mercredi 30 juin 2021

Jour ou nuit ?


Un rabbin demande à ses étudiants:

“Comment reconnaître le moment où la nuit s'achève et le jour se lève ?

- Lorsque l'on peut distinguer un mouton d'un loup, répondit un étudiant.

- Non, ce n'est pas la réponse, dit le rabbin.

- Quand on peut faire la différence entre un figuier et un olivier, suggéra un autre.

- Non, ce n'est pas la réponse, dit le rabbin.

- Alors comment, demandèrent les étudiants en chœur ?

- Au moment où, voyant un inconnu, nous reconnaissons en lui un frère, alors le jour se lève et la nuit prend fin.”

 

Source : http://users.skynet.be/lotus/story/story-fr.htm#p8a

mercredi 23 juin 2021

Le professeur de paresse




Sous un figuier aux larges feuilles sombres et aux fruits bleus et chauds de soleil, il y avait un homme allongé, la bouche grande ouverte. Quelqu'un vint à passer et, tout étonné demanda :

- Mais que faites-vous donc ?

- J'attends qu'une figue tombe dans ma bouche.

- Excellente idée ! Je vais suivre votre exemple.

 

Il s'étendit. Bientôt une figue tomba entre les jambes des deux hommes.

- Est-elle plus près de vous ou de moi ? demanda le premier.

- De vous, dit le second.

- Donc, elle est à moi. Auriez-vous l'amabilité de la mettre dans la bouche ?

Le nouveau venu ramassa la figue entre ses deux orteils et la lança dans la bouche de son voisin.

- Ma parole ! Vous êtes encore plus paresseux que moi, soupira le premier

avec admiration. Accepteriez-vous de me prendre comme votre humble 

disciple ?

- Avec plaisir.

 

Il fut décidé d'attendre le lendemain pour accomplir la cérémonie rituelle, car la conversation les avait bien assez fatigués pour ce jour. 

Le lendemain, à midi, le futur disciple frappa à la porte de son futur maître. Il apportait un régime de bananes en offrande à Confucius qui est le patron tout à la fois des érudits, des maîtres et des disciples.

- Je n'ai pas de table où déposer votre cadeau, dit l'hôte en ouvrant la

porte. Veuillez aller en chercher une dans la cour.

- Oh! Non! Je suis déjà bien trop fatigué... Prenons mon dos en guise de

table à offrandes, répondit le visiteur.

Et, disant ces mots, il s'agenouilla et posa ses mains à plat sur le plancher. 

- Je crois qu'hier nous avons fait une erreur : vous êtes certainement plus

paresseux que moi ; à mon tour de vous demander d'être mon maître, dit

l'hôte.

Mais la "table", à genoux, s'était déjà endormie...

 

Conte vietnamien

 

Source : http://heleneloup.canalblog.com/

jeudi 17 juin 2021

L’or du doigt


Dans la Chine ancienne, un ermite un peu magicien vivait dans une montagne profonde. Un jour, un vieil ami lui rendit visite. Senrin, tout heureux de l'accueillir, lui offrit un dîner et un abri pour la nuit; le lendemain matin, avant le départ de son ami, il voulut lui offrir un cadeau. Il prit une pierre et, avec son doigt, en fit un bloc d'or pur.

Son ami ne fut pas satisfait; Senrin pointa alors son doigt sur un énorme roc qui lui aussi devint de l'or. L'ami ne sourit toujours pas.

« Que veux-tu donc? » demanda Senrin.

L'ami lui répondit : « Coupe ce doigt, je le veux. »

Cet homme pensait que le doigt était la source de l'or. Cette histoire est teintée d'humour, mais sa signification est réellement très profonde. La plupart des hommes sont ainsi.

 

Source : http://www.philosophie-poeme.com/contes-zen-tire-du-livre-le-bol-et-le-baton-c27514984

mardi 8 juin 2021

Le corps doit grandir avant les habits


Extrait d’un livre d’Olivier Clerc, un livre plein de sagesse. 



C'est ce qu'avait compris cet homme du Sud de l’Inde qui avait connu la dramatique partition de l'Inde,  à l'âge de 7 ans. Avec ses parents il avait dû marcher des centaines de kilomètres, en emportant un minimum d'affaires, pour fuir cette région qui allait devenir le Pakistan, car lui et sa famille étaient hindous. Il commença à travailler à sept ans. A force de volonté et d'acharnement il réussit à créer un jour sa propre entreprise et à la rendre prospère. 

 

Pourtant,  il me confia qu’à sa mort toute sa fortune irait à des œuvres de charité et qu'il n'en léguerait rien à ses enfants : « s'ils ont les mêmes compétences que moi, ils n'auront pas besoin de ma fortune,  ils se créeront la leur par leurs propres moyens.  Et s'ils n'ont pas les mêmes capacités que moi,  alors ma fortune ne pourra que leur nuire, puisqu'ils n'auront pas les moyens d'en faire bonne usage ». 

 

Sans prendre ce récit comme un modèle de comportement à suivre à la lettre, il donne la priorité aux qualités intérieures : force, courage, intelligence, leadership, amour, débrouillardise, esprit d'entreprise et j'en passe. Quoi que cet homme fut hindou n'est sans doute pas étranger à cette façon de voir les choses, car l'Inde reste une nation profondément spirituelle.

 

L'histoire de cet hindou n'est pas sans rappeler ces contes dans lequel un roi confie son fils à un couple de paysans vivant sur ses terres, afin qu'il soit élevé en ignorant ses origines royales, qu'il apprenne à connaître la terre, les animaux et les hommes, à subvenir à ses besoins,  pour développer en lui les qualités et les connaissances qui feront plus tard de lui un roi digne de sa charge et de ses fonctions. 


Lisez ce livre, c’est une pépite ! 

 

Olivier Clerc, la grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite, Marabout 2005

mardi 1 juin 2021

Le Maître et Marguerite


« Alentour, il n’y eut plus ni rochers, ni plateau, ni chemin de lune, ni Jérusalem. Les chevaux noirs avaient disparu aussi. Et le Maître et Marguerite virent se lever l’aube promise. Elle succéda immédiatement à la pleine lune de minuit. 


Le Maître marchait avec son amie, dans l’éblouissement des premiers rayons du matin, sur un petit pont de pierres moussues. Ils le franchirent. Le ruisseau resta en arrière des amants fidèles, et ils s’engagèrent dans une allée sablée. 


— Écoute ce silence, dit Marguerite, tandis que le sable bruissait légèrement sous ses pieds nus, écoute, et jouis de ce que tu n’as jamais eu de ta vie — le calme. Regarde, devant toi, voilà la maison éternelle que tu as reçue en récompense. Je vois déjà une fenêtre à l’italienne, et les vrilles d’une vigne vierge, qui grimpe jusqu’au toit. 


Voilà ta maison, ta maison pour l’éternité. Je sais que ce soir, ceux que tu aimes viendront te voir — ceux qui t’intéressent et qui ne te causeront aucune inquiétude. Ils joueront de la musique, ils chanteront pour toi, et tu verras : quelle lumière dans la chambre, quand brûleront les chandelles ! 


Tu t’endormiras, avec ton éternel vieux bonnet de nuit tout taché, tu t’endormiras avec le sourire aux lèvres. Ton sommeil te donnera des forces, et tu te mettras à raisonner sagement » 


« Le Maître et Marguerite » par Mikhaïl Boulgakov