Il était une fois un grand lion si bon chasseur qu’il
abattait plus de gibier qu’il ne pouvait en manger. Pourtant il était furieux
que les hyènes, les chacals, les vautours, les milans ou même des lions moins
adroits que lui vinssent l’aider à finir son souper sans avoir été invités.
« C’est moi qui fais toute la besogne, grommelait-il, et cette bande de
bons à rien voudraient en profiter sans même lever le petit doigt ? Pas de
ça ! Je serais bien bête de partager. »
Mais il n’arrivait pas à tout
manger tout seul, d’abord il essaya de tuer les charognards : le seul
résultat, c’était qu’il se trouvait à la tête d’un tableau de chasse encore
plus grand.
Alors, il se força quand même à finir toute cette viande. Même
quand il n’avait plus faim, il mangeait et mangeait.
La vie devenait un
cauchemar, il souffrait d’indigestions terribles, devenait gras à lard, et
malgré tout il continuait, pour le plaisir de voir la tête que faisaient les
autres. Mais à ce régime il devint si énorme qu’il mourut prématurément, et
alors les chacals, les vautours et les hyènes s’offrirent un repas tout aussi
copieux que s’il eût partagé avec eux les proies qu’il avait tuées.
Source : Roy Lewis, « Pourquoi j’ai mangé mon
père »
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