samedi 26 juillet 2008

Le crocodile



Je suis le n ième descendant d'une espèce antérieure à l'homme sur la terre. Mes lointains ancêtres habitaient dans la Seine ici à quelques mètres d'ici. Le refroidissement de la planète nous en a chassé et nous avons migré vers des contrées plus hospitalières. Pourtant, mes ascendants ont juré de revenir un jour à cette même place. Pendant des dizaines de milliers d'années, ce fut un rêve. Aujourd'hui, cela redevient progressivement une réalité. Avec le réchauffement de la planète, dans 50 ou 200 ans, nous serons de nouveau ici.

En attendant, j'occupe discrètement le terrain. Je suis un crocodile bien différent de ceux que vous voyez au zoo. Pourquoi m'avoir donné ce nom alors ? Parce que ma forme, mes dents et mon regard ont inspiré aux ingénieurs ce nom. A quoi je sers ? J'attrape les trains au passage et quand je les touche, de joie les signaux se mettent au rouge. A ce sport, je gagne quasiment tout le temps. Je suis fort ! Rouge, orange puis vert ! Quand c'est vert, je peux alors recommencer.

Est-ce que j'attrape les humains ? Je n'ai pas encore essayé. De toute façon, ils ont peur de moi. Ils restent sur les quais bien sagement et me regardent sans un mot. Certains me cherchent : ils me jettent des papiers, des mégots ou toutes autres sortes d'objets variés. Je ne tombe pas dans le piège. Je ne bouge pas. J'attends les trains et…mes cousins.

Je sais qu'un jour, ils viendront et nous fêterons nos retrouvailles. En attendant, je leur prépare le terrain en vous habituant à notre présence.


Le crocodile est un équipement de signalisation utilisé sur les réseaux ferroviaires. C'est un dispositif de forme allongée de deux mètres de long placé entre les deux files de rails au droit du signal. Le crocodile fut inventé en 1872 (source wikipédia)

mardi 22 juillet 2008

Une ziggurat à Samarobriva !



-Mesdames, messieurs, voici un monument étonnant qui est un monument symbolique !
- Symbolique de quoi ?
- C'est bien la question, madame, lui répondit le guide. Ce monument a été édifié il y a 60 ans à la fin de la guerre dans le but de montrer que la ville se relevait et renaissait de ses cendres. Il a été qualifié de symbole, mais malgré la proximité de la construction, nous en avons perdu le sens.
- C'est facile, c'est le bâtiment le plus haut de la ville !
- Ce serait possible, monsieur, si la cathédrale n'était pas plus haute.
-Il sert à quoi ?
-Mis à part les logements, c'est bien la question.
-Qui l'a construite ?
-Un ingénieur du nom de Perret. A l'époque (nous étions à la sortie de la guerre), ce sont des ouvriers de nombreuses nationalités qui l'ont construite.
-Comment faisaient-ils pour se comprendre ?
- C'est là aussi un mystère. En tout cas, si au début de la construction, ils ne parlaient pas tous le français, à la fin, ils le savaient.
-C'est un miracle !
-C'est possible. En tout cas, l'évêque n'a jamais voulu le reconnaître comme tel.
-Il était jaloux.
-Peut-être. Observez le somme de ce bâtiment qui se perd dans les nuages. En fait, compte tenu du climat local, plus de la moitié de l'année, le sommet est au dessus des nuages.
-Alors, c'est un observatoire !
-Les chercheurs y ont pensé. Toutefois, nous n'avons jamais trouvé d'instruments d'optique. Cela m'étonnerait qu'à une époque aussi récente, nos ancêtres ont choisi la vue à l'œil nu.
Autre particularité pour l'époque. L'ascenseur marche mieux quand il descend que quand il monte.
-C'est normal. Il pèse moins lourd.
- Madame, la fonction première d'un ascenseur est de monter. En tout cas, il comporte sept paliers.
-Cette tour se visite-t-elle ?
-Non, seuls les habitants peuvent prendre l'ascenseur. Si vous souhaitez la visiter, il vous faudra monter à pied. Arrivé au sommet, vous pourrez redescendre par l'ascenseur.
-C'est fou !
-Non, c'est un symbole. Chaque année, il y a une course pour arriver le plus vite au sommet.
-Et alors ?
- Par mauvais temps, il y en a qu'on n'a jamais revu. (frémissement dans la foule).
-Mais pourquoi personne n'en parle ?
-Vous savez, les hommes politiques aiment avoir réponse à tout. Alors, avouer qu'ils ne savent pas grand-chose, cela peut compromettre des élections.
-Mais pourquoi vous nous la montrez alors ?
-Parce que peut-être que l'un d'entre vous a une idée sur le sujet.
-Moi, à l'école, dit alors une petite fille, j'ai vu un monument similaire. Cela s'appelait une ziggurat. La plus célèbre est celle de la tour de Babel (nouveau frémissement de la foule).
- Alors ce sont des dieux qui l'habitent hurle un homme. Ils descendent des nuages par cette tour qu'ils se réservent.
-Ils parlent comme nous ou comme les martiens demande un petit garçon en rigolant
-"bin dis donc min garchon, quind t’es nin contint, cha s’vot " lui répondit le guide
-Ah ! fit le groupe
-"ch'é sinpe conme bojour" continue le guide
-Cela explique le miracle des langues. A Babel, ils ne pouvaient plus construire parce qu'ils ne parlaient plus la même langue. Ici, cela a été l'inverse.
-Je comprends l'attitude l'évêché qui ne veut pas de concurrence ! dit un autre.
A ce moment, les nuages se dissipèrent et le ciel bleu apparut. Les touristes se reculèrent et firent une offrande pour conjurer le sort en déposant une pièce dans la sébile du guide, tout en faisant vœu de silence. Ils s'éloignèrent avec dignité, alors qu'au coin de la rue, un autre groupe de touristes attendait son tour

jeudi 17 juillet 2008

Je suis Camille et j'ai 20 ans


Je suis Camille et j'ai 20 ans. Paul Nizan, un condisciple de Sartre, disait que "20 ans n'est le plus bel âge de la vie" (j'ai des Lettres !). Pour lui, à cet âge, on est un enfant dans sa tête et un adulte dans son corps. Moi, je ne suis pas d'accord. A 20 ans, le monde est ouvert devant moi et je peux choisir. A vingt cinq j'aurais un métier et moins de chemins possibles. A trente ans, j'aurais choisi une route privée et professionnelle pour un long moment, j'espère. Alors profitons du temps présent.

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avait éclose

Sa robe de pourpre au Soleil,


Je suis Camille et j'ai 20 ans. Demain, je serai peut-être une orthophoniste réputée. Je dis peut-être, non pas parce que je doute de mon succès aux concours, mais simplement parce que j'aurai trouvé une autre voie durant mon parcours. Je serai alors archéologue, romancière, cuisinière ou… notaire. Qu'importe du moment que cela me fasse plaisir.

A point perdu ceste vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vostre pareil.

Je suis Camille et j'ai 20 ans. C'est un anniversaire pas comme les autres, fêté dans un univers familier plein de couleurs et de souvenirs. Un décor rougeâtre, artistiquement mis en place par ma décoratrice de mère (chut ! Elle ne sait qu'elle est artiste au fond d'elle-même.) Mon ami, mes amis, ma famille sont quasiment tous là autour de moi. Je me délecte de bonnes choses (ah ! le poulet au curry avec du lait de coco) dont j'ai trouvé les recettes dans de vieux grimoires (c'est vrai, je l'avoue, sur internet, mais je suis une romantique). La bonne chère bien partagée, quel régal !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que vostre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Je suis Camille et j'ai 20 ans. Mes vingt premières années n'ont pas été toujours baignées par un long fleuve tranquille. Cela est triste. Cela est bien. J'ai appris, dans les moments difficiles, à me connaître, à choisir, à apprécier les bons moments, les secondes de joie et de bonheur. Aujourd'hui je suis mon petit bonhomme de chemin avec un œil sur l'horizon et la saveur du moment présent au palais. Un instant de bonheur, on le vit tout le temps.

Cueillez, cueillez vostre jeunesse

Comme à ceste fleur la vieillesse

Fera ternir vostre beauté.

Je suis Camille et j'ai 20 ans. Je ne veux pas imaginer ce que seront mes 20 prochaines années. Qui vivra verra. Je rêve plutôt à mes 2 x 20 ans. Selon les jours et mes humeurs, je m'imagine mariée avec 1, 3, 5, 7… charmants enfants (qui seront alors pour les ainés en pleine adolescence !) Je vivrai dans une belle maison ou bien ce sera la crise promise par les écologistes : nous vivrons avec des masques et nous attendrons notre tour pour embarquer pour Mars ou Vénus, les prochaines planètes à polluer…Après tout, qui vivra verra. Aujourd'hui, c'est l'été. Il fait beau et la majorité des personnes que je chéris le plus sont autour de moi. Alors qu'importe…


C'est avec audace que tu relèves tous les défis

Aucun obstacle ne résiste à ta grande détermination

Magnifique par toute l'énergie qui bouillonne en toi

Indépendante, tu sais voler de tes propres ailes

Libre comme l'air, tu as la grâce d'un bel oiseau

L'amitié que je te porte est peu de chose à côté du bonheur

Et de la joie que tu m'offres au quotidien
(poème trouvé sur internet : http://www.abc-lettres.com/Camille/C/acrostiche.html)

dimanche 13 juillet 2008

Les joyeuses colonies de vacances


"Les joyeuses colonies de vacances, merci Perrault, merci Blanche-Neige, tous les ans on voudrait que cela recommence…" Lorsque vous êtes interpellés matin, midi et soir par un groupe chantant cette chanson, avouez que cela devient lassant. Cela l'est encore plus quand la sérénade a l'air d'être chantée par une basse-cour.

Je suis venu me reposer dans un petit village perdu dans la campagne où je m'attendais à trouver le calme et le silence hormis les bruits du vent et des animaux classiques (le coq du matin…). Un matin, n'y tenant plus, je suivis la "musique". J'arrivais dans une clairière que je n'avais pas remarquée dans le bois avoisinant ma maison. Au milieu de celle-ci, une petite cabane en bois avec toutes sortes de personnages et d'animaux qui me semblent étrangement familiers.

"Bonjour" dis-je à un lutin qui me jette un mauvais regard. "Bonjour et bonsoir' me répond-t-il sans enthousiasme, tout en continuant à vaquer à ses occupations. Quel grincheux me dis-je. Son compagnon vient vers moi, avec un large sourire : "c'est quoi votre boite noire ?"
- Un appareil photo
- Ah bon ? Cela sert à quoi ?
- A prendre de photos
(il me paraît bien simplet celui-là).
Le laissant là avec les questions qu'il continuait à me poser, je continue à m'avancer au milieu de la petite troupe.
A l'entrée de la maison, une vache me fait un grand sourire et m'interpelle :
- Comment allez-vous ? Et vos enfants, où sont-ils ? Cela fait un moment que je ne les ai pas vu !
- Excusez-moi, qui êtes-vous ?
-Comment, qui suis-je ? dit-elle en riant. "Je suis la vache !" et devant mon air étonné, elle continue "La vache qui rit !"
-La vache qui rit est rouge d'habitude !
-"Oui, d'habitude, mais là je suis en vacances et j'en profite pour bronzer."
-"En..en…vacances ????"
-"Bien sûr, comme tout le monde. Vous n'êtes pas courant ? Notre syndicat et la SPA ont négocié avec nos employeurs le droit à une semaine de vacances par an. Cette semaine, c'est mon tour avec les quelques amis qui m'entourent."
Je regardais autour de moi et je voyais toute cette petite troupe s'affairer à préparer le repas.
- Qui est ce chien ?
- Ben, Rantanplan, le chien de Lucky Luke !
- Et l'écureuil ?
- Spip !

- Chpipe ?
- Non, Spip, l'écureuil de Spirou et Fantasio ! La semaine dernière, il y avait le marsupilami (je l'ai croisé en arrivant) et les trois petits cochons qui ont construit cette cabane.
- Ah, bon, ils auraient dû la faire en briques, si j'en crois l'histoire
- Pas la peine, le loup est venu il y a quinze jours
- Mais, que faites-vous de vos journées ?
- Rien de particulier, nous nous reposons, nous nous promenons, nous lisons et regardons la télévision. Cela nous change d'être de l'autre côté du miroir.
-Que lisez-vous ?
- Biba et Cosmopolitan pour ma part. Les nains lisent Playboy et des revues de culturiste. Spip préfère lire le magazine de Picard Surgelés : il trouve de nouvelles recettes pour préparer les noisettes.
-Et à la télévision ?
- Nous revoyons les épisodes de "Star Ac". Les pauvres chanteurs, ce sont les comiques des adolescents d'aujourd'hui. Je préfère être à ma place qu'à la leur. Bon maintenant, il faut que je vous laisse, je suis de corvée de cuisine ce midi. Je prépare un couscous au beurre avec des noisettes et un grand verre de lait caillé. J'ai appris cette recette lors d'une tournée de l'autre
côté de la Méditerranée.
- Je vous remercie de votre accueil. Puis-je venir vous revoir ?
- Ce sera avec plaisir l'année prochaine, parce que nous repartons dans l'après-midi. Maintenant, il y a d'autres de nos confrères qui arrivent ce soir : Schrek et Fiona, Bambi, Assurancetourix et la Castafiore. Venez les voir. Il envisagent tous deux de faire des concerts.


Cette nouvelle me cloua sur place. L'après-midi, je fis mes bagages et rentrais vite retrouver le relatif calme de la ville.

samedi 5 juillet 2008

Vingt mille lieues sous les têtes (de poisson)


Vous m'avez vu il y a quelques temps dans mes habits de rêve (http://dalettres.blogspot.com/2008/04/jai-toujours-rve-dtre-une-capitaine-au.html)
, me voici maintenant dans ma tenue de travail professionnelle : un scaphandre qui me permet de plonger dans les grands fonds de vos idées et de votre esprit. Attention, je ne suis pas psy-quelque chose. Je suis coach et j'accompagne les personnes dans leurs projets. Je précise que je suis coach AT et certifiée CTA. Pour les quelques personnes qui ne maîtriseraient pas ces signes, A.T signifie "Aromes tunisiennes" et CTA = "Couscous Torchis Arissa".

Qu'est-ce qu'un travail de coaching ? Cela suppose d'abord recueillir les idées du "coaché", de n'en garder que les traits principaux (cela s'appelle les "filets" : attention à la quantité pour que le projet puisse nourrir différentes personnes). Prendre en compte aussi ce qui leur donne de la saveur (un peu comme le persil pour les aliments) et ce que le coaché appelle ses oignons, à savoir son intérêt propre à ce sujet.

Une fois ce mélange obtenu, vous aidez le coaché à donner du sens à tout cela. Pour cela, vous le faites réfléchir sur les gains qu'il en obtiendra (gains matériels, moraux, spirituels…).
Si cela lui permet de gagner son pain, c'est tout bénéfice. En effet, celui-ci est un excellent lien avec les filets, le "persil" et les "oignons").

Attirez son attention qu'un projet est évolutif et prend du temps. Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Deux œufs dans le projet suffiront. Amalgamez le tout, épicez l'ensemble pour que son odorat lui donne envie d'aller plus loin. Découpez l'ensemble sous forme de petites idées autonomes qui s'enchaînent. Voilà pour une première séance.

Lors de la deuxième séance de coaching, il faut que ses idées mijotent et s'enrichissent. Un peu comme l'huile de friture permettent aux ingrédients de prendre corps. Ensuite donnez-lui comme travail intersession de les enrichir tout en les gardant au chaud. Donnez une touche de couleur à l'ensemble : la cannelle et la tomate sont excellentes pour stimuler la créativité.

A la troisième séance, il faut confronter ses idées aux opinions des autres. Choisissez une bonne grosse tête bien faite pleine avec un œil curieux et favorisez un échange : ce qu'il en reste permet d'enrichir son horizon. Ce qui lui semblait banal comme des pois chiches prend soudain de l'ampleur, surtout si vous lui faites mettre tout en couleur. Rappelez-lui qu'un projet intègre aussi bien des aspects financiers (les "radis"), des éléments constituants (les "pommes de terre"), que des éléments de détails de la taille d'un pois chiche et de la couleur (le carotène est utile).

La quatrième séance porte sur la mise en œuvre. Il faut qu'il mette ses mains dans la semoule et prépare le support de l'ensemble, ce qui va créer la base constituante et garnir l'action. Il y a des méthodes rapides, mais pour ma part, je préfère, si nous avons le temps, l'ancienne méthode qui consiste à tourner et à retourner les idées. Le fait de rouler en permanence ses éléments leur donne de la consistance. Séparez bien les graines d'idées.

La dernière séance permet de vérifier l'ensemble et de tout associer. Votre coaché va pouvoir alors présenter à ses actionnaires et clients son projet avec les petites idées autonomes qui en font partie, les mettre en valeur les éléments fonctionnels qui les soutiennent (radis et patates par exemple), le tout sur un lit de données agrégées qui, comme la semoule, assurent l'assise.

Vous pouvez vous demander si les projets réussissent toujours ? Ce serait prétentieux et illusoire dire oui, mais en tout cas, vous vous serez au moins régalé d'un bon couscous au poisson. C'est un bon départ, qu'en pensez-vous ?

PS : je suis tenu par la charte déontologique RMF (rapport mère-fille) de ne pas vous donner tous les détails. En effet, l'usage de méthodes savamment élaborées par des mains non initiées pouvant être préjudiciable pour la santé.

mercredi 2 juillet 2008

Suivez le guide

Voici une maison avenante située entre campagne et mer. Vous y parvenez en prenant une autoroute, puis une autre. Vous filez tout droit jusqu'à ce que cette autoroute se lasse de vous et vous abandonne. La grande route prend le relais. Plus loin, profitez que celle-ci oblique sur la droite pour prendre à votre tour la tangente…tout droit. Quand vous en aurez assez, vous tournez à gauche, puis quelques temps plus tard à droite sans prévenir et vous y êtes. Vous la voyez trônée au beau milieu d'une belle pelouse. Trois portes ! Ne vous trompez pas, la plus pratique (en ce qui nous concerne) est celle du milieu.

Dès l'entrée, vous vous trouvez dans une grande pièce qui tient à la fois de salle à manger et de salon. Une femme, tout de rouge vêtue, vous y accueille en vous proposant des pommes (une coutume locale). Elle vous y invite à y goûter en en croquant elle-même une d'entre elles. La pièce est vaste avec de grands fauteuils qui vous tendent les bras. Des livres et des CD invitent à la flânerie. Au nord de la pièce, une grande table de bois entourée de bancs barre la baie vitrée, au travers de laquelle vous voyez la mer, la plage et les badauds.

Plein d'objets et de photos. On sent le poids des ans, des objets ajoutés les uns aux autres au fil du temps. Ce n'est pas un modèle pour une revue de décoration, mais en même l'accumulation des souvenirs dans le temps s'est faite d'une manière artistique. On n'ose bouger un objet de peur de rompre une harmonie bâtie au fil du temps. C'est ce qui donne l'impression quand vous entrez dans cette maison qu'il y a une atmosphère de vie permanente. Rien à voir avec les maisons musées froides des revues à papier glacé.

Votre hôtesse vous invite alors à entrer dans la cuisine, C'est un mélange de la modernité (avec ses machines à café symboles du nec plus ultra) et de vie traditionnelle (la table en bois, les ustensiles divers). Sur la table, vous voyez qu'il y a de l'activité de bon matin dans celle-ci. .Vous trouvez disposer quelques fruits et légumes : des prunes, des artichauts, un citron… Quel plat magique se prépare-t-elle à vous faire ? Peut-être un poulet rôti. Le poulailler n'est en effet pas loin : coq et poules sont visibles par la fenêtre.

Il n'est pas encore l'heure de déjeuner. Revenez sur vos pas, retraversez le salon et entrez dans un deuxième salon. La pièce est petite, confortable, avec de grands fauteuils. Toutefois, la large baie vitrée donne une impression d'espace : vous voyez au loin une série de maisons alignées et les falaises au loin à marée basse. Les livres changent de nature : de la littérature, mais aussi des bédés. Au-delà, la pièce suivante est une chambre un peu sombre avec ses volets fermés. A nouveau un salon avec un grand sofa et une cheminée. Sur une console de magnifiques fleurs (du jardin) vous sourient. Chaque pièce a son atmosphère. Selon l'humeur du jour et du temps, choisissez votre lieu.

Montons à l'étage. L'escalier est entouré de verdures. Dans une première chambre, à gauche, une petite fille en robe verte vous attend et vous chante une chanson sur un flamand rose. Elle vous montre la vue sur les falaises. Celles-ci brillent au soleil. Passez doucement devant la pièce suivante. Un coup d'œil par la porte entrebâillée vous observerez un homme un peu triste qui regarde par la fenêtre. Que regarde-t-il ? La mer ? L'horizon ? Peut-être digère-t-il tranquillement son repas. Il a une assiette de fruit devant lui (il aime les bananes à priori) et une bouteille de vin bien entamée.

Les autres pièces vous offrent des perspectives inattendues. Ainsi, dans l'une d'entre elles, un reflet dans un miroir… et vous avez la sensation de vous trouver à Venise sur un des canaux, dans l'attente d'une gondole. Dans une dernière pièce, vous avez l'impression d'être sur la plage au dos des belles cabines colorées. Un dernier regard sur la plage où des jeunes filles laissent traîner leurs pas sur le sable mouillé. Il est alors temps de redescendre et de prendre congé de vos hôtes.

Retour à la réalité du monde moderne par le chemin, la route et les autoroutes. Le lendemain, vous vous demanderez peut-être si vous avez vu tout cela ou si vous avez rêvé. Les deux peut-être.