samedi 14 juin 2014

Les baguettes chinoises


Quand un paysan chinois pauvre est affligé de six filles (des « baguettes », bien fragiles et qui ne sont que peu d’usage à leur famille), il regrettera toute sa vie de n’avoir pas engendré une « poutre », un garçon qui, lui, peut soutenir le toit familial La romancière chinoise Xinran montre dans ce livre plein d’humour que l’évolution très rapide de la Chine peut bouleverser les conceptions traditionnelles.

Une histoire parmi tant d’autres : il était une fois un petit garçon qui avait un devoir à faire pour son école primaire. il devait rédiger une phrase avec les mots Nation, Parti, Société et Peuple. Comme il ne saisissait pas bien le sens des mots, il interrogea son père lors du dîner. 

Celui-ci, après avoir longuement réfléchi, lui   répondit : «Image que ces mots s’appliquent à notre famille : ta grand-mère est la Nation : sans elle nous ne serions pas là ; papa est le Parti : c’est lui qui fait la loi. Maman est la Société. Elle s’occupe de tout, mais quand elle se met en colère, plus rien ne tourne rond. Toi, tu es le peuple : tu dois obéir au Parti, aider la Société et faire honneur à la Nation.    

Le petit garçon retourna dans sa chambre, mais quand plus tard, il voulut mettre sur le papier ce que lui avait dit son père, il ne se rappela plus très bien l’ordre des mots. Il alla voir sa grand-mère, mais elle dormait déjà. Il poussa la porte de la chambre de ses parents, mais il se fit morigéner par son père en plein ébats avec sa mère. 

Trop petit pour comprendre il retourna en pleurant dans sa chambre et finit son devoir tant bien que mal.
Le lendemain soir, son instituteur appela son père pour savoir s’il avait fait son devoir seul. Le père s’inquiéta d’être taxé de contre-révolutionnaire, mais l’instituteur le rassura et le félicita pour la qualité du travail de son fils.

Le père demanda à son fils de lui montrer son cahier d’exercices et lut ceci : « Quand la Nation dort et que le Parti joue avec la Société, le Peuple pleure ».         

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