vendredi 28 août 2020

le grillon

Un amérindien et son ami, en visite au centre-ville de New York, marchaient près de Times Square dans Manhattan. C'était durant l'heure du lunch et les rues étaient bondées de monde. Les autos klaxonnaient de plus belle, les autos taxi faisaient crisser leurs pneus sur les coins de rue, les sirènes hurlaient et les bruits de la ville rendaient presque sourd. Soudain, l'amérindien dit, "j'entends un grillon."

Son ami répondit, "Quoi? Tu dois être fou. Tu ne pourrais jamais entendre un grillon au milieu de tout ce vacarme!" 

"Non, j'en suis sûr," dit l'amérindien, "j'entends un grillon." 
"C'est fou," dit l'ami.

L'amérindien écouta attentivement pendant un moment, puis traversa la rue jusqu'à un gros planteur en ciment où poussaient quelques arbustes. Il regarda à l'intérieur des arbustes, sous les branches et avec assurance il localisa un petit grillon. Son ami était complètement stupéfait.

"C'est incroyable," dit son ami. "Tu dois avoir des oreilles super-humaines !"
"Non," répondit l'amérindien. "Mes oreilles ne sont pas différentes des tiennes. Tout ça dépend de ce que tu cherches à entendre." 
"Mais ça ne se peut pas !" dit l'ami. "Je ne pourrais jamais entendre un grillon dans ce bruit."
"Oui, c'est vrai," repliqua l'amérindien. "Ça dépend de ce qui est vraiment important pour toi. Tiens, laisse-moi te le démontrer." 

Il fouilla dans sa poche, en retira quelques sous et discrètement les jeta sur le trottoir. Et alors, malgré le bruit de la rue bondée de monde retentissant encore dans leurs oreilles, ils remarquèrent que toutes les têtes, jusqu'à une distance de sept mètres d'eux, se tournaient et regardaient pour voir si la monnaie qui tintait sur le pavement était la leur. 


"Tu vois ce que je veux dire?" demanda l'amérindien. "Tout ça dépend de ce qui est important pour toi."
Source : http://www.funfou.com/temoignages/grillon.phtml

Publié le 15 avril 2017

mercredi 19 août 2020

La soupe

Il était une fois une femme assise seule à la table d’un restaurant. Après avoir lu la carte, elle commanda une appétissante soupe qui avait attiré son attention. Le serveur, très aimable, la servit, puis reprit son travail. Quand il repassa près d’elle, la femme lui fit un signe, et il vint rapidement à elle.
– Que puis-je pour vous, madame ?
– J’aimerais que vous goûtiez la soupe.
Le serveur, surpris, lui demanda aimablement si la soupe était mauvaise, ou si elle ne lui plaisait pas.
– Ce n’est pas ça, j’aimerais que vous goûtiez la soupe.
Après quelques secondes de réflexion, le serveur se dit que la soupe était peut-être froide. Il le fit donc savoir à la dame, à moitié en lui posant la question, et à moitié en s’excusant.
– Peut-être la soupe est-elle froide ? Ne vous inquiétez pas, je vais remédier à ce problème tout de suite…
– La soupe n’est pas froide. Pourriez-vous la goûter, s’il vous plait ?
Le serveur, déconcerté, laissa donc de côté son amabilité pour se consacrer à résoudre le problème. Il n’était pas d’usage de goûter les plats des clients, mais la dame insistait tellement qu’il ne voyait plus d’autres options que de céder à sa demande. Quel était le problème avec cette soupe ? Il usa de sa dernière cartouche :
– Madame, dîtes-moi ce qu’il se passe. Si la soupe n’est ni mauvaise, ni froide, dîtes-moi ce qu’il se passe. S’il le faut, je vous la change.
– S’il vous plait, pardonnez-moi mais je me dois d’insister : si vous voulez savoir ce qu’il se passe avec cette soupe, alors goûtez-la.
Finalement, face à une demande si catégorique de la dame, le serveur finit par accepter. Il se rapprocha donc de la dame, et, s’apprêtant à prendre une cuillère pour goûter, il se rendit compte…qu’il n’y avait pas de cuillère sur la table. Avant même qu’il n’ait le temps de réagir, la dame fit tomber le verdict :
– Vous voyez ? Il n’y a pas de cuillère. Voilà le problème qu’il y a avec la soupe : je ne peux pas la manger.


Source : conte de Jorge Bucay

Publié le 23 mars 2017

mercredi 12 août 2020

Le voyageur trop pressé

Un explorateur pressé d’atteindre
Sa destination au cœur de l’Afrique
Promit une prime à ses porteurs indigènes
S’ils acceptaient d’accélérer l’allure.
Pendant plusieurs jours
Les porteurs pressèrent le pas.
Un après-midi, pourtant, ils refusèrent de continuer,
s’assirent tous par terre
et posèrent leurs fardeaux.
On aurait pu leur offrir encore davantage d’argent,
Ils n’auraient pas bougé.

Lorsque l’explorateur leur demanda
la raison de ce comportement,
voici la réponse qu’il obtint :
« Nous avons marché si vite
Que nous ne savons plus ce que nous faisons.

Maintenant, nous devons attendre
Que nos âmes nous rejoignent. »
Paulo Coelho



Publié le 3 mars 2017 

jeudi 6 août 2020

Le crayon

Le petit garçon observait son grand-père en train d’écrire une lettre. A un moment donné, il demanda : « Est-ce que tu racontes une histoire qui nous est arrivée ? Et est-ce que par hasard cette histoire parle de moi ? »

Le grand-père arrêta d’écrire, sourit, et dit à son petit-fils : « Oui, ça parle de toi, c’est vrai. Mais le crayon dont je me sers est plus important que les mots que j’écris. J’espère que tu lui ressembleras quand tu seras grand. »

Le garçon examina l’objet avec curiosité, mais ne lui trouva rien de particulier. « C’est un crayon comme tous les crayons que j’ai vu dans ma vie ! »

« Tout est dans la façon de regarder les choses. Ce crayon recèle cinq qualités qui, si tu parviens à les posséder pour toi-même, feront de toi un être en paix avec le monde. »

« Première qualité : tu peux faire de grandes choses, mais tu ne dois jamais oublier qu’il existe une main qui guide nos pas.   pouvoir la diriger selon sa volonté. »

« Seconde qualité : de temps en temps, il me faut arrêter d’écrire pour utiliser un taille-crayon. Cela fait un peu souffrir le crayon, mais il en sort plus affûté. Ainsi faut-il que tu apprennes à endurer certaines douleurs, car elles feront de toi une meilleure personne.»

« Troisième qualité : le crayon te laisse toujours la possibilité d’utiliser une gomme pour effacer ce qui ne va pas. Tu dois comprendre que d’effacer quelque chose que l’on a fait n’est pas nécessairement mal, et que ça peut être quelque chose d’important pour rester sur le droit chemin.

« Quatrième qualité : ce qui importe vraiment dans ce crayon, ce n’est pas le bois ou la forme extérieure, ce qui compte c’est la mine à l’intérieur. Alors, fait bien attention, toujours, à ce qui se passe en toi. »

« Enfin, cinquième qualité du crayon : il laisse toujours une trace. De la même façon, sache que tout ce que tu feras dans ta vie laissera des traces et qu’il faut essayer d’être conscient de chacun de tes actes ».

Paulo Coelho

Source : http://bmhypnose.fr/2016/01/le-crayon/#more-239

Publié le 24/2/2017

samedi 1 août 2020

Les différences culturelles : USA vs URSS

 « Les enfants de Marina Tchipkovskaïa, qui étaient nés en Amérique et ne parlaient pas russe, n’étaient manifestement pas ravis de la présence de ces hôtes moscovites. De façon générale, ils étaient agacés par les amis russes de leur mère, même ceux qui vivaient en Amérique, des émigrés qui parlaient mal l’anglais et n’avaient pas très bien réussi. Et ils ne s’en cachaient pas. 

Quand elle était encore petite, la fille de Marina avait demandé à sa mère : « Pourquoi les Russes, ils ont tous des dents pourries et les cheveux sales ? » 

Tchipa aurait pu répondre à cette question, mais elle n’avait rien dit. Il aurait fallu expliquer trop de choses. 

Que chaque pays a ses propres habitudes culturelles – les Américains changent de tee-shirt deux fois par jour et se lavent dès qu’il y a une douche dans les parages, tandis que depuis des générations, les Russes se lavent une fois par semaine aux bains, le samedi, et changent de linge à cette occasion. Que beaucoup d’entre eux vivent dans des appartements communautaires sans salle de bains… 

Et aussi que chaque enfant de leur âge, même au fin fond de la Russie, lit en un an plus de livres que son frère et elle n’en avaient lu durant leur vie entière, que chaque adulte convenable connaît par cœur plus de poèmes qu’un professeur de littérature ici… 

Mais Marina n’avait rien dit de tout cela à ses enfants, parce qu’elle voulait qu’ils deviennent des Américains à cent pour cent, que les effluves de l’émigration s’évaporent le plus vite possible, dès la première génération… Tous les gens venus de Russie se divisaient en deux camps : les uns apprenaient le russe à leurs enfants pour qu’ils lisent Pouchkine et Tolstoï dans l’original et ne perdent pas la culture russe, les autres, comme Marina, ne le faisaient pas. Et pour les uns comme pour les autres, la vérité, c’était qu’en règle générale, l’émigration avait entraîné d’énormes pertes en termes de statut social, et rares étaient ceux qui étaient parvenus à retrouver la position qu’ils occupaient dans leur pays natal. » 



(Extrait de « L'échelle de Jacob » par Ludmila Oulitskaïa, Sophie Benech, Gallimard, 2018)