vendredi 24 mai 2019

Le temps change, l’amitié reste


Il était une fois deux très bons amis qui vivaient à l’ombre d’un immense rocher. Aussi étrange que cela puisse paraître, un était un lion et l’autre un tigre. Ils s’étaient rencontrés quand ils étaient encore très jeunes et ne connaissaient pas la différence entre les lions et les tigres. C’est pourquoi ils ne pensaient pas que leur amitié était quelque chose d’inhabituelle. L’endroit où ils vivaient était paisible, sûrement sous l’influence d’un gentil moine de forêt qui vivait tout près. C’était un ermite, une personne qui vit loin des autres gens.

Un jour, pour une raison stupide, les deux amis se disputèrent. Le tigre expliquait : « Tout le monde sait que le froid est causé par la lune qui passe de la pleine lune à la nouvelle lune ! » Le lion répondait : « Mais où as-tu entendu une stupidité pareille ? Tout le monde sait que le froid est causé par la lune qui passe de la nouvelle lune à la pleine lune ! »

La dispute devenait de plus en plus agitée. Personne n’arrivait à convaincre l’autre. Ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord. Ils commençaient même à s’appeler par tous les noms possibles ! Ils décidèrent alors d’aller voir le sage moine car il pouvait sûrement leurs donner une solution à leur dispute.

Rendant alors visite au paisible ermite, le lion et le tigre le saluèrent respectueusement et lui posèrent leur fameuse question. Le gentil moine réfléchit un moment et donna sa réponse : " Il peut faire froid à n’importe quelle phase de la lune, que ce soit de la pleine lune à la nouvelle lune ou inversement. C’est en fait le vent qui amène le froid quand il souffle du nord, de l’est ou de l’ouest. C’est pourquoi vous avez tous les deux raison ! Et aucun des deux n’a gagné ni n’a perdu. La chose la plus importante est de bien séparer votre amitié et les faits qui peuvent avoir diverses interprétations, toutes aussi justes."

vendredi 17 mai 2019

Conte du Cameroun : que manque-t-il aux Hommes ?

Une tortue, nommée Koulou, va un jour trouver Zamba, le nom de Dieu chez les Beti, ethnie camerounaise, et lui demande pourquoi il a gardé toute la sagesse pour lui-même, alors que sur la terre, ne règnent que famines, guerres et maladies. 
Zamba, pour toute réponse, engage la tortue à accomplir deux épreuves : lui rapporter, d’ici neuf jours, un gros boa vivant, et une calebasse pleine de mouches vivantes.
Koulou, grâce à des stratagèmes intelligents et rusés, réussit à capturer les mouches et le boa vivants. Il les hisse jusqu’à Zamba. 
Ce dernier s’exclame : « Comment as-tu fait, ma petite tortue, ce n’était pas si facile ! ». Koulou lui répond : « Oh Zamba, ça m’a paru d’abord très difficile, mais quand j’ai réfléchi, c’est devenu très aisé ! » 
Alors Zamba dit à Koulou : « Ce n’est pas l’intelligence qui manque aux hommes et aux animaux, mais la réflexion. »

jeudi 9 mai 2019

La crise de colère

Il était une fois un homme qui souffrait de ses fortes colères, des colères si fortes qu’il ne réussissait pas à les contrôler. Il en était fort préoccupé. 
Il alla voir un homme sage qui habitait près de chez lui et lui exposa son problème.
L’homme lui dit :« Mon ami, il m’est impossible de te conseiller quoi que ce soit avant d’avoir vu ta colère. Quand tu auras un accès de colère, viens me la montrer. »
Quelques jours après, l’homme fut pris d’une grande colère et il se rendit chez cet homme. Mais quand il arriva chez lui, elle était déjà passée.
« Mon ami, comme ça, je ne peux pas te conseiller, j’ai besoin de te voir irrité. La prochaine fois, viens plus vite. »
Quelques jours passèrent et quand l’homme fut de nouveau en proie à la colère, il se dirigea en courant là où se trouvait son conseiller, mais cette fois encore, une fois arrivé, sa rage s’était éteinte.
« Zut alors, s’exclama l’homme, la prochaine fois tu devras venir encore plus rapidement. « 
Quelques jours plus tard, dès qu’il fut en colère, l’homme sorti en vitesse, courut à perdre haleine et arriva haletant et épuisé. Cependant, il ne ressentait plus la moindre colère.
L’homme lui dit :
« Tu vois ? La colère ne t’appartient pas. Elle arrive et s’en va, comme la vague qui avance et se retire. Voilà ce que tu dois faire : ne te laisse pas emporter pas ce flot et reste calme, ne te laisse pas influencer par la grosse vague de la colère. »
Je me suis laissé dire que dans l’armée allemande, il fallait attendre trois jours avant de remonter une plainte ou une récrimination. Et vous ? Laissez-vous passer du temps avant de rouspéter ? 

jeudi 2 mai 2019

Les chaussure rouges


Il était une fois une petite fille très pauvre. Ses parents étaient morts et la fillette mendiait nu-pieds dans la rue. Un jour, la femme d'un cordonnier eut pitié d’elle et lui offrit une paire de souliers rouges. Elle n'était plus une va-nu-pieds. 
Un jour d’hiver glacial, la fillette mendiait sur la place d'un village dans ses petites chaussures rouges lorsqu'un carrosse passa devant elle. La dame du carrosse eut pitié d’elle et l’emmena dans sa charmante demeure. La fillette put manger à sa faim, dormir dans un lit chaud et douillet, mais surtout elle pourrait habiter chez la vieille dame pour toujours. La petite fille dansait de bonheur. Elle aimait tant sa nouvelle vie qu'elle ne faisait que danser et danser encore devant son beau miroir. 
Mais ses chaussures s'usèrent. « Va acheter de nouvelles chaussures », lui dit la vieille dame. « Mais attention ! De jolies chaussures bien propres. » La fillette n’écouta pas. Et elle n'acheta pas de belles chaussures pour aller à l'école ou à l'église, non, mais bien des chaussures rouges pour danser et danser encore. 
Un jour, la vieille dame tomba gravement malade. Le jour même, une grande fête se donnait au village. La fillette était très déçue de ne pouvoir aller danser et s’amuser. 
Elle attendit alors que la vieille dame souffrante s'endorme pour rejoindre la fête dans ses petits souliers rouges. Elle dansa et dansa encore et encore jusqu'à ce que le clocher sonnât minuit. « Oh non… Je dois rentrer », pensa la petite fille, « La vieille dame ne va certainement pas mieux. » 
Mais elle eut beau essayer, elle n'y parvint pas. Ses chaussures collaient à ses pieds et ils dansaient et dansaient encore.