Cette histoire est un des mythes fondateurs de la neutralité
suisse.
On est
au début de la Réforme, que Zwingli conduit avec succès dans la partie
orientale de la Suisse. Les cantons catholiques résistent. En juin 1529, les forces
des cinq cantons catholiques et celles des protestants se font face à Kappel.
Berne n'est pas décidé à la guerre. Son Conseil appelle Zurich à la raison,
arguant qu'on ne peut pas implanter la foi à coups de piques et de hallebardes.
D'autres cantons se plaignent des extrémismes. Une médiation est tentée.
Pendant que ces messieurs discutent, les soldats aux avant-postes, de part et
d'autre du front, se reconnaissent. Beaucoup ont combattu ensemble dans les
guerres d'Italie. Pourquoi se retrouver aujourd'hui adversaires ? Ils se
racontent leurs vieux souvenirs. Selon un contemporain, des catholiques placent
une grande jarre de lait à la limite des deux camps et appellent les Zurichois
pour qu'ils y jettent du pain. On commence à manger, chacun assis de part et
d'autre de la marmite, sur son territoire. Si l'un des convives dépasse le
milieu de la jatte, un adversaire lui tape sur les doigts : «Broute sur ton
territoire». Un médiateur de Strasbourg, voyant la scène, s'étonne : «Vous
autres Confédérés, vous êtes de drôles de gens. Lors même que vous êtes divisés
par quelque différend, vous ne faites qu'un et n'oubliez pas votre vieille
amitié ! ».
Depuis,
la soupe au lait de Kappel symbolise l'entente par-dessus les tensions.
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