vendredi 19 mars 2010

La création du droit de la propriété (entre autres) vient du ponton 11

Le droit de la propriété est né en ce lieu magique au bord du lac. Il y avait jusqu’alors des pontons qui appartenait à certains en particulier (chacun savait quoi était à qui) et à tous en général. C’était simple et convivial. Tout le monde était à égalité et cela se passait bien.

Cela aurait pu durer longtemps si le nombre croissant de pontons n’avait commencé à créer une certaine tension. En effet, comment se rappeler de générations en générations quoi était à qui quand la fille du ponton 12 (il avait un nom, mais tout le monde préférait s’appeler par le numéro de son ponton) épousa le garçon du ponton 14, que le ponton 6 n’avait pas de descendant quand de son côté, le ponton 18 avait cinq enfants qui tous revendiquait le droit à ce ponton ainsi sur ceux ils étaient associés en tant que cousin ou époux ou…

Bref, cela devenait compliqué, mais avec un peu de bonne volonté de part et d’autre cela aurait encore pu fonctionner des années (voire des générations) si un petit noyau de pontonniers n’avaient souhaité faire appel un manager issu d’une grande ville situé au centre du pays (enfin, elle n’est pas au centre réellement, mais ses habitants en sont tellement persuadés qu’ils ont organisé les transports en fonction de cela).

Ce manager n’était pas un réel étranger. Il était le seul, unique et lointain descendant du ponton 11. Il vint un beau jour prendre possession de son héritage. Comme il n’avait jamais vécu ici, il ignorait tout des usages locaux. Il découvrit son ponton et s’empressa de faire quelques aménagements : une rampe en prévision de ses vieux jours, un paillasson (aussitôt posé, aussitôt disparu) et une porte agrémentée d’un très joli panneau d’interdiction.

Ce fut pendant quelques jours la grande attraction du lieu. Au début, les gens ne comprenaient pas le sens du panneau. Ils prenaient plaisir à utiliser la rampe, à pousser la porte et à la refermer. Le nouveau possédant du ponton 11 en prit ombrage. Il fit intervenir un huissier, appela la maréchaussée et menaça le maire d’installer une guérite avec un garde assermenté si son droit n’était pas respecté.

Les habitants se dirent que c’était peut-être une nouvelle mode de la capitale et progressivement, ils installèrent tous des barrières, mirent des panneaux d’interdiction et l’élurent président du syndicat de défense des pontonniers.

Notre manager était depuis longtemps réparti pour la capitale. A distance néanmoins, il continua à veiller sur son héritage. D’ailleurs le management à distance, il connaissait. Il suffisait de donner des consignes contradictoires à deux personnes pour qu’elles se surveillent mutuellement.

Plus la division régna, plus il prit de pouvoir. Il ne revint plus sur le ponton, continuant à entretenir le mystère de son pouvoir à distance. Il lui suffisait de faire cirer sa rampe et balayer son ponton pour que le symbole de son pouvoir reste intact.

Vous ne me croyez pas ? Allez (re)voir le Magicien d’Oz ! Nous adorons tous les apparences.

Aucun commentaire: