Quand un paysan chinois pauvre est affligé de six
filles (des « baguettes », bien fragiles et qui ne sont que peu
d’usage à leur famille), il regrettera toute sa vie de n’avoir pas engendré une
« poutre », un garçon qui, lui, peut soutenir le toit familial La
romancière chinoise Xinran montre dans ce livre plein d’humour que l’évolution
très rapide de la Chine peut bouleverser les conceptions traditionnelles.
Une histoire parmi tant d’autres : il était une fois un petit garçon qui
avait un devoir à faire pour son école primaire. il devait rédiger une
phrase avec les mots Nation, Parti, Société et Peuple. Comme il ne saisissait
pas bien le sens des mots, il interrogea son père lors du dîner.
Celui-ci,
après avoir longuement réfléchi, lui
répondit : «Image que ces mots s’appliquent à notre famille :
ta grand-mère est la Nation : sans elle nous ne serions pas là ; papa
est le Parti : c’est lui qui fait la loi. Maman est la Société. Elle
s’occupe de tout, mais quand elle se met en colère, plus rien ne tourne rond.
Toi, tu es le peuple : tu dois obéir au Parti, aider la Société et faire
honneur à la Nation.
Le petit garçon retourna
dans sa chambre, mais quand plus tard, il voulut mettre sur le papier ce que
lui avait dit son père, il ne se rappela plus très bien l’ordre des mots. Il
alla voir sa grand-mère, mais elle dormait déjà. Il poussa la porte de la
chambre de ses parents, mais il se fit morigéner par son père en plein ébats
avec sa mère.
Trop petit pour comprendre il retourna en pleurant dans sa
chambre et finit son devoir tant bien que mal.
Le lendemain soir, son
instituteur appela son père pour savoir s’il avait fait son devoir seul. Le
père s’inquiéta d’être taxé de contre-révolutionnaire, mais l’instituteur le
rassura et le félicita pour la qualité du travail de son fils.
Le père demanda à son fils
de lui montrer son cahier d’exercices et lut ceci : « Quand la Nation
dort et que le Parti joue avec la Société, le Peuple pleure ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire