jeudi 27 juillet 2017

Les tribulations d'une ligne droite

Une ligne droite bien tracée, qui en avait assez de se sentir droite, rêvait d'être un cercle. Elle se savait si droite, si insignifiante, pas drôle du tout, que, prête à prendre des risques, elle décida de quitter son espace et de chercher le moyen de réussir. 
Sur la plaine d'une feuille, elle rencontra une figure en équerre.
- Bonjour, ligne droite, lui dit la figure. 
- Bonjour, répondit-elle, surprise. Qui es-tu ? Tu as l'air différent.
- Je m'appelle angle. J'ai l'impression que nous devons être de la même famille. Où vas-tu ? 
- J'aimerais apprendre à être un cercle. Pourrais-tu me montrer comment faire ? 
- Un cercle, non, mais si tu veux, un angle. 
- Intéressant ! Qu'est-ce que je dois faire ? 
- C'est très facile. Tu n'as qu'à te plier en deux, comme ça. 
- Mais dis-moi, on est drôlement bien en angle ; c'est bien, plus drôle que d'être simplement une ligne droite.
- Et ça ne s'arrête pas là, dit l'angle plein d'enthousiasme. Si tu as 90 degrés, tu t'appelleras angle droit. Si tu en as plus, tu seras obtus. Si tu en as moins, tu seras un angle aigu. Tu vois comme c'est amusant ! 
- Oh oui! répondit la ligne droite, changeant le nombre de degrés pour former différents angles. 
Un jour, elle en eut assez d'être un angle obtus, un angle droit, un angle aigu, et elle décida de reprendre sa position initiale pour poursuivre sa route. L'angle lui conseilla d'aller voir son cousin le triangle, peut-être que lui... 
Le triangle était un personnage très amusant. La ligne droite le trouva en train de produire de la musique avec un petit bâton, dans un orchestre.
- Toi, tu dois être la ligne droite qui veut être un cercle ! L'angle m'a crié que tu allais venir. Si tu veux, je pourrais te montrer comment devenir un triangle, et même jouer dans un orchestre, mais en cercles, je ne m'y connais pas vraiment. Fascinée, la ligne droite l'écoutait, bougeant ses yeux en traits sans ciller. Le triangle vibrait d'enthousiasme et de vie.
- Si tu as appris à être un angle, tu dois savoir que moi, j'en ai trois.
Divise ta ligne en trois sections : la première et la deuxième en angle aigu et nous joignons la troisième à la première. Tu peux être un triangle isocèle si tes côtés sont plus longs que ta base ; un triangle équilatéral si les trois côtés sont égaux. La ligne droite suait à gros degrés pour suivre ces indications. 
- Très bien, dit le maître en applaudissant. Maintenant nous savons que tu peux être un vrai triangle.
Ceci satisfit la ligne droite pour un certain temps ; mais bientôt, elle décida qu'être un triangle ne lui suffisait pas. Le triangle lui suggéra alors d'aller rendre visite au carré. Elle trouva ce monsieur très occupé mais quand il eut fini de lire la lettre de recommandation, il accepta de l'aider.
- Si tu as pu te transformer en triangle, il n'y a pas de raison que tu ne puisses pas te changer en carré. Maintenant, tu te diviseras en quatre parties égales au lieu de trois. La première, tu la plies vers le haut ; la deuxième reste en bas ; voilà ! Maintenant, tu as un angle droit. La troisième encore vers le haut, en équerre. Maintenant, tu as deux angles droits ; et tu joins la quatrième partie à la première. Comme ça, tu as quatre angles droits de 90 degrés.
- Tu vois comme c'est facile ! Si tu étires l'angle d'en haut et l'angle d'en bas, tu peux te transformer en losange.
La ligne droite suivait docilement toutes les instructions de son maître le carré. Après avoir atteint son objectif, elle dit :
- Je te remercie, carré, pour toutes tes explications, mais tu sais ? Je voudrais être un cercle et je ne sais pas comment faire. 
- C'est moins difficile que tu ne le penses, répondit le carré. 
-Vraiment ? 
-Après avoir été angle, triangle et carré, tu es plus agile et plus souple. Je ne crois pas que ce sera un problème. Voyons, touche la tête avec les pieds... Mais non ! Qu'est-ce que je dis ! C'est du sérieux, la science, et il toussa. 
La ligne droite prit congé de lui. Ses yeux brillaient. Sur sa route, elle tomba sur une orange. Ce fut si subit que la ligne droite en perdit la parole d'émotion.
- Bonjour, dit l'orange. Qu'est-ce qui t'arrive ?
La ligne droite cligna des yeux, se sentant découverte.
- Tu es belle.
(touche la tête avec les pieds... se rappelait-elle)
- Merci, répondit l'orange d'un petit air de fleur d'oranger. 
- Je t'ai tant cherché et maintenant que je t'ai trouvé... 
- Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? demanda l'orange, piquant un fard orangé. 
- Je... je ne sais pas comment le dire, balbutia la ligne droite, morte de honte. 
- Allez ! N'aie pas honte. 
- Bon. Elle le regarda de biais. Je peux t'embrasser ? 
- M'embrasser ? s'exclama, étonnée, l'orange. 
- Oui, répondit la ligne, ondulant d'émotion. Si je t'embrasse, je pourrai prendre forme. Le contact avec toi me permettra d'être ce que j'ai toujours voulu être : un cercle ! Sans toi, je ne serai qu'une ligne droite parmi d'autres lignes droites, sans grâce, pas drôle du tout. 
- Ah bon ! répondit l'orange. Je suis heureux de pouvoir te servir à quelque chose. 
La ligne droite commença à s'allonger jusqu'à devenir une demi-lune. Si seulement je pouvais grandir un peu plus!" soupirait-elle. Sans bouger, l'orange l'encourageait en silence. "Si tu touches la tête avec les pieds, tu mettras le monde à l'envers."
Transformée en cercle par le baiser, la ligne remercia chaleureusement l'orange et partit en faisant des bonds. L'orange, émue, pleura une goutte de jus d'orange. Comme cercle, elle découvrit la rondeur du monde, elle rebondissait, se sentant balle, ballon, soleil, bulle de savon ; elle entoura un œuf et se transforma en ovale, mais à peine avait-elle embrassé une étoile qu'elle se rendit compte comme c'était merveilleux d'être une ligne droite.
"Et moi qui pensais que j'étais si insignifiante, si plane, j'ai toutes les possibilités de l'univers : si je le souhaite, je peux être un triangle et faire partie d'un orchestre ; je peux être une boîte, un soleil ou une étoile; je peux même m'amuser à être un griffonnage ou encore je peux être aussi longue qu'une route. De toutes les formes, de toutes les beautés, j'ai découvert que je suis la plus amusante, parce que je peux me transformer en ce que je veux."



vendredi 21 juillet 2017

Si un lézard peut...

C'est une histoire vraie qui s'est produite au Japon


Afin de rénover la maison, un japonais ouvre le mur. (Les maisons japonaises ont généralement un espace creux entre les murs en bois.)

En déchirant les murs, il a constaté qu'il y avait un lézard coincé là-bas, parce qu'un clou de l'extérieur avait été martelé dans l'un de ses pieds.

Il voit cela, fait de la pitié et, en même temps, de la curiosité. Quand il vérifie, il a été cloué il y a 5 ans, lorsque la maison a été construite !!!

Qu'est-il arrivé ?

Le lézard avait survécu dans une telle position pendant 5 ans !!!

Dans une cloison de mur sombre pendant 5 ans sans déplacement, il est impossible et étonnant.

Ensuite, il se demandait comment ce lézard avait survécu pendant 5 ans sans bouger un seul pouce, car son pied était empalé !

Alors il a arrêté son travail et a observé le lézard, pour voir ce qu'il a fait, et comment il a pu manger.

Plus tard, sans savoir d'où il est venu, apparaît un autre lézard, avec de la nourriture dans sa bouche.

Ah! Le japonais était stupéfait et touché profondément : Pour le lézard qui a été empalé par le clou, un autre lézard l'avait nourri depuis 5 ans.

Imaginez ? Cela fait sans relâche pendant 5 longues années, sans renoncer à l'espoir de son partenaire.

N'abandonnez jamais vos proches. Ne tournez pas le dos aux personnes parce qu'elles sont en difficulté. Ne vous considérez pas comme plus intelligent ou le meilleur. Vous êtes peut-être un peu plus chanceux aujourd'hui, mais la vie est incertaine et peut changer les choses demain ...


Source : internet

dimanche 16 juillet 2017

La soupe au lait de Kappel

Cette histoire est un des mythes fondateurs de la neutralité suisse.

On est au début de la Réforme, que Zwingli conduit avec succès dans la partie orientale de la Suisse. Les cantons catholiques résistent. En juin 1529, les forces des cinq cantons catholiques et celles des protestants se font face à Kappel. Berne n'est pas décidé à la guerre. Son Conseil appelle Zurich à la raison, arguant qu'on ne peut pas implanter la foi à coups de piques et de hallebardes. D'autres cantons se plaignent des extrémismes. Une médiation est tentée. Pendant que ces messieurs discutent, les soldats aux avant-postes, de part et d'autre du front, se reconnaissent. Beaucoup ont combattu ensemble dans les guerres d'Italie. Pourquoi se retrouver aujourd'hui adversaires ? Ils se racontent leurs vieux souvenirs. Selon un contemporain, des catholiques placent une grande jarre de lait à la limite des deux camps et appellent les Zurichois pour qu'ils y jettent du pain. On commence à manger, chacun assis de part et d'autre de la marmite, sur son territoire. Si l'un des convives dépasse le milieu de la jatte, un adversaire lui tape sur les doigts : «Broute sur ton territoire». Un médiateur de Strasbourg, voyant la scène, s'étonne : «Vous autres Confédérés, vous êtes de drôles de gens. Lors même que vous êtes divisés par quelque différend, vous ne faites qu'un et n'oubliez pas votre vieille amitié ! ».
Depuis, la soupe au lait de Kappel symbolise l'entente par-dessus les tensions.  

Source : https://www.letemps.ch/opinions/2004/06/26/etait-une-soupe-lait-kappel