jeudi 8 octobre 2009

Big Sister vous rappelle à l’ordre


« C’est qui, celui-là ? Non, mais vous avez vu comment il est habillé ? On ne devrait pas laisser des gens comme cela circuler ici ! Je vais demander à mes collègues de le suivre. Et s’il revient dans un tel état, gare à lui. Bien sûr, je ne suis pas là pour me faire l’arbitre de la mode, mais quand même !

Moi, mon rôle est de m’assurer que tout va bien. Je remplace en quelque sorte les caméras de vidéosurveillance. Je suis visible, intégrée dans le décor et je regarde. Je suis, en quelque sorte, votre bonne conscience, vous savez le petit ange blanc qui est sur votre épaule droite (pour les droitiers) et je vous protège des mauvaises influences, celles du petit diablotin qui est sur l’autre épaule.

Bien sûr, je suis nouvelle à Paris. Je fais partie d’un test qui a déjà eu lieu dans diverses villes du monde, avec succès. Je regarde, c’est tout, je ne dresse pas de contravention, je n’avertis personne (à la différence de Big Brother), mais je vous susurre à l’oreille : « attention ! Tiens –toi correctement. Pense à toi, à ta famille, à ton entourage. Qu’est-ce qu’on va dire de toi et de nous ? Etc. » Enfin, tout ce que votre mère, grande sœur, grand-mère (et j’en passe)… vous ont répété des années durant avec le peu de succès que l’on sait. Moralité : voyez ce qui se passe dans les écoles où votre gouvernement envisage de donner des primes d’assiduité.

L’opposition a décidé de réagir d’une manière différente en nous postant à des points clés… pour les autres. En effet, « ils » auraient pu nous coller à la sortie des écoles, devant les cafés branchés, les boites de nuit…mais non : ils ont préféré nous reléguer sur une île avec en face de moi une voie rapide. Peut-être qu’ils veulent que les gens s’habituent à nous avant de nous rapprocher des lieux clés. Peut-être aussi qu’ils ne veulent pas trop que nous nous impliquions dans leurs affaires, du style « dites aux gens de ne pas faire ceci ou cela, mais non nous voulons continuer

En attendant, je surveille les piétons de jours et les pigeons. La nuit, je ne préfère pas en parler. Quant aux voitures sur la voie express, je dois faire très attention : un jour, j’ai eu une grosse poussière dans l’œil. J’ai cligné de l’œil et…boum ! Il y a eu un carambolage : sûrement quelqu’un qui n’en croyait pas ses yeux et qui a du freiner. Maintenant, j’attends une accalmie dans la circulation pour le faire.


Bon, ce n’est pas tout cela, j’ai été très contente d’échanger avec vous et je vous souhaite une bonne journée. Au plaisir de vous revoir. »

Aucun commentaire: