jeudi 23 juin 2016

Le sens du travail


Il y a bien longtemps, dans un village très lointain, vivait un Vieux Marchand de jouets. Il était très vieux, et avait de plus en plus de mal à tenir sa boutique. Sa vue baissait et ses mains tremblaient sans cesse.  À cause de cela, le Vieil Homme ne récoltait presque plus d'argent.

Un soir d'hiver, alors qu'il neigeait abondamment, le Vieux Marchand qui peinait à rentrer chez lui, aperçut quelque chose qui bougeait dans la neige. Il se rendit compte qu'il y avait un Petit Être grelottant, enfouit dans la neige.

Le Vieux Marchand prit le Petit Homme et le questionna : « Qui es-tu ? Et que fais-tu là ?
- Je suis un Lutin et je me suis perdu en chemin. Je n'ai plus de maître et j'en recherche un. Si vous m'acceptez au sein de votre foyer, j'accomplirai toutes vos taches domestiques dès la nuit tombée. »
En entendant cela, la curiosité du Vieil Homme fut tout de suite attisée : « Cela signifie-t-il que tu pourrais m'aider à la boutique ? En confectionnant des jouets par exemple ?
- Je vous aiderai volontiers, que ce soit dans votre maison ou dans votre atelier ».

Le Vieux Marchand, fou de joie, accepta sur le champ la proposition du Lutin. Il l'emporta chez lui et, dès la nuit suivante, le Lutin se mit à l'ouvrage avec entrain.
En peu de temps, la boutique proposa de très beaux jouets, originaux et d'une qualité rare. Les habitants du village entier se mirent à en parler et à recommander ce merveilleux magasin. Les affaires reprirent enfin, au grand bonheur du Vieux Marchand. Il put enfin rembourser ses dettes et commença à gagner un peu d'argent.

Seulement, les commandes se multiplièrent à une vitesse folle. Bien vite, le Vieux Marchand devint terriblement anxieux et extrêmement nerveux. Le Vieil Homme l'obligea à travailler sans s'arrêter.
Le Petit Lutin avertit le Vieux Marchand :  «si je n'ai aucun répit, je mourrai de mélancolie. »
- Mais tu ne peux pas arrêter ! Si je ne livre pas les jouets à temps, je ferai faillite...».
Dès lors, le cœur du Lutin commença à s'emplir de chagrin. Le Petit Être devint de plus en plus faible, et la mélancolie finit par s'emparer totalement de lui. Un soir, alors qu'il était encore en train de travailler, il s'effondra.

Le Vieux Marchand n'eut pas le temps de réaliser ce qu'il avait fait, que déjà des bruits étranges parcouraient tout l’atelier. Le Vieil Homme fut encerclé par une immense famille de Lutins, tous extrêmement petits, mais de taille et d’âge différents.

Le plus âgé des Lutins lui dit : « Vous avez pris la vie d'un des nôtres, de la pire façon qui soit. À présent, votre vie nous appartient. Vous subirez ce que vous lui avez infligé mais pour l'éternité. »
Ils emmenèrent le Vieil Homme au Pôle Nord et l'emprisonnèrent dans un immense atelier. Il y fut contraint et forcé d'y fabriquer des jouets, sans aucun répit et jusqu'à la fin des temps.

Et n'eut le droit de sortir qu'une seule fois par an, le vingt-cinq Décembre, pour distribuer ses présents.


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