samedi 24 juillet 2010

Le pouvoir et le statut


Il était une fois une fenêtre qui rêvait d’être une porte de garage. Elle voyait en face d’elle de telles portes qui ouvraient la voie à de belles berlines. Les autres fenêtres avaient beau la raisonner, lui dire qu’elle voyait ce qui se passait, alors que les volets des garages étaient aveugles, elle ne voulait rien entendre. En fait, ce n’était pas tant le pouvoir supposé des portes de garages (laisser filer les bolides) qui la faisait rêver que le respect qu’on leur accordait (ne pas stationner devant.
Quand elles eurent compris cela, ses consœurs fenêtres firent en sorte qu’elle puisse en avoir le statut. Avec ses panneaux d’interdiction de stationner, la fenêtre avait fière allure.
La seule chose qui la gênait, c’était que les piétons qui passaient auparavant devant elle sans arrêter, maintenant stationnaient en s’interrogeant sur l’utilité du panneau.
Avoir le statut ne confère pas automatiquement le pouvoir associé.

mercredi 21 juillet 2010

Le nouveau jeu de l'été : BP !

L'été va peut-être long que ce soit au bureau ou en vacances; Alors jouez au nouveau jeu BP !

Voici le scénario


jeudi 1 juillet 2010

Apprenez à vous remettre en cause avec ce colombier


A vous tous humains qui vous désolez et craignez des changements de métiers et de fonctions, écoutez mon histoire. Vous êtes mobiles, je suis statique. Vous pouvez agir, changer, évoluer. Je demeure sur ma terre et dépend du bon vouloir des autres. Vous pouvez décider, croître, vous rebeller. Je ne puis que demeurer en l’état. Alors, à vous tous et plus particulièrement à ceux qui ont peur de l’avenir, de changer leur voie ou leur métier, oyez ma vie.

Je suis issu d’une race lointaine et ancienne de colombiers. Mes aïeuls étaient des colombiers et dans cette région j’ai de nombreux cousins. Un colombier est là pour les colombes, mais celles-ci ne sont plus celles que l’on croit. Les colombes de l’ancien temps sont celles qui vivent autour de vous et qui agrémentent le ciel de leurs vols gracieux. Pendant longtemps, j’en fus le refuge ; elles arrivaient parfois de loin et trouvaient en ce lieu calme, repos et sécurité. Ma charpente intérieure en porte encore les traces. Mais la mode des colombes a un temps. Les préoccupations humaines aussi. La mode des colombes dans les colombiers passa. Il était temps pour moi de choisir ou la démolition ou la reconversion. Agissez avant que les autres décident pour vous.

Le grand vide en mon centre attira les convoitises et je devins un colombier du 2ème degré, c’est-à-dire un entrepôt. Heureusement ma petite porte limitait la volumétrie du matériel entreposé, mais pas les risques associés : les bottes de paille sont de dangereux vecteurs d’incendie. J’ai perdu de nombreux parents par ce biais. J’ai craint, à juste titre, quelquefois la foudre ou les gamins et leurs allumettes. La chance m’a souri et je suis (pour le moment) passé au travers de cette période. Cette chance ne durera pas éternellement. Je me mis rapidement en quête d’un nouveau destin.

En effet, je sentais bien que le manoir perdait ses occupants et je voyais que les exploitants agricoles préféraient les grands hangars plus accessibles : je me retrouvais bien seul. Je dus me réorienter vers une nouvelle activité : le tourisme et plus particulièrement le tourisme du mariage. Quels plaisirs ont les tourtereaux de venir convoler en justes noces devant ma belle façade ! Cela m’oblige à me parer de mes plus beaux atours. Me voilà assurés de quelques belles années encore. Après ? Qui vivra verra !

Alors, vous les humains, ayez confiance dans vos talents et votre agilité. Si j’avais 10% de votre mobilité, que ne ferais-je pas !!!!

dimanche 13 juin 2010

Faut-il élever la femme au rang de « vache sacrée » ?


Monsieur le juge, mesdames, messieurs les jurés du tribunal international, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, nous sommes ici pour débattre d’un sujet clé pour notre futur : la femme peut-elle être reconnue, tout comme le thon rouge ou le saumon, comme une espèce à protéger ? Je voudrais verser au débat quelques pièces extraites d’une récente conférence.

Dans le cadre du cycle de conférences de la salle de lecture du Musée du quai Branly sur la situation de l’Art contemporain (http://www.quaibranly.fr/) , la dernière séance a été consacrée aux femmes indiennes. L’artiste Prune a présenté son projet « Holy Daughters » sur le statut des fillettes en Inde (http://www.prune-art.com/blog/fr/). En quelques mots, dans ce pays, l’enfant fille est perçu comme un inconvénient et cela se traduit par de multiples avortements et infanticides. Dans certaines régions, le taux de natalité est d’environ 500 filles pour 1.000 garçons ce qui commence à poser de sérieux problèmes aujourd’hui. Bien plus, près de 100.000 femmes mourraient chaque année dans des conditions plus ou moins suspectes.

Le paradoxe est que dans ce pays la vache est un animal sacré et intouchable. Pourquoi ? Est-ce fait un fait religieux ou l’intégration dans la religion de faits économiques anciens ? Diverses études semblent montrer que la deuxième piste est à prendre en compte (cf. http://www.pondichery.com/french/vaches_sacrees/vaches_sacrees.htm à titre d’exemple).

Si la vache a été intégrée au panthéon des divinités au vu de son utilité (reproduction, bouse utile à la construction, lait, urine pour le traitement des maladies…), peut-on essayer d’élever la femme à ce même niveau pour mieux protéger l’espèce humaine ?

Je précise bien à ce stade qu’il ne s’agit pas de contester la dimension de sacré de la vache, mais plutôt d’élever la femme (presque) à son niveau pour mieux la protéger. Si la femme est utile pour la procréation et la médecine naturelle (avec le lait maternel), cela peut-il suffire pour vous en convaincre ?

Vaste sujet dans lequel les évolutions récentes de la médecine ont joué le trouble. En effet, l’échographie a permis de détecter le sexe de l’enfant en amont de la naissance. Même si la loi indienne interdit la divulgation de celui-ci aux parents, on ne peut que constater la quasi –impunité des actes des médecins à ce sujet.

La situation devient donc grave : les femmes (et donc les hommes) ont-elles encore un avenir ? Si vous pensez que oui, faites-le savoir et contribuez à l’évolution des mentalités. Si vous pensez que non, attendez une génération et vous changerez d’avis (si ce n’est pas trop tard).

Je vous remercie de votre attention.

samedi 5 juin 2010

Devenez riche grâce à Van Gogh

Une lecture superficielle de ce titre pourrait vous faire penser que je vous conseille d’acheter un tableau (voire un dessin) de Van Gogh et d’attendre qu’il monte. Pas du tout ! D’ailleurs, il est fort possible que vous n’ayez pas (tout comme moi) les moyens de vous en acheter un.

En fait, c’est beaucoup plus simple : gardez tous écrits, vos coloriages d’enfant, vos textes de toutes sortes et peut-être qu’un jour la fortune sourira à vous ou à vos enfants (Van Gogh fut méconnu durant toute sa vie).

Van Gogh a envoyé tout au long de sa vie de nombreux courriers (heureuse époque !). Dans une lettre à son ami Emile Bernard, il déclare : « Il y a beaucoup de gens, et plus particulièrement parmi nos amis, qui imaginent que les mots n’ont pas de valeur. Au contraire, ne pensez-vous pas qu’il est aussi intéressant et aussi difficile de bien dire les choses que de faire de la peinture ? Il y a un art des lignes et des couleurs, tout comme il y a un art des mots qui est du même ordre. »

Alors, je me suis dit qu’à défaut d’être doué en peinture, je devais chercher ma voie dans l’écriture. Après tout, dans un monde qui est de plus en plus visuel et instantané, où le choc des photos dépasse le poids des mots et où les outils informatiques permettent de transformer toute image ou photo, l’image est omniprésente au détriment de l’écrit. Bien plus, les jeunes écrivent « texto », oublient la grammaire : la dictée devient un outil de sélection des cabinets de recrutement pour départager les bac+5 (authentique : de nombreux entreprises lancent des cours de grammaire). En bref, demain, un beau texte bien rédigé, voire bien écrit pourrait avoir de la valeur dans un monde où l’image se banalise.

Je garde donc maintenant mes textes et recherche même les anciens (y compris les cahiers scolaires). Un texte banal hier peut se révéler une œuvre artistique demain. Une malheureuse dictée du primaire avec les corrections en rouge de l’institutrice pourrait se vendre dans les grandes salles des ventes à l’instar de celles des grands noms de l’histoire.

Allez voir « la tête en friche », le dernier film de Jean Becker avec Gérard Depardieu : la belle littérature se perd. Et si vous ne devenez pas riche au sens matériel du terme, ce sera celle de l'esprit : la revanche des artistes !

vendredi 28 mai 2010

Qui veut gagner l'édition 2010 ?


Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,

Nous déclarons ouverte la session 2010 du grand concours « les médicaments en fête ». Participez, concourrez et peut-être vous serez l’un des trois gagnants.

Que gagnez-vous ? Une tournée en France avec des représentants du Ministère de la Santé, du conseil de l’ordre des pharmaciens et de membres de l’Industrie Pharmaceutique Une présentation de votre portrait dans les plus belles pharmacies des grandes villes métropolitaines en parallèle. Bien entendu, chaque gagnant peut se faire accompagner par la personne de son choix. Ce voyage a lieu dans les meilleures conditions : en ambulance 1ère classe avec gyrophare et sirène pour le transport et en CHU (ou équivalent) pour le logement.

En quoi cela consiste-t-il ? Vous aurez à tester divers formes de médicaments sous forme de sirop, gélules, comprimés…Bien entendu ces produits sont des placébos, c’est-à-dire des produits inoffensifs avec un peu de sucre. Il vous sera demandé de remplir un questionnaire sur votre expérience de dégustation. Un tirage au sort sera effectué parmi les candidats et les photos des heureux seront exposées. Pour ce faire, une photo de vous sera prise avant et après l’action.

Avertissement : le placebo est un produit totalement inoffensif puisque la matière dont il est composé est complément inerte. Il arrive que dans 20 ou 30% des cas, des effets psychosomatiques se produisent suite à une confusion mentale entre la couleur, la forme ou le nom d’un produit auquel le consommateur l’associe. Ainsi, l’effet placebo s’est révélé souvent plus efficace que les psychotropes chez les dépressifs ou que certains placebos perçus comme des produits de chimiothérapie fassent tomber les cheveux de testeurs. L’Industrie pharmaceutique ne saurait être tenue responsable de tels phénomènes.

A quoi cela sert-il ? Le Ministère de la Santé et l’Industrie Pharmaceutique cherchent à tester de nouvelles formes de médicaments plus appétants. Vous participerez ainsi à une grande œuvre sociale et humanitaire. Grâce à vous, les malades observeront mieux la prise de médicaments et vous sauverez ainsi de nombreuses vies humaines.

Qui peut participer ? Toute personne majeure, vaccinée et en pleine possession de se moyens. Sont exclus les membres du Ministère de la Santé, de l’ordre des pharmaciens ou de l’Industrie Pharmaceutique et leurs familles.

Comment s’inscrire ? En envoyant votre candidature dans la case réservée aux commentaires ci-dessous. Vous recevrez un e-mail de confirmation de votre participation, puis vous serez invité à venir rencontrer un membre de notre comité d’organisation qui vous donnera tous les détails.

Vous trouverez ci-dessus sur la photo les gagnants de l’édition 2009. Regardez leur bon teint, leur visage réjoui et leur bonne santé. Soyez vous aussi à votre tour les témoins de la vitalité de la recherche de l’Industrie Pharmaceutique !

mardi 25 mai 2010

Aimer ou respecter ?

C’est l’histoire d’un petit moineau qui volète auprès de son père. Ils croisent un gros moineau qui leur enjoint sans raison de faire demi-tour. Le petit moineau commence à obtempérer et s’apprête à faire demi-tour. Son père l’arrête : « Pourquoi lui obéis-tu ? Il teste son pouvoir et vise juste à t’impressionner !»

Les deux moineaux continuent leur voyage et trouvent un morceau de pain qu’ils commencent à picorer. Arrive une bande de moineaux qui menacent de s’en prendre à eux s’ils ne quittent pas les lieux. Le petit moineau, tout tremblant, ne demande qu’à partir, mais son père le retient et propose au groupe de partager le festin. .

Un peu plus tard, les deux moineaux rencontrent un vieux parent qui leur dit : « Mes amis, vous qui avez un cœur en or, aidez-moi ! Je dois aller voir un vieil ami, mais je n’ai pas le cœur à aller seul. » Emu, le petit moineau aimerait l’aider, mais son père lui rappelle qu’ils ont un but et qu’ils ne peuvent se disperser. « Il va nous en vouloir » dit le petit moineau « et ne plus nous aimer ».

Progressivement, les moineaux arrivent au terme de leur voyage. Il leur faut encore dissuader un autre moineau de les accompagner. Ce dernier insiste tant et plus que le petit moineau accepterait bien qu’il les accompagne, rien que pour avoir la paix. Son père avec beaucoup de patience et de détermination se montre ferme : ils doivent rester seuls.

Au retour de leur périple, le papa moineau commente les leçons du voyage : « dans la vie d’un moineau, il faut choisir. Si tu obéis à toute autorité, ais peur en permanence de réactions négatives et de déplaire et ne veux pas faire d’effort, tu croiras être aimé mais tu seras en fait méprisé. Tu seras vite aigri ou en colère contre tout le monde. Si tu préfères être autonome, t’affirmer posément et faire ce que tu as à faire tout en reconnaissant des droits aux autres, les autres te respecteront. Se faire aimer, c’est d’abord se faire respecter. »

samedi 15 mai 2010

La carte de l'autre


Pour élargir son point de vue sur les choses et les gens, un Français avait résolu d’aller jusqu’au bout du monde en marchant pour voir de nouveaux paysages et rencontrer des gens différents : « Au bout du monde, ils doivent penser différemment ». Il marcha vers l’Est des jours et des jours.


Un jour, il croisa un Chinois qui marchait dans la direction opposée. Celui-ci lui dit qu’il allait au bout du monde aussi. Le Français s’en étonna : pour lui, le bout du monde immergé, c’était la Chine ou en tout cas l’Extrême Orient. Le Chinois était, de son côté, interloqué : selon sa carte, c’était la France.


Ils comparèrent leurs planisphères et réalisèrent qu’ils y avaient des images opposées. Ils parlèrent, échangèrent et finalement retournèrent chacun d’où ils étaient venus. Ils avaient compris qu’il n’était guère nécessaire d’aller bien loin pour avoir d’autres regards, d’autres points de vue : il suffit déjà de chercher à comprendre la carte mentale de ses voisins.


Nous allons chercher bien loin, parfois, d'autres idées. Intéressez-vous au regard des autres et vous élargirez le vôtre.

samedi 8 mai 2010

La barbaresque


C’est l’histoire d’une jeune barbaresque venue il y a de nombreuses années avec toute une flottille d’autres bateaux trouver gite et subsistance dans le doux Sud-Est. Devenue grande, elle voulut mener sa propre vie. N’avait-elle pas intégré les codes et règles des autres bateaux de la région ? N’avait-elle pas passé toutes les épreuves qui lui permettaient d’accomplir les hautes tâches confiées aux bateaux consacrés ?

Las, malgré tous ses certificats maritimes, elle ne put trouver de travail ad hoc. Une capitainerie lui proposa de suivre un nouveau cycle d’examens pour obtenir un certificat équivalent, moyennant quoi, elle serait embauchée si elle réussissait.

Elle refit ses preuves et réussit de nouveau ses épreuves. Malheureusement, le syndicat des bateaux régionaux se mobilisa pour obliger la capitainerie à n’embaucher que des bateaux issus de la famille des bateaux déjà en place.

Elle continue alors sa route de petits contrats en petits contrats avec l’espoir un jour d’intégrer une vraie flottille.

Même au pays des bateaux, il y a des bateaux plus égaux que d’autres !

samedi 1 mai 2010

Une chaise, entre don et passion

C'est l'histoire d'une chaise avec accoudoir, une belle chaise rembourée et recouverte de beau cuir, en bref, une chaise (ou un fauteuil) qui a sa place dans une salle de réunion. "C'est le destin de notre famille d'être dans de belles salles de réunions" lui dirent ses parents. Seulement, cette chaise ne rêvait que d'une seule chose : être dans un jardin, à l'air, au milieu des fleurs et des arbres. "Quelle honte" lui dirent ses parents. "L'extérieur, c'est bon en été pendant quelques heures. Après, c'est la pluie, la poussière, les humains qui ne prennent pas soin de toi et l'oubli dans un triste état. En plus, tu vas rencontrer un autre monde, fait d'importés venus de Chine, tout en plastique ou dans des bois de basse qualité. Ici, tu es au chaud, tu vis longtemps et tu travailles peu. "

Pourtant la chaise ne cessait de rêver de l'extérieur. Dès qu'elle avait l'opportunité d'être placée face à une fenêtre, son esprit s'envolait.

Elle alla consulter le vieux fauteuil de direction qui présidait autour de la table. Celui-ci l'écouta et lui dit : "Tu confonds tes passions et tes dons. Tu peux souhaiter être dehors et c'est cela ta passion. Regarde-toi : avec ta structure et ton beau cuir, tu es fait pour être à l'intérieur. C'est ce que j'appelle ton don. Vivre sa passion sans don peut être rapidement frustrant : tu ne seras jamais reconnu comme une chaise de jardin et à la première intempérie, tu finiras à la décharge. De même, vivre son don sans passion mène à une vis désespérante. Tu n'y crois pas et ton occupant le ressent. Alors, il te faut chercher à concilier les deux. Renseigne-toi et trouve ta voie."

La chaise cherche en consultant les anciens, en parlant avec des chaises croisées dans le couloir lors de travaux divers et en menant une réflexion sur elle-même. Elle trouva ainsi sa voie : elle est maintenant chaise d'accueil dans un grand hall avec une magnifique vue sur un bois. Elle concilie son don et sa passion.

samedi 24 avril 2010

Tout est possible, homme blanc



J’ai vécu plusieurs vies, alors je sais de quoi je parle. J’ai été un dieu, j’ai été jeté aux ordures, j’ai été enseveli, j’ai été brulé, j’ai disparu, je suis réapparu, j’ai visité le monde, je me suis posé, alors, lorsque je vous entends, hommes et femmes blancs que tout est fini, je rigole.

Je viens de loin : qui aurait imaginé un jour que je ferai le tour du monde ? J’étais une statuette sacré : qui penserait que je serai un objet d’art ? J’ai été arraché à mon lieu de création par des ennemis de mes adorateurs ? Qui aurait pensé que des hommes venus du bout du monde aurait creusé le sol pour me retrouver ?

Il y a quelques jours, j’ai entendu une discussion entre deux gardiens de mon musée, des jeunes. Que disaient-ils ? « Nous avons fait de longues études, nous n’avons pas trouvé de travail, ici on s’ennuie, quelle vie, oui mais il y a les RTT, les horaires, oui, mais ce n’est pas la vraie vie, je rêverais d’être conférencier, pourquoi tu ne le fais pas, il faut passer des examens, à mon âge, oui tu peux, non, j’ai trop de choses à faire, le soir je suis fatigué, je veux vivre, … »

Tout est possible, hommes blancs, encore faut-il le vouloir. Moi, je ne suis qu’une statue pour les uns, un dieu pour les autres, un bout de bois pour un troisième et pourtant je suis là. Je suis sans liberté et je ne dépends que de votre bon vouloir. Mais, vous hommes blancs, vous êtes libres de faire ce que voulez et quand je vous entends, j’ai l’impression que vous êtes plus enfermés, plus enchaînés que moi. Vous créez vos propres chaînes, vos propres contraintes. Vous les aimez peut-être ces entraves à votre liberté.

On racontait dans mon village d’origine l’histoire suivante : un pauvre vivait dans une petite maison avec ses femmes et ses enfants. Il alla voir le sorcier pour l’aider à trouver une solution à la promiscuité qui y régnait. Le sorcier lui demanda s’il avait des poules. L’homme acquiesça. Alors le sorcier lui dit de les faire entrer dans la maison. Puis, quelques jours plus tard, devant ses plaintes, il lui prescrivit d’y faire entrer les cochons. Lorsque l’homme fut au bord du suicide (ou du crime), le sorcier l’invita à faire sortir poules et cochons. L’homme ravi vint le remercier : « enfin, il y a de la place ».
Alors, hommes blancs, prenez ma place quelques jours, quelques semaines, quelques mois…et vous aussi à votre retour à votre place, vous louerez la liberté retrouvée. Tout est possible, hommes blancs !

samedi 17 avril 2010

Pétition pour la retraite après 400 ans d’activité


Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,

J’ai l’honneur de requérir votre signature au bas de cette missive. Nous souhaitons obtenir, dans votre intérêt (et le nôtre) la possibilité pour chacun de prendre sa retraite à taux plein après 400 ans de bons et loyaux services.

En effet, cela fait près de 380 ans que nous œuvrons ici. Alors qu’il ne nous reste plus que quelques années pour pouvoir prendre une retraite bien méritée, le responsable de notre établissement vient de nous annoncer que les caisses de la société de retraite étaient vides et que nous devrions attendre une centaine d’années de plus avant de pouvoir nous retirer.

Comprenez bien notre position : nous travaillons à l’accueil de cet établissement. Situées à l’extérieur du bâtiment, nous affrontons le gel, la canicule, la pluie, la poussière, la pollution automobile… sans jamais perdre notre bonne humeur et notre sourire.

Progressivement, au fil des siècles, nous sommes montés en compétences : nous avons du nous mettre, après M. Napoléon, à l’anglais et au russe, puis à intervalles réguliers à l’allemand (1815, 1870, 1940) et, plus récemment, au japonais. Nous ne sommes pas contre l’ouverture culturelle (nous apprenons le mandarin en ce moment), mais nous n’avons plus 120 ans, l’âge de la prime jeunesse, et cela devient plus difficile. Je ne parle même pas de mes collègues qui apprennent en ce moment l’arabe pour partir à Abu Dhabi.

Nous demandons également des points de retraite supplémentaire pour faits de guerre. Nous avons vécu des occupations (1815), des bombardements (1914), des incendies criminels (1870), … et, pourtant, nous sommes restées fidèles et stoïques à notre poste.

Un récent rapport des Nations Unies a conclu qu’il était plus risqué d’être une femme qu’un soldat en période de guerre. Nos responsables devraient le lire, eux qui disent que nous avons été durant ces périodes au repos et qui refusent de valider ces années-là. Bien sûr, nous n’avons pas porté de casques lourds ou de fusils, mais qui faisait la tambouille pendant ce temps ?

Regardez ma collègue : elle s’est carrément fossilisée. Voyez nos moyens de travail : nos livres : ils se sont durcis. Nous avons demandés des ordinateurs, des I-Pad, des moyens modernes, mais notre Direction reste sourde à nos propos.

Nous avons également demandé à intervalles réguliers de pouvoir prendre une retraite progressive, en alternant avec des plages au chaud dans le bâtiment et de l’accueil du public à l’extérieur. Il n’y a que les planqués et les chouchous des conservateurs qui y ont le droit.

La circulation automobile augmente la pollution et nous commençons à souffrir de maladies de peau. Ce ne sont pas les traitements au karcher tous les 20 ans qui y changeront quelque chose. Quant aux pommades dont on nous badigeonne à cette occasion, elles nous donnent mal à la tête.

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, c’est pour vous que nous nous battons, pour la gloire de la culture française. Venez à notre aide.

samedi 10 avril 2010

Je suis un travailleur immigré

Ne dites pas à ma mère que je suis employé chez Mc Do, elle me croit guide au Louvre. Il faut dire qu’en Egypte, le Louvre a une belle réputation, alors que Mc Do. Je suis parti pour voyager et peut-être être embauché au Louvre. Je me voyais déjà dans une belle salle et des millions de visiteurs qui viennent m’admirer, échanger avec moi et me photographier.

Je suis arrivé à Roissy et les ennuis ont commencé : « Vos papiers ? Egyptien ? Prouvez-le ? Antiquité ? Faut voir ! ». En Egypte, les antiquités cela n’intéressent pas grand monde. Le temps consacré à l’avant Islam est à peu près du même ordre que celui vous consacrez aux Celtes (les pré-Gaulois). Dans mon pays, je suis une antiquité sans intérêt et ici…

Finalement, je suis arrivé au Louvre : on m’a proposé un poste dans les réserves (« plus de place dans les salles »). J’ai accepté en me disant que c’était temporaire, que les collections pouvaient tourner ou être prêtées à d’autres musées et que je leur montrerais alors au grand jour ce que je suis capable de faire. Mes nouveaux confrères m’ont vite fait déchanter. Certains étaient dans leur caisse depuis des dizaines d’années sans en être sorti.

Alors, je me suis vite échappé. Heureusement, j’avais lu Da Vinci Code : je savais comment en sortir et me déplacer dans Paris. J’ai très vite découvert que la vie sans papiers n’était pas simple. Dur de trouver du travail, gare aux contrôles inopinés de la police, se tenir loin des maraudeurs et autres vendeurs d’antiquités qui auraient tôt fait de vous arnaquer…

Finalement, j’ai trouvé du travail dans un Mc Do. Je surveille la salle du sous-sol. Il suffit de rester immobile et de promener son regard sans tourner la tête, voire les yeux. Facile ! Je fais cela depuis 3.000 ans.

Il y a la clientèle du matin, ceux qui viennent prendre leur café, parce que c’est moins cher qu’à l’hôtel ou plus pratique que chez eux, les chercheurs d’emploi qui se réfugient ici pour lire les annonces. Il y a la clientèle du midi, toujours pressée, bruyante et sans gêne. Puis c’est l’après-midi avec les touristes, les amoureux, les retraités qui viennent passer le temps. Enfin, c’est le soir avec une clientèle plus détendue, parfois triste, parfois souriante…

Et moi, pendant ce temps, je rêve dans cette salle sans fenêtre, à l’horizon forcément borné, aux grands paysages, à la mer, au ciel bleu…Je ne désespère pas, mais il faut attendre. En effet, j’ai lu par-dessus l’épaule d’un client que l’Egypte faisait campagne pour rapatrier les œuvres immigrées partout dans le monde. Alors, j’attends. J’ai attendu 2.000 ans, je peux attendre un ou deux siècles de plus. Peut-être qu'on aura changé de ministère de l'intérieur et que Mc Do existera toujours.

vendredi 2 avril 2010

Le petit café du matin

Le petit café du matin est un rituel important. Une fois sorti de chez soi et après un voyage plus ou moins heureux en transport (quoi de neuf ce matin ? Des retards ? Des grèves ? Des accidents graves de voyageurs ? De quoi échanger quelques mots avec ses collègues), vous arrivez près du lieu de votre travail. A partir de là, le monde se divise en deux : ceux qui prennent le café à l’extérieur et ceux qui le prennent sur leur lieu de travail. Il se re-divise encore en deux entre ceux qui le prennent seul et ceux qui en font un moment d’échange.

Ce n’est pas une division sans signification. Regardez la photo : le héros (ou l’héroïne) de la photo a pris son café dans un bar. La personne concernée aurait pu le prendre plus ou moins vite fait au comptoir, mais non, elle a choisi une table et pas n’importe quelle table : une table isolée, loin du comptoir, près de la fenêtre. L’angle parfait pour être à la fois seul, voir dehors et être visible sans être vraiment vu par les piétons.

Ce fut un petit café à en juger par la tasse, ou bien le nième café du matin, mais je ne le crois pas, parce que le verre de jus d’orange n’est guère compatible avec un mélange de café (du moins à mon goût). Vous pouvez aussi imaginer que le jus d’orange était pour une deuxième personne, mais la disposition des objets sur la table ne s’y prête pas.

Revenons donc à notre personne seule près de la fenêtre. A quoi pense-t-elle ? Regarde-t-elle les piétons sortant des transports ? Rêve-t-elle à un meilleur futur (ou au passé ?) ? Attend-t-elle quelqu’un (qui arriverait dans la direction de son regard) ?

Nous pourrions écrire 50 romans (ou 400 nouvelles) à partir de ce simple fait. Partons d’une hypothèse : la personne aime rêver un peu en sortant du tumulte des transports en commun et avant celui du travail au bureau (ou dans une boutique) ; Un havre de paix, de silence, un lieu de quiétude. Je ne sais plus qui a dit que le silence se décrivait par des bruits. Alors, imaginez ceux du café le matin, les brèves commandes des clients, les bruits des tasses, … Les clients du matin sont peu bruyants (à la différence de ceux du midi). Ils sont encore endormis.

Dans ce contexte, les bruits « habituels » vous bercent et vous pouvez laisser votre esprit divaguer ou lire le journal ou écrire ou encore faire ou ne rien faire. Un moment de calme et de plénitude. Un moment où vous vous retrouvez avec vous-même. Ce n’est jamais bien long (ce sont les clients de 10 h ou de 15h qui restent des heures au café), mais cela vous prépare à votre journée. Le midi, ce sera la course au repas, dans des espaces bondés, ou l’occasion de aux courses. Le soir, vous affronterez à nouveau la marée humaine des transports en commun (le double sens des mots est ici assez comique) et vous n’aurez guère le loisir de sacrifier à ce rite (à l’inverse au Japon, les salariés vont souvent au bar le soir ensemble).

Période de « zénitude », le café du matin devrait être remboursé par la Sécurité Sociale (les mutuelles pourraient y contribuer). Il aide à limiter le stress en créant un instant de décompression. Bientôt le 1er Mai : pourquoi ne pas en faire un thème de revendication ?

samedi 27 mars 2010

Envier la vie à la retraite ? Non merci

La vie à la retraite, c’est le farniente et le loisir assuré. Vous avez maintenant le temps de faire tout ce que vous n’aviez jamais pu faire par manque de temps. Le rêve. Vous pouvez voyager, prendre votre temps et ne pas rentrer automatiquement le dimanche soir. Le paradis. Vous pouvez abandonner un travail en cours (jardinage, bricolage, photo…) et le reprendre quelques heures, quelques jours ou quelques années plus tard. L’Eden. Bref, tout ce dont vous avez rêvé pendant 40 ans est maintenant à portée de mains, surtout que vous avez la santé. Aujourd’hui à 60 ans, vos êtes dans la condition physique des gens de 50 ans il y a 20 ans. Les vrais ennuis commenceront à partir de 70 ans. Alors, profitez-en !

Oui mais votre revenu a baissé de 50 à 60% depuis que vous êtes à la retraite si vous être cadre dans le privé. Bien sûr, vous avez mis des économies de côté, mais votre côté fourmi se développe avec l’âge, alors vous prenez garde.

Oui mais vos enfants sont adultes et il y a de fortes chances qu’ils commencent leur vie familiale avec à la clé de charmants bambins qui sollicitent votre présence, que ce soit à titre de filiation (les grands parents c’est important pour les enfants) ou de roue de secours (remplacer en urgence les nounous malades).

Oui mais il y a aussi de fortes probabilités que vos parents (ou beaux-parents) soient alors malades ou invalides ou nécessitent des soins, en bref, du temps et / ou de l’argent.

Oui mais les activités de loisirs coûtent chers. Prenez les voyages. Avant, les « actifs » voyageaient à certaines périodes et il y avait des vacances à prix cassés dans les périodes creuses. Aujourd’hui, entre les RTT et les vacances scolaires, les Actifs voyagent à tout moment et les périodes creuses se confondent avec période épouvantable (la Normandie en janvier, par exemple ou l’Asie à la saison des pluies).

Oui mais si vivre à la campagne ou à la mer, loin de tout, a l’avantage de vous offrir le dépaysement, un coût de l’immobilier moins élevé (si vous êtes loin de tout), c’est souvent un coût de vie plus élevé (pas de véritable concurrence commerciale) et des coûts de transport conséquents. Surtout que la maison à la campagne (ou la mer), c’est le passage assuré des vrais (et faux) amis l’été et le désert en hiver.

Oui mais si vous êtes restés à vivre près de vos proches, vous devez taillables et corvéables à merci : « maintenant que tu as le temps…. »



Alors, si vous êtes actifs avec de jeunes enfants (ou du moins sans enfant), profitez de votre vraie vie : votre revenu est là, vos parents sont vaillants et peuvent vous aider (« ils ont le temps »), vos enfants sont autonomes et ne vous prennent guère de temps (du moins c’est contrôlable) et vous avez du choix autour de vous.

Un de mes amis a observé la situation de la retraite en France et en a conclu qu’il fallait donner la retraite à tout le monde à 40 ans. Cela aurait été une grande avancée sociale. Et après ? Tout le monde se serait remis à travailler puisqu’il n’y aurait pas eu assez de sous pour les payer. Personne n’aurait plus parlé des retraites.

vendredi 19 mars 2010

La création du droit de la propriété (entre autres) vient du ponton 11

Le droit de la propriété est né en ce lieu magique au bord du lac. Il y avait jusqu’alors des pontons qui appartenait à certains en particulier (chacun savait quoi était à qui) et à tous en général. C’était simple et convivial. Tout le monde était à égalité et cela se passait bien.

Cela aurait pu durer longtemps si le nombre croissant de pontons n’avait commencé à créer une certaine tension. En effet, comment se rappeler de générations en générations quoi était à qui quand la fille du ponton 12 (il avait un nom, mais tout le monde préférait s’appeler par le numéro de son ponton) épousa le garçon du ponton 14, que le ponton 6 n’avait pas de descendant quand de son côté, le ponton 18 avait cinq enfants qui tous revendiquait le droit à ce ponton ainsi sur ceux ils étaient associés en tant que cousin ou époux ou…

Bref, cela devenait compliqué, mais avec un peu de bonne volonté de part et d’autre cela aurait encore pu fonctionner des années (voire des générations) si un petit noyau de pontonniers n’avaient souhaité faire appel un manager issu d’une grande ville situé au centre du pays (enfin, elle n’est pas au centre réellement, mais ses habitants en sont tellement persuadés qu’ils ont organisé les transports en fonction de cela).

Ce manager n’était pas un réel étranger. Il était le seul, unique et lointain descendant du ponton 11. Il vint un beau jour prendre possession de son héritage. Comme il n’avait jamais vécu ici, il ignorait tout des usages locaux. Il découvrit son ponton et s’empressa de faire quelques aménagements : une rampe en prévision de ses vieux jours, un paillasson (aussitôt posé, aussitôt disparu) et une porte agrémentée d’un très joli panneau d’interdiction.

Ce fut pendant quelques jours la grande attraction du lieu. Au début, les gens ne comprenaient pas le sens du panneau. Ils prenaient plaisir à utiliser la rampe, à pousser la porte et à la refermer. Le nouveau possédant du ponton 11 en prit ombrage. Il fit intervenir un huissier, appela la maréchaussée et menaça le maire d’installer une guérite avec un garde assermenté si son droit n’était pas respecté.

Les habitants se dirent que c’était peut-être une nouvelle mode de la capitale et progressivement, ils installèrent tous des barrières, mirent des panneaux d’interdiction et l’élurent président du syndicat de défense des pontonniers.

Notre manager était depuis longtemps réparti pour la capitale. A distance néanmoins, il continua à veiller sur son héritage. D’ailleurs le management à distance, il connaissait. Il suffisait de donner des consignes contradictoires à deux personnes pour qu’elles se surveillent mutuellement.

Plus la division régna, plus il prit de pouvoir. Il ne revint plus sur le ponton, continuant à entretenir le mystère de son pouvoir à distance. Il lui suffisait de faire cirer sa rampe et balayer son ponton pour que le symbole de son pouvoir reste intact.

Vous ne me croyez pas ? Allez (re)voir le Magicien d’Oz ! Nous adorons tous les apparences.

lundi 15 mars 2010

Adoptez une nouvelle technique de management : le micro-manège


Soyez dans le coup ! Montrez-vous à la page ! Motivez vos collaborateurs ! Voici le micromanège, l’outil qui va permettre d’accélérer les carrières, de faire les meilleurs choix et de repérer les vrais talents. Fini les décisions à la majorité ou au hasard, les stages commandos pour sélectionner les leaders, les politiques de la chaise musicale ou les longs arbitrages.

Quelques verbatim de nos clients

« Nous avons utilisé avec succès le micro-manège pour la sélection à un poste de haut niveau. Les postulants montent sur leurs chevaux. Le manège en tournant leur fait tourner la tête. Seuls les plus résistants moralement et physiquement sont capables de garder toute leur lucidité. Or, n’est-ce pas le rôle d’un dirigeant que de garder la tête froide en toutes circonstances ?»

« Bravo pour votre micromanège. Lors de nos prises de décision, nous utilisons ce manège pour bien faire ressortir le conscient et l’inconscient de chaque hypothèse. Ce que nous n’aurions jamais osé dire voire même imaginer ressort de manière claire et limpide. Grâce à vous, nous avons fait le bon choix sur une décision à 1 millions d’euros. Quelle rentabilité ! »

Le mot d’emploi est simple : vous l’installez dans la salle du comité de direction et vous l’utilisez pour toute décision où la part du subjectif est importante. Vous définissez votre objectif, puis vous mettez en condition les participants. Ils ont dix minutes pour se préparer (une étude scientifique sur 4523 participants a révélé qu’une concentration optimale était obtenu entre 9 minutes 53 secondes et 10 minutes 22 secondes).

Les protagonistes s’installent et vous lancez le manège. Chacun a trois minutes pour exprimer ses idées ou répondre aux questions. Après chaque cycle de réponse, vous montez la vitesse d’un cran (il y en a dix). Les arguments de fond arrivent au cran 3, les peurs et craintes au cran 5 et l’inconscient au cran 7 en moyenne. Au-delà de 7, cela convient uniquement aux personnes très entraînées, sauf peine d’être accusé de torture physique et mentale. Prévoyez juste une bonne moquette ou un tapis moelleux autour au cas où. Un examen médical des participants est conseillé avant tout usage intensif.

Nous vous conseillons de faire un enregistrement de l’action, les participant n’ayant plus conscience au-delà du cran 5 de leurs propos.

NOUVEAU ! Le modèle XXL vous permet de l’utiliser en individuel. Vous posez votre sujet, vous réglez la machine sur « automatique + » et celle-ci montera d’un cran toutes les trois minutes. Le son est enregistré automatiquement. La machine s’arrête automatiquement au cran 7 et rétrograde doucement.

Grâce à notre micro-manège, vos collaborateurs se sentiront à égalité dans les choix (chacun a sa chance). Vous-mêmes et vos proches collaborateurs n’apparaîtront plus comme des tortionnaires ou des harceleurs.

Les études de l’académie de médecine en garantissent l’innocuité. La Sécurité Sociale et les principales mutuelles vous couvrent sur les principaux accidents qui peuvent survenir.

Quand souhaitez-vous faire un 1er essai gratuit ?

samedi 6 mars 2010

« SFR », avez-vous dit ?


« Bon ! » se dit le Maire d’H, petite localité française, « Faisons le point : à la base, il y a la construction de cette colonne. A partir de là, il y a eu des manifestations comme en témoigne ce panneau sur les lieux et divers courriers à mon intention».

Extraits de courriers au maire

« je trouve superbe la sculpture qui a été édifiée près de la gare. En tant militant actif des Sculpteurs Français Réunis (SFR), je suis heureux que vous ayez autorisé un de mes confrères à valoriser cet arpent… »

« en tant qu’écologiste de la 1ère heure (je vote depuis 1994 pour eux), je proteste contre ces mouvements anti-antennes qui confondent défense des ondes et écologie. En fait, ils feraient de se battre pour l’arrêt des téléphones mobiles. Nous vivions mieux avant : nous allions nous voir pour nous parler. Bientôt ils vous sortiront une étude sur les réverbères et réclameront un éclairage sas lampadaires. Signé : un militant du Syndicat des Facétieux Rabelaisiens (SFR) »

« en tant délégué régional du syndicat agricole locale, je vous félicite d’avoir accepté d’être la première commune à accepté notre dernière innovation, le Silo Finement Racé (SFR), qui permettra à tout le monde de garder ses récoltes à proximité dans des conditions satisfaisantes. Alphonse Allais avait écrit en son temps qu’il fallait construire les villes à la campagne et nous, nous proposons la campagne à la ville… »

« je soutiens la campagne contre cette hideuse colonne qui recèle en son sommet une antenne relais de téléphone mobile en contradiction à la fois avec l’esthétisme de notre ville et la santé publique. Mon organisation, les Sages Femmes Réunies (SFR) vous apporte tout son soutien dans cette campagne. «

« je suis extrêmement surpris par la construction de cette tour qui est copie conforme de notre dernière réalisation, le Saucisson Fortement Resserré (SFR) qui est déposé à l’INPI sous le n° XZY 462. Ce produit révolutionnaire devait être mis en place dans les grandes surfaces à Pâques. Vous supprimez l’effet de surprise prévu et nous nous réservons le droit d’intenter des actions pour préjudice morale, matérielle et artistique »

« A l’occasion de la journée de la femme le 8 mars, j’ai apprécié votre geste par l’édification d’une sculpture venant à contre courant du mouvement des Silhouettes de Femmes Rondes (SFR) et de celui des anorexiques (Squelettes Finement Roulés- SFR-). Cette valorisation de la femme élancée et fine, tout en ayant du corps est un hommage au sexe dit faible »

« Le Syndicat des Fermiers Réalistes (SFR) s’inquiète de l’absence d’une girouette au sommet de cette tour. La girouette, symbole du sens du vent est extrêmement utile pour notre profession. Nous avons contribué par notre soutien franc et massif à la construction de cet édifice dans ce but. Or, à ce stade, l’essentiel manque… »

« Mais qui est donc ce mystérieux SFR ?» se demande toujours le Maire.

Pouvez-vous l’aider ?

jeudi 25 février 2010

Je reviens de Vancouver


- Bonjour chers auditeurs, je me trouve actuellement à l’aéroport de Roissy (Charles de Gaulle pour les étrangers) et j’attends l’arrivée du vol de Vancouver pour accueillir nos héros qui reviennent des JO. Justement j’aperçois l’un d’entre eux avec ses chaussures de ski autour du cou et les mains chargées de trophées. Monsieur, monsieur, quelques mots pour les auditeurs de Radio-ski, la radio leader des amoureux du ski. Alors, comment c’était Vancouver ?
- Nuageux, brumeux, vous avez sûrement vu à la télévision les épreuves reportées et toutes les conséquences.
- Cela a du être difficile pour vous. Dans quelles épreuves concourriez-vous ?
- Ma spécialité est le ski alpin et notamment la descente. mais en fait je n’ai pas concouru.
- Ah bon ? Accident ? incident ?
- Non, je fais courir les autres, c’est tout aussi stressant.
- Vous êtes sûrement un des entraîneurs de l’équipe de France. Comment expliquez-vous alors les résultats des skieurs français ?
- Mes résultats sont bons, d’ailleurs regardez les trophées que j’ai à la main. Il y en a encore plus dans mes bagages.
- Je ne comprends pas. Il me semble pourtant que les skieurs alpins n’ont rien gagné. Et puis, ce sont des coupes que vous tenez dans la main, pas des médailles olympiques.
- Ce sont les coupes gagnées par mes poulains en prévision des jeux d’Annecy.
- Il y a des jeux à Annecy ? Quels jeux ?
- Les jeux olympiques 2018 !
- Je ne vois pas le rapport avec Vancouver ?
- Je prépare les futurs champions olympiques ; ils gagnent coupes sur coupes dans les compétitions. Ils sont, j’en suis sûr, les futurs champions olympiques de 2018. Alors quand j’ai vu ce qui se passait à Vancouver en ski alpin, je me suis précipité là-bas avec mes coupes pour soutenir le moral des troupes et des dirigeants, dans la perspective de JO 2018. Courage, leur ai-je dit, nous arrivons !
- Vous ne croyez pas que ce que vous faites aurait du être fait depuis longtemps, parce que les médailles gagnées ces dernières années ne sont pas très nombreuses ?
- Mon métier est de faire gagner pour les JO d’Annecy. Voyez mes prédécesseurs pour répondre à votre question.
- Vous m’avez l’air sûr de gagner dans huit ans. Qu’est-ce qui explique votre optimisme ?
- Mon job est de leur donner la motivation et le savoir-faire technique pour cela. le vôtre, ce sera de m’expliquer dans huit ans pourquoi cela a marché ou non. Vous m’expliquerez alors ce que j’aurai du faire, à moins que vous n’ayez une réponse aujourd’hui à me donner. Je suis à votre écoute.
- Oui... , euh… c’est l’heure de la page pub, excusez-moi. Radio-ski, je vous rends tout de suite l’antenne.

jeudi 18 février 2010

La police en panne, et avant ?



La police en panne défile sur les Champs Elysées en ce soir lugubre et froid d’hiver. La police n’a pas le droit de faire grève, alors elle fait défiler ses véhicules. C’est ce qu’on appelle la grève par procuration. Comment en est-on arrivé là ? C’est une longue histoire que je vais maintenant vous conter.

Tout cela débuta à l’hiver 2010. Les salariés furieux de la fermeture de leurs entreprises se mirent en grève. Les professeurs fâchés de l’insécurité dans les écoles firent jouer leur droit de retrait. D’autres en colère contre les (faibles) hausses de salaire s’arrêtèrent d’œuvrer. Les syndicats saisissants la balle au bond proposèrent des journées de grève spontanées reconductibles. Progressivement, chacun se dit : « puisque tout le monde s’arrête, pourquoi dois-je être le seul à travailler ? » et l’économie s’arrêta.

Les politiques se mirent de la partie : les partis de l’opposition, vainqueurs aux Régionales, refusèrent de dialoguer et se retirèrent. Le parti de la Majorité, maintenant en minorité dans les régions, décida qu’il fallait laisser l’opposition d’hier –majorité d’aujourd’hui gouverner : « qu’ils fassent leurs preuves et on verra demain ».

Demain, c’est loin, alors en attendant tout le monde se mit au repos. Enfin, le monde essaya, mais les hôteliers et les restaurateurs étaient aussi en grève. Donc chacun resta chez soi sans télévision (en grève), sans radio (en grève) et sans transports (en grève). Comme les compagnies d’électricité étaient touchées par les arrêts, les feux tricolores ne marchèrent plus et il y eut d’effroyables embouteillages.

Devant une telle pagaille et l’inoccupation qui s’en suivit (défiler en juin, on peut le faire tous les jours, mais en hiver…) la population commença à manifester pour retravailler : « nous voulons bien être en grève si les autres travaillent, mais si ce n’est plus le cas, alors que les autres recommencent et nous on les suit ». En effet, personne ne voulait faire le premier pas de peur d’être accusée d’être un briseur de grèves. « Tirez les premiers, messieurs le politiques ! », « Après vous, je n’en ferai rien, messieurs les syndicats ! ».

Remarquez, cette pagaille n’était perdue pour tout le monde. Les frontières étaient cernées par les entreprises étrangères qui proposaient leurs produits aux habitants démunis. Il s’en suivait un vaste trafic d’acheteurs et de revendeurs et toute une économie parallèle surgit en quelques jours. Le paradoxe de l’histoire est que ce furent les salariés en grève qui devinrent les patrons de ces nouvelles entités. Sans rancune, ils embauchèrent leurs employeurs qui voyaient leurs affaires péricliter. Devant ce retournement de situations, les syndicats de ces nouveaux patrons craignirent de devoir négocier avec un MEDEF des salariés et poussèrent à la reprise, ce qui se fit cahin-caha.

Tout est bien qui finit bien, me direz-vous. Et la police ? Fatiguée, épuisée par la surcharge de travail, elle demanda un peu de répit. On lui dit que ce n’était pas l’heure de l’arrêt : « c’est maintenant l’heure de l’unité dans le travail ».

Alors, elle se mit en grève par procuration et cela donna des idées à d’autres…

samedi 13 février 2010

Le premier jour du télétravail


Augustin est heureux ce matin en se levant. C’est sa première journée de télétravail. Suite au déménagement de son entreprise à plus d’une heure trente de chez lui, les syndicats ont négocié la possibilité du télétravail pour les salariés qui ont vu leur temps de trajet fortement augmenté. Il bénéficie donc de deux journées de télétravail à distance par semaine. Libre à lui de les prendre ou non.

Malgré l’accord direction-syndicat, ce ne fut pas une mince affaire à mettre en place. Le lundi, il y a la réunion traditionnelle du comité de direction : il vaut mieux être là l’après-midi pour prendre en compte les dernières décisions qui peuvent impacter le ravail. Le mardi, c’est la réunion de son équipe. Le mercredi est un jour réservé pour les mères de famille. Le jeudi, il y a plusieurs groupes de travail dont il fait partie qui se réunissent et le vendredi, c’est le sacro-saint repas en équipe.

Après moultes discussions, tergiversations et engueulades, il a pu prendre son mardi, la réunion ayant été avancée au lundi. Tout guilleret, il s’installe à 8h devant son ordinateur. « Dire que d’habitude, je suis serré comme une sardine dans le métro » se dit-il avec joie. « Je vais pouvoir avancer comme jamais dans mon travail, sans être dérangé et ce soir à 18h00 je pourrai aller à la piscine ! » Quelle n’est pas sa surprise quand il constate qu’il a déjà reçu 34 mails ce matin. « J’avais pourtant fait le ménage hier soir » maugrée-t-il. Un bref regard sur les destinataires et l’heure d’envoi : ce sont de collègues en télétravail qui ont commencé plus tôt que lui ! Il y a déjà même des rappels de certains ave des notes ironiques sur les lève-tards.

« Pas grave » se dit-il « je vais les traiter plus tard. C’est cela l’avantage du télétravail : pouvoir prioriser sans pression. » Dix minutes plus tard, une petite fenêtre vidéo s’ouvre avec Skype. C’est son responsable qui veut faire le point sur un dossier. En même temps, sa messagerie instantanée commence à s’agiter avec des tas de mots de ses clients internes. Tout en lui vantant la joie qu’ils ont de le voir travailler à distance, ils souhaitent qu’ils profitent du temps gagné sur les transports pour avancer plus vite sur tel ou tel sujet. En parallèle, son Smartphone se met à vibrer. 10h30 arrive très vite avec toutes ces urgences et appels. Augustin décide de s’accorder une pause. Il va se faire un café. Revenu dix minutes plus tard, il trouve des messages des Ressources Humaines. Son correspondant s’inquiète de son « silence » : son ordinateur est sans réponse depuis 11 minutes et trente secondes. « Dans le cadre de la lutte contre le stress et le surmenage, nous souhaitons savoir si cet arrêt d’activité de plus de dix minutes est lié à
a) une période de réflexion (si oui, justifiez),
b) une panne de liaison (merci de joindre un justificatif de votre opérateur),
c) une pause toilettes et/ou rappel (rappel : selon l’accord direction-syndicat, celle-ci est limitée à 6 minutes 47 secondes le matin et 7 minutes 23 secondes l’après-midi)
d) un appel téléphonique (merci de préciser le nom de l’interlocuteur et son n° de téléphone)
e) un sentiment de surmenage (indiquez le niveau selon le barème présenté lors du séminaire sur les RPS –risques psychosociaux-)
Bien entendu, ces données ne vous sont demandées qu’à titre statistique, le but étant de vous favoriser les meilleures conditions de travail à distance. »

Le temps de lire tout cela, deux autres fenêtres vidéo s’ouvrent en même temps et dix mails urgents arrivent, avec toutes le même leitmotiv : « puisque tu es au calme, peux-tu ASAP… ».
« C’est pire qu’au bureau ! » se lamente-t-il ! Cahin-caha, il arrive à l’heure du déjeuner. Pendant celui-ci, son Smartphone, puis son téléphone privé n’arrêtent pas de sonner, chacun se plaignant de ne pouvoir le joindre, puis s’excusant ensuite, une fois son arrêt de travail justifié.

L’après-midi fut du même acabit. La piscine à 18 heures disparut compte tenu des urgences et le lendemain matin, ce ne fut pas avec un grand soulagement qu’Augustin reprit ses trois heures de transport allers et retours, la pause café à l’arrivée et en milieu de matinée, … le tout sans être dérangé. « Vive la vraie vie » se dit-il quand ses interlocuteurs habituels l’accueillirent en l’enviant sur sa journée au calme.

vendredi 5 février 2010

Traversez le mur !


Non, je ne garde pas les toilettes, je ne fais pas office de point de contrôle et je ne suis pas là parce que je n’ai pas de bureau. J’ai choisi d’être là au contact de tout le monde. Regardez mon univers : il est blanc, sans marques particulières, sans panneau, sans repère. A l’abri de ces cloisons, vous pouvez travaillez en paix. Pendant vos heures de « bureau », hormis les arrivées et départs, le silence règne sur ces couloirs.

Moi aussi, j’ai travaillé derrière ces cloisons : on y est bien au chaud, protégé des regards extérieurs, entre soi. Seulement l’enfer, c’est souvent les autres, comme l’écrivait Jean-Paul (Sartre). Alors, un beau jour, j’en ai eu assez du seul regard de mes collègues et des quelques visiteurs. Je me suis évadée, pas bien loin je l’avoue, juste de l’autre côté du mur. J’y ai tiré mon bureau et ma chaise, fait passer les câbles du téléphone et d’internet sous le panneau et le tour était joué.

Cela vous change la vie. Votre regard se porte au loin, vous voyez les passages de chacun (ce qui ne vous empêche pas de vous concentrer) et surtout vous existez aux yeux des autres. Mes collègues m’ont d’abord regardé comme une folle, puis comme un danger (des fois que cela donnerait l’idée à d’autres d’abattre les cloisons) puis s’y sont résignées.

La direction s’en est émut. J’ai eu aussi la visite des syndicats des représentants du CHSCT, du médecin du travail, … « On » a essayé toutes sortes de manœuvres pour me faire réintégrer mon espace : le risque sur le passage, l’accès pompiers, le déménagement vers un autre endroit… mais j’ai tenu bon. J’ai apporté preuves sur preuves aux arguments qui m’étaient avancées. J’ai aussi bénéficié d’une mésentente entre la direction et les syndicats sur l’indicateur de stress et le harcèlement. Finalement, je suis resté là. je suis mise en avant par la direction pour montrer sa souplesse sur l’intérêt porté aux conditions de travail et par les syndicats comme un combat contre le harcèlement et l’isolement.

En fait, j’ai découvert que j’existais. Moi, ce qui me motive, c’est d’exister, d’entretenir des relations avec les autres et de contribuer à la communauté. Si la vie en Open Space en a tué certains, la vie dans le couloir m’a fait revivre. Fini les froides mesquineries en petits groupes, fini les rivalités sans but qui divisent. Placé comme je suis, je connais presque tout le monde (enfin, tout le monde me connait) ; je deviens un lieu de passage et de croisement, je rends service aux uns et aux autres, sans me laisser déborder.

Finalement ce qui rend heureux, c’est d’avoir une marge d’autonomie, d’être au contact des autres et de se sentir utile. Alors, pour cela, il faut parfois traverser les murs. Ceux-ci peuvent être aussi bien virtuels. Alors, commencez un jour, vous vous ouvrirez de nouveaux horizons et votre voyage de découverte ne fera que commencer.

Un dernier mot : j’ai vu une pub pour un site qui m’a interpellée : http://www.devenezvoumeme.com/. J’ai été un peu surprise, c’était pour l’armée de terre ! Je préfère http://www.trouversavoie.org/., c’est moins engagé….


« Je dois mes succès à la diversité des gens rencontrés plus qu’à mon intelligence » Linus Pauling

samedi 30 janvier 2010

Tout chute ou baisse sauf…

Hercule Martin part de bon matin à son bureau. Il constate que le trafic est en baisse par rapport aux jours précédents. « Tiens » se dit-il, « les gens deviennent-ils écolo : la consommation d’essence est-elle en chute ?». Il n’a pas le temps de méditer longtemps. Distrait par une affiche sur la chute des prix ("quelle différence entre une chute une baisse des prix , " se demande-t-il, il se fait arrêter par la police pour avoir brûlé un feu rouge (orange selon Hercule). Le policier attire son attention que l’Etat, bon prince, baisse le prix de l’amende s’il la paye de suite. Hercule repart en bougonnant : « il va finir par me faire croire que j’ai fait une bonne affaire en ayant eu ce P.V. ». Arrivé à son bureau, il a peine le temps de s’installer que le téléphone sonne. Un client, constatant la chute de ses ventes veut renégocier à la baisse ses achats. Sorti de cette discussion infernale, il participe à une réunion où la direction ne cesse de lui rappeler que la chute des marges doit conduire chacun à baisser ses dépenses.

A l’heure du déjeuner, il retrouve un de ses clients dans son restaurant favori. Le patron de celui-ci l’accueille en se plaignant que la baisse de la TVA n’a pas empêché la chute de la fréquentation : « Les médias nous traitent de voleurs, mais ce n’est pas avec TVA de 5, 5% sur 0€ de recettes que je vais pouvoir embaucher du personnel ». L’après-midi n’est qu’une suite d’appels téléphoniques et de mails sur la chute de l’activité des clients. Tous veulent des baisses de tarifs. En fin d’après-midi, c’est le Principal du collège de son fils qui l’appelle pour l’avertir de la chute des résultats de ce dernier. « Pourquoi baisse-t-il ? » lui demande-t-il ? Hercule ne peut que lui faire part de son incompréhension et de la bonne volonté qu’il va déployer pour le remotiver. Avant de repartir chez lui, il va faire son examen annuel à la médecine du travail : « Vous devriez surveiller votre alimentation pour baisser votre poids. En plus, vous faites des chutes de tension. Prenez garde ! » lui dit le médecin.

Il rentre alors tristement chez lui, se voyant condamné au pain sec et à l’eau. Il a envie de vider son sac auprès de son épouse, mais celle-ci est plus rapide pour prendre la parole : « Vas-tu être augmenté ? As-tu demandé à ton boss une augmentation ?» lui dit-elle. Devant l’air interloqué d’Hercule, elle continue : « Tout augmente ! On voit bien que tu vis dans ta tour d’ivoire. Va faire les courses et tu verras. D’ailleurs quand je vois les gens acheter, je me demande où ils trouvent l’argent.»

Hercule soupire : « tout baisse partout, sauf pour mon portemonnaie ».

samedi 23 janvier 2010

Nous sommes dans l’illégalité !

Du moins, il y a de fortes chances pour que nous le soyons. « Nul n’est censé ignorer la loi » dit l’adage latin (« Nemo censetur legem ignorare »).
La lecture, dans le RER d’une affiche vantant les charmes de Shiva en tant que repasseuse, m’a fait découvrir le texte suivant : « dans les conditions posées par l’article sexdecies du CGI ».
Qu’est-ce que sexdecies ? Quelqu’un porté sur le sexe ? Un adjectif ? En tout cas, pas un nom puisqu’il n’y a pas de majuscule. Je me suis précipité sur un dictionnaire où j’ai découvert que sexdecies était… avant septdecies et après quindecies. Cela signifie la seizième partie d’un article d’une loi ou d’un décret. Simple ! Un peu de recherche pour découvrir que la douzième partie se dit en français juridique « duodecies » et la vingtième partie « vicies ». Vous le saviez sûrement, moi pas.

En repartant de l’adage latin cité plus haut, j’ai découvert que j’étais doublement dans l’illégalité : non seulement je ne connais pas cette loi, mais en plus je ne parle pas français, du moins le français juridique (heureusement que je n’ai pas à passer le test de naturalisation).

Alors j’ai décidé d’y remédier : d’abord connaître le droit. J’ai ainsi appris que ce célèbre adage ne signifie pas que tout citoyen est censé connaître l’ensemble des textes législatifs et réglementaires (décrets, circulaires…) existant dans l’ordre juridique français (= 8 000 lois et plus de 110 000 décrets en vigueur). C’est une fiction juridique (sic), c’est-à-dire un principe dont on sait la réalisation impossible, mais qui est nécessaire au fonctionnement de l’ordre juridique (sic) ?????

Comme je n’ai pas compris cette phrase (ni «sexdecies »), je me suis inquiété pour mon niveau de français. Bonne nouvelle, en 1999, le Conseil constitutionnel conscient de ce problème a pris des décisions pour favoriser l’intelligibilité de la loi (notamment au travers d’Internet). Je suis rassuré. L’affiche vue dans le métro doit faire partie de la campagne d’information. Il ne me reste plus qu’à me promener avec un dictionnaire pour (re)apprendre à parler français.

Toutefois, quoique déjà doublement inculte (en loi et en français), il me restait encore à avaler une troisième potion : Shiva n’est qui vous croyez. Shiva, illustrée sur la publicité par une jolie brune repasseuse de son état est en fait un dieu masculin dans la mythologie hindoue. C'est le dieu de la destruction des illusions et de l'ignorance. Il est représenté avec un troisième œil, symbole de sagesse, au milieu du front et avec un cobra autour du cou. Il porte un trident et tient un petit instrument de percussion. Il est assis sur une peau de tigre, symbole de l'énergie potentielle (dixit Wikipédia). Rien à voir.

Moralité : je ne lis plus les affiches dans le métro et je me sens moins profondément ignare.

dimanche 17 janvier 2010

Un phénomène style « ile de Pâques » en Normandie

A la demande de la société d’Archéologie, de l’Institut, j’ai été requis, pour mes compétences en termes d’extra-terrestres et d’études de l’origine des statues de l’Ile de Pâques, pour me rendre sur une plage de la côte normande, ST A… sur Mer.

Une analyse fine des cartes satellites a permis d’y observer un élément étonnant.
J’y ai constaté un objet de grande taille planté de biais dans le sable

  • il est d’une matière distincte du sol et de la falaise,

  • il comprend quelques ouvertures qui, compte tenu de sa position, semblent sans lien apparent avec le support,

  • il est apparemment le seul objet de sa sorte à des kilomètres à la ronde.

Je suis entré en contact avec quelques indigènes. Leur coutume nécessite de boire une boisson fermentée à base de pommes avant d’échanger avec eux. Il est vrai que cela délie la langue. Cela ralentit aussi les échanges parce qu’après l’absorption d’une certaine quantité de ce breuvage sacré, je dois prendre du temps pour me remettre. Pour eux, cela va.


  • Dans leur langue, cet objet s’appelle un Boom-Ker ( ?). Le mot n’a pas de sens dans leur langue. Mes recherches auprès des savants des Langues O ne m’ont guère permis de savoir de quelle origine était ce mot.

  • La matière de cet objet est pour eux du B-ton

  • Selon leur tradition, cet objet date d’il y a 2.000 ans. Effet, les anciens le datent de 42 ou 43. Je n’ai pu déterminer s’il s’agit d’avant ou d’après JC. En tout cas, j’ai pu vérifier qu’ils ont (aujourd’hui) un calendrier similaire au notre.

J’ai aussi observé leurs coutumes (un peu bizarres, mais pas dangereuses). Ainsi, ils jouent avec des boules en fer qu’ils lancent de loin près d’une plus petite boule.


  • L’objet sur la plage est-il alors une masse de grande taille lancée par une peuplade ancienne de grande taille ?

  • En appui de cette thèse, j’ai noté qu’il y avait un surplomb le long de la photo (voir les cailloux sur la photo) = aire de lancement.

  • Dans cette hypothèse, les trous dans l’objet seraient pour y mettre ses doigts, à l’image des boules de bowling (sport inconnu en ce lieu).

  • Il y a aussi un aspect de vénération puisque nombre d’entre eux viennent en faire le tour. Ils appellent cela une « promenade ».

J’en conclus que nous sommes ici en face d’un phénomène comme à l’Ile de Pâques. Un peuple de grande taille serait venu ici il y a 2.000 ans, aurait utilisé cet objet comme jeu ou instrument de divination (les hypothèses sont ouvertes), puis aurait disparu soudainement (tsunami ?) en laissant ce symbole. Pour éviter un déferlement de pseudo-savants ou de touristes qui ruineraient le site, je propose de faire preuve de discrétion sur cette découverte.

samedi 9 janvier 2010

La Libellule du train Nantes-Paris


Une petite libellule attirée par un grand insecte brillant inconnu entra par mégarde un jour dans un TGV. Le temps qu’elle réalise que le milieu ne lui convenait guère, les portes s’étaient déjà refermées et elle se trouva pris au piège. Après s’être heurtée vainement plusieurs à la porte, elle décida de chercher son chemin ailleurs.

Elle passa une porte à la suite d’un humain et se retrouva dans un long boyau où le monde était à l’envers. Dans son univers habituel, les humains sont debout, se déplacent et font toutes sortes de sons avec leurs bouches. Ici, ils étaient tous prostrés sur des sièges sans se parler. Ce qui l’étonna le plus dans ce silence, ce fut l’absence d’autres insectes ou autres animaux familiers : mouches, oiseaux…Elle voletait prudemment dans ce tuyau, évitant d’attirer l’attention des humains perdus dans leur pensée. Tout d’un coup elle sursauta à la suite de bruits dans son dos. Elle vit arriver vers elle un grand humain avec un drôle de chapeau et un sac. Il agitait frénétiquement une grande pince. Elle crut sa dernière heure arrivée quand elle réalisa que les humains le calmaient en lui donnant des bouts de feuille à pincer. Cela semblait réussir puisqu’il passa d’un bout de feuille à une autre sans même la voir.

Elle s’amusa à la suivre, passa diverses portes puis arriva dans un tuyau bizarre avec des odeurs de nourriture. Elle réalisa tout à coup qu’elle avait faim. Il n’y avait pas d’insectes à portée de main. Elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir manger quand elle entendit des bruits bizarres autour d’elle. Elle vit des doigts pointer vers elle : de petits humains venaient de la repérer et cherchait à l’attraper. Heureusement le ciel était assez haut et elle pouvait voler rapidement. Malheureusement, les portes vitrées l’arrêtèrent et les grands humains se mirent de la partie. Ses belles couleurs la faisaient d’autant plus ressortir sur le ciel gris. Elle chercha à se cacher dans la cuisine, mais l’humain présent brandit un grand outil vers elle et elle dut continuer sa quête d’un coin tranquille derrière des gros sacs.

Le voyage dura ainsi des heures, des années, des siècles pour elle jusqu’à ce que le grand insecte brillant dans lequel elle était entrée s’arrête. Elle profita de la cohue pour sortir par un trou d’air et se retrouva dans un immense endroit sombre avec beaucoup de bruit. Elle monta vite dans le ciel pour se repérer et rechercher son étang, ses roseaux habituels et ses amis, mais ne vit que de gros insectes brillants comme celui dans lequel elle venait de circuler et des congénères inconnus.

Une mouche daigna la renseigner et lui dit qu’elle n’était de pas de la bande du coin et qu’elle était en danger si elle restait là. Affolée, elle remonta dans son grand insecte brillant, se cacha du mieux qu’elle put et attendit le départ.

Ayant conscience qu’elle vivait une grande aventure, elle nota tout ce qu’elle voyait pour le raconter à ses amies. Elle nota les humains qui dormaient ou lisaient, ceux qui se bécotaient, les rouspéteurs, le mouvement perpétuel des humains qui circulaient dans le tube et revenaient les bras chargés de victuaille, l’humain à la pince et le roulis du tuyau qui lui donnait le mal de mer. Elle classa ses idées et les organisa en une dizaine d’histoires pour les longues soirées sur les brins d’herbe. Le hasard voulut qu’elle se retrouve à son point de départ et put voleter vers amis.

La joie de les revoir au loin lui monta tellement à la tête qu’elle perdit ses instincts élémentaires de réflexe et ne vit pas l’oiseau fondre sur elle et l’avaler. C’est ainsi que périt une grande exploratrice.

lundi 4 janvier 2010

2010, l’année des petits pains au chocolat !

-Savez-vous interpréter les rêves ?
- Ceux des enfants, bien sûr, c’est ma spécialité. Ceux des adultes parfois. Allez-y, racontez-moi votre rêve
C’est en ces termes qu’Hercule Martin* interpelle le Père Noël. Ils sont assis chez Hercule devant un bon feu de cheminée. Depuis quelques années, le Père Noël a pris l’habitude de venir saluer son ami Hercule, une fois le rush du 25 décembre passé. Au fil des ans, une relation faite de connivence et de confiance s’est établie entre eux.
-J’ai fait cette nuit le rêve suivant : je suis dans une petite ville animée avec plein de commerces actifs. Je baguenaude tout à mon aise. C’est curieux : il fait jour, le ciel est bleu, mais les immeubles et pâtés de maison sont plus ou moins visibles. J’arrive devant un pâté de maison complètement opaque. J’ai beau essuyer mes lunettes, rien n’y fait. Je me renseigne auprès des badauds : ils ne semblent pas y prêter attention. Je vois pourtant des gens entrer et sortir de ce brouillard. Je suis l’un d’entre eux qui y entre et, surprise, je me retrouve dans un commerce éclairé par la lumière naturelle où les gens s’activent. De là, je vois bien l’extérieur, là où j’étais quelques minutes auparavant. Je m’enquiers discrètement si c’est un lieu secret. Mes interlocuteurs sont surpris et ne comprennent pas. Ils ont des échanges actifs avec les autres habitants et commerces de la ville et s’étonnent qu’ils soient invisibles. A la réflexion, ils disent que leur activité a un peu baissé depuis que la ville a connu de grandes transformations. Peut-être que les nouveaux habitants ou étrangers comme moi ne les connaissent pas ou plus. Je ressors facilement dans la rue, me retourne et à nouveau, je ne les vois plus. J’interroge les passants : certains les voient, d’autres non. Je leur crie : « regardez, regardez », tout le mode rit et me prend pour un fou, cela m énerve et…je me réveille.
- « Hum, hum » dit le Père Noël. « Quelle est votre interprétation ? »
- Je ne sais pas. On dirait que les gens sont frappés par un charme.
- Dites-moi, Hercule, vous m’avez bien dit que la ville a connu quelques transformations et qu’il y avait de nouveaux habitants ?
-Oui, effectivement.
- « Il était myope, voilà tout, il vivait dans un monde flou où les nuages volaient bas ». Avez-vous déjà entendu cette phrase ?
- Euh, non ! Nietzsche ? Confucius ? Pascal… ?
- « Joe Dassin » lui dit le Père Noël en riant aux éclats. « C’est extrait de la chanson : le petit pain au chocolat » et il lui sifflote quelques mesures.
- « Ah oui », dit Hercule, un peu penaud. «Quel est le rapport ? »
- Vous essayez de voir avec vos lunettes du passé et cela ne fonctionne pas. Vous voyez ce que vous connaissez, mais vous ne voyez pas ce qui est nouveau, différent ou ne vous convient pas : alors, vous préférez ne pas le voir, tout comme les autres habitants de cette ville.
Il y a quelque temps, mes lutins et rennes m’ont accueilli avec cette chanson et ils m’ont offert de nouvelles paires de lunettes. Je n’en voyais pas sur le moment l’utilité, mais quand je les ai chaussées, j’ai compris.
- ???
- Mes lunettes précédentes me permettaient de voir loin, mais j’ai réalisé que ma vue de près était brouillée et que je ne voyais pas ce qui avait changé autour de moi. J’ai compris qu’il ne suffit plus de comprendre et de décider, mais qu’il fallait aussi partager.
-Je me vois mal passer mon temps à discuter avec tout un chacun ! On va me prendre pour un orgueilleux ou quelqu’un qui doute.
- Hercule, cela n’intéresse personne ce que vous faites. Ce que vos interlocuteurs veulent, ce sont des passerelles d’échanges : que pouvez-vous leur apporter en réponse à leurs besoins ? Qu’attendent-ils de vous ?
-Vous voulez donc dire que dans mon rêve, il ne suffisait pas dire aux habitants ce qu’il y avait à voir, mais qu’il fallait aussi leur donner envie de le voir : ils verront les commerces qui les entourent s’ils y trouvent un intérêt.
- Tout à fait. En 2010, plus que jamais, nous devons aller vers les autres et faire savoir en quoi nous pouvons mieux collaborer au lieu d’imaginer qu’ils nous connaissent ou d’attendre qu’ils nous le demandent.
-J’ai tout compris ! Avec de nouvelles lunettes, nous nous verrons mieux les uns les autres et nous partagerons les petits pains au chocolat ! Alors bon appétit et bonne année 2010 !


* Retrouvez l’historique des histoires d’Hercule Martin sur http://www.herculemartinmanager.com/index.php/2009/01/04/235-soyez-bons-et-l-annee-sera-bonne