vendredi 27 octobre 2017

Le monde de dehors


Deux hommes, tous les deux gravement malades, occupaient la même chambre d'hôpital. L'un d'eux devait s'asseoir dans son lit pendant une heure chaque après-midi afin d'évacuer les sécrétions de ses poumons, son lit était à côté de la seule fenêtre de la chambre. L'autre devait passer ses journées couché sur le dos.

Les deux compagnons d'infortune se parlaient pendant des heures. Ils parlaient de leurs épouses et de leurs familles, ils décrivaient leur maison, leur travail, leur participation dans le service militaire et les endroits où ils avaient été en vacances. Et chaque après-midi, quand l'homme dans le lit près de la fenêtre pouvait s'asseoir, il passait le temps à décrire à son compagnon de chambre tout ce qu'il voyait dehors.

L'homme dans l'autre lit commença à vivre pour ces périodes d'une heure où son monde était élargi et égayé par toutes les activités et les couleurs du monde extérieur. De la chambre, la vue donnait sur un parc avec un beau lac, des canards et des cygnes jouaient sur l'eau tandis que des enfants faisaient voguer leurs bateaux modèles réduits. Des amoureux marchaient bras dessus, bras dessous, parmi des fleurs aux couleurs de l'arc-en-ciel, de grands arbres décoraient le paysage et on pouvait percevoir la ville se dessiner au loin.

Pendant que l'homme près de la fenêtre décrivait tous ces détails, l'homme de l'autre côté de la chambre fermait les yeux et imaginait la scène pittoresque. Lors d'un bel après-midi, l'homme près de la fenêtre décrivit une parade qui passait par-là. Bien que l'autre homme n'ait pu entendre l'orchestre, il pouvait le voir avec les yeux de son imagination, tellement son compagnon le dépeignait de façon vivante... Les jours et les semaines passèrent.

Un matin, à l'heure du bain, l'infirmière trouva sans vie le corps de l'homme près de la fenêtre, mort paisiblement dans son sommeil. Attristée, elle appela les préposés pour qu'ils viennent prendre le corps. Dès qu'il sentit que le temps était approprié, l'autre homme demanda s'il pouvait être déplacé à côté de la fenêtre. Heureuse de lui accorder cette petite faveur l'infirmière s'assura de son confort et le laissa seul.

Lentement, péniblement, le malade se souleva un peu, en s'appuyant sur un coude pour jeter son premier coup d'œil dehors. Enfin, il aurait la joie de voir par lui-même ce que son ami lui avait décrit. Il s'étira pour se tourner lentement vers la fenêtre près du lit. Or, tout ce qu'il vit, fut un mur !...

L'homme demanda à l'infirmière pourquoi son compagnon de chambre décédé lui avait dépeint une toute autre réalité. L'infirmière répondit que l'homme était aveugle et ne pouvait même pas voir le mur. Peut-être a-t-il seulement voulu vous encourager, commentât-elle...


vendredi 20 octobre 2017

La chute du singe

D’habitude le vieux Môc raconte des histoires. Une fois il a raconté celle-ci :

« Un jour, un troupeau de singes se balançait dans les branches. Un vieux singe a fait un geste maladroit et il est tombé. Un singe de la bande a réussi à le rattraper par la patte, mais il n’avait pas assez de force pour le soulever. Les deux singes sont restés suspendus ainsi, en criant et en gémissant pitoyablement. Tout le troupeau, apeuré, s’est mis à hurler. 

Le singe mâle qui avait attrapé le vieux était sur le point de lâcher la branche et de tomber dans le précipice. C’est alors que le vieux singe a levé les yeux et fait signe au jeune de le lâcher. Le jeune singe hésitait. 

Le vieux, rassemblant toutes ses forces, a lancé un cri terrible et le jeune l’a lâché, de surprise. Le vieux tombé dans le précipice, il est mort sur le coup. Le troupeau de singes est descendu jusqu’en bas pour pleurer le corps sans vie du vieux puis l’a transporté dans une grotte. »


 Monsieur Môc avait assisté à la scène. Il l’a commentée en disant que, parfois, la solidarité des animaux entre eux devrait nous faire réfléchir.

Conte extrait du livre : "Itinéraire d'enfance" de Duong Thu Huong (Le livre de Poche)

vendredi 13 octobre 2017

la maison en chocolat

Il était une fois, une petite maison tout en chocolat. Elle était installée dans une jolie clairière entourée d’une forêt magique, car tous les habitants de ce bois avaient le don de la parole. Lapin, cerf, biche, faon, chevreuil, chevrette, chevreau, renard, et autre gambadaient joyeusement toute la journée tout en discutant avec les arbres et les fleurs.

Tout semblait magnifique dans cette forêt sympathique, le ciel était tout bleu, le soleil brillait de tous ses rayons, les petits oiseaux gazouillaient et le petit troll malin logeant dans la petite maison était heureux de tout ce bonheur.

Tout semblait donc parfait dans ce pays merveilleux. Et pourtant, un gros problème se posait à Petit troll. Dès que le soleil se levait, il devait sortir tous ses parasols pour protéger sa maison, qui malheureusement, malgré tous ses efforts, fondait tous les jours d’été un peu plus. Petit troll était courageux et il reconstruisait tout ce qu’il pouvait durant la nuit, mais rien ni faisait.

Tous les habitants de la forêt décidèrent de se réunir et de chercher une solution. Les uns proposèrent d’arroser la maison continuellement, les arbres lui offrirent d’agrandir leurs branches pour protéger le toit de leurs feuilles, les animaux allèrent chercher les branchages feuillus les plus grands possibles pour éventer la demeure. Tout le monde se mobilisa mais rien ne fut concluant.

Lapinou qui avait aidé, dit tout à coup :« j’ai vraiment trop chaud, ah la la, si nous pouvions nous baigner !!!». 

Petit Troll se leva d’un bond et dit : "la voilà la solution, vite, toi le chêne liège, donne-moi ton écorce bien en rond, toi le pin, donne-moi ta sève pour que je fasse des joints et vous tous, démonter la maison et mettez tous les morceaux là dans le rond de liège ".

Chacun s’activa en se demandant bien où Petit Troll voulait en venir. Quand tout fut fait, petit Troll leur dit d’attendre la fin d’après-midi. Pendant ce temps, il se fabriqua un hamac, qu’il suspendit aux branches du gros chêne liège.

Le soleil ayant dardé toute la journée, le chocolat avait tout fondu dans le rond de liège et Petit Troll appela Lapinou et lui dit « regarde, si tu veux, maintenant, tu peux te baigner, voici une piscine de chocolat ». 

Toute l’assistance regarda, ébahie, Petit Troll, Lapinou sauta dans le chocolat suivi par tous ses amis et la fête commença. 

Tout à coup l’un des convives demanda à Petit Troll : « mais où vas-tu habiter maintenant ?»
« Et bien lui répondit-il, la forêt est un bel endroit pour vivre sous ce beau soleil, tu vois, j’ai mis mon lit dans le grand chêne et toute cette belle herbe me fera une belle place pour manger et m’amuser ».
« Oui, c’est vrai, lui dit son ami, mais l’hiver, comment feras-tu ?»
« Pas de problème, lui répondit Petit Troll, je reconstruirais ma maison avec le chocolat et grâce au froid, plus rien ne fondra ».