samedi 31 mai 2008

Scoop : le JVPS à la SNCF


La SNCF teste un nouveau service : "Je voyage Plus Seul", un service pour les personnes âgées.

J'ai eu l'occasion de côtoyer les premières personnes bénéficiant de ce service sur la ligne Paris Annecy. Il y avait deux jeunes personnes de 93 ans et de 84 respectivement avec une accompagnatrice d'une vingtaine d'années. Plus discrètement dans le wagon (je l'ai appris plus tard), il y avait aussi une enquêtrice du service marketing, une formatrice en charge de l'accompagnatrice, un médecin et une infirmière au cas où, sans compter le passage régulier des contrôleurs (pardon : des "agents commerciaux") dans ce wagon niveau bas d'un TGV duplex (avantage : on peut contrôler les sorties : il n'y en a qu'une…).

Comment cela fonctionne ? Les JVPS sont convoqués (pardon : "invités à se présenter") deux heures avant le départ pour limiter l'anxiété. Cela doit être juste parce que la majorité est là trois heures avant. Les parents et accompagnateurs sont priés de repartir aussitôt. Le départ vers le train a lieu une heure avant (le temps d'arriver au bon wagon, il reste vingt minutes avant le départ). Après avoir hésité à leur mettre un gilet fluo ou une casquette, les JVPS ont le droit à une canne (inclus dans le prix de la prestation).

Volontairement, l'accompagnatrice est choisie jeune, de l'âge de leur petite fille (voire de leur arrière petite-fille). Une étude a montré que les personnes âgées traitent les personnes de l'âge de leurs enfants (disons 50 ans) comme leur enfant (= ils n'obéissent pas), mais que par contre ils acceptent des consignes de la part des petits enfants (on leur pardonne tout).

L'objectif est que le voyage se déroule le mieux possible avec une alternance de siestes, de discussions et de jeux. Je passerai sur la sieste (l'important, c'est que ce soit synchro), par contre les discussions et échanges sont intéressants : "avez-vous des photos de vos enfants, petits-enfants, …?" (Cela occupe bien une heure / personne), "qui est marié avec qui ?", 'Qui est l'enfant de qui ? (avec les familles recomposées, je ne vous dis pas le temps que cela prend), "travaillent-ils bien à l'école ?"…

Cette phase terminée, l'accompagnatrice passe aux jeux : mots croisés, concours de la plus belle histoire de petits enfants, quiz sur les potins de la semaine, … Tout cela sans compter les promenades aux toilettes, la nourriture (pas question de leur faire prendre l'escalier pour aller au wagon bar) et les échanges sur les autres passagers du wagon qui se prennent les pieds dans les cannes qui traînent, …

C'est vraiment bien organisé. Seul fait troublant : à la fin du voyage, l'accompagnatrice était épuisée et les JVPS en pleine forme. Dans la dernière heure, ce sont ces dernières qui ont soutenu l'accompagnatrice pour qu'elle tienne jusqu'au bout du voyage. Pour cela, elles la questionnaient sur ce qu'elles lui avaient donné comme information : "Alors, vous vous rappelez, Maximilien, c'est le petit dernier de qui ? Mais non, vous mélangez tout, c'est bien le fils de Zoé, mais son père est Claude, celui qui s'est remarié avec Agathe, l'ancienne épouse de Thomas, l'oncle de Maximilien. C'est pourtant simple !"

A l'arrivée à Annecy, les préposés SNCF ont du soutenir l'accompagnatrice pour la faire descendre pendant que les JVPS continuaient à se poser des colles mutuellement. Elles étaient en pleine forme et nous, le reste des passagers du wagon, complètement sonnés.

mercredi 28 mai 2008

Haiku 8


Sous le goudron les pavés

Des pavés aux plages

C'est toujours le mois de mai

samedi 24 mai 2008

Bienvenue dans l'association 28


Hier soir, nous avons fêté l'arrivée d'un nouveau membre. Les 27 personnes présentes (avant son arrivée) sont arrivées de toutes parts et par tous les moyens possibles : TGV, voiture, vélo, deltaplane… Elles ont pris 27 chemins différents. Parmi ces 27 personnes, certaines ont, en termes d'âge 2, 3 voire 4 fois ce chiffre mystérieux de 28. D'autres sont de futurs membres qui s'y préparent.

La postulante, pour sa part, ne savait pas à quelle date aurait lieu son intronisation. Ce jour-là, elle a vécu un véritable parcours de jeu de pistes : aller à 100 km dans une grande surface chercher une clef de champ de tir (ceux qui ont fait leur service militaire comprendront), faire des détours pour récupérer des objets et vêtements, bref tout ce qu'il fallait pour qu'elle arrive avec au moins 28 minutes de retard et le secret espoir de pouvoir se reposer.

Pas de chance pour elle, trois étapes l'attendent : la première est de reconnaître les personnes présentes et surtout de les embrasser dans le bon ordre, sans vexer personne. C'est un exercice hautement périlleux puisque elle a peu de recul en termes de vision des gens et en termes de temps et pas de seconde chance.

Après un temps pour respirer (et se sustenter), vient la seconde étape : ouvrir 28 paquets donnés dans le désordre. Il lui faut faire autant de "Waouh !" pour les uns et pour les autres. Il est surtout important de les faire similaire. Il lui faudra ensuite se rappeler qui a donné quoi (sachant que certains se sont groupés sur plusieurs cadeaux, il y a environ 328 combinaisons possibles.) Les objets présentés sont variés (des vêtements aux objets de décoration) : il faut leur trouver à chacun un usage et une destination.

Cette épreuve passée, vient l'épreuve redoutée par elle et tant attendue par les autres : découper (pas seulement symboliquement) un gâteau rectangulaire en 29 parts (les répétitions sont interdites). Compte tenu de la haute qualité de la postulante, le gâteau est relativement souple et ne se laisse pas faire.

Après cela, le reste n'est que jeu d'enfant : prononcer un discours en 28 secondes, chanter en chœur une chanson en 28 strophes et réciter à haute voix une poésie de 28 vers. Nous avons tous fêté cela en buvant 28 bouteilles (j'y inclus celles d'eau et de jus de fruits) et pris 28 photos.

En conclusion, l'impétrante est prête pour affronter les 29 marches qui la conduiront vers une nouvelle étape.

jeudi 22 mai 2008

Haiku 7


Le gazon vert tend ses bras

Les jeunes filles s'allongent

Oublions l'interdiction

Haiku 06


Le voyage commence en gare

En blanc et en noir

Vivement la bronzette du sud

lundi 19 mai 2008

Ouvrez la porte et tout change…


Il suffit de peu pour que votre vie s'illumine. Je suis une lampe de réverbère, modèle AZY-XERT216. Je suis enfermé dans mon lampadaire opaque. Jusqu'à il y a peu de temps, je ne voyais rien. Je n'entendais que le bruit de la ville à mes pieds. Je savais que je participais à votre vie, je vous éclairais le chemin et vous assurais de là où vous marchez (utile dans une grande ville). La vie d'une lampe est comme la vie de nombreuses personnes. Un travail régulier, des horaires variables avec les saisons. De temps en temps, quelques vacances e cas de grève ou de coupures de courant liées à des incidents techniques. Une vie régulière durant les 1.245.637 heures et 37 minutes et 12 secondes de vie moyenne prévue par contrat par mon fournisseur.

Puis un jour, mon horizon s'éclaire : la porte s'ouvre et tout change. Il a suffi qu'un employé chargé du nettoyage ferme mal la porte, qu'un pigeon la heurte et celle-ci s'ouvre largement. Une série de circonstances heureuses ou malheureuses.

En tout cas, ma vie a changé a changé depuis. Je vois, je regarde, j'admire, je m'interroge, je participe, je vis, je rêve…Je vois les passants pressés, les touristes qui baguenaudent, les voitures qui fument, les autobus qui se promènent avec parfois des petits drapeaux. J'entends les discussions, les échanges au téléphone, les discours des amoureux : "tu veux, tu ne veux pas, moi oui, toi non, tant pis moi aussi…"

Ma vie n'a plus le même goût. Je suis dans la cité, je joue à éclairer les regards, à apporter de la joie, du réconfort… Avant, j'étais un être "mécanique", aujourd'hui j'ai un rôle, un but, des émotions, … Parfois ce que j'entends fait vaciller ma flamme, puis je me ressaisis et pense à tous les autres qui ont besoin de moi à cet endroit.

Vous qui passez devant moi en marchant, courant, sautant, vous qui me voyez ou non, avez-vous vous aussi une porte ouverte ? Bien sûr, vous me direz, il faut gagner sa vie. "Metro, boulot, dodo". Pourtant, même en faisant consciencieusement son travail, vous pouvez garder une petite porte ouverte sur un rêve, une idée ou un plaisir. Qu'est-ce qui vous motive, vous inspire, vous fait vivre autrement qu'en courant après le temps ou en passant le temps ? Profitez pleinement de l'instant présent. Rêvez, chantez, riez… peut-être que demain ma porte ou votre porte seront fermées. Alors, si ce n'est déjà fait, ouvrez une petite et changez votre vie comme moi !

jeudi 15 mai 2008

Poésie 1


Il était une fois quatre chapeaux

Un homme et les admire

Vous êtes digne d'un conte de féees

Dites vos voeux et je les exauce




Il était une fois quatre chapeaux

Le premier chapeau fanfarronna

je veux être à une riche héritière

A moi les bords de mer et le soleil



Il était une fois quatre chapeaux

Le second claironna

Je serai à une chanteuse

A moi les pages de journaux



Il était une fois quatre chapeaux

Le troisième ria très fort

Je veux une femme d'affaires

Vive les receptions, les partys



Il était une fois quatre chapeaux

le dernier sourit tristement

Je veux juste me promener

Voir les rues et les passants


Il était une fois quatre chapeaux

l'homme ouvrit son parapluie

Le vent s'engouffra dans la rue

et l'homme disparut


il était une fois quatre chapeaux

Le premier fut acheté par une heritiere

elle le porta une fois

et l'oublia dans un placard


il était une fois quatre chapeaux

une chanteuse eut le second

elle le perdit au vestiaire

le premier soir qu'elle le portait


il était une fois quatre chapeaux

le famme d'affaires en eut envie

elle s'en servit au jardin

et ne sortit jamais de la maison


Il était une fois quatre chapeaux

le dernier fut vendu en soldes

la vendeuse qui le porta

s'en servit tout l'été sur son vélo


Il était une fois quatre chapeaux

soyez authetiquement vous-même

pas ce que vous imaginez pour les autres

c'est cela le secret du bonheur

mercredi 14 mai 2008

Joe Black 2 Amiens 0


La semaine a été pénible. Aller deux fois au cimetière (ou plutôt dans 2 cimetières) en une semaine, c'est rude. Deux fois pour des amis ou des parents d'amis. Deux fois pour des personnes connues à Amiens. Bref, Joe Black a fait un tir groupé. Pourtant, c'est un beau temps pour aller au cimetière. Il fait beau, les plantes et les arbres rutilent. Bref, presque une promenade à la campagne.

Amiens, c'est un peu mon "bienvenue chez les cht'ies". On y pleure en arrivant, on y pleure en partant. Le premier enterrement, c'est un ami de 25 ans (je fais attention aux amis de 30 ans). Il habitait à Amiens dans une étonnante maison au pied de la cathédrale (elle était intégrée dans la cathédrale sur un des cotés). Il circulait entre Amiens et Paris par le train. C'est lui qui m'a présenté dans le train une bande de joyeux lurons qui faisaient la navette tous les jours : deux inspecteurs des impôts, un représentant en lingerie qui triait sa collection dans le corail du matin, un commissaire de police, …

Le deuxième enterrement, c'est la mère d'un ami d'Amiens. Le premier souvenir qui me reste : prendre l'apéro sur son balcon en écoutant le barrissement des éléphants. Il habitait alors en face du zoo. Un beau zoo, le zoo d'Amiens caché dans la verdure.

C'est aussi le partage de nos joies (les fêtes, les communions, les soirées au frais) avec tous. Ils ont quitté Amiens comme nous et nous nous sommes tous revu sur Paris.

Bref, dans un enterrement vous revoyez des gens connus dans les années 80. On se dit intérieurement "il / elle a vieilli" et quelque part vous prenez conscience que vous aussi vous avez enfoui avec le temps un peu plus profondément vos souvenirs. Je dis bien enfoui, parce qu'ils ne disparaissent pas. On dit même que les gens atteints d'Alzheimer se rappellent toujours de ceux-là, ces vieux vieux souvenirs.

Et après ? Les cimetières sont-ils pour les morts ? Ou pour permettre aux vivants de les honorer ? Un voyage au Vietnam m'a fait réfléchir à la question. Chaque logement, chaque masure, chaque maison a son autel des morts à l'endroit le mieux placé de la maison. On y honore les ancêtres jusqu'à la troisième génération en y brûlant de l'encens tous les soirs. Cette intimité avec les défunts va loin. Dans la baie du Mékong, les tombes sont dans les jardins. A Saigon, les terrains où il y a des morts enterrées valent plus cher que les autres.

Alors, faut-il vivre et honorer les morts une fois par an ou vivre au quotidien avec eux ? En fait, je cois que c'est eux qui vivent avec nous. Ils sont présents dans notre mémoire, dans nos souvenirs, dans nos joies. Ils ont déposé du bon (et parfois du mauvais) en nous et ils le cultivent. C'est cela à quoi servent les souvenirs, à faire vivre le passé, à se donner une bonne raison de qui nous sommes, ce que nous avons fait et ce qui en a résulté.

Les morts, parfois, c'est ce qui justifie notre envie de vivre, pour eux, pour continuer leur chemin, pour les nôtres, pour nous.

mardi 13 mai 2008

Haiku 5

Neige dans le jardin
Les oiseaux sont dans le Sud
L'herbe dort au chaud

lundi 12 mai 2008

Une poésie de Robert Serge Hanna


Et si la mer était plus profonde
et les océans plus vastes qu'on ne le dit ?
Et si les hommes étaient plus fraternels
et moins violents qu'on ne le prétend ?
Et si la terre était plus généreuse
et plus accueillante qu'on ne le suppose ?
Et si le soleil était plus chaud
et sa lumière plus intense qu'on ne le pense ?
Et si le ciel était plus grandiose
et l'univers plus imposant qu'on ne le croit ?
Et si finalement l'Homme était tout petit,
beaucoup moins "grand" qu'il ne le laisse entendre ?
Croire à la démesure de ce qui nous entoure
c'est se grandir encore. Pour paraître ? Peut-être ?
Il ne faut pas se tromper : au fond de chaque homme
il y a l'infiniment petit qui a
des grandeurs insoupçonnées.
A travers ce prisme insensé où s'exprime leur déraison,
certains y perdraient l'essentiel de leur vie : leur âme.
Pourtant, leur amour pourrait être plus noble
à défaut d'être illustre, à défaut d'être infini.
Quand l'âme est grande elle a toutes les dimensions,
elle a toutes les sagesses, elle a toutes les forces.
Elle se cache au tréfonds de chacun de nous.
C'est le seul endroit où il faut chercher la beauté.
Ailleurs, en réalité il n'y a rien d'essentiel.
La grandeur de l'homme n'est qu'un fond de l'âme.
Bien plus profond que la mer…

dimanche 11 mai 2008

Un cadran optimiste


Je reviens d'une ville appelé Roazhon (dans la langue locale, j'ai bien dit la langue, pas le patois). C'est une ville avec quelques particularités : c'est la plus petite ville du monde qui a un métro (un vrai métro). C'est aussi une ville qui a un indécrottable optimisme. J'en veux preuve le parlement local qui a en son fronton non pas une pendule comme tous les édifices habituels…mais un cadran solaire.

Vous me direz que c'est un pays avec beaucoup de soleil. Pas du tout ! Il y pleut en moyenne 172 jours par an, sans compter les jours de temps gris ou de brouillard. Bref, un cadran solaire pour quelques jours par an. Cela peut être perçu par certains comme une plaisanterie, un gadget, un bref que se sont offerts les édiles. Peut-être…

Pour moi, c'est un signe d'un indéniable optimisme. "Après la pluie, le beau temps" dit le dicton. Rien à voir avec le réchauffement climatique, le parlement porte fièrement son cadran depuis plus de trois siècles.

C'est aussi le signe d'un savoir de vivre. Si les montres aujourd'hui sont partout (à votre poignet, sur votre téléphone mobile…), pendant longtemps, ce fut un objet volumineux ou de riches. Le temps était donné par les églises ou les mairies. Que le parlement donne l'heure par le truchement d'un cadran solaire est le signe clair d'un certain savoir-vivre : comment être à l'heure ou ne pas y être quand la grande majorité du temps, vous ne pouvez pas lire l'heure.
Peut-être avaient-ils (ou ont-ils) d'autres moyens de se donner l'heure : après la troisième pluie de la journée, quand le trottoir sera sec cet après-midi…

Imaginez les réunions au parlement qui doivent commencer à l'heure dite. Qui dit l'heure ? La majorité ou l'opposition ? Bel exemple de consensus politique sur lequel nous devrions prendre exemple.

Et puis, il y a l'effet saison: on plus de chances de savoir l'heure en été qu'en hiver. C'est la vie à l'envers : les habitants devraient être plus laxistes et souples sur le temps en été avec le soleil et la chaleur alors que c'est l'inverse.

En tout cas, je constate que les gens y sont plus détendus qu'à Paris (remarquez que ce n'est pas trop difficile) et plus aimable. Les gens se saluent, les chauffeurs de taxis sont aimables, les passagers dans les bus plus cordiaux… Il règne dans cette ville une bonne humeur du moins les jours où j'y suis passé. Peut-être était-ce le fait de la pluie, parce qu'il a plu énormément durant ces quelques jours. L'absence de cadran solaire et de temps rythmé a sûrement joué un rôle.

Michel Serres, un philosophe a écrit : "Désormais, tout le monde a une montre et personne n'a le temps. Echangez l'un contre l'autre : donnez votre montre et prenez le temps." Il pourrait dire aussi "échangez votre montre contre un cadran solaire".

Alors, à quand une pétition nationale pour le retour au cadran solaire ?

samedi 10 mai 2008

Haiku 4


Des rails astiqués

Symboles des vacances prochaines

Je rêve de mers bleues

Haiku 3


Fleur dans le hamac

Elle rêve de voyages lointains

le vent la balance

mercredi 7 mai 2008

Libérez le "clown" en moi…






Bonjour, je suis mère de famille. Bonjour, je suis responsable de la collecte de fonds pour une grande université au rayonnement international. Bonjour, je suis peintre. Bonjour, je fais de la sculpture. Bonjour, je…

En fait, ce sont mes différentes identités. Alexandre Jardin a écrit récemment un livre intitulé : "chaque femme est un roman". Beau titre, toutefois un peu en dessous de la vérité pour moi. S'il devait écrire sur moi, ce serait un roman à tiroir ou une série de nouvelles ou un kaléidoscope.

Comment devient-on peintre, me demande-t-on parfois ? Bonne question….mal posée. On ne devient pas peintre. Nous sommes peintres et tout notre combat est de pouvoir peintre. Quand vous êtes jeune, l'école et vos parents vous encouragent à dessiner. Mais sitôt passée l'adolescence, la peinture devient un objet honni et honteux. Place aux études sérieuses qui malheureusement laissent peu de place à la concentration et au travail pour progresser en peinture. Puis, c'est le mariage et de ravissants bambins qui adorent faire du dessin et détestent vous laisser en faire (parce que cela prend sur leur temps de câlin). En parallèle, vos différents métiers (successifs ou en parallèle) vous prend le reste du temps (sans oublier le mari, les amis, le chien, l'entretien de la maison, les déménagements…)

La peinture, c'est simple, me diriez-vous : un chevalet, des pinceaux, de la couleur et avant ! Si c'était vrai ! C'est là que tout commence : l'angoisse devant la toile, l'organisation de ses dix mille idées (parce que j'en ai dix mille ou pas du tout), la préparation du travail et au moment où vous êtes prête, la vie familiale, professionnelle, sociale, que sais-je encore, vous ramène à la réalité terre à terre. Vous pouvez continuer demain, me diriez-vous. Il suffit de noter les idées. Ben voyons ! Je vais être un peu crue : c'est comme l'amour. Quand c'est sur commande, cela ne marche pas. La peinture, c'est pareil. La magie passe et revient sous une autre forme quand elle veut.

Mais bon, je ne vais pas me plaindre. Je peins et même de plus en plus...au fur et à mesure que mes enfants grandissent. C'est grâce à eux ou malgré eux. Je ne sais. En tout cas, je peins et ma peinture évolue, mon style s'allège et moi aussi. Je regarde mes peintures d'il y a deux ou trois ans et elles m paraissent lointaines, lointaines. De quoi sera fait demain ? Je ne sais, mais j'y vais. J'y vais pour me faire plaisir, pour faire plaisir à tous ceux qui m'ont fait confiance, à tous ceux que j'aime.

C'est là où le bât blesse. En m'allégeant, je me sens avec une double personnalité : une espèce de Dr Jekyll et Mr Hyde dans le bon sens du terme. Cela me fait un drôle d'effet. En fait, c'est mon aspect "artiste" qui me tire d'un côté, pendant que mon rôle social (au sens large) me retient. J'ai l'impression de libérer le "clown" (ma dimension créatrice) qui est en moi. Je rêve de pouvoir les faire et en même temps j'en ai peur. Ceux qui me connaissent me reconnaîtront-ils ? Moi-même, quel regard vais-je porter sur eux après cela ?

Alors je ruse. Je ruse avec moi-même, je ruse avec les autres, je ruse avec les différentes techniques pour retarder les effets de ma dualité. Pourtant, je le sais au fond de moi-même que je vais continuer, y arriver et atteindre je ne sais quoi. Peut-être d'ailleurs je n'atteindrai pas ce "je ne sais quoi". J'y tendrai vers. C'est d'ailleurs mon rêve. Ne pas l'atteindre pour se dire : "demain, tu peux aller plus loin". Progresser tout le temps, trouver toujours quelque chose de différent, n'est-ce pas cela le vrai regard d'artiste ?

dimanche 4 mai 2008

Haiku 2


Un deuxième haiku (poésie japonaise)


Quand une Prune arrive en mai
Le Japon est là
Le printemps avance

Place aux Haiku


Le haïku, petit poème très court, comporte 17 syllabes sur seulement 3 lignes, comportant respectivement 5, 7, 5, syllabes.Donc très court mais très évocateur ils sont intuitifs : un moment de la vie, un instant de nature. Rappellant toujours une saison. Voici mon premier haiku

Banc sous les lilas
Le printemps dans le jardin
Mon cœur se réjouit

jeudi 1 mai 2008

Un secoue-vie


Non vous ne louchez pas, non ne vous frottez pas les yeux inutilement, non vous n'avez pas trop bu (du moins à ma connaissance), non vous n'êtes pas dans le parc de loisirs américain à l'est de Paris, ni dans le français irréductible de la banlieue nord. D'ailleurs regardez la voiture à mes pieds. Elle vous semble normale ou non ? Normale ? Alors, vous voyez, tout va bien. Vous êtes à Paris, dans une rue très passante. Vous ne m'avez pas vu ? Patience, le temps viendra le jour où vous aurez besoin de moi.

Besoin de moi ? Pourquoi ? A question stupide, réponse standard. Tant qu'on n'a pas de besoin, on ne voit pas l'intérêt de ce que l'on a autour de soi. Prenez un verre d'eau. A Paris qui se soucie d'un verre d'eau. Vous avez soif ? Vous entrez dans un café ou achetez une bouteille dans une épicerie. Maintenant transplantez-vous dans un désert. Là vous chercherez de l'ombre et… un verre d'eau. Comme je vous le disais, un jour vous aurez besoin de moi et là vous me verrez. Vous direz, comme tous les autres, "j'ai de la chance, vous venez d'ouvrir". Pauvres crétins ! J'existe depuis des années.

Je sers à quoi ? A rien pour vous ! Quoique, si vous vous êtes arrêté devant moi et que lisez ce texte, vous êtes sur la bonne pente; Une bonne pente savonneuse qui vous conduira je ne sais où…sauf si je suis pour là pour vous arrêter (Ce n'est pas pour rien que je suis dans une rue en pente.) J'aide à rétablir l'équilibre ? Bravo, vous commencez à être sur la piste.

Un peu d'histoire. Mon bâtisseur est parti un jour en Angleterre. A Winchester, il descendit dans une petite auberge, le type d'hôtel construit dans les vieilles maisons qui tient compte des mouvements séculaires du bâtiment. Le matin, il était dans un autre monde. Je veux dire qu'il avait la sensation d'être dans un autre monde. Il était paniqué, ahuri, hébété et puis… il réalisa en fait qu'il était au milieu de la chambre. Son lit, situé sur un plancher penché avait doucement bougé jusqu'au milieu de la pièce. Quand vous vous réveillez alors, vous avez perdu vos repères : la manière d'allumer la lumière, votre montre sur la table de nuit, …

Cette expérience le fit réfléchir, puis il passa à l'œuvre et fit des essais. Je suis son résultat le plus réussi. Alors, qu'est-ce que je suis ? Bravo, vous avez compris ! Vous êtes futé. Je suis un redresseur d'idées, une bouffée d'espoir, un tour de passe-passe magique. Vous avez le spleen, mal partout, le sentiment que tout va de travers et que rien ne pourra vous empêcher de tomber dans la mouise et la déprime. Alors, venez vite dans mes locaux. Un jour et une nuit à vivre dans mon immeuble tout confort et vous ne verrez plus après de la même façon.

Quand vous aurez vécu ainsi avec un sentiment de mal de mer, d'absence de repère, d'objets qui vous échappent ou se rapprochent dangereusement de vous, vous serez heureux de retrouver la terre ferme de la rue. Après cela, vous repartirez plein d'énergie retrouvée. C'est comme toucher le fond de quelque chose, après on sait qu'on ne peut que remonter. Donc tout va bien.

Un dernier conseil : parlez-en à votre psychiatre. Il vous fera une ordonnance : je suis remboursée par la Sécurité Sociale et les mutuelles; après de longues hésitations, elles ont finalement conclu que je coûtais moins cher qu'un traitement allopathique.

Alors, nous prenons rendez-vous ?