Voici un livre sur un choc civilisationnel. Cela peut-être aussi lu comme un choc associé à un changement et les leçons sont transposables dans une organisation. De quoi s’agit-il ? Un instituteur danois expérimenté se fait muter dans un comptoir au nord du Groenland. Le Groenland relève de la souveraineté danoise. Le Danois y est la langue officielle, mais dans ces régions à 500 km du pôle Nord, il n’est guère usité. Dans un souci de bien intégrer la population locale, la langue danoise leur est enseignée à l’école.
Le livre commence de façon amusante, avec un Danois qui découvre un autre mode de vie et d’autres habitudes liés tant à l’histoire qu’aux conditions climatiques de la région. L’accueil est positif et, progressivement, il s’intègre dans la communauté locale. Mais rapidement,il découvre que cela n’est pas si simple. Et lorsqu’il veut y remédier, les problèmes de tout genre arrivent.
Trois leçons que j’en tire :
D’abord ce livre pourrait se dérouler n’importe où et je dirais presque n’importe quand. Je repense, par exemple, au « cheval d’orgueil » de Pierre Jackez Helias (Pocket, 1999) qui au début du siècle dernier ne parlait que le Breton dans la région de Pont-Aven et se fit imposer le français à l’école. Et plus largement, l’assimilation culturelle détourne les élèves des modes de vie : n’apprenant plus, avec leurs parents, les techniques ancestrales de pêche et de chasse, ils deviennent dépendants.
Ensuite, ce livre souligne bien le déclassement progressif des populations. Ces Groenlandais s’auto-suffisent par leur chasse et leur pêche. Dès que des industries s’implantent (ici industrie minière), leurs manques de compétences techniques les rabaissent aux métiers les plus basiques. Le fier chasseur en est réduit à passer la serpillère. Il n’y a pas de honte à passer la serpillère, mais quand celle-ci n’est que la seule chose qui lui est reconnu, il y a de quoi détruire la fierté professionnelle de n’importe qui. Cette leçon peut s’appliquer aux personnes déclassées par les nouvelles technologies.
Enfin, nos actions au quotidien impactent ces populations : lorsque que des associations militent pour des attitudes plus « éco-responsables » ou de défense des animaux (ici la chasse aux phoques), la chute des prix des peaux les affame. Pour condamner l’attitude de certains, devons-nous punir tout le monde ?
Pour finir, ce livre est intéressant pour tous ceux qui s’intéressent au multiculturel, voire travaillent avec des collègues, fournisseurs ou clients à travers le monde. C’est une belle leçon d’humilité.