jeudi 25 mars 2021

Gulnara la guerriere


Gulnara et ses sœurs vivaient dans une yourte (une tente arrondie) de la vaste plaine de Mongolie en Asie, en compagnie de leur père et d’un cheval alezan. Un jour, un messager vint ordonner à tous les hommes de partir combattre dans  l’armée du Grand KHAN.

-       Mais je suis un vieil homme, dit le père de Gulnara. Je ne vous serai jamais d’aucune utilité.

-       Un ordre est un ordre, répondit le messager. Obéis ou les hommes du Khan viendront te trancher la gorge.

-       Ne vous inquiétez pas père ! dit alors sa fille aînée. J’irai à votre place.

 

Elle prit l’arc et l’épée de son père, sauta sur le cheval alezan et partit au galop. Elle chevaucha jusqu’à la Montagne de Fer. Mais un renard noir maléfique avec une queue de trois lieues (12 km) de long lui barra soudain le passage.  Le cheval alezan recula de terreur et retourna au grand galop à la yourte.

-       Laissez-moi y aller, père ! dit la deuxième fille.

Elle prit à son tour l’arc et l’épée de son père, sauta sur le cheval alezan et partit au galop.  Elle arriva à la Montagne de Fer.  Un énorme loup avec une queue de trois lieues de long lui barra le passage. Pris de terreur, l’alezan retourna à nouveau à la yourte.

Le père se mit à gémir.

-       Ce n’est pas un travail de femme. Et si je n’y vais pas, les hommes du Khan me trancheront la gorge.

Gulnara s’avança alors.

-       Bien que je sois la plus jeune, dit-elle, je suis plus grande et plus forte que mes sœurs. Je suis sure de pouvoir franchir la Montagne de Fer.

Armée de l’arc et des flèches, Gulnara sauta sur l’alezan et partit au galop.

Elle était arrivée à la Montagne de Fer lorsqu’un cerf immense lui barra la piste. Sa monture se cabra.

-       Reste tranquille, murmura Gulnara, afin que je puisse placer une flèche sur mon arc. Ses mots calmèrent son cheval. Gulnara visa et toutes ses flèches touchèrent leur but.  La créature s’écroula, morte.  Triomphante, Gulnara s’engagea dans le passage. Soudain, le ciel s’assombrit ; un immense cygne descendit vers elle. Gulnara saisit une flèche mais le cygne lui dit :

-       Ne me tue pas ! je viens te remercier d’avoir tué le cerf maléfique qui me retenait. Prends une de mes plumes et tu auras mes pouvoirs. Gulnara vit une plume tournoyer et tomber. Elle la ramassa et la glissa sous sa chemise, puis traversa la montagne.


Le Grand Khan festoyait dans sa tente de fer lorsque Gulnara y pénétra.

-       Quelle déesse es-tu, hurla-t-il, pour ne pas t’incliner devant moi ?

-       Je ne suis pas une déesse, je suis une jeune fille et je ne m’incline devant personne. Je suis venue combattre comme vous l’avez ordonné.

-       Je n’ai demandé aucune femme. De toute façon, mes armées sont déjà en route pour combattre Kuzlun Khan.

-       Alors je ferais bien de me dépêcher pour les rattraper, dit-elle.


Elle se précipita hors de la tente et partit au grand galop.  A la tombée de la nuit, elle rejoignit l’armée du Grand khan au bord d’une rivière aux eaux déchainées.  Sur l’autre rive se trouvaient les tentes de l’armée de Kuzlun Khan.

-       Comment traverserons-nous ? s’inquiétaient les généraux.

Gulnara serra la plume qu’elle avait reçue du cygne, s’envola au-dessus de la rivière et alla se poser près de la tente de Kuzlun Khan. Celui-ci parlait avec sa femme. 

-       Nous traverserons la rivière par le pont en crin de cheval, au Peuplier de Fer, disait-il.

-       Mais que se passera-t-il si les hommes du Grand Khan trouvent le pont en premier ? demanda-t-elle.

-       Alors, je transformerai nos armées en cendres, moi-même en chameau, toi-même en fer et notre fille en bouleau (arbre).


Gulnara revint sur l’autre rive et reprit sa forme humaine.  Elle réveilla les généraux et guida l’armée jusqu’au pont. Dans le camp ennemi, ils ne trouvèrent que des cendres, un chameau, du fer et un bouleau.

-       Tu t’es moquée de nous ! rugirent les généraux.

Alors Gulnara attacha le chameau à son cheval, glissa le fer dans sa poche, les cendres dans les fontes (poches) de sa selle, et prit le bouleau sous son bras. Puis elle alla les présenter au Grand Khan et tout reprit forme humaine : Kuzlun Khan, sa femme, sa fille et ses soldats.

-       Gulnara, que devons-nous faire ? demandèrent les Khans.

-       La paix vaut mieux que la guerre ! dit-elle. Soyez amis.

Alors, les deux Khans devinrent amis, et Gulnara put rentrer chez elle sur son cheval alezan.

 

Source : enseignons.be

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