jeudi 12 novembre 2009

Aimez-vous Bach ?

Résumons la situation : un musicien se tient debout dans l’entrée d’une station de métro. C’est un matin froid de janvier. Il est huit heures du matin et l’homme va jouer du violon pendant quarante-cinq minutes. Durant cette période, plus de mille personnes vont passer devant lui, certains l’écoutant quelques instants, quand la grand majorité passera sans un regard, ni un geste vers le petit pot où il recueille de l’argent. Enfin, n’exagérons pas : les enfants auraient bien voulu l’entendre plus longtemps mais leurs parents n’en avaient cure.

Les comptes sont là : mille personnes passent, sept se sont vraiment arrêtées et une vingtaine lui aura donné de l’argent tout en continuant de marcher. Recette du « concert » : 32 dollars.

Des dollars, parce que la scène se passe à Washington aux USA. Le musicien est Joshua Bell, un des plus grands violonistes actuels. La moindre place à ses concerts vaut 100 dollars. Les morceaux joués : du Bach et du Schubert. Son violon : un stradivarius de 1713 estimé à 3,5 millions de dollars. Les morceaux joués : Il joue ce matin-là dans le métro dans le cadre d’une étude faite par le quotidien « Washington Post » sur la perception, les goûts et les priorités des gens.

Une analyse rapide de cet article peut être que si nous ne pouvons reconnaître un véritable artiste, ni ne nous donnons pas le temps d’écouter de tels chefs d’œuvres, à combien de d’autres choses passons-nous ?

D’autres aspects sont à prendre en compte : cette perte de la capacité à apprécier la beauté n’est pas seulement liée à notre rythme de vie trépidante, mais aussi à la surabondance de la beauté. Les médias (télévision, journaux, internet) et les voyages ont mis à notre portée plein d’occasions de côtoyer des objets, sons, sites… magnifiques. Alors, sommes-nous peut-être blasés ?
Ou bien, pouvons risquer d’être en retard pour cause de violon ?
Peut-être aussi que les personnes pressées ont apprécié les quelques secondes entendues en passant devant lui.
Pour apprécier la musique faut-il être en état de disponibilité ? Vous pouvez apprécier la bonne cuisine et être un fin gourmet, tout en vous nourrissant d’un sandwich quand vous n’avez pas le choix. A huit heures du matin, un jour d’hiver…

Dostoïevski disait : « la beauté sauvera le monde ». Si vous ne trouvez pas de raison pour prioriser vos actions et gagner du temps, en voici une qui mérite votre attention : prioriser son temps, c’est décider ce que l’on veut faire de son temps et en gagner un peu, juste de quoi se donner le droit de s’arrêter pour écouter et voir le monde qui nous entoure.

Et pour finir un morceau de violon :

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