vendredi 30 janvier 2009

Je deviens un artiste complet


Tout petit, je me collais très fort contre les vitres pour regarder dehors. Ma mère me prévenait sans cesse : "tu vas avoir un visage tout plat". Comme tous les enfants, j'en riais et par jeu, je posais encore plus souvent mon visage sur les carreaux. Un jour, un de mes oncles a pris mon nez avec deux doigts, l'a mis dans sa poche et a oublié de me le remettre. Quand je m'en suis aperçu, c'était trop tard : il l'avait perdu. Mon visage est devenu encore plus plat. Quand je m'en suis rendu, j'ai pleuré, tempêté, hurlé, mais rien n'y faisait. Mes parents m'ont trainé chez les plus grands médecins, ceux que l'on appelle "monsieur le Professeur" en baissant la tête. Ils m'ont ausculté, pris beaucoup d'argent à mes parents (il parait que plus ils sont chers, meilleurs ils sont) pour leur dire : "votre enfant est en bonne santé. C'est l'essentiel. Le reste relève de la chirurgie esthétique".

J'ai quitté l'école très jeune, parce que mes copains se moquaient trop de moi. J'étudiais par correspondance. De temps en temps je sortais emmitoufler. J'étais seul, sans amis. J'ai néanmoins fait de bonnes études en informatique et en graphisme. Puis j'ai cherché du travail. Moi qui aimais le monde et la foule, je ne pouvais entrer en contact avec les gens. Je trouvai alors du travail comme infographiste pour une société US (comme cela je n'avais pas besoin d'aller les voir). J'inventai même un personnage qui me ressemble. Ce fut un grand succès jusqu'au jour qu'un gars du show business avait monté un spectacle avec mon personnage. Je lui intentai un procès. Il vint me voir pour faire une transaction honnête : je suis la vedette de son spectacle et je gagnerai dix fois plus que par un procès. La somme était fabuleuse, le spectacle bien ficelé, une tournée internationale était prête. Je quittais sans regret mon ordinateur pour apprendre le chant, la danse…

A quelques jours du premier spectacle, deux policiers en imperméable mastic vinrent me chercher et m'emmenèrent aux Services Secrets : mon impresario avait été arrêté pour fraude fiscale et jeté en prison les policiers me proposèrent de fermer les yeux sur l'argent gagné en échange de quoi je travaillerai pour eux. Je ne pus qu'accepter. En ait, j'ai appris plus tard qu'ils avaient monté une machination pour me prendre chez eux. Me voici agent secret. Grâce à mon profil, je pouvais me cacher comme statue ou objet de décoration dans les lieux les plus variés. Je surveillais et écoutais des gens peu fréquentables et d'autres trop célèbres au goût de mes commanditaires. Ce fut une période agréable où je rencontrais plein de monde. Cela dura quelques années, puis je fus démasqué par espion ennemi déguisé en bébé domestique (vous savez, ceux avec une tête de bébé et un corps de chien.

Grillé sur ce terrain, je me reconvertissais dans l'écriture de romans policiers. Mes livres furent très vite des best seller (il faut dire que j'avais de la matière avec ce que j'avais vécu). Spielberg m'acheta même les droits de l'un d'entre eux. Toutefois, au bout de quelques livres, je pris en grippe ce travail qui m'obligeait à rester calfeutré dans mon appartement et devant mo ordinateur. Que faire ? Le hasard me servit : mon ancien imprésario, sorti depuis de prison m'offrit une statuette me représentant. Elle avait été faite à l'époque pour les besoins de la promotion du spectacle. Ce fut une révélation.

Je me mis en tête de devenir sculpteur. Comment apprendre ? Quel style adopter ? Je devins modèle pour différents artistes, une manière de comprendre ce milieu et de trouver mon propre style. Dans ce milieu, il y en a des bons et des mauvais, des honnêtes et des malhonnêtes, des vrais artistes et des charlatans. Finalement, la chance me sourit et je tombai sur une sculptrice qui me convenait. Surprise : c'était elle qui autrefois, avait conçu les bébés domestiques, ceux qui récupérés par des services secrets ennemis m'avaient démasqué. Elle n'y était pour rien (selon mes amis des bons services secrets qui n'y ont peut-être vu que du feu). Depuis, je travaille dans son atelier situé dans une petite rue discrète de Paname. Nous préparons ensemble une grande exposition. où ? Quand ? Sur quoi ? Mystère ! Vous en saurez bientôt plus. Alors patience ! Et après ? J'aimerai bien continuer, mais je pressens déjà que le tourbillon de la vie va me reprendre.
Pour faire quoi ? J'ai été infographiste, comédien, espion, écrivain, sculpteur… Qu'importe, je suis un artiste (presque) complet maintenant.

jeudi 22 janvier 2009

La crise des autres


Il y a un an, presque jour pour jour, j'avais observé les premiers signes de la crise : j'avais perdu 50% de ma valeur (http://dalettres.blogspot.com/2008/01/je-suis-sold.html). Cette année, je me rends compte à quel point la crise est bien là : j'ai perdu jusqu'à 70% de ma valeur (la photo en fait preuve). C'est grave, c'est dramatique, mais comment rebondir ? Si je me laisse aller, je vais rebondir à ma manière. Mais est-ce la bonne ? Finalement en 2008, j'ai rebondi…et un an plus tard, j'avais encore perdu plus de valeur. L'expérience faisant grandir (je cite le dicton), j'observe les autres et j'imagine comment ils vivent la crise.

Je prends un TGV. Mon voisin d'en face est déjà installé. C'est un grand "enrobé". Comme j'observe que nous allons avoir peu de place face-à-face pour nos grandes jambes, il m'houspille en me demandant de "virer" mon sac à dos d'où j'extrayais les papiers dont j'avais besoin. Son impatience se traduit à nouveau lorsque son voisin arrive. Il le somme de bien réfléchir s'il a pris ou rangé ce qu'il lui faut avant qu'il se lève pour le laisser passer. Voyant que ses flèches ne fonctionnaient guère, il dérange son voisin et collègue de l'autre côté de l'allée du wagon pour refaire le monde dans leur équipe. Ce dernier, plus préoccupé d'écouter une chanson ou une vidéo sur son ordinateur hésite à enlever totalement son casque audio. Pendant tout le voyage, il cherchera ainsi des exutoires : sur son téléphone portable, dans ses documents, avec le contrôleur. Ses actions ayant fait long feu, il s'en vengera en arrivant à destination et en faisant tomber lourdement plusieurs fois sa sacoche sur la tablette centrale. "J'existe" semble-t-il nous dire. Vaine tentative. La crise, pour lui, c'est la faute des autres. Je l'imagine à -80%.

Je fais un coaching. La personne m'explique qu'elle aime son travail, y consacre beaucoup de temps, obtient de bons résultats… et se fait prendre les avancements et les hausses de salaire par des collègues. Moralité : le travail ne paye pas. Elle travaille alors deux fois plus et évacue sa colère en faisant de la peinture sur soi chez elle. Si cette dernière activité lui fait du bien, elle constate malheureusement que sa colère ne fait que grandir et elle a peur d'exploser (ou d'imploser ?) Bref, la crise est en elle. Disons qu'il a 90% de sa valeur.

J'anime un groupe. Une des personnes aide beaucoup les autres au cours des diverses situations. Son aide est parfois poignante, car tous ne veulent pas nécessairement de son appui. Elle, de son côté, a du mal à accepter les refus. La crise, pour elle, c'est à cause des autres. Allez, elle a perdu un petit 60% de sa valeur.

Je suis au restaurant. Mon voisin de la table d'a côté a besoin de partager ses joies et ses tristesses. Pour lui confortablement installé avec son téléphone, c'est une occupation. Pour les clients à proximité, c'est un enfer, puisque cela pollue leur cercle d'intimité. Quelques remarques désobligeantes de plus en fermes l'obligent à choisir entre rester en silence ou bouger. La crise, c'est d'être invité à être en dehors des autres. C'est grave pour lui. C'est au moins une seconde démarque.

Et moi dans tout cela ? C'est peut-être une forme de remise en cause vis-à-vis des autres. Si j'en crois l'expérience de l'hiver dernier, cela durera cinq semaines (le temps officiel des soldes) avant l'arrivée de la prochaine vague (de soldes) à l'été prochain. Courage. J'en suis bientôt à la deuxième démarque. Finalement à -70% je tire mon épingle du jeu. La fin des soldes se rapproche.

dimanche 18 janvier 2009

Il n'y a plus d'heures


La RATP vient d'inventer une nouvelle approche : le tirage au sort du départ de trains. Comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessus, le train de 13h42 partira après celui de 17h34. Initiative intéressante. Il y aura toujours des esprits chagrins pour regretter le bon vieux temps où les heures se suivaient "normalement". Cette normalité est-elle toujours de mise aujourd'hui ?

Il n'y a plus d'heures dans la vie privée : il y eut pendant longtemps les heures du petit déjeuner, du déjeuner et du dîner. Aujourd'hui, les français mangent à toute heure et grignotent en continu. Il y eut l'heure des informations à la radio et à la télévision. Le succès des stations de radio et des chaines de télévision diffusant de l'information en continu révèle ce besoin d'instantanéité et de temps éclaté. Alors, pourquoi dans une telle société, les heures des trains devraient se suivre ?

Il n'y a plus d'heures dans les entreprises, un autre lieu de la vie sociale : ainsi, les réunions commencent-elles et finissent-elles à l'heure ? Heureusement (pour les retardataires) ou malheureusement (pour ceux qui sont à l'heure) la réunion de 14h-16h commence au mieux à 14h20 et se termine à 16h40 (au départ précipité du plus haut en grade). Il en est de même pour l'administratif : sous prétexte de modification de logiciels, le bon de commande qui officialise la formation de début novembre sera envoyé fin décembre ou en janvier. Bien entendu, le fournisseur doit s'assurer qu'il fera la formation tout en spécifiant au prestataire qu'il doit impérativement avoir le bon de commande pour débuter. Courteline n'est pas mort. Remarquez, cela a l'avantage de retarder le paiement au fournisseur, tout en respectant le délai légal de paiement au fournisseur 60 jours à réception de la facture.

Il n'y a plus d'heures dans les rencontres sociales. Depuis quelques siècles, avec nos montres, nous avons couru successivement après l'heure, les minutes, les secondes… Finalement, excédé avec ce temps précis et dictatorial, nous revenons doucement au temps approximatif du cadran solaire. Les Bretons avec leur cadran solaire au fronton de leur Parlement (cf. notre reportage http://dalettres.blogspot.com/2008/05/un-cadran-optimiste.html) nous montrent le chemin. Avec un cadran solaire, l'heure devient plus approximative, surtout lorsque le temps est nuageux…

Est-ce un mal s'il n'y a plus d'heures ? Vivre à l'heure (ou à la seconde) près, courir après le temps, essayer de faire plus dans le même temps, cela conduit à quoi ? A vivre de plus en plus mal dans le temps subi. Et le temps voulu ? Les italiens ont réintroduit le slow food, une série de restaurants volontaires où les clients volontaires prennent le temps de manger lentement et de mieux apprécier (voire de mieux digérer) leur repas.

Pouvons-nous avoir une partie de notre temps qui soit de temps voulu ? En fait, une petite partie de temps voulu nous change notre rapport au temps. 40% de notre temps est ingérable (urgences, imprévus, opportunités, contraintes…). 50% de notre temps est plus ou moins gérable (rendez-vous programmé, loisirs organisés, périodes de travail ou de repos…. Tout cela est du temps contraint ou réactif. Il vous reste toutefois 10% de temps (en moyenne) à votre disposition pour en faire ce que vous voulez. Souvent, il est utilisé pour rattraper le temps perdu ou gérer des urgences.

C'est peut-être parfois nécessaire, mais est-ce l'optimal ? Nous y reviendrons dans une autre prochaine chronique. En attendant, bonne chance à la loterie des RER !

mercredi 14 janvier 2009

Il n'y a plus rien à inventer

"il n'y a plus rien à inventer" se lamentait Fabien. A 30 ans, il se voyait un avenir sombre. "Tout a déjà été inventé. J'ai plein d'idées, ou plutôt j'ai eu plein d'idées, mais on me les a "volées". Quand j'étais en fac, j'avais imaginé et réalisé un site de partage entre copains…et puis Facebook est arrivé ! Quand j'ai commencé à travailler, j'ai commencé la rédaction d'un livre sur les emmerdeurs au bureau. J'avais presque terminé quand est paru "Sales, …" J'ai plein d'autres idées, mais dès que je les développe, je les trouve sous forme d'écrits, d'images, de film… J'aurais du naître 30 ans plus tôt. J'aurais eu du succès alors qu'aujourd'hui tout existe.

Chaque jour, au gré de ses tâches, de ses lectures ou des images qu'il parcoure, il répète sans cesse : "Cela existe ! Dire que j'y avais pensé ! J'arrive trop tard !" Il réfléchit à une situation et trouve la synthèse de ses idées quelques heures plus tard dans un article de journal. "A quoi cela sert de penser ? Quelqu'un l'a déjà fait avant moi". Il en parle à ses amis et à ses collègues. Beaucoup lui disent la même chose : "nous sommes une génération perdue. Tout est inventé. A nos ancêtres et parents la gloire, à nous l'exécution".

Ce lundi-là, en allant travailler, il n'est guère plus heureux que les autres jours. Il vient d'entendre à la radio que l'idée géniale qu'il a eu durant le week-end fait un "tabac" depuis quelques semaines. "Celle-là je l'ai ratée de peu !" Il en parle avec un de ses collègues qui lui dit avoir le même sentiment. Son collègue lui explique son propre projet et ce qu'il a trouvé de similaire sur le marché : "rien à faire de plus !". Fabien s'en étonne et lui propose dix pistes de réflexion pour améliorer ce qui existe ou faire différemment. Son collègue ne cesse de lui dire "Oui, mais…". "Il a de la chance" se dit Fabien, "il a un projet qui tient la route, mais pourquoi est-il aussi négatif : il ne cesse de réfuter toutes les idées qui lui sont soumises comme s'il ne voulait pas, dans le fond, faire son projet". A l'heure du déjeuner, une de ses collègues lui raconte qu'elle aimerait offrir un service sur internet pour les particuliers. Comme Fabien y prête attention, elle développe son idée. Fabien, conquis, s'emballe et l'incite à passer à l'acte. Toutefois, à chaque suggestion de sa part, elle ne fait que répondre : "oui, mais je n'ai pas d'argent; oui, mais je n'ai pas les moyens; oui, mais le risque est trop grand, …". "Dommage pour elle" se dit Fabien. L'après-midi, lors d'une réunion de travail au bureau, il se fait souffler la vedette par un collègue qui propose avant lui une idée qu'il avait en tête. "J'ai trop attendu pour la dire. J'aurai du le faire dès que je l'ai eu. Tant pis pour moi" se dit-il en voyant son collègue chaudement félicité par tout le monde.

La fin de la journée est tout aussi grisâtre que d'habitude. Il voit des publicités pour des produits qu'il a imaginé, des articles de journaux qui développent ses propres réflexions, …
Rentré chez lui, tout en conversant tranquillement avec sa compagne, il imagine un nouveau type de jeu de société. Poussée par cette dernière à le breveter et à le proposer à des industriels, il lui répond tristement : "oui, mais cela existe sûrement; oui, mais personne n'en voudra; oui, mais…"

Il n'y a plus rien à inventer ! Oui, mais…

dimanche 11 janvier 2009

Chronique de Paris et du réchauffement climatique série 2


Paris, le 11 janvier 2049

Brrrrrrr, qu'il fait froid. Il fait 18°. Les journaux s'amusent à nous rapporter qu'il faisait -5° la nuit du 10 au 11 janvier 2009. La température du Pôle Nord ou presque. Cela ne devait pas être vivable à l'époque. Remarquez que 18° c'est mieux que 35° sur la Côte en hiver (voir http://dalettres.blogspot.com/2008/11/chronique-de-paris-et-du-rchauffement.html).

J'ai une bonne nouvelle : j'ai déménagé du 32ème arrondissement. J'habite maintenant rue Saint Honoré dans le 1er arrondissement (le grand bâtiment bleu au centre de la rue : mon logement est au 4ème). Avec la surpopulation en région parisienne, les logements sont maintenant octroyés par tirage au sort. Tous les deux ans, vous pouvez tenter votre chance à la loterie. Il y a deux ans, on m'a proposé le 45ème arrondissement, près de Compiègne (60 km du centre de Paris). Cela m'éloignait encore plus. Je suis resté là où j'étais et j'ai retenté ma chance en décembre dernier. Bingo ! Avec ma femme et mes trois enfants, nous disposons maintenant d'un 29,58 m² : c'est le Pérou ! C'est plus confortable que les bâtiments de pierre de chaque côté de la rue. Il y a tout le confort : climatisation, eau, électricité….et surtout nous ne sommes que trois par paliers.

Moi, je travaille surtout chez moi en télétravail avec mes collègues de Moscou et de Buenos Aires. Démodé et dépassé le fait d'aller à son bureau tous les jours. Les transports en commun et surtout la mondialisation totale ont réduit cela à sa plus juste expression. Ma femme, de son côté, travaille dans un jardin d'enfants dans le quartier. Ici, au centre de Paris, seuls les enfants des maternelles et primaires vont en classe tous les jours (enfin, quatre heures / jour). Au-delà, ce sont des classes virtuelles avec un regroupement autour d'un professeur une journée par semaine. Les professeurs apprécient (plus de chahut), les enfants aussi : pas de temps perdu, ils peuvent moduler leurs heures dans la journée. De toute façon, il fait trop chaud pour sortir, sauf les soirs. De toutes façons, avec les restrictions de circulation pour les piétons, c'est du temps de perdu.

Bonne nouvelle : la couche de pollution diminue en ce moment. Au rythme actuel, nous retrouverons en…2067 la qualité de l'air de 2009. Il paraît qu'ils s'en plaignaient à l'époque. Quelle exigence ! L'avantage de cette diminution de pollution, c'est que nous pouvons aller plus facilement embrasser nos parents qui habitent dans le 62ème arrondissement. En effet, les personnes à la retraite ont été mises au vert à la lisière de Paris (à 130 km du centre).

La belle vie !

lundi 5 janvier 2009

Soyez bons et l'année sera bonne !

Hercule Martin profite de ces quelques jours de repos de fin d'année pour revoir ses prévisions 2009 au calme. L'année s'annonce "brumeuse" : des projets, mais aussi beaucoup d'incertitudes. Quelles actions entreprendre ? Quels messages passer à ses équipes ? Tranquille dans son salon, il laisse sa pensée flotter. Tout d'un coup, il entend des petits coups. Cela ne vient pas de la porte d'entrée, mais…de la porte-fenêtre. Intrigué, il s'approche doucement de celle-ci, voit une ombre derrière la vitre et reconnait le Père Noël, une vieille connaissance (*) !

-"Père Noël ! Soyez le bienvenu, quel bon vent vous amène" lui dit-il en le faisant entrer.
-"Ah, monsieur Martin, je suis navré de vous déranger, mais j'ai besoin de trouver quelqu'un à qui parler. Voilà : je viens de vivre le Noël le plus difficile de ma carrière. Tout s'est bien terminé heureusement, mais je veux comprendre ce qui se passe. Comme je sais que vous savez écouter, je viens faire appel à votre sagesse". Le père Noël lui raconte alors ses aventures : l'exigence des clients est croissante, mais la crise économique fait que tous les bénévoles qui l'aidaient n'ont pas eu la capacité à répondre aux demandes malgré leur bonne volonté. En bref, les parents n'ont pas toujours pu offrir à leurs enfants ce qu'ils souhaitaient. Du coup, les enfants menacent d'aller vers Saint Nicolas, voir même d'écrire à Albus Dumbledore, un des héros d'Harry Potter. En plus, au lieu des lettres habituelles, il a reçu des mails, des vidéo-mails, des appels sur Skype, des messages sur Facebook, sans compter les SMS…écrits en langage texto. Les pauvres lutins ne savent plus où donner de la tête. Ah qu'il est loin le temps où distribuer des jouets en bois et des oranges suffisait au bonheur des enfants. Maintenant, avec l'écologie et la politique agricole commune, il ne pourrait plus. Le bouquet final : en rentrant tranquillement chez lui, à la fin de sa tournée, il a été arrêté à un contrôle de gendarmerie. Si l'alcootest s'est révélé négatif, il a pris une prune parce que son traineau n'était pas passé au contrôle technique. La totale !

Hercule sourit en l'écoutant. Lui et le Père Noël commencent alors à lister des solutions possibles : se recentrer, faire plus avec moins, jouer collectif, innover, gérer avec plus de cœur…en gros, sortir de la spirale négative, arrêter de chercher les causes et les problèmes pour se remettre à construire et à créer de l'espoir. Leur liste est longue de pleins de petits détails qui bout à bout donne un cadre d'actions. Regonflé, le Père Noël remercie chaleureusement Hercule avant de repartir et lui glisse "sans l'espérance, on ne trouve pas l'inespéré".

Hercule le regarde s'éloigner sur cet entretien quand soudain quelque chose le heurte…et le réveille. C'est sa fille qui lui apporte le journal. Sans prêter attention à ses propos, il l'ouvre machinalement. Ce qu'il lit le réveille complètement : l'industrie automobile progresse, le CAC 40 monte, le moral des industriels est en croissance… Il est brutalement sorti de son extase par sa fille qui lui redemande : "alors, qu'est-ce que j'en fais ?" et, devant le regard étonné d'Hercule, ajoute : "de ce journal vieux de deux ans que je viens de retrouver ?".

Hercule regarde la date et, philosophe, jette le journal. "Retour à la réalité !" se dit-il, "mais au moins mon entretien avec le Père Noël m'a permis de savoir quoi dire à mes équipes".

* http://www.herculemartinmanager.com/index.php/2007/01/04/53-les-lois-de-leconomie-scfc et http://www.herculemartinmanager.com/index.php/2008/01/03/158-le-stagiaire