samedi 14 septembre 2024

Chercher sa place



Dans les huit montagnes, deux jeunes, Pietro, un jeune de la ville et Bruno, un de la montagne, se croisent dans un petit village du Val d’Aoste. Ils passeront leurs vacances d’enfance ensemble, puis la vie les séparera, parfois pour de courtes périodes, parfois plus longtemps. L’un bourlinguera dans le monde, notamment dans l’Himalaya, quand l’autre restera dans sa montagne. 

 

La notion des huit montagnes part d’une métaphore indienne  : au centre du monde il y a une montagne centrale, le Sumeru, et autour huit montagnes et huit mers (un mandala). La question qui se pose : lequel des deux aura le plus appris ? Celui qui aura fait le tour des huit montagnes ou celui qui sera arrivé au sommet du mont Sumeru ?   

 

 

Trois leçons (liste non exhaustive)

 

Il y a plusieurs d’apprendre sur soi et par ricochet sur le monde qui nous entoure.

 

Pietro, celui qui voyage au loin,  cherche à se trouver  et à comprendre le monde en voyageant. Il parcourt les huit montagnes. 

 

Bruno, en revanche, reste ancré dans sa montagne, fidèle à ses racines et à son mode de vie traditionnel. Cela ne signifie pas qu’il ne peut pas atteindre une forme de réalisation personnelle. Sa stabilité et son enracinement lui permettent de trouver une paix intérieure et une compréhension de soi qui sont tout aussi valables que les découvertes de Pietro à travers ses voyages.

 

Ensuite, la notion des huit montagnes évoque également l’idée que, peu importe le chemin que l’on prend, on revient toujours à ses origines et à ce qui est essentiel dans la vie, dans sa vie.

 

Enfin, en termes de transmission, Bruno reproduit la vie de sa mère, la montagne et seulement la montagne quand Pietro prend exemple su son père : la montagne pour se ressourcer, mais pas pour y vivre en permanence.

 

Finalement, ce livre offre une réflexion sur la quête de soi et les différentes voies possibles pour y parvenir. 

 

Comment cherchez-vous à trouver notre place dans le monde ? En allant vers l’extérieur ou en voyageant au plus profond de nous ? 

samedi 7 septembre 2024

Prédire ou prévoir ?



 Nous avons tendance à confondre « prédire » (« predict » en anglais) et prévoir (« forecast ») . Prédire relève de l’augure au sens antique du terme et de l’intuition. Prévoir est plus basé sur le calcul, l’anticipation et a une base plus factuelle, plus expérimentale. Ceux qui ont lu le livre de Michael Lewis, « Moneyball » ou vu le film qui en a été tiré « Le stratège »  avec Brad Pitt ont découvert le rôle des statistiques dans le monde du sport. Issu d’un fait réel, l’entraîneur d’une équipe de baseball a conduit au succès une équipe sans grands moyens financiers en choisissant des joueurs peu connus sur la base de calculs statistiques. 

 

Quelques années plus tard, un statisticien américain, Nate Silver, a sorti un livre, « The signal and the noise » qui étend cette utilisation à de nombreux autres domaines. Même si le livre date maintenant d’une douzaine d’années,  sa lecture est toujours d’actualité pour celui qui veut prévoir plutôt que prédire… avec son doigt mouillé. 

 

Que nous dit-il ? 

 

D’abord que nous avons encore beaucoup de chemins à faire pour améliorer nos prévisions. Nous vivons au milieu d’un trop plein d’informations et nous avons tendance à confondre les informations pertinentes  (le signal) des bruits de fond inutile, avec tous les biais associés. 

 

Ensuite, nous utilisons ces informations de manière fragmentaire, sans donner trop de détails, ce qui rend difficile l’analyse. Ainsi dire lors de sondages d’opinion que la cote de telle personne a baissé ou monté sans indiquer l’intervalle de confiance permet de dire n’importe quoi. La qualité des données doit primer sur la quantité. 

 

De plus, il nous invite à beaucoup d’humilité. Même les experts sur des sujets maîtrisés peuvent se tromper. Les sondeurs sur les élections politiques en savent quelque chose. 

 

 Enfin, il recommande d’utiliser des méthodes de probabilités comme les méthodes bayésiennes, pour sans cesse améliorer ses prévisions et ne pas s’en tenir aux premières conclusions. 

 

Je ne cache pas que c’est un livre long (450 pages), difficile pour ceux qui ne sont pas statisticien (c’est mon cas), mais il reste néanmoins d’actualité pour mieux comprendre les analyses d’aujourd’hui et leurs erreurs. 

 

Pour ceux qui voudraient aller plus loin,  je suggère « Factfulness, penser clairement cela s’apprend » d’Hans Rosling (Flammarion, 2019)  ou « Superforecasting, comment être visionnaire » de Philip E. Tetlock (Les Arènes, 2020)