Au pied d’un pommier, trois hommes
se disputent à propos de la vérité. Face à leurs divergences d’opinion, les
trois hommes décident d’emprunter trois chemins différents.
Le premier homme, dont la foi en l’existence de la
vérité est apparemment la plus certaine, suit la direction du vent. Il croit
donc qu’il la rencontrera certainement à un moment ou un autre.
Le deuxième homme, dont le pragmatisme est
sûrement le plus vigoureux, s’en va contre le vent. Il espère découvrir
l’origine de la vérité.
Le troisième homme, dont le scepticisme est le
plus influent, s’assied au pied de l’arbre, du côté où il ne peut pas sentir le
vent.
Malgré la force du vent dans son dos, le croyant
se demande si et quand il apercevra la vérité. Il doute. Mais ce doute renforce
sa croyance. Il sent la proximité de sa confirmation : la vérité existe et
est atteignable. Elle est aussi subjective, pense-t-il.
Contre le souffle de la vérité, le scientifique
essaye de vérifier si la vérité existe, et si oui, si elle est abordable et
originelle. Quoi qu’il arrive, si la vérité existe, elle doit être
expérimentale et universelle, considère-t-il. Autrement, l’absence de vérité
discréditerait son empirisme.
La quiétude du sceptique semble paisible. Mais
ses pensées ne trompent personne, pas même lui-même. La véracité, comme
l’irréalité de la vérité, poserait un nombre infini de problématiques
irrésolues, selon lui. Si la vérité se vérifie, par conséquent, seule
l’expérience peut découvrir la vérité. Cependant, si la vérité est comparable
au néant et si le néant se réduit à l’absence de réalité, alors la vérité
est... absurde car indémontrable.
Le vent change de direction.
(Source : texte d'Alexandre Delearde sur Short-edition.com)
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