vendredi 29 novembre 2024

Vivre en minoritaire




L’histoire en est simple : un spécialiste du droit international, reconnu mondialement et conseiller du Tsar (l’histoire se passe en 1909), fait un long voyage en train depuis sa ville en Estonie jusqu’à Saint Pétersbourg où il doit participer à une réunion.  La distance et la vitesse du train lui laisse un long moment pour méditer, rebalayer son passé et revisiter ce qui lui est arrivé de bien ou de mal. 

 

J’en retiens trois choses :

 

D’abord, un éloge et un hommage à la survie de la culture Estonienne qui a survécu dans un environnement où pendant des siècles, vous alliez à l’école et à l’église soit chez les Allemands, soit chez les Russes. 

 

En effet, l’Estonie est un petit pays (1,1 millions d’habitants) sur la Baltique, entouré de la Lettonie et de la Russie et face à la Finlande. Sa langue est de la même famille linguistique que celles de la Finlande et du Hongrois, et donc distincte de celle de ses voisins. Compte tenu de sa situation et de sa taille, il a été occupé très longtemps par les Allemands, les Suédois, les Russes, et n’a acquis son indépendance que depuis peu : une brève période entre les deux guerres mondiales et depuis 1991, après la chute du communisme. 

 

Le héros, multilingue, tout en servant le Tsar, n’oublie pas sa cuture. Comment garder sa culture dans un environnement « impérialiste » ?  En effet, n’étant ni noble, ni Russe, il ne peut accéder à de hautes fonctions officielles (ministre, ambassadeur, …).  

 

Ensuite, sa longue méditation sur sa vie en particulier en générale. L’auteur écrit : « ce qui est décisif, ce n’est pas d’où vous venez, mais avec quoi vous venez, de quel cœur vous le cultivez, et dans quel but vous le faites. » Il ajoute à cela un paramètre important : la chance. 

 

Enfin dans une situation où il est toujours dépassé par des gens mieux « nés » que lui, il apprend à accepter les injustices et les remarques injustifiés avec une philosophie que nous devrions tous appliquer :   « Sur le chapitre des injures, j’ai pris l’habitude de m’en tenir à une philosophie élémentaire : une offense ou bien me touche si elle est justifiée, ou bien ne me touche pas si elle ne l’est pas. Si elle est justifiée, je n’ai pas à m’en formaliser, mais à me corriger. Si elle ne l’est pas, si donc elle ne me touche pas, pourquoi devrais-je me sentir outragé ? »

 

Des leçons à méditer. 

dimanche 24 novembre 2024

Comment allez-vous ?




Se déclarer chaman en plein Paris dans un monde qui se dit cartésien et laïque (au sens étroit du terme), c’est osé. mais si le titre vous fait peur, la lecture du livre   m’évoque plus un énergéticien, un équilibreur des énergies cachés et un contributeur à un meilleur équilibre. 

 

Au fond, la vraie question qui m’a guidé vers ce livre est comment être plus en harmonie avec mon environnement. Au-delà des aspects physiques (manger équilibré, dormir,…), comment prévenir et entretenir ma relation avec mon environnement, tant au niveau mental que relationnel ? 

 

C’est une véritable boite à outils que vous propose ce livre avec en bonus une vidéo de l’auteur et des questions qui vous interpelle  (liste non exhaustive) :   

 

·      Savez-vous où vous aller ou on vous conduit

·      Ce que vous voulez vraiment: y croyez-vous

·      Faites-vous régulièrement le ménage sur vos croyances ?

·      Avez-vous libéré votre curiosité ?

·      Assimilez-vous l’inconnu ou vous vous repliez vous sur vous-même

·      

 

Le livre devient alors une véritable boite à outils pour travailler sur certaines de vos attentes. 

 

Le travail seul n’est sûrement suffisant, mais cela vous donne une approche pour aller plus loin sur tel ou tel avec vos interlocuteurs habituels ou d’autres,  comme l’auteur. 

 

J’y ai trouvé par endroits des renforcements de pratique et en d’autres idées de nouvelles idées à explorer tôt ou tard.  

 

Dans un monde actuel très « VUCA » (Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu), un questionnement de ce style me semble utile. 

 

samedi 16 novembre 2024

Le choc du changement




Voici un livre sur un choc civilisationnel. Cela peut-être aussi lu comme un choc associé à un changement et les leçons sont transposables dans une organisation. De quoi s’agit-il ? Un instituteur danois expérimenté se fait muter dans un comptoir au nord du Groenland. Le Groenland relève de la souveraineté danoise. Le Danois y est la langue officielle, mais dans ces régions à 500 km du pôle Nord, il n’est guère usité. Dans un souci de bien intégrer la population locale, la langue danoise leur est enseignée à l’école. 

Le livre commence de façon amusante, avec un Danois qui découvre un autre mode de vie et d’autres habitudes liés tant à l’histoire qu’aux conditions climatiques de la région. L’accueil est positif et, progressivement, il s’intègre dans la communauté locale. Mais rapidement,il découvre que cela n’est pas si simple. Et lorsqu’il veut y remédier, les problèmes de tout genre arrivent.  

Trois leçons que j’en tire : 

D’abord ce livre pourrait se dérouler n’importe où et je dirais presque n’importe quand. Je repense, par exemple, au « cheval d’orgueil » de Pierre Jackez Helias (Pocket, 1999) qui au début du siècle dernier ne parlait que le Breton dans la région de Pont-Aven et se fit imposer le français à l’école. Et plus largement, l’assimilation culturelle détourne les élèves des modes de vie : n’apprenant plus, avec leurs parents, les techniques ancestrales de pêche et de chasse, ils deviennent dépendants.  

Ensuite, ce livre souligne bien le déclassement progressif des populations.  Ces Groenlandais s’auto-suffisent par leur chasse et leur pêche.  Dès que des industries s’implantent (ici industrie minière), leurs manques de compétences techniques les rabaissent aux métiers les plus basiques. Le fier chasseur  en est réduit à passer la serpillère. Il n’y a pas de honte à passer la serpillère, mais quand celle-ci n’est que la seule chose qui lui est reconnu, il y a de quoi détruire la fierté professionnelle de n’importe qui. Cette leçon peut s’appliquer aux personnes déclassées par les nouvelles technologies. 

Enfin, nos actions au quotidien impactent ces populations : lorsque que des associations militent pour des attitudes plus « éco-responsables » ou de défense des animaux (ici la chasse aux phoques), la chute des prix des peaux les affame. Pour condamner l’attitude de certains, devons-nous punir tout le monde ? 

Pour finir, ce livre est intéressant pour tous ceux qui s’intéressent au multiculturel, voire travaillent avec  des collègues, fournisseurs ou clients à travers le monde.  C’est une belle leçon d’humilité.    

samedi 9 novembre 2024

Le futur ne sera pas le passé




Demain ne sera pas comme aujourd’hui. Tout va très vite tant en termes de politique, de crise climatique ou d’armements. Alors, il ne faut pas reproduire l’erreur des années 1930 où on a préparé la prochaine guerre sur la base de 14-18. Dans cet esprit, depuis quelques années, l’armée fait appel à des scénaristes de science-fiction pour imaginer le futur et appréhender les actions pour les prévenir. 

 

Dans ce livre, l’équipe « Red Team » nous propose quatre scénarios de futur : deux portent sur le développement de « pirates » qui vont attaquer aussi bien le site de Kourou en Guyane ou les bateaux en Méditerranée. Le troisième scénario porte sur des catastrophes climatiques conduisant à des évacuations massives de population, dans un contexte de fausses informations. Le quatrième raconte une situation de conflit avec des outils hypersophistiqués. 

 

Toutes les hypothèses sont plus ou moins plausibles : les armes sont en cours d’élaboration, de tels conflits existent à l’état embryonnaire et les tendances de fond comme l’urgence climatique, les mouvements migratoires ou l’usage de l’IA existent. 

 

Trois leçons que j’en tire : 

 

La première porte tout d’abord sur l’état d’esprit. Les « rebelles » peuvent se permettre n’importe quoi aux yeux des médias et de l’opinion quand les militaires français sont limités dans leurs actions tant par les politiques que par leur déontologie. Et quand la manipulation d’autres grandes puissances s’y mêlent via médias et réseaux sociaux, nous n’avons qu’à regarder ce qui nous entoure pour se rendre qu’on y est déjà. 

 

La deuxième leçon est qu’au-delà de l’aspect militaire, les organisations au sens large (aussi les entreprises que les administrations) doivent ou devraient faire ce genre d’exercice. Il y a déjà quelques décennies que de nombreuses entreprises s’y préparaient sous la forme de scénarios, notamment SHELL par exemple. Elles pratiquent ce genre d’approches parce que leurs investissements se font sur le très long terme. Aujourd’hui le long terme, c’est 10 ans, autrement dit demain. 

 

La troisième leçon est que cela nous concerne tous individuellement. Que faisons-nous pour nous y préparer ? Je ne parle de guerres ou d’armement, mais tout simplement par exemple du changement climatique. J’attends que le températures montent jusqu’à 45° ou je m’adapte d’ores ou déjà ? Les compétences requises vont changer :j’attends ou j’anticipe ? Là aussi, le long terme est à portée de main. 

samedi 2 novembre 2024

C’est quoi le bien-être au travail ?



Au travers de ce livre, l’auteur analyse l’IBET, l’indice de bien-être au travail, un indice mis au point par Victor Waknine. Une occasion d’analyser la valeur d’un tel indice. A-t-il son utilité ? Pour qui ? Que mesure-t-on exactement ? D’autant plus que cela commence mal si on veut trouver une utilité : l’auteur nous rappelle une citation attribuée à Einstein : « Ce qui se compte n’est pas ce qui ce qui compte et ce qui compte n'est comptable ». Alors, à l’heure où les médias nous parlent du bonheur et de la souffrance au travail, de quoi s’agit-il ? 

 

L’auteur revient tout d’abord sur tout le débat politique sur la souffrance et le bien-être au travail, un enjeu qui, à la suite notamment des suicides chez France Telecom, a interpellé politiques, patronat et syndicats. Il en est résulté de nombreux rapports avec, grosso modo, un débat pour savoir si cela doit être pris au sens collectif (à l’entreprise de créer les conditions ad hoc) ou individuel (= satisfaction des besoins individuels de chacun). 

 

Cette deuxième hypothèse (intérêt individuel) n’a pas prévalu : le bien-être n’est pas nécessairement en soi une finalité en soi. Certains font un travail pour des raisons alimentaires et trouvent leur bonheur ailleurs, quand d’autres y trouvent leur intérêt. A contrario, il n’y a aucune raison pour que le travail soit source d’un mal-être.  

 

C’est dans cet esprit qu’a été créé l’IBET. Paradoxalement, et dans l’esprit de la citation ci-dessus, il s’agit d’un indice négatif puis qu’il mesure les taux d’absence que ce soit pour maladie, licenciement, démission… Pourquoi pas ? Cela peut se compter. 

 

C’est là où commence le débat. Il est possible aux employeurs de manipuler l’indice en jouant sur les sources de données.  Il est possible aussi aux syndicats d’arguer que ce n’est pas représentatif et que d’autres éléments pourraient être pris en compte. Par exemple, certains salariés peuvent gagner peu, avoir une forte charge de travail, même dans de bonnes conditions et être incapable de mener des actions externes en complément pour y trouver du plaisir. Ils ne sont pas malheureux, mais sont-ils heureux ?  Et le salarié dans tout cela ?  comment lier aspiration et exigences d’un métier ?  Peut-être est-il un baromètre dont il faut juste analyser les fluctuations, sous réserve que les données soient compatibles d’une étude à l’autre.  

 

 C’est là où le bât blesse : d’abord l’environnement change vite et les perceptions des salariés peuvent être altérées par des évènements externes. Ensuite, les salariés peuvent simplement manifester leur droit de retrait. Cela va depuis le désengagement, la simple présence jusqu’au suicide sur le lieu de travail. Enfin, tout dépend de l’état d’esprit des décideurs et des choix de l’outil utilisé : est-ce un indicateur vis-à-vis de l’extérieur (une image pour attirer des candidats), un outil RH pour prendre le pouls, un levier de performance, …

 

C’est peut-être un peu tout cela. Alors faut-il jeter le bébé avec l’eau de bain ? A une époque de grand changement, notamment climatique, de nombreux états et institutions cherchent à créer ou à diffuser des outils pour inciter les organisations, au sens large, à une forme de responsabilité sociale et économique, l’IBET, sous cette forme ou une autre peut être un indicateur.

 

Un livre bien documenté avec un regret : l’utilisation d’un jargon qui le rend difficile à lire. Exemple : « La santé psychique et sociale de tout individu repose sur son travail d’élucidation du jeu social dans son ensemble et de l’emploi qu’il y occupe, c’est à dire sur une saine distance entre son intimité et sa personne publique ». Qui a compris ?