vendredi 26 septembre 2014

Conte israélien : la juste mesure

Lorsque Noé, après le déluge, planta la vigne, Satan poussa des cris de joie.
"Cette plante-là, dit-il, est à moi. Certes, elle sera le meilleur des pourvoyeurs de mon royaume. Le tout est de trouver le bon engrais pour obtenir beaucoup de fruits."
Il s'approcha de Noé, occupé aux travaux de sa plantation.
Que fais-tu là ? lui dit-il
Tu le vois répondit Noé, je plante de la vigne.
Et pourquoi ?
C'est que le fruit de cet arbuste sera précieux. Il réjouira le coeur de l'homme.
S'il en est ainsi, dit Satan, occupons-nous ensemble à trouver un engrais convenable.

Satan alors apporta successivement une brebis, un lion, un tigre, un porc et enfin un singe. Il sacrifia tour à tour ces animaux, de façon que leur sang, pénétrant dans le sol et de là dans le suc de la vigne, se mêlât dans le raisin. L'astucieux Satan savait bien ce qu'il faisait.

Aujourd'hui encore les caractères des animaux qu'il a choisis se montrent dans les effets du vin. S'il boit un peu de vin, l'homme est doux comme la brebis. Boit-il une dose un peu plus forte, il devient courageux comme un lion. Quand il dépasse la juste mesure, le voilà féroce comme le tigre. Enfin s'il s'abandonne à la passion de boire, il ressemble au porc qui se vautre dans la fange et il devient aussi abject qu'un singe grimaçant.

D'après les Contes et légendes d'Israël de A. Weil. Ed. Nathan 

vendredi 19 septembre 2014

Conte suédois : leçons de vie


Il y avait une fois, il y a bien longtemps de cela, dans un petit village nordique, un atelier de charpentier. Un jour que le Maître était absent les outils se réunirent en grand conseil sur l’établi. Les conciliabules furent longs et animés, ils furent même véhéments. Il s’agissait d’exclure de la communauté des outils un certain nombre de membres.

L’un prit la parole : « Il nous faut, dit-il, exclure notre sœur la scie, car elle mord et elle grince des dents. Elle a le caractère le plus grincheux du monde. »

Un autre dit : « Nous ne pouvons conserver parmi nous notre frère le rabot qui a le caractère tranchant et qui épluche tout ce qu'il touche ». 

« Quant au frère marteau, dit un autre, je lui trouve le caractère assommant. Il est tapageur. Il cogne toujours et nous tape sur les nerfs. Excluons-le ». 

« Et les clous ? Peut-on vivre avec des gens qui ont le caractère aussi pointu ? Qu'ils s'en aillent! Et que la lime et la râpe s'en aillent aussi. A vivre avec elles, ce n'est que frottement perpétuel. Et qu'on chasse le papier de verre dont il semble que la raison d'être dans cet atelier soit de toujours froisser ! » 

Ainsi discouraient en grand tumulte les outils du charpentier. Tout le monde parlait à la fois. L'histoire ne dit pas si c'était le marteau qui accusait la scie et le rabot la lime, mais il est probable que c'était ainsi, car à la fin de la séance, tout le monde se trouvait exclu. 


La réunion bruyante prit fin subitement par l’entrée du charpentier dans l’atelier. On se tut lorsqu'on le vit s'approcher de l'établi. Il saisit une planche et la scia avec la scie qui grince. La rabota avec le frère rabot au ton tranchant qui épluche tout ce qu'il touche. Le frère ciseau qui blesse cruellement, notre sœur la râpe au langage rude, le frère papier de verre qui froisse, entrèrent successivement en action. Le charpentier prit alors nos frères les clous au caractère pointu et le marteau qui cogne et fait du tapage. Il se servit de tous ses outils au méchant caractère pour fabriquer un berceau. Pour accueillir l'enfant à naître. Pour accueillir la Vie.

samedi 13 septembre 2014

Conte tunisien : le hasard et la providence


Le seul survivant d'un naufrage a été emporté par les vagues sur une petite île déserte.
Seul, découragé, il prie tous les jours pour que quelqu'un vienne le sauver.
Mais l'horizon n'est qu'une ligne bleue, désespérément bleue...
Pour ne pas mourir de faim, l'homme chasse.
Pour se mettre à l'abri, il décide de construire une méchante hutte à l'aide de longues feuilles de bananiers séchées.

Après des semaines de travail assidu, son abri de fortune tient à peu près debout.
Fier de son ouvrage, il part à la chasse, mais à la mi-journée, un orage effroyable le surprend et il revient en courant vers sa hutte. Trop tard ! Elle a pris la foudre et le feu la consume...

A genoux sur la plage, l'homme hurle sa détresse : "Mon Dieu, comment peux-tu me faire ça ? Pourquoi me fais-tu ça ?».
Puis, anéanti par la fatigue et la colère, il s'endort sur le sable.

Très tôt, le lendemain matin, il est réveillé par un bruit sourd... un moteur... Il bondit sur ses jambes : un cargo approche de son île ! Ça y est,  il est sauvé ! Une fois sur le bateau, le capitaine lui rend visite dans sa cabine. Alors le naufragé lui demande :

- Comment saviez-vous que je me trouvais ici ? 

- Nous avons vu votre signal de fumée...

Source : http://www.marhba.com/forums/culture-et-histoire-tunisie-38/contes-et-legendes-tunisie-43973.html

vendredi 5 septembre 2014

Conte africain : qu'est-ce que le courage ?


Le Royaume de Sabou avait un puissant chef du nom de Moro. Non seulement Moro était puissant mais en plus il était détenteur su sceptre de, un bâton magique permettant de diriger la foudre. 

Un jour, Moro sentit la fin de sa vie arriver. Il fit venir ses enfants afin de leur parler : - Mes fils, écoutez-moi ! Je suis devenu faible, il faut que le plus courageux d’entre vous me remplace. Pour que je choisisse mon successeur, il faut que chacun me conte son œuvre la plus fantastique. 

Le premier de ses fils pris alors la parole : - Père, tu te souviens lorsque les envahisseurs ont attaqué notre Royaume. Moi seul les ai combattus et les ai mis en déroute avec pour seule arme mes mains alors qu’ils étaient fortement armés et nombreux. 

Le deuxième fils parla à son tour : - Père, tu te souviens lorsque les lions de la grande forêt ont attaqué notre peuple. Moi seul ai osé les combattre et les ai mis à mort avec comme seul arme mes poings. 

Ce fut alors au tour du troisième enfant de Moro : - Il est vrai que nous avons été attaqués par des envahisseurs et par des lions. Moi, je ne les ai pas combattus seul et ni avec mes mains. J’ai pris mes meilleures armes et appelé l’armée ce qui a permis de vaincre les lions et de repousser nos agresseurs. 

Le vieux chef, après l’audition de ses trois enfants réfléchit pendant longtemps et déduit que l’enfant le plus courageux était celui qui avait dit la vérité c’était à dire son troisième fils. Moro l’appela et lui dit : - Puisque tu as dit la vérité, tu es le plus courageux. Je te remets le sceptre de Viziok qui te permettra de diriger le royaume de Sabou une fois ma fin venue.

Ses deux autres enfants apprirent alors à leurs dépens que dire la vérité est souvent l’acte le plus courageux qui existe en ce monde.


Extrait de www.contesafricains.com