jeudi 30 avril 2015

Conte universel : l'arbre du pardon


Il était une fois un homme perdu. Depuis des années, il vivait de razzias, de rapines, de massacres, de vols. Il était farouchement cruel, sans pitié, malade d’une folle rage. C’était un homme perdu.

Un jour qu’il cherchait  il n’aurait su quoi dire, l’idée lui vint d’aller un ermite en haut d’un grand terrier.

Le vieil homme l’écouta implorer un espoir, un pardon, puis il lui sourit et lui montra un vieil arbre calciné par la foudre : «  tu vois, là, ce vieil arbre mort ? Eh bien, tu seras pardonné quand il refleurira !
- Autrement dit, jamais, rétorqua l’homme. Autant continuer mes saccages ».

 L’homme repartit sur les chemins, s’usant et s’acharnant à semer le malheur.

Un soir qu’il avance vers une vieille ferme, il voit une femme qui a rassemblée sa marmaille affamée autour d’un chaudron. La femme chante une berceuse : « Dormez mes petits. Maman vous fait la soupe. Dormez, dormez jusqu’à demain. »

Intrigué, il attend que la femme s’éloigne et ouvre le couvercle du chaudron : il était plein de pierres.   

L’homme hausse les épaules, renverse les pierres et y jette, après l’avoir coupé en morceaux, la viande de mouton qu’il venait de voler.  Il prend soin de raviver le feu sous le chaudron avant de s’éloigner, en pleurant sur une telle misère.  C’est ce jour-là que le vieil arbre a refleuri


Source : Marie Faucher,  Contes des sages qui guérissent, Seuil  

vendredi 24 avril 2015

Conte russe : la montagne de cristal


Un tsar a trois fils. Ils partent un jour à la chasse, chacun de son côté. Le benjamin, Ivan-tsarévitch, découvre dans une clairière une charogne de cheval qu'un grand nombre d'animaux de toute sorte se dispute. Il procède à un partage équitable et obtient en récompense de pouvoir se changer à volonté en faucon et en fourmi. Sous la forme d'un faucon, il vole jusqu'au « trois fois dixième royaume », qui se trouve « plus qu'à moitié pris dans une montagne de cristal ».
Reprenant forme humaine, il parvient à entrer au service du tsar de ce royaume, et ne tarde pas à aller se promener avec sa fille sur la montagne de cristal. Mais, apercevant soudain une chèvre d'or, il se lance à sa poursuite, sans succès, et perd par la même occasion la trace de la princesse. Il se déguise alors en petit vieux et se fait engager par le tsar pour garder le bétail ; le tsar l'avertit de la menace de dragons et lui recommande de leur abandonner si nécessaire quelques vaches.
Ivan rencontre en effet successivement un dragon à trois têtes, puis un autre à six têtes, mais il les massacre l'un comme l'autre. Puis il se change en fourmi et pénètre ainsi à l'intérieur de la montagne de cristal, où il retrouve la princesse, qui lui dit y être retenue par un dragon à douze têtes. Enfermés l'un dans l'autre à l'intérieur du dragon, se trouvent successivement un coffre, un lièvre, une cane, un œuf et enfin une graine, qui doit permettre à Ivan de détruire la montagne et de délivrer la princesse.

Le tsarévitch ressort de la montagne en fourmi, puis reprend l'aspect d'un berger et affronte le dragon à douze têtes, qu'il met en pièces jusqu'à trouver la graine annoncée. Il la fait flamber, ce qui fait fondre la montagne de cristal et libère la princesse, qu'il ramène à son père. Dans sa joie, le tsar lui donne sa fille en mariage.
Source : wikipedia

vendredi 17 avril 2015

Conte d'Ethiopie : le prince de la pluie

La sécheresse nous guette. Regardez ce qui se passe en Californie. trouverons-nous notre prince de la pluie ? 




Il y a très longtemps, un homme et son fils vivaient dans une cabane au fin fond des forêts éthiopiennes, là où personne ne va presque jamais. Autrefois, l'homme avait été marié mais sa femme était morte en donnant le jour à leur fils. Son chagrin avait été tellement grand qu'il décida de ne plus vivre parmi les hommes. Il voulait vivre seulement avec son chagrin et son fils Devi. Devi grandit en solitaire. Son père lui apprit toutes les choses de la vie mais hélas, Devi ne rencontrait jamais personne. 

Lorsque Devi eut atteint l'âge de dix-huit ans, une sécheresse épouvantable s'abattit sur le royaume voisin d'Anga. La pluie n'était plus tombée suffisamment depuis plus d'un an et chacun commençait à s'inquiéter. Le roi était au désespoir. Il avait convoqué plusieurs sages afin de le conseiller.
Aucune des solutions proposées par les conseillers n’étaient bonnes
- Sire, il n'y a qu'une seule solution, dit alors un conseiller âgé et sage. Cherchons un jeune homme pur et intact, un jeune homme qui n'ait jamais fait de mal et qui n'a que de bonnes intentions. Ramenons-le à Anga et il pleuvra.
Anga grouille de jeunes gens, mais aucun d'eux n'est entièrement pur de corps et d'esprit.
- J'en connais bien un, dit un gentil conseiller. C’était un homme qui était originaire du même village que le père de Devi. Il la raconta au roi et aux autres conseillers.
Le roi réfléchit un instant. 
- Je connais le moyen de faire venir ce jeune garçon à Anga, dit-il en riant. Avez-vous donc oublié que j'ai une fille ? Elle est la plus belle du pays et, en plus, elle est intelligente. Si je lui explique l'affaire, je ne doute pas un instant qu'elle ne parvienne à persuader ce jeune garçon de l'accompagner.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Le roi parla immédiatement à sa fille qui trouva très amusante l'idée de séduire un gentil garçon avec l'accord de son père. 


La princesse commença immédiatement à préparer ses valises pour ce long voyage. Le conseiller lui expliqua où et dans quelle partie de la forêt elle devrait chercher le jeune homme.
- Essaie de n'attirer que son attention à lui, car si son père le remarque, notre ruse échouera! lui dit le conseiller.


Après un long et pénible voyage, la princesse arriva enfin à l'orée de la forêt où vivaient Devi et son père. La princesse se faufila à travers la végétation touffue jusqu'au fin fond de la forêt. Soudain, elle entendit des voix. Elle se dissimula rapidement derrière un gros arbre. juste à temps, car le père de Devi était sur le point d'aller chercher des fruits dans la forêt. Il adressa quelques mots à son fils. 
- Je serai de retour avant le coucher du soleil, lui entendit dire la princesse. Sur ces mots, il partit. La princesse patienta quelques minutes pour plus de sûreté et se dirigea à pas feutrés vers la cabane.

- Bonjour! dit la princesse doucement.
Un garçon aux cheveux bruns et bouclés passa la tête par l'embrasure de la porte d'un air surpris et fixa sur elle ses yeux étincelants. Comme il était beau! Elle n'avait jamais vu de jeune homme aussi beau et aussi aimable. Devi aussi était troublé. Il n'avait jamais rencontré d'autres personnes et ne connaissait que son père. Quelle était cette personne bizarre sur le pas de la porte ?
- Qui êtes-vous ? demanda-t-il poliment, car son père lui avait appris les bonnes manières.
- Mon nom est Eleni et je viens d'Anga, répondit la princesse timidement. Et vous, qui êtes-vous ?
Devi se présenta à son tour. Il offrit à boire et à manger à la princesse et ils parlèrent tout l'après-midi comme de vieilles connaissances. Le soir arriva beaucoup trop vite à leur gré.
- Je dois partir, dit la princesse effrayée, lorsque le soleil eut disparu derrière la cime des arbres.
Devi en était tout dérouté. Il aurait bien suivi la princesse, mais ce n'était pas possible, car son père se serait fait du mauvais sang. Mais d'un autre côté, sans la princesse, il se sentait terriblement seul.
Lorsque le père de Devi entendit ce qui s'était passé, il sut immédiatement que Devi avait reçu la visite d'une femme.


Quelques jours plus tard, le père de Devi dut à nouveau aller dans la forêt constituer des réserves. Cela faisait plusieurs jours que la princesse guettait derrière le grand arbre et elle put enfin se montrer. Devi était fou de joie. il la serra dans ses bras et lui offrit toutes sortes de friandises. Ils se remirent à jouer ensemble. Cet après-midi-là, Eleni lui raconta aussi la terrible sécheresse qui s'était abattue sur son pays. Elle raconta également à Devi qu'il était le seul à pouvoir amener la pluie.
- Mais pour ça, il faut que tu m'accompagnes à Anga, lui dit-elle doucement. Si tu restes ici, tu ne pourras rien faire pour notre pays.
Mon père se fera du souci, si je ne suis pas là à son retour, résista mollement Devi. Je dois attendre qu'il revienne pour lui expliquer.
Mais Eleni ne voulait rien entendre.


- Si tu le veux, tu pourras m'épouser, dit-elle pour l'amadouer. Je t'aime et je vois que tu m'aimes aussi. Tu deviendras riche et célèbre. Dès qu'il pleuvra à Anga, nous reviendrons chercher ton père et tu pourras t'occuper de lui autant que tu le voudras, bien mieux que tu ne pourras jamais le faire dans cette cabane. S'il te plaît, partons. Maintenant ! 
Le coeur de Devi fondit lorsqu'il vit les yeux suppliants de la princesse. Il rassembla ses maigres affaires et suivit la princesse.


Dès que Devi posa le pied dans le royaume d'Anga, une pluie torrentielle se mit à tomber. Tous les habitants du pays asséché sortirent de leur maison et, à genoux, ils remercièrent le ciel de leur envoyer cette eau claire. Les rivières coulèrent à flots et les plantes relevèrent la tête, toutes revigorées. Le roi était fou de joie, car le malheur était conjuré. Il voulut remercier Devi en lui offrant un grand sac rempli de pièces d'or, mais lorsqu'il vit comment sa fille et le jeune garçon se regardaient, il accorda à Devi la main de sa fille. Nulle part ailleurs, il ne trouverait meilleur gendre.
Le roi envoya chercher le père de Devi et lorsque celui-ci vit combien son fils était heureux avec la princesse, il embrassa sa nouvelle belle-fille et souhaita aux jeunes mariés tout le bonheur du monde. Devi emmena son père dans le château que le roi avait fait construire pour le jeune couple.
Depuis ce jour-là, il n'y eut plus jamais de sécheresse dans le royaume d'Anga qui devint le pays le plus fertile d'Afrique.


Source : http://www.contes.biz/conte-398-Le_prince_de_la_pluie.html

vendredi 10 avril 2015

Conte hassidique de Pologne : la transmission de la connaissance



Quand le Baal Shem Tov* avait une tâche difficile à accomplir, il se rendait à un certain endroit dans la forêt, allumait un feu et se plongeait dans une prière silencieuse. Et ce qu’il avait à accomplir se réalisait.

Quand, une génération plus tard, un autre rabbin se trouva confronté à la même tâche, il se rendit à ce même endroit dans la forêt et dit : «Nous ne savons plus allumer le feu, mais nous savons encore dire la prière ».
Et ce qu’il avait à accomplir se réalisa.

Une génération plus tard, un troisième rabbin eut à accomplir la même tâche. Lui aussi alla dans la forêt et dit : «Nous ne savons plus allumer le feu, nous ne connaissons plus les mystères de la prière, mais nous connaissons encore l’endroit précis dans la forêt où cela se passait, et cela doit suffire».
Et ce fut suffisant.

Mais quand une autre génération fut passée et que un quatrième rabbin dut faire face à la même tâche, il resta dans sa maison, assis sur son fauteuil, et dit : «Nous ne savons plus allumer le feu, nous ne savons plus dire les prières, nous ne connaissons même plus l’endroit dans la forêt, mais nous savons encore raconter l’histoire».
Et l’histoire qu’il raconta eut le même effet que les pratiques de ses prédécesseurs.
Aujourd’hui savons-nous encore raconter l’histoire ? Et demain ?


*Rabbi Israël ben Eliezer (1698-1760) appelé le Baal Shem Tov (le « Maître du Bon Nom ») est un rabbin mystique, fondateur du judaïsme hassidique.

jeudi 2 avril 2015

Maroc : l'arbre magique



Une forêt, quelque part au Maroc, dans les montagnes de l’Atlas… Seuls quelques bûcherons vivent là, dans de pauvres cabanes.
Ahmed est l’un d’eux, et voilà, Leila, sa femme. Tous les matins, il part, sa hache sur l’épaule. Il coupe des arbres pour en faire des bûches. Ensuite, il porte ces bûches au village, pour les vendre. C’est un dur travail, et il n’est pas toujours payé de sa peine. Bien souvent, personne ne les lui achète et, bien souvent, il rentre à la maison sans argent.
Aujourd’hui encore, il n’a rien vendu, et Leila se demande comment ils vont faire pour vivre. Pourtant Ahmed repart et trouve un arbre qu’il va couper.

En voilà un, très gros, très vieux. Le tronc est creux… ce sera plus facile !
Allons ! Au travail ! Mais au moment où il lève sa hache, il entend une voix :
« Arrête, dit la voix, je t’en prie… Ne me coupe pas et je te donnerai un plat magique. Chaque fois que tu lui diras : FAIS CE POURQUOI TU ES FAIT…, il se remplira de nourriture. »
Et un plat apparaît au pied de l’arbre. Ahmed croit entendre un bruit de feuilles et de branches, il cherche du regard, mais il ne voit personne. Il prend le plat et rentre chez lui en courant.
Leila n’a pas le temps de poser de questions. Ahmed prononce la phrase magique… miracle ! Le plat se remplit. Il y a là, devant eux, un couscous royal comme ils n’en ont jamais mangé.

Le lendemain, à l’heure du déjeuner, Ahmed pose à nouveau le plat sur la table quand… une vielle femme se présente à la porte. Ahmed, généreux, l’invite à partager leur repas. La vieille femme ne perd rien de ce qui se passe.
Et quand, le repas terminé, Ahmed et Leila quittent la table, la vieille femme prend le plat magique, en pose un autre exactement semblable et quitte la maison…

Le lendemain, quand Ahmed prononce les paroles magiques, le plat n’obéit plus.
Il répète plusieurs fois, de plus en plus fort : « FAIS CE POURQUOI TU ES FAIT », sans résultat ! Furieux, Ahmed casse le plat et court vers l’arbre.
« Tu t’es moqué de moi, lui dit-il en tremblant de colère, mais tu vas être puni… Cette fois, je vais te couper.
- Arrête ! Voici des bâtons qui t’enseigneront la sagesse »
Les bâtons apparaissent et frappent, frappent le pauvre Ahmed qui ne peut leur échapper.
« Je ne me suis pas moqué de toi. C’est la vieille femme qui a volé le plat. Dis-moi que tu regrettes de m’avoir menacé, et les bâtons seront à toi… »

Ahmed rentre chez lui, tout triste, quand il aperçoit la vieille femme qui vient dans sa direction ! Il cache sa hache et continue son chemin. Arrivée près d’elle, il lui dit :
« J’ai oublié ma hache dans la forêt ; garde-moi ces bâtons, s’il te plaît. Il faut que je retourne la chercher. »
Il va se cacher derrière un arbre.
« FAITES CE POURQUOI VOUS ÊTES FAITS » dit-il aux bâtons.
Et les bâtons le font si bien, si bien, ils frappent si fort, si fort… que la vieille femme comprend qu’elle est punie et se décide à rendre le plat volé.


Depuis ce jour, Ahmed et Leila vivent sages et heureux…

Source :  L’arbre magique, conte marocain, Clé International, collection « Contes d’ici et d’ailleurs ».