure environ 20 cm contre un cm pour l'embout des clefs USB actuels. Soit vous fournissez un adaptateur (poids et taille ?), soit il y a des ordinateurs spécifiques. J'ai appelé Asus, Acer, Dell, HP… sans succès. Peut-être s'agit-il d'une autre marque ? Pouvez-vous me préciser laquelle ? Merci par avance.

Dans l'attente de votre réponse, monsieur Orange, veuillez agréer mes cordiales salutations.

PS : ma fille me demande si "les beaux gosses" sont fournis avec.

samedi 5 avril 2008

J'ai toujours rêvé d'être une capitaine au long cours


Toute petite déjà, j'adorais me promener au bord de la mer en rêvant de grands voyages au-delà de l'horizon. Bien sûr, mes frères et mes sœurs ne pouvaient comprendre cela. Mes parents encore moins. Pour ma mère, l'important était que je sache tenir une maison et fasse la cuisine. Avec cela, je pourrai épouser quelqu'un de bien, c'est-à-dire avec une bonne situation, qui ira travailler et me permettra d'attendre tranquillement à la maison. En tout cas, pas un de ces voyageurs au long cours (sur mer ou sur les routes) jamais là et au sort incertain.

Moi, pendant ce temps là, tout en faisant le couscous et les boulettes, je m'évadais mentalement. Je regardais la télévision et je lisais tout ce qui me tombait sous la main. Je me mettais dans la peau des personnages. Bien sûr, les capitaines sont le plus souvent des hommes. Je changeais alors l'histoire. Je dirigeais les opérations, même si je gardais mon homme avec moi sur le bateau. En fait, j'étais avant l'heure une révolutionnaire féminine.
Cela a laissé des traces aujourd'hui : j'anime des sessions à l'assertivité au féminin; Je devrais les proposer à l'Ecole de la Marine Marchande.

Revenons à mes rêves. Avez-vous vu la mer de Sousse (Tunisie) ? Une mer bleue, un sable blanc et fin et de nombreux bateaux de pêches. Un horizon dégagé (pas d'iles en vue) et peu de gros bateaux (à l'époque). Alors, dans ce décor, je vivais mentalement en mer en me nourrissant de poissons.

Après la vie m'a rattrapé. J'ai quitté mon bord de mer pour le ciel gris de Paris, les vents chauds pour les gaz carboniques. Je me suis mariée (pas à un marin) et, à mon grand regret, aucun de mes enfants n'a de penchant pour la mer ! Je les ai bien encouragés à faire des stages de voile. Non, ce sont des urbains ou des montagnards. Des regrets, mais pas de remords. Sans avoir été une capitaine d'industrie, j'ai monté et dirigé des associations et des affaires; j'ai développé mes talent comme capitaine d'eau douce (il y a bien des marins d'eau douce). Bref, j'entretiens mes talents et les extériorise au maximum.

/Remarquez, ce n'est pas plus mal. Aujourd'hui, à part les vaisseaux de guerre, les bateaux les plus courants sont les supertankers et les porte-containers. De grands bateaux tristes, avec peu d'équipage, et fortement automatisés. Rien de bien passionnant. Mon rêve, c'était plutôt les galions avec leurs grandes voiles et les ponts grouillant de vie. J'ai vraiment compris cela il y a quelques années, en allant à Rouen à une réunion de grands voiliers. C'est un souvenir impérissable. J'ai peut-être du être dans la marine dans le passé, vu le sentiment que j'ai alors éprouvé.

En tout cas, cela n'est plus le cas maintenant, parce que j'ai aussi découvert, à cette occasion, que je préfère le plancher des vaches au roulis permanent. Nul n'est parfait !

jeudi 3 avril 2008

Je préfère les petits enfants



Cette semaine, c'est l'enfer. C'est le grand salon des grands enfants. Toute l'année, il rêve de cela. Et encore ! S'il ne faisait qu'en rêver ! Non, il agit, se prépare, passe de longues heures enfermés ou avec ses copains, tous aussi fanatiques que lui. Et puis, il y a les répétitions. Les journées ou weekend à droite ou à gauche où il peut mettre en œuvre son savoir-faire.

Les petits enfants, eux, ils jouent plus ou moins bruyamment seuls ou entre eux. Ils varient dans leur goût au fil des saisons et des rencontres. Ils alternent jeux de société, sports et télévision (en attendant internet). Pour eux, vous existez. D'une part parce qu'ils attendent des câlins et des soins et d'autre part parce que si vous n'êtes pas là, ils vous réclament à haut cri. En tout cas, vous pouvez vivre en parallèle, faire ce que vous avez à faire ou ne pas faire, tout en étant discrètement en contact avec eux.

Avec les grands enfants, c'est une autre affaire. Ils ont leurs passions, leurs marottes et vous êtes à la périphérie. Votre rôle est utile et serviable, mais peu valorisé. Vous existez à certaines heures, mais vous êtes taillable et corvéable à toutes heures. C'est l'existence dans l'ombre. Très valorisant !

Nous voilà donc ce weekend au salon du modélisme au Bourget. Imaginez un gigantesque hangar au milieu d'une zone aéroportuaire; Si Le Bourget, au nord de Paris, n'est plus un aéroport d'escale, il reste actif pour les avions de tourisme. Bref, arrivée là, vous êtes bloqués sans autre espoir que de prendre des bus ou un lointain RER pour arriver dans des zones plus hospitalières. La galère !

Dans ce hangar, une multitude de grands enfants, de 30 à 70 ans qui traînent leurs passions avec eux et accessoirement leurs enfants par la main (il faut justifier sa venue). Leur objectif : retrouver leur enfance et tout ce qu'ils (n') ont (pas) eu : avions télécommandés, trains miniatures, maquettes, voitures, bateaux…. Ici, des dizaines de stands proposent du rêve en tous genres. De vastes espaces sont réservés à des démonstrations qui de bateaux avec des sous-marins qui lancent des torpilles fonctionnelles (sic), des camions qui volent et accessoirement roulent et des bolides plus fous et rapides les uns que les autres.

Quelques femmes aussi qui accompagnent leurs maris de peur qu'ils ne perdent (ou oublient) les enfants dans ce gigantesque zoo pour adultes; Bien sûr, il y en a aussi des passionnées, tout est possible. Moi, pour ma part, je n'en fais pas partie. Pire, je suis du mauvais côté de la barrière : en cage. Oui, j'ai bien dit en cage; Non pas déambulant avec le public, attendant tranquillement le moment de partir, mais derrière des barreaux du matin jusqu'au soir.

Mon mari, compagnon, ami… vit ici le rêve de sa vie faire circuler son bolide sur un vaste circuit. Au début, je croyais qu'il suffisait d'arriver avec sa voiture télécommandée, de la poser sur la piste, puis de lui faire faire quelques tours et après, à nous la belle vie ! Que nenni ! Il passe sont temps à la préparer, la réparer, l'entretenir; Une à deux heures de travail pour cinq minutes de piste. Et le soir ? Moi qui espérais, venant de province, profiter un peu de Paris et de ses spectacles, j'ai été déçue. Même au restaurant, il est encore dans son trip, préparant sa course du lendemain.

Alors, vous me voyez sur la photo ci-dessus : enfermée dans ma cage à circuit, je lis, avec autour de moi des centaines de grands enfants agglutinées aux grilles. Je m'en moque. Au bout d'un moment, je n'entends plus rien et moi aussi je suis plongée dans mon monde. A chacun son plaisir ! Le temps passe plus vite. Au fait qu'est-ce que je lis ? Jules Verne : "Le tour du monde en quatre-vingt jours", "vingt mille lieux sous les mers", … Au moins, cet auteur qui a imaginé des voyages vers la lune ou au bout du monde n'a guère imaginé les voitures; Toujours cela de gagné.