mercredi 30 octobre 2019

Le petit garçon à l'école


Helen Buckley (née en 1918) a consacré sa vie d’enseignante au Trinity Collège de Dublin (Irlande) à l’éducation des enfants. Elle nous montre dans ce texte comment l’éducation, avec de bonnes intentions, peut nous conditionner.   

Traduction de la légende de l’image : « Nous sommes tous des génies. Mais si nous jugeons un poisson selon sa capacité à grimper sur un arbre, toute sa vie il croira qu’il est idiot » (Albert Einstein)

Un jour, un petit garçon partit pour l’école.
C’était encore un bien petit garçon, et l’école était fort grande.
Mais quand le petit garçon
Découvrit qu’il pouvait arriver à sa classe
En entrant directement par la porte de la cour
Il se sentit content.
Et l’école n’avait déjà plus l’air
Tout à fait aussi grande.
Un matin 
Alors que le petit garçon était à l’école depuis un certain temps
La maîtresse dit :
“ Aujourd’hui nous allons faire un dessin ".
Il aimait faire des dessins
Il savait en faire de tout sorte :
Des lions et des tigres,
Des poules et des vaches,
Des trains et des bateaux.
Et il prit sa boite de crayons
Et commença à dessiner.
Mais la maîtresse dit : “ Attendez !
Ce n’est pas le moment de commencer ! ”
Et elle attendit jusqu’à ce que tout le monde ait l’air prêt.
“ Maintenant dit la maîtresse,
Nous allons faire des fleurs ”.
“ Chic ! ” pensa le petit garçon
Il aimait faire des fleurs,
Et il commença à en faire de magnifiques
Avec ses crayons rose et orange et bleu.
Mais la maîtresse dit : “ Attendez !
Je vais vous montrer comment faire ”.
Et elle en fit une rouge avec une tige verte
“ Voilà ” dit la maîtresse,
“ Maintenant vous pouvez commencer ”.
Le petit garçon regarda la fleur dessinée par la maîtresse
Puis il regarda ses fleurs à lui.
Il aimait mieux ses fleurs que celles de la maîtresse
Mais il ne le dit pas.
Il retourna simplement son papier
Et fit une fleur comme celle de la maîtresse.
Elle était rouge avec une tige verte.
Un autre jour
Le petit garçon avait ouvert
La porte d’entrée tout seul,
La maîtresse dit : “Nous allons faire quelque chose en modelage ”
“ Chouette ” pensa le petit garçon,
Il aimait le modelage.
Il savait faire toutes sorte de chose avec la terre :
Des serpents et des bonshommes de neige,
Des éléphants et des souris,
Des autos et des camions
Et il commença à pétrir et à malaxer
Sa boule de terre.
Mais la maîtresse dit :
“ Attendez, ce n’est pas moment de commencer ! ”
Et elle attendit que tout le monde ait l’air prêt.
“ Maintenant ” dit la maîtresse,
“ Nous allons faire un plat ”
“ Super !” pensa le petit garçon
Il aimait faire des plats
Et il commença à en faire
De toutes les formes, de toutes les grandeurs.
Mais la maîtresse dit : “ Attendez !
Je vais vous montrer comment faire ”.
Et elle montra à tout le monde comment faire
Un grand plat profond.
“ Voilà ” dit la maîtresse
“ Maintenant vous pouvez commencer ”
Le petit garçon regard le plat de la maîtresse
Puis il regarda les siens
Il aimait mieux les siens que ceux de la maîtresse
Mais il ne dit rien.
Il reroula seulement toute sa terre en une grosse boule.
Et fit un plat comme celui de la maîtresse.
C’était un plat profond.
Et bientôt
Il ne fit plus de choses de lui-même du tout.
Alors il arriva
Que le petit garçon et sa famille
Déménagèrent dans une autre maison,
Dans une autre ville,
Et le petit garçon
Dut aller dans une autre école.
Cette école était encore plus grande
Que l’autre
Et il n’y avait pas de porte
Pour aller directement de dehors dans sa classe.
Il devait monter, monter des grandes marches
Et marcher le long d’un grand corridor
Pour arriver à sa classe.
Et le premier jour
Qu’il était là,
La maîtresse dit :
“ Aujourd’hui, nous allons faire un dessin ”.
“ Gai ” pensa le petit garçon
Et il attendait que la maîtresse dise quoi faire
Mais la maîtresse ne dit rien
Elle se promena seulement autour de la classe.
Quand elle arriva près du petit garçon
Elle dit : “ Tu ne veux pas faire un dessin ? ”
“ Si ” dit le petit garçon. “ Qu’allons nous faire ? ”
“ Je ne sais pas avant que tu le fasses ” dit la maîtresse
“ Comment fais-je faire ce dessin ? ” demanda le petit garçon ?
“ Oh ! Vraiment comme tu veux ! ” dit la maîtresse.
“ Et n’importe quelle couleur ? ” demanda le petit garçon.
“ Si tout le monde faisait le même dessin,
Comment saurais-je qui a fait quoi,
Et lequel est à qui ? ”
“ Je ne sais pas ” dit le petit garçon.
... Et il commença à faire une fleur rouge
Avec une tige verte.
Helen E. Buckley (traduit de l’anglais)

jeudi 24 octobre 2019

Une raclée à Grand-Maman


Hans Rosling est un médecin suédois qui s’est battu toute sa vie pour redonner du sens aux chiffres et à savoir fonder son opinion sur les faits (très amusant et intéressant à lire). Dans son livre « Factfulness » (Flammarion, 2018), il raconte l’histoire suivante : 

Lors d’un cours à des étudiants, j’expliquais que les grandes compagnies pharmaceutiques faisaient pas ou peu de recherches sur les maladies qui affectent les pauvres. 
Un étudiant me dit « il faut leur casser la gueule ! ». 
Je lui répondis que c’était une idée et que j’allais justement prochainement dans une de ces compagnies. A qui devais-je donner une raclée ? 
L’étudiant me répondit : « au PDG ». 
Je lui demandai si ce serait suffisant pour lui faire changer l’orientation de ses recherches. 

Un autre étudiant cita alors le conseil d’administration.
Je répétai ma demande : « est-ce suffisant pour changer les priorités ? »

Un débat commença dans la salle et les étudiants, à une large majorité, dirent que ce n’était ni le patron ni le conseil d’administration qui était responsable, mais les actionnaires qui demandaient des résultats financiers. Si les responsables actuels changeaient de politique, les actionnaires les viraient et en choisiraient d’autres. 

Mais qui étaient les actionnaires ? Après avoir cité les riches, les étudiants parlèrent des investisseurs institutionnels (fonds de pension, institut de retraite...) qui cherchaient à la fois des entreprises stables avec un bon rendement pour pouvoir assurer les revenus (retraites) de leurs clients. 

Alors je conseillais aux étudiants d’aller visiter leurs grands-parents retraités et de leur donner une raclée, à cause du besoin avides qu’ils ont d’actions stables. 

Puis je leur demandais si leurs grands-parents leur avait donné récemment de l’argent (pour leurs vacances ou anniversaire...). Comme c’était le cas d’un grand nombre, je leur suggérais de rendre l’argent à leurs aïeux afin qu’ils le rendent aux Laboratoires pharmaceutiques pour que ceux-ci investissent autrement. Mais s’ils l’avaient déjà dépensé, je leur dis que c’est à eux-mêmes qu’ils devaient se donner un raclée puisqu’ils étaient responsables der la situation.     

jeudi 17 octobre 2019

Qui est la personne âgée assise en face de vous ?

Lorsque vous êtes dans la rue, au café, dans les transports, au travail, interrogez-vous sur celui (ou celle) qui est en face en vous.

Voici un très beau texte à ce sujet : 

Lorsque le vieil homme décéda dans l'aile gériatrique d'une maison de retraite d'une petite ville australienne, tout le monde considérait qu'il ne laissait rien de valeur derrière lui. En faisant la liste de ses maigres affaires, les infirmières découvrirent un poème. 
Que voyez-vous, infirmières ?  Que voyez-vous ?
À quoi pensez-vous lorsque vous me regardez ?
À un vieil homme grincheux pas très sage,
aux habitudes hésitantes et au regard perdu dans le lointain ?
Qui bave en mangeant et ne répond jamais aux questions.
Qui, lorsque vous criez "J'aimerais que vous fassiez un effort !"
Semble ne pas réagir du tout à toutes ces choses que vous faites.
Un homme qui perd toujours une chaussette ou une chaussure ?
Qui, en résistant parfois vous laisse faire ce que vous voulez,
pour le nourrir et le baigner et pour remplir ces longues journées ?
Est-ce que c'est à cela que vous pensez ?
Est-ce que c'est ce que vous voyez ?
Alors ouvrez les yeux, infirmières.
Car vous ne me voyez pas.
Je vais vous dire qui je suis
Alors que je suis assis ici, alors que je vous obéis, alors que je mange ce que vous me donnez.
Je suis un enfant de dix ans
J'ai un père, une mère, des frères et des sœurs qui tous s'aiment beaucoup.
Je suis un garçon de 16 ans vif et motivé, qui n'a qu'un espoir : rencontrer au plus vite celle qu'il aimera.
Je suis un futur marié de vingt ans au cœur palpitant.
Je peine à me souvenir des vœux que j'ai promis d'honorer.
Maintenant âgé de 25 ans, j'ai désormais des enfants,
qui ont besoin de mes conseils et d'un foyer heureux et sûr.
À 30 ans mes enfants grandissent vite,
unis comme les doigts d'une main par des liens qui devraient être durables.
À 40 ans, mes jeunes fils sont devenus grands et sont partis,
mais ma femme est toujours à mes côté pour voir que je ne leur en veux pas.
À 50 ans, à nouveau, des bébés jouent autour de moi,
À nouveau, il y a des enfants à la maison
Ma bien-aimée et moi.
Le pire n'est plus à venir, il est déjà là
Ma femme n'est plus.
Je me tourne vers le futur
Je tremble de peur.
Car tous mes enfants ont désormais leurs propres petits.
Et je pense au temps qui passe, et à tout l'amour que j'ai reçu.
Je suis désormais un vieillard, et la nature est particulièrement cruelle.
La vieillesse est une mauvaise blague, qui nous fait paraître stupide.
Le corps s'écroule
La grâce et la vigueur disparaissent.
Il ne reste plus qu'une pierre, là où autrefois j'avais un cœur.
Mais au fond de cette vieille carcasse, il reste un jeune homme, tapi dans l'ombre,
et de temps en temps mon cœur épuisé s'emballe
lorsque je me souviens de tous les moments joyeux
Je me souviens aussi des moments douloureux.
Et j'aime et je vis de nouveau ma vie.
Je repense à toutes ces années, bien trop peu nombreuses bien trop vite parties.
Et j'accepte ce triste état de fait
Rien ne dure éternellement.
Ouvrez donc les yeux
Ouvrez les yeux, et regardez bien.
Je ne suis pas un vieil homme grincheux .
Regardez de plus près et admirez MOI !!
Souvenez-vous de ce poème pour chercher l'âme d'enfant qui réside en toute personne âgée. Car un jour, nous serons tous une personne âgée.

jeudi 10 octobre 2019

L’ile de Californie

Oui, oui, vous ne rêvez pas : la Californie est (ou plutôt a été) une île ! C’est une erreur commise par les espagnols qui pensaient que la Californie était une grande île séparée du continent par la Mare Californica. Lors de sa découverte, aucun des explorateurs n’a pensé à faire le tour pour vérifier s’il s’agissait bel et bien d’une île !
Ainsi, pendant près de 200 ans, cette erreur cartographique s’est propagée ! C’est à Fortun Ximenez que l’on doit cette erreur commise en 1533. Le mutin s’est inspiré d’un célèbre roman espagnol qui parlait d’un lieu imaginaire baptisé l’île de la Californie. Quand il a déclaré avoir découvert cette fameuse île, il n’a pas eu le temps de se rétracter car il s’est fait assassiner par les indigènes !
Il faudra attendre jusqu’en 1776 pour démontrer cette énorme erreur. C’est Juan de Anza, un explorateur espagnol qui a décidé de marcher du Texas jusqu’à la Californie pour montrer au monde entier que finalement, la Californie était attachée au continent. 

mercredi 2 octobre 2019

L’or du doigt

Dans la Chine ancienne, un ermite un peu magicien vivait dans une montagne profonde. Un jour, un vieil ami lui rendit visite. Senrin, tout heureux de l'accueillir, lui offrit un dîner et un abri pour la nuit ; le lendemain matin, avant le départ de son ami, il voulut lui offrir un cadeau. Il prit une pierre et, avec son doigt, en fit un bloc d'or pur.
Son ami ne fut pas satisfait ; Senrin pointa alors son doigt sur un énorme roc qui lui aussi devint de l'or. L'ami ne sourit toujours pas.
« Que veux-tu donc ? » demanda Senrin.
L'ami lui répondit : « Coupe ce doigt, je le veux. »
Cet homme pensait que le doigt était la source de l'or.