samedi 27 avril 2024

Osons nuancer nos propos




L’actualité au sens large et les débats qui s’en suivent, que ce soit sur les places publiques ou au sein des entreprises m’a donné envie de lire et relire  “Le courage de la nuance”,  un essai écrit par Jean Birnbaum : « chacun est désormais sommé de rejoindre tel ou tel camp et les arguments sont de plus en plus manichéens » écrit-il. Et il cite Albert Camus (1913-1960), preuve que cela n’est pas nouveau : « Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison ». 

 

Parler avec nuance est un art subtil qui requiert une approche réfléchie et attentive. Voici quelques conseils de l’auteur pour y parvenir :

 

  1. Écoute active : Lorsque vous engagez une conversation, soyez attentif aux nuances des mots et des émotions exprimées par votre interlocuteur. Écoutez sans préjugés et soyez ouvert à différentes perspectives.
  2. Évitez les généralisations : Évitez de catégoriser les choses en noir et blanc. La vie est rarement binaire, et il existe souvent des nuances et des exceptions. Soyez prêt à reconnaître la complexité des situations.
  3. Utilisez des mots précis : Choisissez vos mots avec soin. Évitez les termes absolus comme « toujours » ou « jamais ». Préférez des expressions comme « parfois », « généralement » ou « dans certains cas ».
  4. Reconnaissez les limites de votre compréhension : La nuance implique de reconnaître que nous ne pouvons pas tout savoir. Soyez humble et ouvert à apprendre davantage.
  5. Acceptez les contradictions : La vie est pleine de paradoxes. Parfois, deux idées apparemment opposées peuvent coexister. Soyez prêt à accepter ces contradictions sans chercher à les résoudre immédiatement.

Qu’avons-nous à y gagner ? 

 

1.    La nuance nous encourage à douter, à peser le pour et le contre, et à accepter nos incertitudes. C’est un devoir intellectuel qui permet d’explorer des territoires contrastés.

2.    Le courage des limites : La nuance n’est pas une faiblesse, mais une force. Elle exige de reconnaître nos propres limites et de ne pas céder à l’aveuglement idéologique.

3.    La radicalité de la nuance : Dans un monde saturé d’évidences, la nuance nous pousse à sortir du brouhaha des certitudes pour explorer des zones grises. C’est une discipline de l’esprit et une liberté critique.

 

La nuance est un signe d’intelligence et de maturité.

dimanche 11 février 2024

Quelle est votre espérance ?

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ? Qu’est-ce qui vous donne envie d’aller travailler ? 

Qu’est-ce qui vous donne de changer de voie ?

 

Voilà des questions que nous nous sommes tous posés à un moment ou un autre de nos vies privés et professionnelles. Suis-je sur la bonne voie ? Dois-je accepter un changement proposé ?

 



J’avais déjà parlé ici d’un des maître de ce sujet, Victor Frankl, pour qui une vie ne vaut que par le sens qu’on lui donne. 

 

Alors, si vous vous posez, ou vous vous êtes posé cette question, je vous propose ce texte de Charles Péguy  (extrait de « Le porche du mystère de la deuxième vertu », Gallimard, 2008). 

 

Je prends ici le mot « Espérance » au sens de … « sens », la Foi au sens de croyance, raison et démarche spirituelle et la Charité au regard sur les autres.  

 

« la Foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l’Espérance. La i ça ne m'étonne pas. Ce n'est pas étonnant. J'éclate tellement dans ma création. 

 

La Charité, dit Dieu, ça ne m'étonne pas. Ça n'est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d'avoir un cœur de pierre, comment n'auraient-elles point charité les unes des autres. 

 

Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'Espérance. Et je n’en reviens pas.  l'Espérance est une toute petite fille de rien du tout qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière. C'est cette petite fille de rien du tout, elle seule, portant les autres qui traversa les mondes révolus. 

 

La Foi va de soi.  La Charité va malheureusement de soi. Mais l'Espérance ne va pas de soi. L'Espérance ne va pas toute seule. Pour espérer,  mon enfant, il faut être bienheureux,  il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. 

 

La Foi voit ce qui est.  la charité aime ce qui est. 

 

L’Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé. Sur la route montante. Traînée, pendue au bras des grandes sœurs qui la tiennent par la main, la petite Espérance s'avance. Et au milieu de ses deux grandes sœurs elle a l'air de se laisser traîner. Comme un enfant qui n'aurait pas la force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. 

 

En réalité c'est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne,  et qui fait marcher le monde.  Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite. »

 

Alors, quelle est votre Espérance ?  Cela se travaille aussi.