vendredi 31 janvier 2025

Comment relancer la motivation et la créativité de chacun ?



Le parcours de Joseph Jacotot et sa méthode d'éducation révolutionnaire, basée sur l'égalité des intelligences, offrent une perspective fascinante sur l'apprentissage et l'émancipation intellectuelle. En 1818, Jacotot développe l'« Enseignement universel », une approche qui remet en question les méthodes pédagogiques traditionnelles et le rôle du maître.

 

La méthode Jacotot repose sur plusieurs principes clés :

 

1. L'égalité des intelligences : Tous les individus ont une capacité intellectuelle égale.

2. L'apprentissage autonome : Les élèves peuvent apprendre par eux-mêmes, sans explications détaillées du maître.

3. Le rôle du maître : Guider et encourager l'élève plutôt que transmettre directement le savoir.

4. L'émancipation intellectuelle : Libérer l'esprit des élèves de la dépendance aux explications du maître

 

La méthode Jacotot soulève des questions pertinentes pour l'éducation contemporaine :

 

- Remise en question du formatage : L'approche traditionnelle peut limiter la pensée créative et l'autonomie intellectuelle.

- Rôle de la technologie : Les outils modernes d'apprentissage doivent être évalués pour leur capacité à émanciper les apprenants, pas seulement pour leur efficacité.

- Engagement et motivation : L'approche émancipatrice pourrait potentiellement accroître l'engagement des apprenants, actuellement faible dans de nombreux contextes.

 

Cela nous fait également réfléchir en tant que transmetteurs de savoir : 

 

1. Humilité pédagogique: Reconnaître que l'apprenant peut découvrir et comprendre par lui-même.

2. Facilitation plutôt qu'explication: Encourager l'exploration et la réflexion autonome.

3. Conscience des biais : Être attentif à ne pas projeter ses propres schémas de pensée dans le questionnement.

 

La méthode Jacotot, bien que développée il y a deux siècles, offre des perspectives étonnamment pertinentes pour repenser l'éducation à l'ère moderne, en mettant l'accent sur l'autonomie intellectuelle et l'émancipation des apprenants.

 

lundi 27 janvier 2025

Saurez-vous résoudre la double énigme ?

L’IA pourra-t-elle un jour rattraper voire dépasser l’intelligence humaine ? C’est tout le propos du livre de Daniel Andler. A cette question s’ajoute un sous-titre : « la double énigme ». 

 



Ce sous-titre en dit long sur le raisonnement de l’auteur. Première énigme : qu’est-ce que l’intelligence ? Deuxième énigme : y a-t-il un rapport entre l’IA et l’intelligence humaine ? 

 

Tout au long du livre, l’auteur navigue dans et entre ces énigmes. Qu’est-ce que l’intelligence ? Pendant longtemps, les pionniers de l’IA se sont contentés d’une définition : aptitude à résoudre des problèmes. Dans ce cadre, l’IA devait être en mesure de résoudre des problèmes. L’Intelligence Artificielle a d’abord été une somme d’algorithmes de plus en plus sophistiqués capables de dépasser, dans certains domaines, l’intelligence humaine dans certains domaines : traitement de données, jeux d’échecs ou de go, …

 

Puis, avec le développement des capacités de traitement des ordinateurs, est venu la montée d’une autre branche de l’IA avec l’IA connexionniste et le Deep Learning, où la machine apprend à digérer des données et à créer des résultats en développant son expérience : Chatgpt, copilot…

 

Un tumulte médiatique a suivi et ce serait à qui prédirait dans 5 ans, 10 ans, 20 ans… le dépassement de l’intelligence humaine par l’IA. 

 

C’est là où l’auteur nous ramène les pieds sur terre. L’Intelligence n’est pas seulement de la résolution de problème. En tant qu’être humain, nous n’affrontons pas seulement des problèmes, mais nous vivons des situations. Bien plus, notre intelligence induit des notions de conscience, de sens, d’émotions, de versatilité, de fluidité… qui ne sont pas inclus dans l’IA. 

 

L’intelligence en plus n’est pas qu’humaine : les animaux, les arbres, les plantes ont eux aussi des formes d’intelligence par rapport à leur environnement qui ne peuvent être facilement transposées dans l’IA.  

 

Quel que soit les progrès à venir de l’IA, cette dernière ne peut espérer un jour supplanter un cerveau humain, tant la complexité de celui-ci est grande et est à multiples niveaux. D’ailleurs, Les prétentions de l’IA ont souvent été rabaissées ces dernières années : on nous avait promis la voiture autonome dès 2020. Elle semble être sorti des écrans radar. 

 

Alors faut-il « oublier » l’IA ? L’IA est un outil formidable pour résoudre des problèmes ou plus exactement différents algorithmes sont des outils pour cela. Parce qu’aujourd’hui, il n’y a pas une IA, mais une sorte de couteau suisse avec toutes sortes d’outils capables de nous aider à résoudre des problèmes. 

 

A nous de savoir les utiliser et surtout de ne pas se reposer sur eux. D’abord, ils ne sont fiables qu’en proportion des données qui leur sont injectés et d’autre part il reste toujours la part d’analyse à faire. Développons notre sens critique, tel est le message à retenir. 

samedi 18 janvier 2025

Etes-vous un jardinier ou un forestier ?





Dans l’un de ses derniers romans, l’auteur ukrainien Andreï Kourkov fait dire à un de ses personnages : « les êtres humains se partagent en deux catégories : les jardiniers et les forestiers. Les jardiniers conçoivent le monde comme un jardin dans lequel il convient de relever ce qui est ruiné, d’orner ce qui est construit et de tout maintenir en ordre. Les forestiers sont plus brutaux et sont plus aptes à détruire qu’à construire et restaurer. ils considèrent qu’il est impossible de changer le monde alors que les jardiniers aspirent à l’améliorer.
Le monde ne s’est pas totalement écroulé du fait que forestiers et jardiniers se marient souvent entre eux.
 »

 

Comme toute approche simpliste, elle est à la fois fausse par son côté caricatural, mais aussi juste parce qu’il y a un fond de vérité. 

 

Notre approche du monde du travail et plus particulièrement de la transmission n’en est pas loin. 

 

Au niveau du travail, nous pouvons transposer cela en parlant des développeurs d’activité (les jardiniers) et des pionniers (les forestiers). Nous avons en nous les deux personnalités, mais il y en a souvent une qui domine. Cela peut changer d’ailleurs au fil des ans. Certains pionniers se sont révélés tard, quand d’autres se sont « calmés » au fil du temps pour devenir des jardiniers. 

 

De même au niveau de la transmission, nos écoles et nos universités sont faites pour « élever » des jardiniers. Il en est de même pour les grandes entreprises. Il en résulte que nous ne laissons que peu de place aux forestiers. Très souvent, les « formations » pour les forestiers sont construites par des jardiniers. 

 

Cela pose la question sur comment favoriser le développement des talents et des capacités des forestiers. Il y a des universités (Université F de X. Niel) et des entreprises qui ont ouvert la voie en embauchant des profils originaux. 

 

Et nous-même, à l’échelon de notre famille, de notre organisation et de nos responsabilités, comment y prêtons-nous attention ? 

 

Dans un monde qui change de plus en plus vite (de l’IA au changement climatique), nous aurons peut-être besoin de plus de forestier très rapidement. Le nombre y est déjà, mais le développement de leurs compétences et leur possibilité de s’exprimer n’est pas à la hauteur. 

samedi 11 janvier 2025

Allez plus loin que l'IA



Le livre "Toutes les intelligences du monde" de James Bridle offre une perspective novatrice sur l'intelligence artificielle et son impact sur notre société.

 

En combinant diverses disciplines telles que la biologie, l'anthropologie et l'informatique, l'ouvrage présente une vision holistique de l'intelligence, mettant en lumière les capacités cognitives fascinantes d'autres espèces, comme les plantes et les animaux.

 

Bridle propose une conception élargie de l'intelligence, dépassant les limites de l'intelligence humaine et artificielle pour englober d'autres formes d'intelligence présentes dans la nature. Selon lui, l'IA actuelle est trop restreinte dans son spectre et présente des risques, non seulement en termes de biais, de surveillance et de concentration du pouvoir, mais aussi dans les formes d'intelligence utilisées.

 

L'auteur souligne que le monde est plus interconnecté que ne l'analyse l'IA. Notre existence repose sur les liens que nous entretenons les uns avec les autres et avec le monde plus qu'humain. Ces liens se trouvent renforcés, et non affaiblis, par l'inclusion et la participation égalitaire de chaque membre de ce réseau. Nous apprenons, évoluons et grandissons lorsque nous nous déplaçons et nous mêlons au monde de manière inattendue.

 

Voici quelques idées inspirées de la lecture de l'ouvrage :

 

1. Élargir notre conception de l'intelligence : Reconnaître et apprécier les différentes formes d'intelligence présentes chez les animaux, les plantes, les machines et leurs interconnexions.

 

2. Repenser notre relation avec la technologie : Développer une "écologie de la technologie" qui prend en compte l'impact environnemental et social des outils que nous utilisons.

 

3. Favoriser la biodiversité : Créer des espaces verts dans nos lieux de vie et de travail pour encourager la présence d'autres formes de vie.

 

4. Former et sensibiliser : Organiser des sessions d'information sur les enjeux du développement durable et les diverses formes d'intelligence.

 

5. Réduire notre impact environnemental : Adopter des pratiques plus écologiques comme la réduction de la consommation de papier et l'utilisation responsable du numérique.

 

6. Cultiver la curiosité : Rester ouvert aux nouvelles découvertes et expériences qui pourraient révéler des formes d'intelligence insoupçonnées.

 

En mettant en œuvre ces actions, nous pouvons contribuer à créer un monde plus inclusif et respectueux de toutes les formes d'intelligence qui nous entourent, comme le préconise James Bridle dans son ouvrage.

 

dimanche 5 janvier 2025

Les 7 règles d’or de SC+ FC



Il était tard en ce 5 janvier. Hercule Martin rentrait tranquillement chez lui. A la sortie d’une petite ville, un dos d’âne l’obligea à ralentir et c’est là qu’il la vit. Une femme emmitouflée dans un grand manteau avec une hotte à ses côtés lui faisait signe. 

Il s’arrêta. La femme s’approcha de la voiture. Elle demanda tranquillement : « pouvez-vous me déposer dans la première grande ville pour que je puisse prendre un train ? » Hercule lui répondit : « montez, dans une heure, vous serez au chaud dans une gare bien desservie  ». 

La voiture repartit et un silence tranquille s’installa. La dame lui expliqua qu’elle avait eu des personnes à voir dans cette ville et qu’elle avait raté le car. Hercule l’interrogea plus avant sur ce qu’elle faisait : « Je fais partie d’une ONG. Ma mission est de m’assurer que notre service est bien rempli. ». 

Il chercha à mieux connaître cette ONG. Sa passagère lui parla de « SC+FC », un consortium né dans le nord de l’Europe et qui avait fusionnées avec une ONG américaine. Son objectif : « donner du bonheur aux enfants ». Nous sommes très présents en France, notre action, pour visible qu’elle soit, n’a pas besoin de grande publicité de notre part. Celle-ci se fait toute seule par l’intermédiaire de nos supporters.» Hercule lui proposa de faire un don. La vieille dame le remercia et se contenta de sourire en regardant devant elle.

Il s’étrangla à moitié (et faillit sortir de la route) lorsqu’elle lui expliqua tranquillement que « SC+FC » s’occupait de deux milliards d’enfants. Leur nombre (et le succès de l’ONG) allait sans cesse croissant. Ils n’étaient que quelques-uns à s’en occuper. Son époux était le fondateur de l’ensemble. Leurs très nombreux supporters faisaient le reste bénévolement et avec beaucoup d’enthousiasme.

Il lui demanda le secret de son succès et elle lui donna les sept règles d’or de « SC+FC » :

  1. Donner du bonheur par des actes, des paroles ou des biens matériels sous la forme la plus adéquate pour celui qui les reçoit et non pour celui qui les donne.

2.     Des critiques infondées, voire des tricheries ou de la manipulation peuvent gravement endommager le capital de confiance.

3.     Savoir être juste. Chacun comprend la justice et l’accepte si elle est justifiée.

4.     Être près des personnes et faire appel à leurs émotions. Elles deviennent des ambassadeurs volontaires qui servent de relais. 

5.     Tous ces actes doivent viser à renforcer les aspects positifs de la personne. Faire progresser et encourager sont des clefs pour motiver les bénéficiaires.

6.     Être confiant dans ce que vous faites. A long terme, cela marche.

7.     Être exemplaire : votre propre attitude parle pour vous.

Soudain, il réalisa qu’il était arrivé devant la gare. Elle descendit prestement et prit sa hotte. Elle partait déjà vers la gare, quand Hercule bondit hors de sa voiture et la héla : « Votre carte ! Je vous ai demandé une carte ou quelque chose pour faire des dons à votre organisation ! »

Elle se retourna et lui tendit un carton tout froissé où il lut : « Association Santa Claus + Father Christmas, Madame Nicolas Noël. »

Éberlué, il leva les yeux, mais elle avait déjà disparu.

 Bonne année !